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12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 18:44

Ci-joint en illustration une photographie faite à Munich le 30 septembre 1938 où l'on voit :

l'Italien Benito Mussolini (1883/1945), l'Allemand Adolf Hitler (1889/1945), le Français Edouard Daladier (1884/1970) et l'Anglais Neville Chamberlain (1869/1940). J'ai emprunté cette photo à un article du journal en ligne de Jforum.fr du 10 mai 2015.

L'Histoire :

I)naissance de la Tchécoslovaquie :

*Dans la foulée du désastreux traité de Versailles (voir la note N°172 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/04/le-desastreux-traite-de-versailles-n-172.html), avait été signé le 10 septembre 1919 le traité de Saint Germain en Laye entre l'Autriche et les puissances alliées dans la guerre de 14. Ce traité avait formellement interdit une fusion de l'Autriche avec l'Allemagne et, entre autres, consacré la formation d'un nouvel Etat souverain : la Tchécoslovaquie sous la forme d'une République de 15 millions d'habitants environ. Ce traité fut signé par les « principales puissances alliées » (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France représentée par Georges Clemenceau, Italie et Japon ; ainsi que par une douzaine de « puissances associées ».

*Ce nouvel Etat regroupait principalement des populations de langue slovaque et de langue tchèque. Mais comprenait aussi de fortes minorités parlant allemand (en Bohème et Moravie soit environ 3 millions d'habitants ; c'est cette partie de la Tchécoslovaquie qui est connue sous le nom de « région des Sudètes »), parlant hongrois (plus d'un million d'habitants en Slovaquie et Ruthénie) ou parlant polonais en Silésie (voir note N°173 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/05/la-pologne-de-l-entre-deux-guerres-n-173.html)

*Les territoires correspondant avaient appartenu depuis un millénaire au Saint Empire romain germanique puis à l'empire d'Autriche ou au royaume de Hongrie. Il s'agissait donc d'une construction artificielle regroupant des peuples ne parlant pas la même langue et qui ne demandaient pas à être réunis.

De manière plus globale tous les historiens semblent aujourd'hui d'accords pour dire ou écrire que les mauvais traités d'après la première guerre mondiale ont amené la seconde.

Les signataires du traité de Saint Germain étaient donc les garants de son application, y compris en ce qui concerne la souveraineté du nouvel Etat (la Tchécoslovaquie).

*A cet égard, la France eut une responsabilité particulière puisqu'elle signa, en outre, à Paris le 25 janvier 1924 un « traité d'alliance et d'amitié » avec la Tchécoslovaquie (la France y fut représentée par Raymond Poincaré) et en complément, le 16 octobre 1925 en annexe aux accords de Locarno un traité « de garantie franco-tchèque ».

II La Tchécoslovaquie allemande :

*Après l'arrivée au pouvoir d'Hitler (janvier 1933), les Allemands de la zone des Sudètes, poussés par les nazis, commencèrent à revendiquer leur séparation d'avec la Tchécoslovaquie, ce qui prit plus d'ampleur après l'annexion de l'Autriche par les Allemands (mars 1938, en rappelant que cela venait après la récupération de la Sarre par Hitler suite à un plébiscite du 13 janvier 1935 et suite à la remilitarisation de la Rhénanie à partir du 7 mars 1936).

Après l'annexion de l'Autriche, Hitler revendiqua la zone des Sudètes au nom « du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». C'était une violation de plus des traités d'après la guerre de 14.

*Edvard Benes le président de la Tchécoslovaquie appela ses garants au secours. Mussolini proposa sa médiation et fut à l'origine de la réunion de Munich les 29 et 30 septembre 1938. Réunion à laquelle la Tchécoslovaquie, principale intéressée ne fut pas invitée !

*Le 1er août 1936 lorsque s'ouvrirent les jeux olympiques de Berlin (voir la fiche N°234 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/03/1866-1936-n-234.html), les autres nations savaient parfaitement à quoi s'en tenir sur ce qu'étaient Hitler et le régime nazi ; mais la lâcheté l'emporta. Fin septembre 1938 ils savaient encore plus ce qu'il en était.

*Le bonimenteur Hitler raconta que « l'annexion des Sudètes était la dernière revendication territoriale de l'Allemagne et que si elle était satisfaite, l'Europe aurait la paix pour mille ans » !

*Une nouvelle fois, la lâcheté l'emporta. La France et l'Angleterre autorisèrent Hitler à annexer les Sudètes, ce que l'armée allemande commença dès le lendemain 1er octobre 1938. Les non-Allemands de la région des Sudètes durent s'exiler.

*Durant le même mois d'octobre 1938, Hongrie et Pologne en profitèrent pour récupérer la partie de la Tchécoslovaquie où se trouvaient leurs ressortissants (ou considérés comme tels).

*De la Tchécoslovaquie il ne resta plus que la Slovaquie qui demeura théoriquement indépendante de 1939 à 1945, mais fut, de fait, sous la botte allemande.

