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13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 15:23

On trouvera en illustration une carte de l'Italie du Nord en 1439, carte extraite de « La Maison de Savoie » tome II édité chez Albin Michel en 1962 et œuvre de Marie José, dernière reine d'Italie (en 1946).

Sur Marie José, voir la note N° 204 http://jean.delisle.over-blog.com/marie-jose-la-reine-de-mai-n-204.html à laquelle sont joints le portrait de Marie José et son tombeau à l'abbaye d'Hautecombe en Savoie. Voir également le portrait joint à la note N°267 http://jean.delisle.over-blog.com/2016/01/la place-des-celestins-à-lyon-n-267.html

En complément d'illustration, on trouvera la reproduction d'un timbre émis par la poste italienne à l'occasion du mariage à Rome le 8 janvier 1930, de Marie José et d'Humbert. Sur le timbre on remarque la présence de la croix de Savoie, qui resta jusqu'à la fin le symbole des rois d'Italie.

*La carte de l'Italie du Nord en 1439 permet de situer, pour cette époque, les États de Savoie dans leur environnement. Elle permet de voir également l'importance de l'extension de la République de Venise en terre ferme et d'expliquer les nombreux conflits de Venise avec Milan et avec la papauté. Le siège religieux ou spirituel de l’Église était à Rome, mais il y avait un cardinal-légat administrateur à Bologne.

*C'est le 19 février 1416, que Amédée VIII, dix-neuvième et dernier comte de Savoie devint duc par la grâce de Sigismond, empereur romain germanique. En février 2016, le Conseil Général de la Savoie a été à l'initiative de quelques événements pour commémorer le six-centième anniversaire du Duché de Savoie.

*Ce blog contient de nombreuses notes sur l'histoire de la Savoie et de la Maison de Savoie. Voir particulièrement les notes N° 66 http://jean.delisle.over-blog.com/article-histoire-de-la-maison-de-savoie-59295182.html et 56 http://jean.delisle.over-blog.com/article-savoie-et-maison-de-savoie-99226231.html

*Dans « la Maison de Savoie », Marie José consacre 2 tomes entiers à Amédée VIII.

Cet Amédée VIII fut comte de Savoie à la mort de son père en 1391, devint duc en 1416, devint pape (Félix V) de 1439 à 1449 et mourut le 7 janvier 1451 retiré à Ripaille (aujourd'hui en Haute-Savoie).

*A son époque, Amédée VIII fut un des plus importants souverains d'Europe. Il déploya toujours une intense activité diplomatique et fut à plusieurs reprises appelé comme arbitre dans des conflits.

*Le choix de la carte en 1439, correspond à la fin du règne d'Amédée en tant que duc de Savoie et à l'apogée du Duché de Savoie, mais non de la Maison de Savoie, qui fut à son apogée avec les rois d'Italie.

*La carte montre l'extension du domaine de la Savoie en territoire français, de la Saône à la Méditerranée, ainsi qu'en Suisse. Cette extension fut la cause de nombreuses guerres, occupations… avec tous les voisins et particulièrement, le royaume de France, la Suisse germanophone et en Italie avec Milan, l'Autriche, etc.

*Au fil des siècles, la Maison de Savoie perdit de plus en plus de territoires de ce côté-ci des Alpes pendant qu'elle s'étendait côté italien.

*Le terme de duché de Savoie s'appliqua à tout le domaine dépendant de la souveraineté des ducs de Savoie et faisait suite au « comté de Savoie ». Mais lorsqu'en 1713, ils obtinrent un titre de rois, d'une part ils cessèrent d'être vassaux du saint Empire romain germanique et d'autre part le terme « duché de Savoie » subsista pour la partie française du domaine.

*Sur l'évolution particulière du duché de Savoie, côté français, voir la note N°106 http://jean.delisle.over-blog.com/la-savoie-de-1792-à-1914-n-106

J.D. 13 mars 2016

Italie du Nord en 1439, carte publiée par Marie José

Italie du Nord en 1439, carte publiée par Marie José

mariage de Marie José et d'Humbert

mariage de Marie José et d'Humbert

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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 17:56

En 1365, Charles IV empereur germanique passa en Savoie, en route vers Avignon où il allait pour se faire couronner « roi d'Arles » par le pape Urbain V. Le couronnement eut lieu le 4 juin 1365 dans l'église Saint Trophyme d'Arles.

