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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 14:26

« S'il fallait déterminer dans quelle période de l'histoire du monde le genre humain a joui du sort le plus heureux et le plus florissant, ce serait sans hésiter qu'on s'arrêterait à cet espace de temps qui s'écoula depuis la mort de Domitien (en l'an 96) jusqu'à l'avènement de Commode (en l'an 180) Un pouvoir absolu gouvernait alors l'étendue immense de l'empire, sous la direction immédiate de la sagesse et de la vertu. Les armées furent contenues par la main ferme de quatre empereurs (en fait 5 empereurs) successifs, dont le caractère et la puissance imprimaient un respect involontaire, et qui savaient se faire obéir, sans avoir recours à des moyens violents. Les formes de l'administration civile furent soigneusement observées par Nerva, Trajan, Adrien et les deux Antonins (Il s'agit d'Antonin-le-Pieux et de Marc Aurèle) qui, chérissant l'image de la liberté, se glorifiaient de n'être que les dépositaires et les ministres de la loi. De tels princes auraient été dignes de rétablir la république, si les Romains de leur temps eussent été capables de jouir d'une liberté raisonnable ».

Voici ce qu'écrivait en 1776 l'historien anglais Edward Gibbon dans « Histoire du déclin et de la chute de l'empire romain », tome 1, chapitre 3.

Après la mort d'Auguste le premier empereur romain en l'an 14, il y eut une succession d'empereurs montres. Voici ce qu'écrit Edward Gibbon à ce sujet (même livre, même chapitre) :

« L'âge d'or de Trajan et des Antonins avait été précédé par un siècle de fer. Il serait inutile de parler des indignes successeurs d'Auguste : s'ils ont été sauvés de l'oubli, ils en sont redevables à l'excès de leurs vices et à la grandeur du théâtre sur lequel ils ont paru. Le sombre et l'implacable Tibère, le furieux Caligula, l'imbécile Claude, le cruel et débauché Néron, le brutal Vitellius, le lâche et sanguinaire Domitien, sont condamnés à une immortelle ignominie. Pendant près de quatre-vingt ans, Rome ne respira que sous Vespasien et sous Titus : si l'on excepte ces deux règnes, qui durèrent peu, l'empire dans ce long intervalle, gémit sous les coups redoublés d'une tyrannie qui extermina les anciennes familles de la république, et se déclara l'ennemie de la vertu et du talent ».

Il y eut non seulement une succession d'empereurs-monstres, mais après la mort de Néron le 9 juin 68, il y eut durant 18 mois une lutte sans merci pour le pouvoir. D'abord, les légions de Rome poussèrent Galba au pouvoir puis l'assassinèrent le 15 janvier 69 et rapportèrent sa tête à Othon qui avait été désigné empereur par les légions d'Espagne , mais les légions du Rhin mécontentes marchèrent contre les légions d'Othon qui se suicida le 16 avril 69. Les légions du Rhin avaient nommé Vitellius comme empereur mais furent vaincues par les légions du Danube qui avaient rejoint Vespasien nommé empereur à Alexandrie par les légions d'Orient. Vitellius fut lapidé le 22 décembre 69 par la foule à Rome et son corps jeté dans le Tibre.

Durant ce temps, ce ne fut pas un combat de légions contre des phalanges ou contre des « barbares » mais contre d'autres légions : la discipline et la tactique contre la tactique et la discipline, avec les mêmes armes, les mêmes commandements... Il y eut de très nombreuses victimes non seulement parmi les soldats mais aussi parmi la population civile. Ainsi par exemple toute la population de Crémone fut pillée, violée, massacrée par les légions de Vespasien qui avaient vaincu celles de Vitellius, au motif que la population de Crémone avait soutenu Vitellius. Voir Tacite « Histoires » livre III- XXXIII.

Ce n'était pas nouveau, il y eut dans l'histoire romaine toujours des luttes pour le pouvoir, entre les partisans de Marius et ceux de Sylla (dans les années -80), entre ceux de César et ceux de Pompée (dans les années -40), entre Antoine et Octave (dans les années -30)... A la fin du troisième siècle, il y eut même 6 empereurs auto-proclamés en même temps (Maximien, Sevère, Maximin, Maxence, Licinius et Constantin), jusqu'à que ce dernier plus fort ou plus malin que les autres, les élimine tous et reste seul maître. Mais cela entraîna encore de féroces combats entre légions au grand bonheur, probablement, des « barbares » derrière le limes (frontières fortifiées).

La nature humaine étant ce qu'elle est, les luttes pour le pouvoir ne sont pas propres à l'histoire romaine. Ainsi, par exemple, en Egypte, au temps de la VIIe dynastie (vers l'an 2260 avant notre ère), il est question de 70 pharaons en 70 jours, d'après Manéthon prêtre égyptien du IIIe siècle avant notre ère qui écrivit, en grec, une histoire de l'Egypte. Son œuvre est perdue, mais elle est partiellement connue par des auteurs postérieurs qui l'ont citée.

