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24 juin 2018 7 24 /06 /juin /2018 18:23

Le front populaire N°463

 

On appelle « front populaire » l'alliance conclue le 27 juillet 1934 entre les communistes et les socialistes (S.F.I.O. : section française de l'internationale ouvrière, il s'agit de la deuxième internationale) et tout ce qui en découla : victoire de la gauche aux élections législatives de 1936 et lois sociales.

I- le contexte :

-Il y avait eu la guerre de 14/18, puis la grande crise économique partie des États-Unis en 1929 et qui gagna l'Europe. La France fut touchée avec un décalage mais le fut à partir de 1931.

-il y avait l'instabilité politique : 6 gouvernements se succédèrent en France de mai 1932 à février 1934. Le Président de la République (Paul Doumer) avait été assassiné le 6 mai 1932.

-sans oublier l'affaire Stavisky : Serge Alexandre Stavisky, un réfugié russe né à Kiev en 1886 était devenu directeur du Crédit Municipal de Bayonne. Escroc d'envergure, pour se protéger, il avait « mouillé » plusieurs parlementaires et peut-être des ministres (?) dans ses magouilles. Il fut retrouvé mort dans un chalet à Chamonix le 8 janvier 1934 : un suicide prétendit le gouvernement. Voilà le commentaire d'un média de l'époque (le Canard enchaîné) : « Stavisky s'est suicidé d'une balle tirée à trois mètres. Voilà ce que c'est d'avoir le bras long » !

-Dans la population, l'antiparlementarisme fleurissait, sans avoir besoin d'engrais, et assurait le fond de commerce des ligues d'extrême droite : Action française, Camelots du Roi, jeunesses patriotes, Croix-de-feu, Cagoule…

-Ces ligues appelèrent à une manifestation contre le Parlement le 6 février 1934 aux cris de « A bas les voleurs » (sous-entendu : les parlementaires). Les forces de l'ordre tirèrent dans la foule place de la Concorde. Les chiffres varient selon les sources mais en tout état de cause il y eut plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés. Une contre-manifestation de gauche le 9 février 1934 fit elle 9 morts.

-ailleurs en Europe, les régimes totalitaires n'avaient, eux aussi, pas besoin d'engrais pour prospérer.

-les soulèvements de 1871 (du 18 mars au 28 mai) connus sous le nom de « Commune de Paris » furent réprimés durement mais c'est à la suite que commencèrent à se former des partis politiques « ouvriers ». La fusion de plusieurs petits partis donna le « parti socialiste français » le 24 mai 1902 qui devint la SFIO le 26 avril 1905, nom qu'il conserva jusqu'au 4 mai 1969 pour devenir le parti socialiste (P.S.).

-Au congrès de Tours du 25 au 30 décembre 1920 et en conséquence de la Révolution russe de 1917, le mouvement se scinda : une partie resta SFIO tandis que l'autre devenait la « section française de l'Internationale communiste » (SFIC) qui deviendra PCF (parti communiste français) en 1943. Le quotidien « l'Humanité » qui avait été fondé par Jean Jaurès à compter du 18 avril 1904 passa du côté communiste.

-entre socialistes et communistes ce fut d'abord l'amour vache !

Mais devant la montée de l'extrême droite et l'évolution de l'Europe ils conclurent un pacte d'alliance électorale le 27 juillet 1934, alliance qui fut rejointe par le parti radical.

 

II-les élections de 1936 :

Aux élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936, le Front Populaire fit élire 386 députés sur 608 soit 72 communistes, 147 socialistes et 167 radicaux.

Léon Blum (9 avril 1872/ 30 mars 1950) qui était chef des socialistes (et qui avait échappé à un attentat le 13 février 1936) fut appelé par le Président de la République (Albert Lebrun président du 10 mai 1932 au 11 juillet 1940) comme Président du Conseil. Il forma un gouvernement de « Front populaire » et fit voter les lois sociales, dont les principales furent  :

-la semaine de 40 heures de travail (en moyenne, les Français à l'époque en faisaient 47)

-les 2 semaines de congés payés

-l'établissement de Conventions collectives par branche.

Les Français étaient très contents, travailler moins tout en étant payés plus, avoir des vacances, des droits dans l'entreprise : le bonheur !

Aujourd'hui encore, pour beaucoup de Français, le front populaire reste une référence et leur horloge sociale s'est arrêtée à la date de 1936 !

Mais le hic, c'est que pendant que les Français travaillaient moins, de l'autre côté du Rhin, les Allemands, eux, travaillaient plus ! Lorsque les nazis parvinrent au pouvoir en 1933, il y avait 6 millions de chômeurs en Allemagne, ils n'étaient plus que 508.000 cinq ans plus tard ; spectaculaire !

Léon Blum et les membres de son gouvernement savaient-ils qu'il y avait des Allemands de l'autre côté de la frontière ? Bonne question !

Sans oublier que c'est cette assemblée législative du Front Populaire qui cautionna la participation de la France aux jeux olympiques de Berlin en août 1936, qui refusa d’aider les Républicains espagnols, pendant qu’Hitler et Mussolini ne s’en privaient pas, qui livra la Tchécoslovaquie à Hitler sur un plateau (accords de Munich des 29 et 30 septembre 1938) et qui vota les pleins pouvoirs à Pétain en 1940 (par 468 voix pour, 80 contre et 20 abstentions). Quel bilan !

 

III-les conséquences :

Dans un livre intitulé : « Le coq, l'autruche et le bouc émissaire » publié chez Grasset en 1979, Alfred Sauvy (1898/1990, voir fiche N° 457), économiste réputé de son temps écrit (au chapitre 11) :

« bloquée par des lois infantiles, l'économie française est au plus bas : le Front populaire n'a ni fait reprendre la production, ni accru le pouvoir d'achat des classes populaires, ni résorbé le chômage. Les seuls éléments mis en mouvement ce sont la monnaie, en baisse, et les prix en forte hausse...Jamais depuis la révocation de l’édit de Nantes, n'a été décidé, sur le plan économique, un contresens aussi accusé ».

Alfred Sauvy cite des chiffres, et par exemple la production d'acier : pendant qu'elle baisse en France de 18 % entre mai 1936 et mai 1938 (de 609.000 tonnes à 501.000) ; en Allemagne elle passe dans le même délai de 1580.000 à 1.800.000 tonnes (plus 14%). Or, que faisait-on à l'époque avec de l'acier ?. Cela n'empêcha pas la France de déclarer la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939 ; la France disposait de 200 bombardiers, l'aviation allemande de 1500 ! .

La mobilisation concerna 4.734.250 soldats (40 % de la population active masculine), on avait déclaré la guerre pour soutenir la Pologne et on ne fit rien. Les soldats restèrent derrière la ligne Maginot à attendre…. Quoi ?

En cette période de foot rappelons que les Anglais offrirent 2.000 ballons de foot aux soldats français, au début de l'année 1940, pour qu'ils tuent le temps à défaut de combattre les ennemis ; le gouvernement français se crut obligé d'offrir 10.000 ballons à la troupe !

Comment s'étonner après de la débâcle, lorsque les Allemands décidèrent de transformer notre déclaration de guerre en guerre !

On trouvera en illustration l'image de l'un des forts de la ligne Maginot (emprunt au net)

J.D. 24 juin 2018

 

 

fort de la ligne Maginot

fort de la ligne Maginot

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