LE ROYAUME D'ARLES :

Au début du cinquième siècle de notre ère, les Romains avaient laissé les Burgondes (originaires de l'Europe de l'est) s'installer dans une partie de la Gaule (région de la Savoie principalement) pour s'en faire des alliés contre les Huns (c'était les autres contre les Huns en précisant que la bataille des « champs catalauniques » où Attila fut vaincu par Aetius n'est pas située dans l'Ain mais dans l'autre c'est à dire près de Troyes dans l'Aube, ce qui n'en fait pas pour autant la guerre de Troie).

A partir de là s'étendit rapidement un royaume des Burgondes sur une grande partie du sud-est de la France mais pour relativement peu de temps car les Burgondes furent vaincus par les Francs au cours de plusieurs batailles entre 523 et 534.

Les Carolingiens firent l'unité de la France et même au-delà puisque le célèbre Charlemagne avait fixé sa capitale à Aix-la-Chapelle (Aachen pour les Allemands).

L'unité fut aussi brève puisque les petits-fils de Charlemagne se partagèrent son empire au traité de Verdun en 843. Toute la région sud-est se retrouva dans la « Lotharingie » en région tampon entre la « Francie occidentale » (future région francophone) et la « Francie orientale » (future région germanophone)

De rivalités en batailles et en divisions naquirent d'abord une Bourgogne transjurane et une Bourgogne cisjurane ou de Provence puis un royaume d'Arles en l'an 933 qui correspondait grosso-modo à l'ancienne Gaule narbonnaise.

La Savoie après avoir été allobroge, romaine, burgonde, franque, bourguignogne, s'était retrouvée dans le royaume d'Arles.

Se succédèrent comme rois d'Arles : Rodolphe II de 933 à 937, Conrad le Pacifique de 937 à 993 et Rodolphe III dit le Fainéant qui mourut le 6 septembre 1032. Sans descendant, en 1026, il avait institué Conrad II empereur germanique comme son héritier. Ce Conrad avait été confirmé roi d'Arles, le 2 février 1033 à Payerne (commune suisse du canton de Vaud) par une assemblée de notables et couronné roi d'Arles le 1er août 1034 à Genève par une assemblée d'évêques.

De son côté la France avait récupéré l'ancienne Bourgogne « transjurane » et voulait s'étendre. C'est pour se prémunir contre les visées d'extensions françaises que Conrad II Empereur germanique et roi d'Arles donna, en 1034, un titre de comte au Mauriennais Humbert et que commença l'histoire de la dynastie de la Maison de Savoie.

Amédée VI, le comte Verd avait obtenu, par décision du 17 mai 1361, de l'empereur Charles IV que la Savoie soit directement rattachée à l'autorité de l'empire et non plus par l'intermédiaire de ce royaume d'Arles.

C'est ainsi que la Savoie se retrouva directement vassale du Saint Empire romain germanique et le resta jusqu'à ce que les ducs de Savoie reçoivent un titre de roi suite aux traités d'Utrecht en 1713.

CHARLES IV A CHAMBERY :

A l'annonce de la venue de l'Empereur, le comte Verd s'était porté au devant de Charles IV, l'avait rejoint à Morat (en Suisse dans le canton de Fribourg) et l'avait accompagné par Payerne, Lausanne, Genève, Rumilly, jusqu'à Chambéry pour y faire une entrée triomphale le 11 mai 1365.

Le 13 mai 1365 eut lieu sur la place du château une cérémonie mémorable durant laquelle l'empereur, entouré des « princes-électeurs » (voir liste sur fiche N°167) investit le comte Verd d'un titre de « vicaire impérial » ce qui donnait à Amédée VI autorité sur de nombreux évêques dont ceux de Genève, Lausanne, Sion, Grenoble, Lyon, Turin etc

Il en coûta 100.000 écus d'or à Amédée VI ! Charles IV vendait titres et fonctions. Joseph Henri Costa de Beauregard écrit en 1816 (dans « mémoires historiques sur la Maison royale de Savoie ») que Charles IV avait « acheté en gros son empire pour le revendre en détail ».

