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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 17:53

*Amman est la capitale de la Jordanie depuis 1921, qui fut d'abord appelée « Transjordanie ». Il s'agit d'une ville très ancienne, située à une quarantaine de kms à l'est du Jourdain et dont il est fait mention plusieurs fois dans l'Ancien Testament de la bible chrétienne ainsi que dans la bible hébraïque (c'est le même texte).

Dans la bible, la ville est appelée « Rabba des Ammonites ». Il est question de la ville ou des Ammonites dans le Deutéronome (en 2-20 et 37 et en 3-11), dans le livre de Josué (en 13-25), dans le second livre de Samuel (en 12-26… et 20-1 à 3), dans Jérémie (en 49-2), dans le livre des Juges (en 11 et 12)....

Cette ville dans l'antiquité fut aussi appelée Rabbath Ammon, du nom de Ben-Ammi, fils de Lot neveu d'Abraham. Il en est question dans l'Ancien Testament : Genèse (en 19-30 à 38).

*Au troisième siècle avant notre ère, le pharaon lagide (c'est-à-dire descendant du Grec Lagos) Ptolémée II changea le nom de la ville et l'appela « Philadelphia ». Elle conserva ce nom durant 9 siècles environ, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'une tribu de « Ghassanides » (tribu arabe chrétienne avant l'islam) ne l'appelle Amman au sixième siècle de notre ère, en références à ses origines bibliques.

*La ville devint romaine en 106 après Jésus-Christ. Elle conserva donc son nom de Philadelphia durant toute la période romaine.

*C'est en décembre -332 qu'Alexandre-le-Grand fit la conquête de l’Égypte et c'est le 11 juin -323 qu'il mourut à Babylone de retour de son expédition jusqu'à la vallée de l'Indus.

*A la mort d'Alexandre, ses généraux se partagèrent son empire. Ptolémée, officiellement fils de Lagos, récupéra l’Égypte avec d'abord un titre de Satrape, puis de roi en -305. Ce Ptolémée (1er), né vers l'an -368 et mort en -283, fut marié en quatrièmes noces vers -316 avec Bérénice 1ère (rien à voir avec la Bérénice de Racine) qui avait déjà eu 3 enfants d'un premier mariage dont une fille (Antigoné) qui fut l'épouse du célèbre Pyrrhus, ce qui faisait de Bérénice la belle-mère de Pyrrhus.

Avec Ptolémée 1er, Bérénice eut deux enfants : Ptolémée (II) et Arsinoé (II)

*Ptolémée II naquit vers l'an -309 et mourut en -246. Il succéda à son père en -283 et reçut le titre de pharaon. En -289, il épousa Arsinoé 1ère, fille de Lysimaque roi de Macédoine. Avec cette Arsinoé, Ptolémée II eut 3 enfants dont le futur Ptolémée III. Il répudia Arsinoé 1ère en -278 pour épouser sa sœur Arsinoé II. Il en reçut le surnom de Ptolémée Philadelphe (amoureux de sa sœur). C'est probablement la raison pour laquelle il changea le nom de Rabba en « Philadelphia ».

*Lorsque sa sœur mourut vers -268, il la fit diviniser. Il avait déjà fait diviniser ses parents après leur mort.

*Cette Arsinoé II avait été mariée en premières noces avec Lysimaque. Elle fut donc la belle-mère d'Arsinoé Ière et devint sa belle-sœur lorsque cette Arsinoé épousa Ptolémée II.

*Une vingtaine de pharaons de la dynastie lagide se succédèrent à la tête de l’Égypte jusqu'à l'annexion du pays par les Romains après la mort de Cléopâtre VII en -30. Cette dynastie lagide est aussi considérée comme la XXXIIe dynastie égyptienne.

*Aujourd'hui plus personne ne sait que la capitale de la Jordanie fut appelée Philadelphia pendant 9 siècles durant l'Antiquité.

*Pour tout le monde, de « Philadelphia » (Philadelphie) il ne reste que la capitale de la Pennsylvanie.

