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14 août 2015 5 14 /08 /août /2015 15:22

Alexandre Dumas dans « Les Blancs et les Bleus », texte publié en 1867/1868, fournit la liste des 33 partis politiques qui existèrent en France entre 1793 et 1795.

J'en ai repris l'énumération dans la note N°92 http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-revolution-francaise-115651234.html

Sur le même sujet voir également la note N°213 http://ean.delisle.over-blog.com/2015/01/charlotte-corday-n-213.html

Tous ces partis politiques n'eurent ni la même influence ni la même responsabilité dans les événements de la Révolution française.

Les Girondins constituèrent un des principaux groupes politiques de la Révolution, à tel point qu'entre 1842 et 1846, Alphonse de Lamartine écrivit une « Histoire des Girondins » qui fut publiée en 1847 en.... 8 volumes !

A l'époque, cette œuvre de Lamartine eut un grand succès. Elle a été rééditée en 2014 dans la collection « Bouquins » chez Robert Laffont (en 2 volumes qui ont respectivement 960 et 1120 pages).

Lamartine eut probablement l'intention de réhabiliter les Girondins, mais pris par le sujet il le dépassa largement et consacra l’œuvre, en fait, à la Révolution.

Victor Hugo écrivit d'ailleurs à propos de cet ouvrage : « L'Histoire des Girondins vient, pour la première fois, d'enseigner la Révolution à la France » (dans "Choses vues").

Pour certains auteurs, Lamartine « réhabilita la Révolution en la séparant de ses crimes ». Pour d'autres enfin, « il fit l'apologie des Montagnards ». Mais tous reconnaissent le talent d'écrivain de Lamartine.

Que ceux, que le sujet intéresse et qui ont le courage (ou le temps) de lire cet imposant récit, se fassent leur propre opinion.

Le Manège :

Un manège (équestre) fut construit près des Tuileries dans l'enfance de Louis XV (né en 1710).

Les Révolutionnaires s'approprièrent le Manège auquel ils adjoignirent les bâtiments de 2 couvents mitoyens (couvent des Capucins et des Feuillants).
Ce Manège accueillit l'Assemblée Constituante d'octobre 1789 à octobre 1791, l'Assemblée législative d'octobre 1791 à septembre 1792 et la Convention de septembre 1792 au 9 mai 1
793.

L'Assemblée se transporta ensuite aux Tuileries, mais le Manège servit encore au Conseil des Cinq-Cents sous le Directoire de 1795 à 1799, puis le Manège fut démoli en 1802 à l'occasion du percement de la rue de Rivoli.

Lorsque l'Assemblée siégea pour la première fois , Jacobins et Cordeliers occupèrent les sièges supérieurs de l'hémicycle ; ils furent surnommés les « Montagnards ». Un groupe se constitua autour des députés de la Gironde, ils furent appelés les Girondins. Ce groupe siégeait à gauche de l'Assemblée. L'espace intermédiaire fut occupé par ceux qui n'étaient ni « Montagnards » ni « Girondins », ils constituèrent la « plaine » ou le « marais ». Les Girondins voulaient transformer la royauté au pouvoir absolu en monarchie parlementaire, les Montagnards étaient partisans de supprimer la monarchie.

Dans un appel à tous les Républicains, Brissot (un des chefs girondins) présente les Montagnards comme des « désorganisateurs qui veulent tout niveler, les propriétés, l'aisance, les prix des denrées, même les talents, les connaissances et les vertus ».

*Les Cordeliers fut un groupe très ultra dans lequel on trouvait Marat, Danton, Camille Desmoulins, Hébert (qui publiait « le père Duchesne » un journal tellement extrémiste que Hébert fut surnommé « l'Homère de l'ordure »).

*Les Jacobins : groupe nombreux parmi lesquels : Robespierre, Saint Just (surnommé « l'Archange de la Terreur »), Barnave, Sieyès, La Fayette, l'abbé Grégoire, Le Chapelier, Pétion... Mais après l'arrestation de la famille royale à Varennes (21 juin 1791), le groupe se scinda : les plus modérés (Barnave, Sieyès, La Fayette, Le Chapelier...) quittèrent les Jacobins et fondèrent le club des Feuillants, tandis que Jérôme Pétion rejoignit directement les Girondins. D'autres comme Collot d'Herbois ou Fréron se retourneront contre Robespierre lors du 9 Thermidor (27 juillet 1794).

*Les Girondins : Pour simplifier à l'extrême, on peut dire que les Montagnards , surtout les Jacobins, étaient « centralisateurs » et « réquisitionnistes » (terme incorrect mais qui exprime bien ce qu'il veut dire) tandis que les Girondins étaient « décentralisateurs » et « libre-échangistes ». Ils représentaient en somme ce qu'aujourd'hui, en France, on nomme la gauche et la droite, sauf que maintenant les professionnels de la politique n'ont pas les mêmes positions selon qu'ils sont dans l'opposition ou au pouvoir ce qui n'aide pas le citoyen lambda à s'intéresser à la chose publique !