La cérémonie fut suivie d'un grand banquet, puis le comte Verd accompagna l'empereur jusqu'en Avignon par Grenoble, Saint Marcellin, Valence … Ils arrivèrent en Avignon le 22 mai 1365.

Le 2 juin, d'Avignon, l'empereur autorisait la fondation à Genève d'une Université sous la protection des comtes de Savoie.

Cette décision associée au Vicariat livrait de fait Genève à la Maison de Savoie. Les souverains de Savoie successifs étendirent leur domination sur la Suisse sur un territoire qui correspond grosso-modo à la Suisse francophone d'aujourd'hui mais sans Genève

Les grandes manœuvres diplomatiques autant que militaires permirent à la Savoie de s'auto-proclamer un moment protectrice de Genève. Mais les Savoyards ne purent aller plus loin et leurs tentatives pour s'emparer de Genève se terminèrent par la lamentable (pour les Savoyards) nuit de l'escalade en décembre 1602, événement que les Suisses, légitimement, sont fiers de fêter régulièrement. Sur cette nuit de l'escalade, voir "Genève" sur la note N°56. Selon plusieurs sources, si les souverains savoyards avaient annexé Genève ils en auraient probablement fait leur capitale et quand on voit les investissements prestigieux qu'ils firent à Turin, les Genevois ont peut-être fait le mauvais choix mais on ne réécrit pas l'histoire ! Et en définitive ce sont les Genevois qui en 1816 ont récupéré 24 communes savoyardes qui font depuis partie du canton de Genève (voir liste sur note N° 142).

LA SUITE :

Les évêques concernés furieux de se retrouver sous la coupe du comte de Savoie multiplièrent les démarches tant auprès du Pape que de l'Empereur. Leurs démarches furent suivies d'effet puisque le 13 septembre 1366 Charles IV révoquait le vicariat impérial qu'il avait donné au comte Verd. Dans la foulée, l'université de Genève ne fut pas fondée tout au moins pas par la Savoie ni à la même époque puisque c'est Calvin en définitive qui fonda l'Université de Genève en 1559.

Nota : au quatorzième siècle on écrivait « verd » et non « vert » d'où sont restés : verdure, verdâtre, verdoyant, reverdir...Le surnom de Verd ayant été donné au comte Amédée VI et étant devenu son nom, il me parait qu'il y a lieu de lui conserver son orthographe d'origine. Il semble que je sois le seul de cet avis, mais comme le dit Victor Hugo : « s'il n'en reste qu'un... ». Personne ne m'en fera procès, encore que, par les temps qui courent, on se retrouve vite sur le mur des cons du syndicat de la magistrature !

J.D. 23 octobre 2014

références note N°56 : http://jean.delisle.over-blog.com/article-savoie-et-maison-de-savoie-99226231.html

références : note N°142 : http://jean.delisle.over-blog.com/2013/12/geneve-et-la-savoie-n-142.html

note N°167 : http://jean.delisle.over-blog.com/2014/12/marguerite-d-autriche-duchesse-de-savoie-n-167.html

Tour des Archives château des ducs, photo J.D. prise de la tour mi-ronde le 21 septembre 2014

Tour des Archives château des ducs, photo J.D. prise de la tour mi-ronde le 21 septembre 2014

Château des Ducs à Chambéry, tour mi-ronde depuis le portail Saint Dominique, photo J.D. 28 novembre 2014

Château des Ducs à Chambéry, tour mi-ronde depuis le portail Saint Dominique, photo J.D. 28 novembre 2014

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 10:13

La presse nationale a fait largement écho à l'inauguration le 23 mars 2013, d'un nouveau bourdon et de huit nouvelles cloches à Notre-Dame de Paris. Cette cathédrale se trouve ainsi dotée de 2 bourdons et 11 cloches :

*dans la tour sud : le bourdon Emmanuel d'abord appelé Jacqueline en 1400 puis refondu et baptisé Emmanuel en 1681 et le nouveau bourdon Marie

*dans la tour nord : les 8 nouvelles cloches (Jean-Marie, Maurice, Benoit-Joseph, Etienne, Marcel, Denis, Anne-Geneviève, Gabriel)

*dans la flèche : 3 anciennes cloches.