Mais l'intention étymologique des deux villes est la même. Pour Ptolémée II il s'agissait d'honorer l'amour qu'il avait pour sa sœur ; pour William Penn, il s'agissait de fonder une ville d'amour fraternel. Voir note N°286 http://jean.delisle.over-blog.com/2016/05/william-penn-n-286.html

J.D. 24 août 2016

ruines romaines de Philadelphia, image du net

ruines romaines de Philadelphia, image du net

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22 décembre 2014 1 22 /12 /décembre /2014 17:08

I La Libye italienne :

En octobre 1911, l'Italie qui cherchait à se constituer un empire colonial, avait envahi la Libye, suite à une déclaration de guerre contre l'empire ottoman le 29 septembre 1911. Le 5 novembre 1911, un décret royal (de Victor-Emmanuel III) annexait officiellement la Cyrénaïque et la Tripolitaine (toute la partie nord c'est-à-dire la zone côtière de la Libye) à l'Italie. Le 17 décembre 1912 par le traité d'Ouchy (ou de Lausanne) l'empire ottoman cédait ces régions à l'Italie.

Cependant les populations locales islamisées depuis le début du huitième siècle organisèrent la résistance contre l'occupant chrétien, sous la direction d'Omar al Mokhtar. Les Italiens firent de la répression et Omar al Mokhtar capturé le 11 septembre 1931 fut pendu dès le 16 septembre.

En 1934, le maréchal Italo Balbo fut nommé gouverneur général de la Libye. Sous sa direction, l'Italie fit d'importants investissements d'infrastructures en Libye (400 kms de voies ferrées, 4.000 kms de routes, des hôpitaux, écoles etc) et favorisa l'implantation de colons italiens. En même temps des fouilles firent réapparaître des sites romains (Leptis Magna, Sabratha...).

Après le début de la seconde guerre mondiale et l'entrée en guerre de l'Italie, Mussolini ordonna en septembre 1940, une offensive en direction de l'Egypte occupée par les Anglais. Les Anglais contre-attaquèrent et envahirent la Libye. Le 12 janvier 1941, ils avaient pris le port de Tobrouk (port en eaux profondes situé en Libye presque à la frontière avec l'Egypte et permettant le débarquement de troupes), le 5 février 1941 ils occupaient Benghazi.

Italo Balbo pour sa part était décédé le 28 juin 1940 ; son avion ayant été abattu, semble-t-il, par erreur, par la DCA italienne.

II L'intervention allemande :

Pour venir en aide à son allié Mussolini, Hitler envoya un corps expéditionnaire en Libye : l'Afrikakorps (Deutsches Afrikakorps), formé dès février 1941, sous la conduite du Général Erwin Rommel. Ce corps comprenait 45.000 soldats et 250 chars.

Rommel lui-même débarqua à Tripoli le 12 février 1941 où il fut accueilli par le général italien Italo Gariboldi (à ne pas confondre avec Garibaldi). L'ensemble du corps expéditionnaire allemand débarqua jusqu'à fin mai. Sans attendre que ses effectifs soient complets, Rommel lança une offensive en direction de l'Est avec comme objectif de s'emparer du canal de Suez.

En 3 semaines, il avait repris 800 kms de territoire aux Britanniques, s'emparant de Bengazi le 5 avril 1941, de Derna le 7 avril de Bardia le 9 avril et commençant le siège de Tobrouk dès le 11 avril 1941. Mais là, la résistance fut forte, il faut dire :

*que les Britanniques considéraient la possession du canal de Suez comme primordial et qu'ils mirent le paquet pour empêcher Rommel de s'en emparer.

*que la flotte britannique en Méditerranée était plus puissante que les flottes allemande et italienne et que les Anglais reçurent beaucoup plus de renforts que les Allemands

*parallèlement les Anglais et les Italiens se combattaient en Somalie et en Abyssinie, la victoire anglaise sur ces deux fronts leur permit de rapatrier des troupes.

*A Tobrouk même, pour défendre le port-forteresse il y avait les Anglais bien sûr mais aussi des Australiens, des Néo-Zélandais, des Polonais, des Tchèques et des Français des forces françaises libres.

Finalement Rommel parvint à s'emparer de Tobrouk le 21 juin 1942. Dès le lendemain Hitler le nommait Maréchal.

Rommel franchit alors la frontière égyptienne.

