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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 08:07

Après sa seconde abdication, Napoléon Bonaparte fut exilé par les Anglais dans l'île de Sainte-Hélène dans l'Atlantique sud.

*Napoléon arriva à Sainte-Hélène en octobre 1815. En avril 1816, un nouveau gouverneur, nommé par les Anglais, arrivait lui aussi. Hudson Lowe, c'est son nom, (28 juin 1769/10 janvier 1844) s'employa, de son arrivée jusqu'à la mort de Napoléon (5 mai 1821) à lui pourrir la vie.

*Lowe rentra en Angleterre à l'automne 1821. Il s'attendait à être accueilli en héros, mais ce fut tout le contraire.

*Les Anglais avaient été les ennemis les plus acharnés et les plus constants de Napoléon, mais cela ne les empêchait pas d'admirer l'homme. Ce qui n'est pas surprenant quand on songe à la ferveur avec laquelle Autrichiens, Russes et d'autres (sauf les Français!) célébrèrent en 2005 le bicentenaire de la bataille d'Austerlitz.

Pour les Anglais en 1821, le comportement de Lowe envers Napoléon avait été infâme et ils le lui firent sentir.

*Les Autorités jugèrent plus prudent d'expédier Lowe le plus loin possible et il fut nommé gouverneur de l'île de Ceylan dans l'Océan Indien. Lowe dut s'exécuter. Arrivé à Ceylan ses avatars ne furent pas terminés pour autant.

*En effet, en 1827, Walter Scott publia une biographie de Napoléon dans laquelle il étrillait Hudson Lowe. A ce moment là, Walter Scott était devenu très célèbre, il avait déjà publié Ivanhoé en 1819, Quentin Durward en 1823 etc.

*Lorsque l'information parvint jusqu'à Ceylan, Lowe démissionna de son poste pour rentrer en Angleterre afin de se justifier disait-il.

Mais une nouvelle fois, tous ses compatriotes le fuyaient comme un pestiféré et il fut fermement conseillé à Lowe de s'exiler.

*Mais déjà, en 1826, Lowe étant venu en Europe et se trouvant en Suisse, était allé visiter la grotte de Balme. Ne pas confondre la grotte de la Balme située à la pointe nord du département de l'Isère et la grotte de Balme en Haute-Savoie, sur le territoire de la commune de Magland (canton de Sallanches).

*Cette visite est racontée dans le « dictionnaire du duché de Savoie » publiée en 1840 et qui a fait l'objet d'une nouvelle édition en 2 volumes (en 2004 et 2005) à l'initiative de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie (SSHA). Voici ce texte :

« En 1826, Hudson Lowe, le geôlier de Napoléon à Sainte-Hélène, venant de Suisse, vint visiter la grotte de Balme et écrivit sur un registre, à ce destiné, son nom et ses qualités. Quelques minutes après, deux étrangers (Louis Bonaparte et le fils Las Cases) y vinrent aussi ; ils prennent le registre et voient ce nom qui leur était si odieux. S'informer du lieu où il était allé, courir après, l'atteindre comme il sortait de la grotte, se saisir de lui, l'amener vers le puits, l'élever en l'air et se disposer à le précipiter au fond de l'abîme, ne fut pour eux que l'affaire d'un instant. C'en était fait de Sir Hudson si la femme commise à la garde de cette grotte ne fut accourue à ses cris effroyables, n'eût imploré sa grâce en faisant valoir auprès des étrangers que seule elle serait compromise s'ils attentaient à la vie de ce monstre : ils se sont contentés de quelques coups de cravache et de quelques coups de pied au derrière et lui ont dit au revoir ».

Remarques :

*Le duché de Savoie avait été annexé par la France à partir de septembre 1792, puis rendu au Royaume de Sardaigne après la chute de Napoléon, ce qui explique le terme d'étrangers pour qualifier 2 Français venant en Haute-Savoie en 1826.

*Louis Bonaparte né à Ajaccio le 2 septembre 1778 jeune frère de Napoléon. Il s'était marié le 4 janvier 1802 avec Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine, puis Napoléon l'avait fait roi de Hollande à compter du 5 juin 1806. Mais son mariage autant que sa couronne furent un échec. Il s'exila fin 1810, d'abord en Autriche puis en Suisse. Avec Hortense, Louis eut 3 enfants dont celui qui devint l'empereur napoléon III mais qui n'eut de « Bonaparte » probablement que le nom. Voir fiche N°7 http://jean.delisle.over-blog.com/article-petites-histoires-58615886.html

*Emmanuel Auguste Dieudonné naquit le 21 juin 1766 dans le Tarn dans un lieu-dit appelé « Las Cases », ce qui valait à sa famille le titre de marquis de Las Cases.

Emmanuel émigra à la Révolution puis rentra en France en 1802 lors du Concordat décidé par le premier Consul (Bonaparte). Emmanuel se rallia à Napoléon qui devenu empereur lui décerna le titre de comte puis le nomma chambellan le 21 décembre 1809. Avec son épouse (Henriette de Kergariou) Emmanuel de Las Cases eut 4 enfants dont 3 seulement survécurent : Emmanuel (1800/1854), Barthélémy (1811/1877) et Ofrésie (1813/1865). Emmanuel accompagna Napoléon à Sainte-Hélène emmenant également son fils aîné (Emmanuel).