Si cela est connu, par contre peu de gens en France (et encore plus ailleurs) savent qu'il y a à Chambéry un carillon de 70 cloches qui est le plus grand carillon à clavier de France. Ce carillon fut inauguré le 13 septembre 1993 et remplaça un carillon de 37 cloches qui avait été inauguré le 11 septembre 1938 et démonté en 1986.

Dans une salle d'attente, j'ai lu dans un bulletin municipal de Chambéry que ce carillon était situé dans la tour « Yolande » de la Saint Chapelle du château des Ducs de Savoie. Depuis le temps que je m'intéresse à l'histoire de la Savoie et de la Maison de Savoie, je n'avais pas encore capté qu'il y avait une tour Yolande à Chambéry.

Le château, dans son histoire, doit beaucoup plus aux comtes de Savoie qu'aux ducs leurs successeurs. Mais le titre de duc doit faire « plus classe ».

C'est Amédée VIII qui fit construire la chapelle annexe au château entre 1408 et 1430. Cette construction commença donc au temps des comtes de Savoie et se termina sous l'ère des ducs puisque Amédée VIII comte de Savoie reçut de l'Empereur germanique Sigismond le titre de duc le 19 février 1416 à l'occasion d'un passage de cet empereur à Chambéry. La petite histoire raconte qu'à l'occasion d'un repas donné en l'honneur de l'empereur, Amédée avait fait confectionner un gâteau ayant la forme de ses états et que de là serait né le gâteau de Savoie. Peu de gens en Savoie semblent savoir que la Savoie fut vassale du Saint Empire romain germanique jusqu'à ce que les ducs de Savoie deviennent rois en 1713.

C'est dans cette chapelle que fut exposé le « Saint Suaire » entre 1502 et 1578. Cette chapelle qui avait été fermée pour travaux de restauration durant 3 années, a fait l'objet d'une inauguration avant réouverture au public le 5 octobre 2012.

C'est Yolande de France qui fit ajouter une tour-clocher à la Sainte Chapelle en 1466. Cette tour fut construite à l'arrière de la Sainte Chapelle. Elle est visible depuis la place du Château.

Cette Yolande de France née à Tours le 23 septembre 1434 était la fille de Marie d'Anjou et de Charles VII (celui que Jeanne d'Arc conduisit à Reims pour être sacré roi de France). Elle était donc la sœur de Louis XI.

Elle fut mariée en 1452 avec le duc de Savoie Amédée IX. Officiellement Yolande fut régente durant les 3 dernières années de la vie d'Amédée IX (décédé en mars 1472), de fait elle exerça le pouvoir que son mari plus tourné vers la religion (il fut béatifié par l'Eglise en 1677) lui abandonna.

Avec Amédée, Yolande eut 11 enfants dont 7 survécurent. En juin 1476 elle fut faite prisonnière par Charles le Téméraire et emprisonnée en Bourgogne. Louis XI envoya une armée en septembre 1476, qui libéra Yolande.

Décédée à Chambéry le 28 août 1478, Yolande de France mérite donc bien d'avoir donné son nom à la tour-clocher qui abrite le carillon de Chambéry.

J.D. Le 1er juin 2013

Tour Yolande de France au château des Ducs de Savoie, photo J.D. 15 juin 2014

Tour Yolande de France au château des Ducs de Savoie, photo J.D. 15 juin 2014

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 15:15

Durant des siècles, « Dauphinois » et « Savoyards » vécurent sous la même autorité. La plus ancienne connue est celle des Allobroges (voir sur mon blog la note consacrée aux Allobroges et à l'Allobrogie http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-allobroges-62129941.html). Puis l'Allobrogie fut annexée par les Romains en l'an 121 avant notre ère et leur domination dura près de six siècles.

A la fin des années 430, le général romain Aétius laissa les Burgondes s'installer dans la région. Après la chute de l'Empire romain d'occident en l'an 476, un royaume burgonde s'organisa et s'étendit sur une grande partie du sud-est de la France et sur une grande partie de la Suisse.

Rapidement il y eut des conflits pour le pouvoir à l'intérieur du royaume puis des guerres avec les Francs à partir de la fin du cinquième siècle et le royaume de Burgonde disparut en l'an 534 au profit des Francs.