Devant l'avancée et les victoires de Rommel, les Allemands et les Italiens durent y croire. Ils firent fabriquer des médailles célébrant cette victoire. Une de ces médailles fut retrouvée en 1943 en Tunisie au Cap Bon. Elle m'a été communiquée par un voisin né en Tunisie en 1927 et qui s'y trouvait au moment de la guerre. J'en joins la représentation en annexe. (En septembre 1914, Guillaume II avait déjà fait fabriquer des médailles pour célébrer l'entrée de l'armée allemande dans Paris. Il est vrai que la percée allemande n'était plus qu'à une trentaine de kms de Paris)

Dans son ambition de s'emparer du canal de Suez, les Allemands furent arrêtés à El Alamein , ville située à 106 kms à l'ouest d'Alexandrie. Il y eut en fait 2 batailles d'El Alamein , la première, sans vainqueurs ni vaincus du 1er au 27 juillet 1942 et la seconde du 23 octobre au 3 novembre 1942 où les Allemands furent vaincus par les Anglais nouvellement commandés par Montgomery et durent battre en retraite. Ce fut la première grande défaite de l'Allemagne nazie. La seconde devait suivre peu après puisque la capitulation de Stalingrad est du 31 janvier 1943 soit 3 mois plus tard. C'était le commencement de la fin.

Rommel fit replier son armée vers la Tunisie où elle fut prise entre deux feux : celui les Anglais qui partis de l'Egypte les poursuivaient et celui des Américains qui avaient débarqué en Afrique du Nord à partir du 8 novembre 1942 sous la conduite d'Eisenhower.

Rommel avait regagné Berlin pour demander le rapatriement de ses troupes vers l'Italie mais cela ne se fit pas. Et les troupes durent capituler le 12 mai 1943 et furent embarquées, du Cap Bon, à partir du 16 mai vers les Etats-Unis et le Canada comme prisonniers de guerre.

Rommel était très apprécié de ses soldats. Il avait été surnommé « le renard du désert ». Il fut utilisé par la propagande nazie. Chargé du front de l'ouest, mais de plus en plus critique vis-à-vis d'Hitler, il reçut l'ordre de se suicider, ce qui fut fait le 14 octobre 1944. La propagande nazie présenta sa mort comme un accident et des funérailles nationales furent organisées.

III la position des Arabes :

Certains se joignirent aux Alliés, mais la majorité fut favorable aux puissances de l'Axe (Rome/Berlin), pour les raisons suivantes :

*Les Arabes espéraient qu'une victoire de l'Allemagne les délivrerait de leurs colonisateurs ou occupants

*parce que les promesses faites par les Anglais lors de la première guerre mondiale ne furent pas tenues (voir Lawrence d'Arabie)

*et enfin parce que la haine millénaire des Arabes envers les Juifs (Flavius Josèphe en parle déjà au premier siècle de notre ère) amenait « naturellement » les Arabes du côté nazi. Des dignitaires musulmans comme l'Irakien Al-Gailani ou le grand mufti de Jérusalem Al Husseini furent reçus par Hitler à Berlin. Ils espéraient une aide des nazis pour éliminer les Juifs de Palestine. Des volontaires arabes formèrent même une division SS. Il existe plusieurs livres sur ce sujet comme :

*« Croissant fertile et croix gammée » de Martin Cüppers et Klaus-Michael Mallmann aux éditions Verdier septembre 2009

*« Le croissant et la croix gammée » de Faligot et Kauffer chez Albin Michel 1990.

En février 1996, étant en voyage au sud de la Tunisie, dans le grand hôtel de Tataouine j'ai pu voir dans le hall un mur plein de photos de Rommel et de l'Afrikakorps, c'est-à-dire 54 ans après leur passage !

J.D. 22 décembre 2014

médaille préparée pour la victoire et trouvée au Cap Bon en 1943, communiquée par Mr Edouard Cattoir professeur d'histoire-géo en retraite en Savoie

médaille préparée pour la victoire et trouvée au Cap Bon en 1943, communiquée par Mr Edouard Cattoir professeur d'histoire-géo en retraite en Savoie

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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 18:27

La Cité-forteresse antique de Qadesh est située à la confluence de l'Oronte et du Tannour dans la partie ouest de l'actuelle Syrie. Il y eut plusieurs batailles de Qadesh opposant les Egyptiens, d'abord au royaume de Mitanni puis à l'empire Hittite.

