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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 18:27

La Cité-forteresse antique de Qadesh est située à la confluence de l'Oronte et du Tannour dans la partie ouest de l'actuelle Syrie. Il y eut plusieurs batailles de Qadesh opposant les Egyptiens, d'abord au royaume de Mitanni puis à l'empire Hittite.

La première bataille:

Celle-ci eut lieu en -1457 (plus de sept siècles avant la fondation de Rome!) sous le règne de Thoutmosis III Pharaon conquérant de la dix-huitième dynastie. Il régna théoriquement de -1490 à -1436. En fait son règne ne commença qu'en -1468 lors de la mort de la reine Hatchepsout qui lui avait usurpé le pouvoir. Cette Hatchepsout fut la première femme pharaon et probablement même la première femme de l'histoire de l'espèce humaine à diriger une grande puissance.

Au terme de 17 campagnes militaires, Thoutmosis III étendit la domination de l'Egypte jusqu'à l'Euphrate à l'est et jusqu'à la quatrième cataracte du Nil au sud, ce qui correspond, au sud, à l'annexion de toute la partie nord de l'actuel Soudan. C'est sous son règne que l'Egypte eut le territoire le plus étendu de son histoire. Avant Thoutmosis III, Thoumosis 1er avait atteint l'Euphrate en -1502, mais n'avait pu s'y maintenir. Thoutmosis III gagna la bataille de Qadesh lors d'une guerre contre le royaume de Mitanni qui avait commencé à régner sur une grande région (une grande partie de l'actuel proche Orient) un peu avant les années -1500 et qui disparut vaincu par l'empire Hittite dans les années -1340/-1330. Lequel empire Hittite fut lui-même vaincu au siècle suivant par l'Assyrie sous Salmanazar 1er, laquelle Assyrie etc.

Thoutmosis III fit graver l'exploit de ses campagnes militaires sur la paroi du couloir qui entoure le sanctuaire d'Amon à Karnak.

Un siècle après Thoumosis III régna Aménophis IV qui prit le nom qu'Akhénaton après avoir imposé un culte monothéiste, celui du dieu-soleil Aton. Mais ce pharaon idéaliste fut tout sauf un conquérant et sous son règne et celui de son premier successeur Toutânkaton (qui prit le nom de Toutânkhamon après avoir été « récupéré » par les prêtres de la religion classique) l'Egypte s'affaiblit et perdit une partie des conquêtes de Thoutmosis III, notamment au proche-orient.

La seconde bataille de Qadesh:

Celle-ci eut lieu sous le règne de Séthi 1er, fils de Ramsès 1er et second pharaon de la XIXe dynastie. C'est au cours d'une campagne au proche-orient contre Muwatalli, souverain des Hittites, qu'eut lieu cette seconde bataille de Qadesh en l'an -1290. Séthi avait emmené son fils âgé de 13 ans (le futur Ramsès II). Séthi fut vainqueur et s'empara de la citadelle de Qadesh, mais celle-ci était très loin des bases égyptiennes et les Hittites purent la reprendre.

La troisième bataille de Qadesh:

Ramsès II succéda à son père en -1279 et régna jusqu'en -1213, ce qui constitue un règne de 66 ans. Ce n'est pas le plus long règne de l'histoire puisque celui-ci est attribué à Pépi II cinquième pharaon de la sixième dynastie réputé avoir régné 94 ans, probablement de -2246 à -2152, mais tous les historiens ne s'accordent pas sur ces dates.

En -1275, Ramsès II entreprit sa première expédition au proche-orient et laissa une garnison de soldats d'élites au nord de Qadesh (les Néarins). En -1274 il reprit le chemin du moyen-orient, décidé à s'emparer de Qadesh. Il partit à la tête de 4 divisions, fortes chacune de 5.000 soldats plus les chefs. Le récit de cette expédition Ramsès II l'a fait graver partout, non seulement du delta du Nil à la frontière avec le Soudan (à Abou Simbel) mais même au proche-orient selon bien sûr SA version et en insistant lourdement sur son propre rôle dans la bataille. Ce Ramsès avait un sacré sens de la communication (ou de la publicité comme on veut) car il a laissé sa trace un peu partout. Pas besoin de Jacques Ségala (ni de ces gars là) pour affirmer sa « force tranquille ». Le récit qu'il a laissé de la bataille est un véritable rapport d'état-major. C'est le plus ancien récit détaillé que l'on ait d'une grande bataille.

Ramsès et son armée longèrent d'abord la côte, passant par Gaza, Tyr etc, puis ils remontèrent la rive est de l'Oronte et franchirent ce fleuve au moyen d'un gué à une trentaine de kms au sud de Qadesh. Ramsès marchait en tête avec la division « d'Amon », puis suivaient dans l'ordre, la division de « Ré », la division de « Ptah » et celle de « Seth » qui fermait la marche. La cité-forteresse de Qadesh était bâtie dans l'angle formé par la réunion du Tannour et de l'Oronte. La première division égyptienne franchit également le Tannour et commença d'établir un camp au nord-ouest de Qadesh, pendant que la seconde division se trouvait encore entre Oronte et Tannour et que les 2 dernières divisions n'avaient pas encore franchi l'Oronte. La charrerie hittite cachée derrière la forteresse de Qadesh tomba alors sur la division de « Ré » isolée, la détruisit en partie et traversant le Tannour, tomba sur la division « d'Amon » construisant son camp. Selon la version égyptienne, Ramsès s'élança alors avec son char et à lui seul arrêta les Hittites laissant ainsi le temps aux 2 dernières divisions égyptiennes d'arriver par le sud tandis que les Néarins arrivaient par le nord, prenant les Hittites en tenaille. Il y eut alors une trêve qui se prolongea par un traité en bonne et due forme en -1259. Egyptiens et Hittites après s'être combattus s'entendirent. Ramsès prit une princesse Hittite dans ses grandes épouses royales, les deux pays échangèrent même ce qu'on appellerait aujourd'hui des transferts de technologie et imposèrent la paix à toute la région. Grâce à cela, les Egyptiens connurent 50 ans de paix. Bel exemple.

Le lecteur intéressé par plus de détails pourra se reporter au livre de Christiane Desroches Noblecourt « Ramsès II la véritable histoire », éditions Pygmalion, juin 1996

J.D. 12 novembre 2012

Ramsès II à Abou Simbel, photo Michèle Delisle 23 mai 1989

Ramsès II à Abou Simbel, photo Michèle Delisle 23 mai 1989

Abou-Simbel sur billet de banque égyptien d'une livre (vers 2001)

Abou-Simbel sur billet de banque égyptien d'une livre (vers 2001)

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