Dauphinois et Savoyards étaient toujours sous la même autorité. Ils connurent les rois Mérovingiens puis les Carolingiens dont le célèbre Charlemagne couronné roi des Francs en l'an 768, puis roi des Lombards en l'an 774 et enfin empereur d'Occident le 25 décembre de l'an 800 à Rome par le pape Léon III.

Avant sa mort à Aix-la-Chapelle le 28 janvier 814, Charlemagne avait couronné son fils Louis (Louis-le-Pieux) empereur d'Occident le 11 septembre 813 à Aix-la-Chapelle. Ce couronnement fut confirmé à Reims en octobre 816 par le pape Etienne IV.

Ce Louis-le-Pieux mourut près de Mayence le 20 juin 840. A la fin de sa vie il dut faire face à des conflits armés contre ses propres fils. Après sa mort les conflits continuèrent pour le pouvoir. Deux des frères, Louis et Charles se liguèrent contre Lothaire, l'aîné. Ce Lothaire avait été couronné co-empereur à Rome par le pape Pascal 1er le 5 avril 823.

Cela se termina le 11 août de l'an 843 par le traité de Verdun par lequel les trois frères se partagèrent l'empire de Charlemagne leur grand-père.

Charles reçut la partie occidentale de l'empire ou « Francie occidentale ». Il devint roi de France sous le nom de Charles II (surnommé « Charles-le-Chauve »), avec pour capitale Paris. Louis hérita de la « Francie orientale » et devint roi de Germanie sous le nom de Louis II surnommé Louis le Germanique avec pour capitale Mayence. Enfin Lothaire, l'aîné, conserva le titre d'Empereur sur la « Francie médiane » qui allait de la mer du Nord à l'Italie et prit plus tard le nom de « Lotharingie » avec pour capitale Aix-la-Chapelle. La Saône servit de frontière entre la Francie occidentale et la Francie médiane; Savoie et Dauphiné se retrouvèrent, toujours unis, dans la Lotharingie.

Lothaire mourut le 29 septembre 855. Avant sa mort il avait lui-même partagé la Francie Médiane entre ses trois fils eux aussi prénommés Lothaire, Charles et Louis, ce qui ne simplifie pas la compréhension de l'Histoire. Lothaire II hérita de la partie nord de la Francie médiane et du titre d'Empereur. Après la mort de Lothaire II le 8 août 869, ses oncles Louis-le-Germanique et Charles-le-Chauve se partagèrent son territoire, ce qui mit en contact le royaume de France et celui de Germanie, ceux-ci n'étant plus séparés par la « Francie médiane ». Enfin, Charles-le-Chauve parvenait à récupérer le titre d'empereur en se faisant couronner à Rome à Noël de l'an 875 par le pape Jean VIII. Pour la petite histoire savoyarde, ce Charles-le-Chauve mourut en Savoie à Avrieux le 6 octobre 877.

Tout ce petit monde, petits-fils et arrières petits-fils de Charlemagne se fit naturellement la guerre, chacun cherchant à augmenter son pouvoir et son territoire. A l'occasion des luttes, alliances et désordres, un Rodolphe reconstitua un royaume de Bourgogne en 888, tandis qu'un Bosson devenait roi de Provence ou d'Arles en 890. Ces deux royaumes fusionnèrent en 933.

Le « Saint Empire romain germanique » succéda à la Lotharingie lorsque Otton fut couronné empereur à Rome le 2 février de l'an 962 par le pape Jean XII.

En 1030, un archevêque de Vienne (Isère), nommé Burchard, légua ses domaines en les partageant entre un Savoyard nommé Humbert, originaire de Maurienne et surnommé « Humbert aux blanches mains » et un Dauphinois nommé Guigues d'Albon et dont la branche s'était attribuée différents titres dont celui de « Dauphins du Viennois ». Humbert est considéré comme le fondateur de la dynastie « Savoie » et les Guigues comme les premiers dauphins. On peut ainsi considérer que les entités « Savoie » et  « Dauphiné » naquirent en même temps. (voir « Histoire de la Savoie » d'Henri Ménabréa, La Fontaine de Siloé 2005, pages 30/31)

En 1032, l'Empereur romain germanique Conrad II récupéra la Bourgogne (partie à l'est de la Saône) après la mort, sans héritier, du dernier roi de Bourgogne Rodolphe III.