La première bataille:

Celle-ci eut lieu en -1457 (plus de sept siècles avant la fondation de Rome!) sous le règne de Thoutmosis III Pharaon conquérant de la dix-huitième dynastie. Il régna théoriquement de -1490 à -1436. En fait son règne ne commença qu'en -1468 lors de la mort de la reine Hatchepsout qui lui avait usurpé le pouvoir. Cette Hatchepsout fut la première femme pharaon et probablement même la première femme de l'histoire de l'espèce humaine à diriger une grande puissance.

Au terme de 17 campagnes militaires, Thoutmosis III étendit la domination de l'Egypte jusqu'à l'Euphrate à l'est et jusqu'à la quatrième cataracte du Nil au sud, ce qui correspond, au sud, à l'annexion de toute la partie nord de l'actuel Soudan. C'est sous son règne que l'Egypte eut le territoire le plus étendu de son histoire. Avant Thoutmosis III, Thoumosis 1er avait atteint l'Euphrate en -1502, mais n'avait pu s'y maintenir. Thoutmosis III gagna la bataille de Qadesh lors d'une guerre contre le royaume de Mitanni qui avait commencé à régner sur une grande région (une grande partie de l'actuel proche Orient) un peu avant les années -1500 et qui disparut vaincu par l'empire Hittite dans les années -1340/-1330. Lequel empire Hittite fut lui-même vaincu au siècle suivant par l'Assyrie sous Salmanazar 1er, laquelle Assyrie etc.

Thoutmosis III fit graver l'exploit de ses campagnes militaires sur la paroi du couloir qui entoure le sanctuaire d'Amon à Karnak.

Un siècle après Thoumosis III régna Aménophis IV qui prit le nom qu'Akhénaton après avoir imposé un culte monothéiste, celui du dieu-soleil Aton. Mais ce pharaon idéaliste fut tout sauf un conquérant et sous son règne et celui de son premier successeur Toutânkaton (qui prit le nom de Toutânkhamon après avoir été « récupéré » par les prêtres de la religion classique) l'Egypte s'affaiblit et perdit une partie des conquêtes de Thoutmosis III, notamment au proche-orient.

La seconde bataille de Qadesh:

Celle-ci eut lieu sous le règne de Séthi 1er, fils de Ramsès 1er et second pharaon de la XIXe dynastie. C'est au cours d'une campagne au proche-orient contre Muwatalli, souverain des Hittites, qu'eut lieu cette seconde bataille de Qadesh en l'an -1290. Séthi avait emmené son fils âgé de 13 ans (le futur Ramsès II). Séthi fut vainqueur et s'empara de la citadelle de Qadesh, mais celle-ci était très loin des bases égyptiennes et les Hittites purent la reprendre.

La troisième bataille de Qadesh:

Ramsès II succéda à son père en -1279 et régna jusqu'en -1213, ce qui constitue un règne de 66 ans. Ce n'est pas le plus long règne de l'histoire puisque celui-ci est attribué à Pépi II cinquième pharaon de la sixième dynastie réputé avoir régné 94 ans, probablement de -2246 à -2152, mais tous les historiens ne s'accordent pas sur ces dates.

En -1275, Ramsès II entreprit sa première expédition au proche-orient et laissa une garnison de soldats d'élites au nord de Qadesh (les Néarins). En -1274 il reprit le chemin du moyen-orient, décidé à s'emparer de Qadesh. Il partit à la tête de 4 divisions, fortes chacune de 5.000 soldats plus les chefs. Le récit de cette expédition Ramsès II l'a fait graver partout, non seulement du delta du Nil à la frontière avec le Soudan (à Abou Simbel) mais même au proche-orient selon bien sûr SA version et en insistant lourdement sur son propre rôle dans la bataille. Ce Ramsès avait un sacré sens de la communication (ou de la publicité comme on veut) car il a laissé sa trace un peu partout. Pas besoin de Jacques Ségala (ni de ces gars là) pour affirmer sa « force tranquille ». Le récit qu'il a laissé de la bataille est un véritable rapport d'état-major. C'est le plus ancien récit détaillé que l'on ait d'une grande bataille.