Parmi les principales personnalités des Girondins : Vergniaud, Roland, Dumouriez, Brissot, Buzot, Condorcet, Isnard, Barbaroux, Pétion (après son départ des Jacobins)... Les Girondins furent d'abord appelés « Brissotins » ou « Rolandistes », sans oublier les femmes. A ce propos, l'hebdomadaire Le Point, cet été (2015), publie chaque semaine une note de Michel Onfray sur les femmes de la Révolution. Le premier article (le 9 juillet 2015) est intitulé : « Les Girondines », celui du 16 juillet est consacré à Olympe de Gouges (guillotinée le 3 novembre 1793), celui du 23 juillet à Charlotte Corday (guillotinée le 17 juillet 1793), celui du 30 juillet à Manon Roland (guillotinée le 8 novembre 1793), celui du 6 août 2015 à Théroine de Méricourt (déclarée folle, internée en septembre 1794 et qui mourut le 23 juin 1817 toujours internée !), et celui du 13 août 2015 à Germaine de Staël (décédée le 14 juillet 1817).

Mon propre souhait serait que la série terminée, l'ensemble des portraits dressés par Michel Onfray soit rassemblés et publiés dans un document unique. En rappelant que c'est le 24 juin 1793 que fut adopté en France le suffrage universel, sauf....pour les femmes ! Et les Révolutionnaires se croyaient « progressistes » !

Les Girondins eurent le pouvoir le 24 mars 1792 et plusieurs ministres dont Roland comme Ministre de l'Intérieur et Dumouriez comme Ministre des Affaires étrangères.

Mais ils furent vite dépassés par les événements :

-20 avril 1792 déclaration de guerre à l'Autriche et à la Prusse

-13 juin 1792 renvoi des ministres girondins

-première invasion des Tuileries le 20 juin 1792

-seconde invasion des Tuileries le 10 août 1792

-du 2 au 4 septembre 1792 massacre à Paris de 1300 « aristocrates »

-création du comité de Sûreté générale le 2 octobre 1792

-Louis XVI guillotiné le 21 janvier 1793

-l'imprimerie des journaux girondins saccagée dans la nuit du 9 au 10 mars 1793

-création du Tribunal révolutionnaire le 10 mars 1793

-défaite de Dumouriez en Hollande le 18 mars 1793 (bataille de Neerwinden), il est mis en accusation à la Convention le 25 mars, il passe à l'ennemi le 3 avril

-création du comité de salut public dans la nuit du 5 au 6 avril 1793

-6 juin 1793 premières arrestations de députés girondins, d'abord 21 puis 29.

-22 sont condamnés à mort le 30 octobre et guillotinés.

-la fin des Girondins coïncide avec le début de la Terreur de septembre 1793 à juillet 1794. C'est l'exécution de Robespierre et de ses amis le 28 juillet 1794 qui met fin à la terreur.

Ainsi, les Jacobins éliminèrent les Girondins puis les Cordeliers avant de mettre eux-mêmes la tête à la lucarne (expression qui voulait dire mettre sa tête sous le couperet de la guillotine)

Mirabeau :

Mirabeau est un cas à part. Il mourut de mort naturelle le 2 avril 1791, autrement dit, avant d'avoir eu le temps d'être guillotiné. Il fut d'abord inhumé au Panthéon mais en fut retiré en 1794 après la découverte de ses tractations secrètes avec le roi. Il fut remplacé au Panthéon, à l'époque, par Marat.

C'est Louis XV qui avait posé la première pierre, le 6 septembre 1764, d'une église qui devait être dédiée à Sainte Geneviève, sainte patronne de Paris depuis la fin du cinquième siècle. Deux jours après la mort de Mirabeau (c'est-à-dire le 4 avril 1791) la Convention décida de faire de cette église un « Panthéon des grands hommes ». Mirabeau y fut le premier admis : « first in, first out » diraient les Anglo-Saxons (premier entré, premier sorti).

Mais de ceux qui avaient commencé la Révolution en 1789, il n'en restait plus beaucoup de vivants 5 ans plus tard : « Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure » !

Le monument de Bordeaux :

A la fin du XIXe siècle, les élus bordelais eurent le projet de construire 2 monuments :

-l'un sur l'actuelle place Gambetta en mémoire des Girondins (de la Révolution)

-et une fontaine place des Quinconces.

Pour la place des Quinconces il y eut un projet de fontaine de Bartholdi (voir note N°235 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/04/auguste-bartholdi-amilcar-hasenfratz-n-235.html).

Mais les élus de Bordeaux le jugèrent trop cher et c'est Lyon qui récupéra cette fontaine (place des Terreaux)

-Cependant, cela amena la municipalité de Bordeaux à fusionner ses projets afin de réaliser place des Quinconces un monument-fontaine dédié aux Girondins.

-Ce monument fut réalisé de 1894 à 1902. il comprend à la base une vasque-fontaine surmontée d'une colonne de 43 mètres que domine une statue de la Liberté en bronze dont le sommet est à 54 mètres. Le monument a été classé aux Monuments Historiques le 16 mars 2011.

La base, sur le socle de la colonne, devait être complétée par un groupe de 8 statues de « Girondins » mais sans que l'on sache si les Bordelais de l'époque voulaient représenter des Girondins « géographiques » (c'est-à-dire élus en Gironde) ou « politiques » (c'est-à-dire guillotinés appartenant au parti des Girondins, qu'ils soient de Gironde ou d'ailleurs). Le débat ne fut pas tranché (contrairement aux têtes durant la Révolution!) et le monument non achevé tout au moins par rapport aux intentions d'origine.

J.D. 14 août 2015

monument aux Girondins place des Quinconces à Bordeaux (sommet, colonne, base), photos J.D. septembre 2010

monument aux Girondins place des Quinconces à Bordeaux (sommet, colonne, base), photos J.D. septembre 2010

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