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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 16:27

Qui se souvient en France ou ailleurs, que le 17 juillet 1917, les députés allemands du Reichstag, à Berlin, adoptèrent par 216 voix contre 126 une motion qui appelait à la paix ?. Voici le principal du texte de cette motion :

« Le Reichstag désire une paix d'entente, de réconciliation durable entre les peuples. Les conquêtes territoriales obtenues par la force, les mesures violentes d'ordre politique, économique ou financier sont incompatibles avec une paix de ce genre. »

Cela venait après divers appels. Voir sur mon blog la seconde partie de la note N°165 intitulée : « La conférence de Rome ». Il y avait eu également des contacts secrets avec les dirigeants français à l'initiative du nouvel empereur d'Autriche mais également à celle du baron Von der Lancken qui était ministre allemand en Belgique et qui avait l'aval de Guillaume II. Mais les alliés ne voulaient la paix que par la victoire. « Les Allemands paieront » était dans toutes les têtes, il était de bon ton de bouffer du Prussien. (voir nota)

Les Allemands furent vaincus et à la face de la terre entière, toute la responsabilité de la guerre, de ses morts, de ses destructions et de toutes ses horreurs furent imputés aux Allemands. Et les Allemands durent payer ! Les autres se donnèrent bonne conscience à peu de frais. Les Prussiens eurent bien sûr une grosse part de responsabilité mais furent-ils vraiment les seuls ?

A l'occasion de la révolution russe « d'octobre » 1917 (qui eut lieu en novembre comme chacun sait) une délégation de socialistes français conduite par Marcel Cachin se rendit en Russie. Au retour les délégués « racontaient que le nouveau gouvernement russe avait découvert des lettres écrites au tsar en 1914 par le président de la République française (Raymond Poincaré) et dans lesquelles celui-ci poussait son correspondant à la guerre ». (fait rapporté par Georges Suarez dans « Briand » tome 4 édité en avril 1940, chapitre VI).

Les Allemands sont entrés dans cette guerre en s'illusionnant sur leurs capacités à conduire une guerre-éclair contre la France (voir sur mon blog la fiche N° 154 intitulée « analyse d'une défaite »http://jean.delisle.over-blog.com/2014/01/analyse-d-une-défaite-n-154.html). Les Français eux, se sont probablement illusionnés sur la puissance de la Russie. Beaucoup de dirigeants français, politiques et militaires voulaient effacer l'humiliation de la défaite de 1870 et surtout récupérer l 'Alsace et la Lorraine . Les dirigeants français avaient en mémoire les protestations que les représentants unanimes de l'Alsace et de la Lorraine avaient fait le 17 février 1871 à l'Assemblée nationale (ensemble à l'époque de la Chambre des députés et du Sénat) contre leur annexion par l'Empire allemand, qui fut effective le 3 juin 1871. Les dirigeants français avaient aussi appris dans leurs livres d'histoire la défaite en 1709 du roi de Suède Charles XII contre les Russes puis celle de Napoléon en 1812 et pensaient probablement que jeter la Russie contre l'Allemagne permettrait de vaincre facilement l'Empire allemand. Mais la Russie de 1914, n'était plus celle de 1709 ni celle ce 1812. Voir sur mon blog la fiche N°152 « la bataille de Tannenberg »http://jean.delisle.over-blog.com/2014/01/la-bataille-de-tannenberg-n-152.html.

D'erreur d'appréciation en erreur d'appréciation on se fit la guerre avec des millions de morts et toutes les atrocités de la guerre. Pour se dédouaner devant l'opinion publique on rejeta toute la faute sur les Allemands, mais ce qui est extravagant c'est que les mêmes (ou leurs semblables) qui furent sans pitié pour les Allemands au sortir de la première guerre mondiale furent d'une couardise incroyable à partir de la prise du pouvoir par Hitler (en 1933), alors même que cette prise de pouvoir était la conséquence des conditions imposées à l'Allemagne en 1919.