Conrad II donna en 1034 un titre de Comte à « Humbert aux blanches mains ». En même temps la Savoie devint vassale du Saint Empire romain germanique et le resta jusqu'à ce que les ducs de Savoie deviennent rois en 1713. (voir sur mon blog l'histoire de la Maison de Savoiehttp://jean.delisle.over-blog.com/article-histoire-de-la-maison-de-savoie-59295182.html).

Le 13 janvier 1155, au cours d'une cérémonie au château de Rivoli (Piémont), le dauphin Guigues V reconnaissait la suzeraineté de Frédéric Barberousse empereur germanique, tandis que cet empereur confirmait les titres que les Dauphins s'étaient attribués.

Savoie et Dauphiné étaient donc toujours sous la même autorité, mais le Saint Empire romain germanique ne fut pas organisé comme un Etat-nation avec une autorité centralisée, mais comme une confédération d'Etats qui conservaient par ailleurs leur souveraineté. (voir sur mon blog la note intitulée « la fin des quatre empires, partie 1 consacrée à l'Empire allemandhttp://jean.delisle.over-blog.com/article-la-fin-des-4-empires-97643758.html) et qui par conséquent pouvaient continuer à se faire « allègrement » la guerre.

Les siècles passent mais la nature humaine évolue peu. Depuis l'aube des temps, sur tous les continents, il y eut des guerres pour le pouvoir, pour les territoires, pour les biens et même pour les femmes (voir « l'enlèvement des Sabines »).

Dauphinois et Savoyards revendiquèrent des mêmes territoires et particulièrement le nord-Isère ou les Alpes du sud. Dans l'Isère par exemple, toute la zone Rives, Voiron, Saint Laurent-du-Pont appartint à la Savoie, quant aux Alpes du sud, il fallait aux Savoyards un passage pour relier Nice et la Savoie. Il y eut donc des guerres, avec une zone qui concentra l'essentiel des combats, celle de Montmélian, Poncharra, Chapareillan. Aujourd'hui, les promeneurs ne se doutent pas que sous leurs pieds des milliers de Dauphinois et de Savoyards s'étripèrent et y laissèrent la vie. Petit résumé :

*C'est le dauphin Guigues IV qui inaugura la première guerre en envahissant en 1133 la Savoie, alors même que le comte de Savoie Amédée III était marié avec la sœur de Guigues IV. Guigues IV fut tué au siège de Montmélian

*En 1153 c'est au tour du dauphin Guigues V d'envahir la Savoie. Il fut vaincu par le comte de Savoie Humbert III

*En 1253, le dauphin Guigues VII épouse Béatrice fille du comte de Savoie Pierre II dit le petit Charlemagne. Elle lui apporte en dot le Faucigny. A cette époque la maison de Savoie avait annexé une partie de la Suisse (l'équivalent de la Suisse francophone d'aujourd'hui sauf Genève). Donner le Faucigny aux Dauphinois c'était introduire le loup au milieu de la bergerie et cela fut bientôt motif de guerres.

*1282, la guerre reprend entre le comte de Savoie Philippe 1er et le dauphin Humbert 1er. Cette guerre qui se poursuivit entre le comte Amédée V et le dauphin Humbert 1er se termina par le traité de Saint Jean de Moirans en 1293.

*7 août 1325 : le comte de Savoie Edouard 1er dit le Libéral fut vaincu par le dauphin Guigues VIII à la bataille de Varey près de Pont d'Ain

*23 juillet 1333 : le dauphin Guigues VIII est tué au siège du château de La Perrière, à Saint Julien de Ratz dans l'Isère (qui à l'époque appartenait à la Savoie)

*En 1334, le comte de Savoie Aymon dit le Pacifique fait un traité de paix (traité de Chapareillan) avec le dauphin Humbert II qui avait succédé à Guigues VIII (un comte de Savoie et un roi d'Italie s'appelèrent aussi Humbert II)