*Daladier et Chamberlain à leur retour respectif à Paris et Londres furent acclamés : ils avaient sauvés la paix ! Un article paru dans Libération le 8 janvier 1998 rappelle les propos tenus par André François Poncet qui fut ambassadeur de France à Berlin (de septembre 1931 à octobre 1938) : « C'est un trait du caractère français. Ne pas vouloir croire que des choses désagréables vont arriver ».

III La désagréable suite :

*Le traité de Versailles (encore lui!) avait rendu sa souveraineté à la Pologne et avait créé, entre deux parties de la Prusse, un couloir d'accès à la mer pour la Pologne appelé « corridor de Dantzig ».

*Ce territoire étant peuplé d'Allemands, cela servit de nouveau prétexte à Hitler pour envahir la Pologne le 1er septembre 1939.

*Auparavant Hitler s'était assuré de la collaboration de Staline (signatures des 2 pactes germano-soviétiques au Kremlin dans la nuit du 23 au 24 août 1939). Dans les commémorations on oublie trop facilement, à mon goût, que Staline participa à l'invasion de la Pologne, s'empara de la Lituanie, de la Lettonie, de l'Estonie et de la Finlande et que si il se retrouva du côté des alliés, ce ne fut pas de sa propre volonté, mais de celle d'Hitler.

*La souveraineté de la Pologne était garantie par les signataires du traité de Versailles. En outre la France, de manière particulière avait signé avec la Pologne plusieurs pactes d'alliance militaire : le 19 février 1921, le 16 octobre 1925 et le 19 mai 1939.

*En conséquence de quoi, l'Angleterre et la France déclarèrent la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, mobilisèrent des millions de soldats et.... attendirent que l'Allemagne veuille bien daigner nous envahir ! (le 10 mai 1940).

*Les pauvres Polonais, après la République de Tchécoslovaquie, mesurèrent ce que valait une alliance avec la France !

*On a un très bon témoignage de l'état de la France au moment de la débâcle dans le livre d'Antoine de Saint Exupéry : « pilote de guerre » paru pour sa première édition chez Gallimard en 1942.

*Après la guerre, Tchécoslovaquie et Pologne retrouvèrent leur souveraineté mais, jusqu'à la fin de l'URSS, sous la férule soviétique qui avait remplacé celle de l'Allemagne nazie. Ce furent les populations allemandes des zones récupérées qui durent, à leur tour, s'exiler.

*Au premier janvier 1993, la Tchécoslovaquie se sépara, à l'amiable, en deux nouveaux Etats : la Slovaquie ( ou République slovaque) capitale Bratislava pour les habitants de langue slovaque et la Tchéquie (ou République tchèque) capitale Prague pour les habitants de langue tchèque. Cela confirme, après coup, que la création prévue au traité de Saint Germain en Laye en 1919 n'avait pas de pertinence.

J.D. 12 mai 2015

à Munich le 30 septembre 1938

à Munich le 30 septembre 1938

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 13:54

*C'est le 26 avril 1931 à Barcelone que le Comité International Olympique (CIO) décida d'attribuer les J.O. de 1936 à la ville de Berlin. Une dizaine d'autres villes avaient été candidates.

En 1931, l'Allemagne vivait sous le régime de la République de Weimar. L'Allemagne avait intégré la Société Des Nations en septembre 1926 suite aux accords de Locarno d'octobre 1925. Le choix du CIO en 1931 ne posait donc aucun problème.

*C'est du 1er au 16 août 1936 que se déroulèrent ces jeux. 49 pays et 3967 athlètes (dont 201 pour la France) y participèrent. L'Allemagne y gagna 89 médailles devant les USA : 66 médailles (La France eut 19 médailles, se classant cinquième ex aequo avec la Finlande). Ces jeux furent une victoire pour l'Allemagne nazie et une défaite pour tous les autres.

Les nazis avaient mis le paquet pour faire des jeux une réussite afin de montrer à la face du monde que l'Allemagne était de retour. Techniquement, les jeux furent une superbe réussite. Une majorité d'athlètes défilèrent le bras tendu lors de la cérémonie d'ouverture, les nazis pouvaient être satisfaits.

De 1931 à 1936, en 5 ans il s'était passé beaucoup de choses :

En Allemagne :

*C'est le 30 janvier 1933 que Hitler devint chancelier de l'Allemagne, appelé par le Président Hindenburg (élu en 1925, réélu le 10 avril 1932 et décédé le 2 août 1934).