Ramsès et son armée longèrent d'abord la côte, passant par Gaza, Tyr etc, puis ils remontèrent la rive est de l'Oronte et franchirent ce fleuve au moyen d'un gué à une trentaine de kms au sud de Qadesh. Ramsès marchait en tête avec la division « d'Amon », puis suivaient dans l'ordre, la division de « Ré », la division de « Ptah » et celle de « Seth » qui fermait la marche. La cité-forteresse de Qadesh était bâtie dans l'angle formé par la réunion du Tannour et de l'Oronte. La première division égyptienne franchit également le Tannour et commença d'établir un camp au nord-ouest de Qadesh, pendant que la seconde division se trouvait encore entre Oronte et Tannour et que les 2 dernières divisions n'avaient pas encore franchi l'Oronte. La charrerie hittite cachée derrière la forteresse de Qadesh tomba alors sur la division de « Ré » isolée, la détruisit en partie et traversant le Tannour, tomba sur la division « d'Amon » construisant son camp. Selon la version égyptienne, Ramsès s'élança alors avec son char et à lui seul arrêta les Hittites laissant ainsi le temps aux 2 dernières divisions égyptiennes d'arriver par le sud tandis que les Néarins arrivaient par le nord, prenant les Hittites en tenaille. Il y eut alors une trêve qui se prolongea par un traité en bonne et due forme en -1259. Egyptiens et Hittites après s'être combattus s'entendirent. Ramsès prit une princesse Hittite dans ses grandes épouses royales, les deux pays échangèrent même ce qu'on appellerait aujourd'hui des transferts de technologie et imposèrent la paix à toute la région. Grâce à cela, les Egyptiens connurent 50 ans de paix. Bel exemple.

Le lecteur intéressé par plus de détails pourra se reporter au livre de Christiane Desroches Noblecourt « Ramsès II la véritable histoire », éditions Pygmalion, juin 1996

J.D. 12 novembre 2012

Ramsès II à Abou Simbel, photo Michèle Delisle 23 mai 1989

Ramsès II à Abou Simbel, photo Michèle Delisle 23 mai 1989

Abou-Simbel sur billet de banque égyptien d'une livre (vers 2001)

Abou-Simbel sur billet de banque égyptien d'une livre (vers 2001)

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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 10:39

Vendredi soir (24 août 2012), il y a eu sur la 5 une émission consacrée au célèbre buste de Néfertiti.

Ce buste fut découvert en 1912 par l'archéologue allemand Bochardt dans l'antique village des artisans de la cité de Tell el-Amarna qui fut la capitale du pharaon Akhénaton (pharaon monothéiste) au quatorzième siècle avant notre ère.

Ce buste présenté au public seulement en 1925 est conservé au Neues Museum de Berlin. Sa représentation sert d'illustration dans un grand nombre d'articles consacrés à l'Egypte antique.

Un historien d'art suisse nommé Henri Stierlin a jeté un gros pavé dans la marre, en affirmant avec des arguments très convaincants à l'appui, qu'il s'agissait d'un faux fabriqué à partir de 1912 par Bochardt ou à sa demande. Ce ne serait pas une première. Il suffit de se souvenir d'Heinrich Schliemann, américain d'origine allemande qui redécouvrit le site de Troie à partir de 1868 et prétendit ensuite avoir retrouvé « le trésor d'Agamemnon » !

Les égyptologues de Berlin ont juré leurs grands dieux (égyptiens, cela s'impose), avec des arguments tout aussi convaincants, qu'il s'agissait bien d'un buste authentique.

A la fin de l'émission, le téléspectateur ne sait plus quoi penser.

Par contre, en cours d'émission, le reportage présente un village d'artisans égyptiens contemporains qui fabriquent à la demande et probablement depuis un siècle « d'authentiques » objets du quatorzième siècle avant notre ère ! Près de ce village se trouve un temple égyptien complètement écroulé, dont personne ne s'occupe, qui n'est pas gardé et dans lequel les artisans contrefacteurs puisent des matériaux. Fabriquer des faux avec des matériaux d'époque ne facilite pas la tâche des experts.