Le 21 novembre 1816, Hudson Lowe fit arrêter Emmanuel et son fils et les fit expulser de Sainte-Hélène le 30 décembre 1816. Hudson Lowe saisit également à cette occasion toutes les notes prises par Emmanuel et son fils lorsque Napoléon dictait ses mémoires. Rentré en Europe, Emmanuel put récupérer ses notes en Angleterre en 1822 et publia en 1823 à Londres et Paris le « Mémorial de Sainte-Hélène » qui connut un immense succès (le plus fort tirage de tout le dix-neuvième siècle). Cela fit la fortune de Las Cases.

Compte-tenu des dates de naissance, c'est Emmanuel de Las Cases né en 1800 qui accompagnait Louis Bonaparte à la grotte de Balme. Il avait vu Hudson Lowe dans ses œuvres à Sainte-Hélène, il avait des motifs de le haïr.

Cette scène de la grotte de Balme est cocasse, elle donne surtout l'occasion de mesurer la popularité posthume de Napoléon y compris en Angleterre, ce que beaucoup de Français probablement ignorent.

Dans le genre romans de science-fiction, on peut se demander ce que serait devenue l'Europe si Français et Anglais avaient signé l'entente cordiale un siècle plus tôt ? On ne réécrit pas l'Histoire mais on peut toujours rêver !

J.D. 13 juin 2016

Napoléon à Sainte-Hélène dictant ses mémoires à Emmanuel de Las Cases père et fils, photo du net

Napoléon à Sainte-Hélène dictant ses mémoires à Emmanuel de Las Cases père et fils, photo du net

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 11:10

 

Petites histoires....

de la grande Histoire

 

 

Le 4 janvier 1802, Louis Bonaparte, jeune frère de Napoléon 1er, épousait Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine.
En 1806, Napoléon plaçait son frère Louis sur le trône de Hollande et c'est ainsi que le 5 juin 1806, Louis et Hortense se retrouvèrent roi et reine de Hollande.
Officiellement, Louis et Hortense eurent 3 enfants :

*Napoléon Louis Charles Bonaparte 1802/1807

*Napoléon Louis Bonaparte 1804/1832. Il mourut en Romagne (région italienne sur l'Adriatique entre Bologne et Ravenne) lors d'une insurrection fomentée par les Carbonari dont faisaient partie Napoléon Louis et son frère Charles Louis Napoléon

*Charles Louis Napoléon Bonaparte : 20 avril 1808/9 janvier 1873. Devint l'empereur Napoléon III

 

Depuis le XIXe siècle, de nombreux historiens ont écrit que ce Charles Louis Napoléon ne ressemblait physiquement en rien à son père officiel Louis Bonaparte mais qu'il ressemblait à un amiral hollandais nommé Verhuel dont la rumeur hollandaise avait fait l'amant de la belle Hortense. Louis et son frère Napoléon ne parvinrent pas à s'entendre et Louis abdiqua en 1810 et en profita pour se séparer d'Hortense, le ménage n'ayant jamais bien fonctionné.

A l'occasion de cures à Aix-les-Bains, Hortense eut pour amant le comte Charles de Flahaut, fils naturel de Talleyrand (le diable boiteux) et de la comtesse de Flahaut, elle-même fille naturelle de Louis XV. Quelle belle lignée !

Avec Charles de Flahaut, Hortense eut un fils qui naquit en septembre 1811 à l'occasion d'une autre cure à Aix, mais le lieu de l'accouchement n'est pas connu. Après la naissance, l'enfant fut déclaré à l'état civil de la ville de Paris par des parents d'occasion : un couple nommé Demorny. Et c'est ainsi que l'enfant fut appelé Charles Demorny.
Peu de temps après la reconnaissance et la déclaration à l'état civil, les 2 parents Demorny moururent sans que les historiens aient pu déterminer la cause de la mort. Toujours est-il que dès la mort des Demorny, la comtesse de Flahaut, grand-mère de l'enfant le récupéra et l'éleva.

Devenu adulte, Charles Demorny s'autoproclama comte Charles De Morny.

Il fit la connaissance de son demi-frère en 1848 lorsque le Charles Louis Napoléon Bonaparte devint le premier (et le dernier) président de la seconde république française.

Les 2 frères s'entendirent rapidement comme larrons en foire. De Morny devint ministre de l'Intérieur puis président de la chambre des députés etc.

A cette époque le Prince-président avait pour maîtresse, une riche anglaise nommée Howard tandis que son frère (De Morny) avait pour maîtresse une riche comtesse belge : Fanny Le Hon

Ce sont ces 2 femmes qui ont financé la préparation du coup d'état du 2 décembre 1851 qui amena le second empire un an plus tard. Devenu empereur, Napoléon III décerna à son frère le titre de duc.

Avec Fanny Le Hon, Charles de Morny eut une fille : Louise Le Hon. A l'époque, le quatrain suivant circula dans les salons parisiens :

 

« Quel est cet ange blond

qui ressemble à la reine Hortense?

C'est la fille de Monsieur Le Hon

Morny soit qui mal y pense »

 

Cette Louise Le Hon fut mariée au prince Stanislas Poniatowski.
Michel Ponatowski qui fut ministre de l'intérieur sous le septennat de VGE est un descendant de cette Louise Le Hon et par elle, d'Hortense, Joséphine, Talleyrand etc.

J.D. Juillet 2010

Virginia di Castiglione "placée" par le royaume de Sardaigne près de Napoléon III

Virginia di Castiglione "placée" par le royaume de Sardaigne près de Napoléon III

le "N" de Napoléon III sur la tapisserie de la Grand'Chambre du parlement de Bretagne à Rennes, photo J.D. 22 juin 2015

le "N" de Napoléon III sur la tapisserie de la Grand'Chambre du parlement de Bretagne à Rennes, photo J.D. 22 juin 2015

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