Ce qui est plus extravagant encore c'est la déclaration de guerre du 3 septembre 1939 de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne qui avait envahi la Pologne le 1er septembre avec la complicité de Staline (se souvenir des 2 pactes germano-soviétiques du 23 août 1939) avec la mobilisation par la France de 5 millions d'hommes puis.... RIEN. On déclarait la guerre pour secourir la Pologne envahie et on attendit derrière la ligne Maginot. Ce ne fut pas « Messieurs les Anglais tiraient les premiers » comme à Fontenoy mais « Mr Hitler envahissait nous à votre bon plaisir et quand vous serez prêt » ! Cela fut appelé "la drôle de guerre". Et cela dura 8 mois ! Quelle honte ! Quelle responsabilité !

Le Gouvernement de Vichy intenta un procès à ceux qui furent appelés « les responsables du désastre ». Ce procès commencé à Riom (Puy-de-Dôme) le 19 février 1942, mit principalement en accusation Léon Blum, Edouard Daladier, Paul Reynaud, le général Gamelin mais fut interrompu le 15 avril de la même année. Il servait en fait de tribune d'accusation contre le régime de Vichy. L'incurie de nos dirigeants dans les années 30 méritait probablement un jugement mais ce n'était pas au régime de Vichy de l'intenter ni au moment où les Allemands occupaient le territoire.

Ce qu'on entendra probablement pas dans les discours :

L'année 2014 va être celle de beaucoup de célébrations (voir sur mon blog la fiche N°110 intitulée « comme en 14 »http://jean.delisle.over-blog.com/comme-en-14-n-110). Les principales vont être consacrées au soixante- dixième anniversaire du débarquement en Normandie puis au centenaire des événements de 1914.

*Poutine sera probablement invité à l'anniversaire du débarquement mais les officiels ne rappelleront pas la complicité Hitler/Staline de 1939 à 1941 et qui fut la première cause de la seconde guerre mondiale. Pendant que Staline s'emparait de la moitié de la Pologne, des 3 pays baltes et de la Finlande, Hitler prenait l'autre moitié de la Pologne, envahissait la France, le Bénélux... On n'insistera pas sur « la drôle de guerre ». Les discours ne rappelleront pas non plus que ce fut l'Assemblée législative élue en 1936, au moment du front populaire, qui vota les pleins pouvoirs à Pétain, ni que Thorez déserta pour aller passer le temps de la guerre en URSS, ni la liste de ceux qui collaborèrent avec Vichy, reçurent la francisque et tournèrent leur veste après la capitulation de Stalingrad (31 janvier 1943) et l'entrée en guerre des Américains etc

*En ce qui concerne les commémorations de 1914, on oubliera dans les discours l'extrême division qu'il y avait en France entre les politiques ainsi qu'entre les militaires et que l'état de guerre n'empêchait pas le déroulement des jeux politiques habituels pendant que les poilus laissaient leurs tripes dans la boue des tranchées. On oubliera, qu'en France aussi beaucoup voulaient la guerre. On ne mentionnera pas non plus les ouvertures qui furent faites et qui auraient (peut-être?) pu raccourcir la guerre. On oubliera aussi de rappeler à quel point l'Empire allemand de la fin du XIXe siècle et du début du XXe fut dynamique et brillant dans tous les domaines. Si les peuples d'Europe à l'époque avaient pu s'entendre au lieu de s'étriper, où en serions nous aujourd'hui ?

J.D. 2 avril 2014

(nota) : David Lloyd George qui fut Premier Ministre britannique du 7 décembre 1916 au 22 octobre 1922, après avoir été chancelier de l'Echiquier (ministre des finances) à partir de 1908 puis ministre des munitions , rappelle dans ses mémoires (tome IV) quelles furent les propositions allemandes de l'été 1917 :

-cession de l'Alsace-Lorraine à la France

-restauration de la Serbie

-concessions territoriales à l'Italie

-concessions coloniales à la Grande-Bretagne

-restauration de la Belgique

mais comme indiqué ci dessus, les Alliés ne voulurent rien entendre. mais dans nos livres d'histoire, on "oublie" ces offres allemandes.

butin pris aux Allemands par les Canadiens, photo "Le Miroir" du 13 octobre 1918

butin pris aux Allemands par les Canadiens, photo "Le Miroir" du 13 octobre 1918

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