*En 1349, le dauphin Humbert II, sans héritier et criblé de dettes vend le Dauphiné à la France pour 200.000 florins et une rente de 24.000 livres payable chaque année « à Pâques ou à la Trinité ». Le 16 juillet 1349, à Lyon au couvent des Dominicains a lieu une cérémonie appelée « cérémonie de transport du Dauphiné à la France ». Dans les traités qui précédèrent le transfert, il fut prévu que le titre de dauphin reviendrait à l'héritier de la couronne de France. Charles, fils de Jean-le-Bon devient le premier « héritier dauphin ». Il deviendra roi de France sous le nom de Charles V dit Charles-le-Sage de 1364 à 1380. Le plus célèbre « héritier-dauphin » fut Louis II qui devint roi de France sous le nom de Louis XI et qui régna comme roi de France de 1461 à 1483. Pour la petite histoire dauphinoise, le dauphin Guigues VII avait acheté une tour et un hôtel à Grenoble qui servirent de résidence au dauphin Louis II (futur Louis XI) jusqu'en août 1456. C'est sur le même emplacement que sera construit à partir de 1602, l'hôtel de Lesdiguières.

*Pendant que le Dauphiné devenait français, la Savoie restait dans le giron du Saint Empire. Ce fut un motif de plus de guerres, mais avaient-ils besoin de motifs pour s'entre-tuer ? Les guerres prirent seulement une nouvelle dimension. Depuis la fin de l'Empire romain d'occident en l'an 476, l'Italie était restée très morcelée. Elle fut convoitée par plusieurs Etats, principalement l'Autriche, la France, l'Espagne. L'Italie devint un des champs de batailles privilégié de l'Europe. La Savoie se trouvait sur la route d'Italie et vassale du Saint Empire. Certains de ses souverains surent habilement jouer des alliances, mais d'autres non. La Savoie vit défiler les armées françaises de Louis XI, de Charles VIII, de Louis XII, de François 1er, d'Henri II, d'Henri IV, de Louis XIII, de Louis XIV, de Louis XV, de la Révolution, de Napoléon, et j'en oublie probablement. Pauvres Savoyards et pauvres Savoyardes car de tous temps, le flux et le reflux des armées entrainèrent des réquisitions (il fallait bien nourrir les troupes), mais aussi des pillages, destructions, viols...! La Savoie fut occupée par la France de 1536 à 1559 sous François 1er et Henri II, En 1630/1631 sous Louis XIII, de 1690 à 1696 et de 1703 à 1713 sous Louis XIV, de fin septembre 1792 à la chute de Napoléon, avant d'être réunie à la France le 14 juin 1860 à midi. Ainsi, à nouveau Savoie et Dauphiné se retrouvèrent sous la même autorité et cela termina les guerres, car même la réunion du Dauphiné à la France n'avait pas arrêté les conflits :

*En avril 1354 le comte de Savoie Amédée VI dit le comte Verd, fut vainqueur du Dauphin Charles et des Dauphinois à la bataille des Abrets. La guerre de « cent ans » entre la France et l'Angleterre avait commencé en 1337. Le Dauphin Charles et son père le roi de France Jean-le-Bon préférèrent négocier avec les Savoyards par le traité de Paris du 5 janvier 1555. La Savoie s'alliait à la France contre l'Angleterre, récupérait le Faucigny, le Beaufortain et diverses baronnies et Amédée VI épousait Bonne de Bourbon cousine de Jean-le-Bon et nièce de Philippe VI qui fut roi de France de 1328 à 1350.

*En 1430, la noblesse savoyarde fut vaincue à Anthon-sur-le-Rhône par les dauphinois.

*De 1591 à 1600 nouvelle guerre entre Dauphinois et Savoyards. La venue d'Henri IV termina le conflit avec la défaite du duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er. Le traité de Lyon du 17 janvier 1601 fit perdre à la Maison de Savoie la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex.

 

Pour se protéger de l'ennemi, Dauphinois et Savoyards avaient construits de nombreux forts. Le plus célèbre fut celui de Montmélian, assiégé de nombreuses fois, pris sous Henri IV et Louis XIV puis démoli. Le plus cocasse est le fort Barraux que fit construire le duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er et dont Lesdiguières (pas encore duc) s'empara par une nuit de clair de lune le 15 mars 1598 avant que le fort ne fut armé et occupé.

J.D. 30 septembre 2012

Fort Barraux, vue d'avion, image du net (landes graphisme)

Fort Barraux, vue d'avion, image du net (landes graphisme)

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