Interrogée, une spécialiste du Musée de Berlin, reconnaissait, qu'en matière d'égyptologie, il devait y avoir des faux dans tous les musées du monde !

En principe, au fil du temps, les traces des civilisations antiques s'amenuisent, parce que des musées peuvent être détruits à l'occasion d'une guerre ou d'un incendie quand ce ne sont pas des abrutis qui détruisent pour des raisons religieuses ou politiques.
Mais en matière d'Egypte antique entre les fouilles qui se poursuivent avec des moyens de plus en plus sophistiqués et la production des faussaires, il est probable qu'on aura un jour beaucoup plus de témoins qu'il n'en a été produits au temps pharaonique.

J.D. 26 août 2012

buste de Néfertiti conservé au Neues Museum de Berlin

buste de Néfertiti conservé au Neues Museum de Berlin

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 15:16

 

La mosaïque « égyptienne » de Salviati

 

 

 

C'est le 15 juillet 1849 que la partie la plus ancienne du Casino Grand Cercle d'Aix-les-Bains a été ouverte au public.

 

C'est le 22 juillet 1883 qu'a été inaugurée la mosaïque de Salviati réalisée dans la dernière extension d'alors du Casino. Une monographie publiée en 1885 par P.V. Barbier (membre de l'Académie de Savoie) fournit une abondante documentation sur l'art de la mosaïque, sur la personnalité d'Antonio Salviati et sur l'aspect technique de la réalisation, plus que sur sa signification. On y apprend seulement qu'y sont représentés les 12 signes du zodiaque, les 4 saisons, les noms des stations thermales de Savoie et les 4 éléments (eau, terre, air et feu) même si un certain nombre de détails sont fournis au lecteur. Les différentes publications faites depuis 1885 ne sont guère allées au-delà.

 

Antonio Salviati naquit à Vicence (Vicenza) en 1816. Il fit d'abord des études de droit et devint avocat à Vicence. Mais passionné par l'industrie du verre, il créa d'abord une verrerie à Murano en 1859, à l'époque où cette industrie déclinait à Murano; puis s'étant passionné pour la mosaïque de verre, il se spécialisa dans cette branche avec 3 associés à Murano à partir de 1866, en ayant abandonné son métier d'avocat. Il participa à la restauration des mosaïques de la basilique St Marc à Venise. On lui doit également de nombreuses œuvres à Paris (à l'Opéra Garnier), à Londres, à Aix-la-Chapelle …

 

La mosaïque du Casino Grand Cercle s'étend sur 330 m2 de plafond et comprend les éléments suivants :

*une coupole centrale de 114 m2 sur chaque face de laquelle de développe un arc doubleau de près de 4 mètres de largeur et chacun de ces arcs se termine lui-même par une petite coupole.

*la coupole principale comprend : une partie centrale, 4 grandes figurent aux angles représentant les 4 saisons, 4 inscriptions (quasiment aux 4 points cardinaux) portant le nom de Salviati au SUD, d'Abel Boudier l'architecte à l'EST, de Carl Lameire le dessinateur au NORD et la date de réalisation (1883) en chiffres romains à l'OUEST. Ces 4 inscriptions sont surmontées chacune d'une tête de lion. Entre les 4 grandes figures, les inscriptions et la partie centrale, l'espace est rempli par un décor végétal dans lequel sont disséminées 48 têtes de lions, ce qui fait 52 avec les 4 têtes de lions au dessus des inscriptions (pour représenter les 52 semaines de l'année)

*La partie centrale est orientée pour être lisible en entrant dans la salle par le côté EST. Elle se compose : au centre, du nom d'Aix porté par 2 personnages définis comme des « génies ailés » dans la monographie de 1885, surmontés d'une étoile dont on notera déjà qu'elle est orientée à l'EST. Autour de cette composition, un premier cercle contenant 24 gros points (les heures du jour), à l'extérieur les 12 signes du zodiaque (les mois de l'année), encore des points :

*186 qui entourent les signes du zodiaque,

*24 entre les signes du zodiaque

*154 losanges jaunes entre les signes du zodiaque

total 364 + l'étoile = 365 comme les jours de l'année

 

Ainsi en première analyse, Salviati a pris le TEMPS comme thème et a représenté les heures, les jours, les semaines, les mois, les saisons et l'année (l'étoile, nous y reviendrons)

 

Les 4 saisons sont associées aux signes du zodiaque puisque l'axe de la figure ETE se trouve sous le signe du cancer (juin/juillet), l'AUTOMNE sous le signe de la balance (septembre/octobre), l'HIVER sous le signe du capricorne (décembre/janvier) et le PRINTEMPS sous le signe du bélier (mars/avril).