*dans la foulée :

-2 février 1933, interdiction des journaux d'opposition

-11 mars, début en Allemagne de la destruction des livres et œuvres « d'art dégénéré »

-Dès le 21 mars 1933 était mis en chantier le premier camp de concentration (celui de Dachau) ;

-23 mars 1933 loi accordant les pleins pouvoirs à Hitler

-le 7 avril 33, le parti communiste allemand était interdit ;

-le 2 mai, les syndicats étaient dissous ;

-22 juin 1933, le SPD (parti socialiste allemand) interdit

-le 14 juillet, le parti unique était proclamé ;

-le 19 octobre, l'Allemagne se retirait de la SDN ;

-le 20 avril 1934, création de la gestapo ;

-dans la nuit du 29 au 30 juin 1934, massacre des S.A. ;

-le 13 juillet 1935, interdiction des témoins de Jéhovah ;

-le 17 août 1935, interdiction des loges maçonniques,

-15 septembre 1935, lois anti-juives de Nuremberg...

*sans oublier la violation joyeuse et publique de tous les traités internationaux (réarmement de l'Allemagne dès mars 1935 etc)

En Espagne :

Coup d'Etat du général Mola le 17 juillet 1936 qui entraîna la guerre civile, l'intervention de Franco et la fin de la République espagnole qui avait été proclamée le 14 avril 1931.

En France :

Le Front Populaire avait gagné les élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936. Léon Blum était devenu président du Conseil le 4 juin.

Le constat :

Lorsque s'ouvrirent les J.O. le 1er août 1936 à Berlin, il était de notoriété publique que l'Allemagne était devenue une dictature, qu'elle avait supprimé toutes les libertés publiques, qu'elle se déclarait officiellement anti-juive, qu'elle avait entrepris une politique massive de réarmement....Il n'y avait pas besoin de sortir de la promotion Voltaire de l'ENA pour comprendre que les nazis utilisaient ces jeux comme tribune de propagande. Leur propagande fut en outre relayée par le célèbre film de Léni Riefenstahl : « Les Dieux du stade ».

Dans ce contexte, des voix s'étaient élevées pour demander le boycott des J.O. de Berlin. Certains avaient proposé des contre-jeux appelés « olympiades populaires » qui devaient se tenir à Barcelone.

Malgré tout cela, tous les pays décidèrent leur participation aux J.O. de Berlin. En France un seul député (Pierre Mendès-France) se prononça contre cette participation. Mais enfin il ne faut oublier que c'est la même assemblée du front populaire, élue en 1936, qui vota les pleins pouvoirs à Pétain en 1940 !

Emission de télévision :

Le 15 mars 2015 sur France 5 il y eut une émission consacrée aux J.O. de 1936 à Berlin. Dans la délégation française il y avait un jeune sportif âgé de 12 ans (barreur à l'aviron). Près de 80 ans plus tard il témoignait dans cette émission.

A l'époque, il fut admiratif devant la qualité des structures mises à disposition des jeux, devant le grandiose des cérémonies, devant le déroulement parfait des compétitions, devant une organisation impeccable en tous points...mais en même temps il rentra avec un sentiment de crainte : il disait à sa famille : « on aura la guerre, on aura la guerre ».

Quatre ans plus tard, l'armée allemande envahissait en France.

*Comment ne pas faire un rapprochement avec Alexandre Dumas qui publia en 1866 : « La terreur prussienne » après un séjour en Prusse (voir sur mon blog la fiche N° 83 http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-terreur-prussienne-114461627.html). Là, déjà, quatre ans plus tard, les Prussiens envahissaient la France ! L'avertissement de Dumas n'avait servi à rien et la leçon fut très vite oubliée !

En guise de conclusion :

Lors des accords de Munich (le 30 septembre 1938) Winston Churchill déclara :

« Ils ont accepté le déshonneur pour avoir la paix. Ils ont le déshonneur, ils auront la guerre ».

Cela pouvait s'appliquer aussi aux Jeux Olympiques de 1936. En fait, cela peut s'appliquer à toute la période allant de janvier 1933 au 10 mai 1940, période de capitulation en capitulation. On a vu le résultat !

Il est hélas à craindre que cela ne serve même pas, tellement les humains semblent particulièrement doués pour oublier les leçons de l'histoire !

Bien sûr, aujourd'hui l'Allemagne n'est plus le problème. Il est même heureux que ce pays ait retrouvé sa puissance pour tenir à bouts de bras le reste de l'Europe, mais il n'y a pas besoin de beaucoup d'imagination pour établir un parallèle entre les méthodes des nazis et celles des islamistes actuellement.

En 2010, en préparant une conférence pour le cent-cinquantième anniversaire de la réunion de la Savoie à la France, j'avais retrouvé une citation de lord Palmerston (qui fut premier ministre britannique dans les années 1855/1865) et qui avait dit en parlant de Napoléon III :

« La tête de Napoléon III ressemble à une garenne, les idées s'y reproduisent comme les lapins ».

Il me semble qu'il y en a encore à qui cela pourrait s'appliquer. A chacun de mettre les noms qui lui conviennent.

J.D. 27 mars 2015

affiche des J.O. de 1936 à Berlin

affiche des J.O. de 1936 à Berlin

monument sur le champ des sports à Berlin en 1936

monument sur le champ des sports à Berlin en 1936

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