C'est donc après une période noire dans l'histoire de la Rome antique que vinrent 5 bons empereurs qui justifient le jugement de Gibbon placé en tête de cette note. Voici ces empereurs :

NERVA: Après la mort de Domitien en 96 (voir sur mon blog la fiche « Qui sait qui c'est? », le Sénat choisit lui-même le nouvel empereur le 18 septembre 96 et désigna Nerva d'origine sénatoriale, alors âgé de 66 ans. Nerva rappela les bannis de Domitien. Il adopta Trajan le 28 octobre 97 et l'associa au pouvoir le 1er janvier 98, pour lui succéder,

TRAJAN: Il avait commandé les armées du Rhin et devint empereur après la mort de Nerva le 27 janvier 98 (Nerva n'avait donc été empereur que 16 mois). Trajan étendit les institutions alimentaires (R.M.I. de l'époque) qui avaient été créées par Nerva, fit entreprendre de très importants travaux publics et annexa à l'empire de nouvelles conquêtes (Arménie, Mésopotamie, Assyrie, Dacie, le royaume nabatéen portant la frontière de l'empire du Tibre jusqu'au Tigre). C'est à la mort de Trajan que l'empire romain fut le plus vaste de son histoire. L'empire comprenait alors 43 provinces occupant plus de 5 millions de km2 soit 17 fois environ la superficie de l'Italie actuelle y compris la Sicile et la Sardaigne. 90.000 kms de routes assuraient les grandes liaisons entre les diverses provinces et permettaient un déplacement rapide des légions. Trajan avait épousé Pompéia Plotina mais ils n'eurent pas d'enfant

HADRIEN: Il naquit le 24 janvier 76 et perdit son père à l'âge de dix ans. Il eut alors pour tuteur Trajan cousin de son père. En 101 il accompagna Trajan lors de la guerre contre les Daces. Devint empereur après la mort de Trajan le 8 août 117, Trajan avait eu le temps de l'adopter avant de mourir et Hadrien avait épousé Vibria Sabina fille d'une nièce de Trajan. Trouvant que l'empire était devenu trop grand, il le ramena aux frontières fixées par Auguste le premier empereur (à savoir : l'Atlantique, le Rhin, le Danube, l'Euphrate et le Sahara au sud). Hadrien voyagea dans tout l'empire. En Egypte, Hadrien fonda une ville qu'il appela Antinoë en souvenir de son amant , le jeune et bel Antinoüs qui s'était noyé dans le Nil (Alexandre le Grand avait bien fondé une ville en Inde qu'il avait appelée Bucéphalie en souvenir de son cheval Bucéphale qui était mort au combat).

Hadrien adopta Antonin (dit Antonin le Pieux) un sénateur âgé de cinquante ans et le désigna pour lui succéder en lui imposant d'adopter lui-même Marc Aurèle âgé de 17 ans et en fasse, l'heure venue, son successeur.

ANTONIN LE PIEUX: devint empereur après la mort d'Hadrien le 10 juillet 138. En 126, il avait épousé Faustina l'Ancienne, nièce de la femme d'Hadrien. C'est probablement sous son règne que la prospérité générale du peuple de l'empire fut à son apogée. En 147, il associa Marc Aurèle au pouvoir. En 151, il accorda d'importants secours à plusieurs villes d'Asie Mineure ravagées par de violents tremblements de terre. En Egypte, Antonin fit ouvrir une route permettant de relier le Nil à la Mer Rouge (le canal ouvert plus de 7 siècles auparavant sous le pharaon Nekao II s'était ensablé depuis longtemps).

MARC AURELE: Il devint empereur après la mort d'Antonin le Pieux le 7 mars 161. Marc Aurèle avait épousé en 145 Faustine la Jeune, fille d'Antonin et de Faustine l'Ancienne. Marc Aurèle fut un empereur philosophe dont les « pensées » écrites au cours des campagnes sur les rives du Danube constituent un classique de la philosophie. Disciple d'Epictète, esclave affranchi (l'empereur élève d'un esclave, belle image reprise dans de nombreux textes), cet empereur cultiva la vertu comme tous les stoïciens.

Marc Aurèle, malgré son dégoût de la guerre dut faire face, sur le Danube aux premières invasions barbares (Quades et Marcomans). Marc Aurèle en sortit vainqueur mais mourut le 17 mars 180 de la peste ramenée à Rome par des légions de retour d'Orient.

Si Marc Aurèle fut un souverain modèle, il n'en alla pas de même de sa famille, spécialement de sa femme Faustine et de son fils Commode, tous deux débauchés notoires. En mourant, Marc Aurèle clôturait presqu'un siècle d'âge d'or car Commode qui lui succéda fut de la trempe des Néron et autres Tibère, Caligula...à l'heure où le peuple de Rome eut en outre à souffrir de la peste.

J.D. 11 février 2013

 

 

 

Marc Aurèle place du Capitole à Rome

Marc Aurèle place du Capitole à Rome

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