 

Dans les arcs doubleaux sont inscrits les noms des stations thermales (de l'époque) de Savoie et Haute-Savoie et sont représentés par allégories les 4 éléments qui se trouvent dans le même axe que les 4 inscriptions de la coupole principale et par conséquent eux aussi aux 4 points cardinaux.

Essayons d'approfondir la signification de ces éléments :

 

1) Les signes du zodiaque :

Les Egyptiens avaient un calendrier annuel calé sur les crues du Nil qui revenaient chaque année à la même époque (vers le 20 juillet de notre calendrier). Par Nil interposé, les Egyptiens avaient donc une année solaire de 365 jours qu'ils avaient divisée en 12 mois de 30 jours + des jours supplémentaires dits « épagomènes » pour compléter.

Durant les 70 jours qui précèdent le 18 juillet de notre calendrier, l'étoile SOTHIS (appelée aujourd'hui Sirius) est invisible aux humains et elle réapparait le 18 juillet, juste avant le lever du soleil et dans la même direction, c'est-à-dire à l'est. C'était l'étoile annonciatrice qui précédait la crue du Nil.

L'année égyptienne commençait donc avec la crue du Nil et les mois par conséquent décalés par rapport à notre calendrier. Le premier mois était à cheval sur nos actuels mois de juillet et août.

Les signes du zodiaque sont représentés en Egypte au temple de Dendera, dans la salle du Ramesseum ainsi que dans un certain nombre de tombes ou de sarcophages, tel celui de Soter conservé au British Museum. Voir Christiane Desroches Noblecourt : « Amours et fureurs de La Lointaine » Stock/Pernoud août 1995, chapitre IX : « Le zodiaque égyptien », ainsi que : « Ramsès II, la véritable histoire » Pygmalion juin 1996, chapitre IX : « Ramsès et le langage des temples ».

Ce sont les mêmes signes que l'on retrouve aujourd'hui dans les horoscopes à quelques modifications mineures près, le temps ayant fait son œuvre, la vierge a remplacé Isis, le taureau la vache Hathor et le cancer est l'actuelle représentation du scarabée.

Le Lion est le symbole de la déesse Sekhmet. Dans la mythologie égyptienne, cette déesse avait pris le corps d'une lionne féroce qui faisait grand carnage parmi les humains. Amon-Ré eut pitié d'eux et envoya Thot (le dieu scribe, à tête d'Ibis) qui se déguisa en singe rusé et parvint à convaincre Sekhmet de devenir une déesse bienfaisante; ce qu'elle fit. Le retour de Sekhmet à de bons sentiments était assimilé par les Egyptiens au retour annuel de la crue du Nil.

Le Verseau avec sa cruche versant de l'eau est la représentation du dieu Hapy déclenchant les inondations du Nil. Ce dieu était représenté souvent par 2 génies à la fois mâles et femelles. L'un associé à la fleur de lys représentait le royaume du sud et l'autre à fleurs de papyrus, le royaume du nord.

Dans toutes les tombes égyptiennes, figure une scène où le défunt pêche 2 poissons. Ils représentent ses âmes : celle de la vie qu'il vient de quitter et celle de sa vie future. C'est la raison pour laquelle il y a toujours 2 poissons dans le signe du zodiaque correspondant.
Les Gémeaux sont la représentation de 2 dieux (Shou dieu de l'air et Tefnet déesse de l'humidité), le Bélier est le symbole du dieu Khnoum, dieu de la fertilité. Il n'y a que le Capricorne qui pose problème aux égyptologues.

Si l'on se rappelle en outre qu'Aix est un nom dérivé d'Aquae qui voulait dire eau, tout prend son sens dans la mosaïque « égyptienne » de Salviati.

Les génies tiennent l'eau (Aix) qu'annonce l'étoile Sothis orientée à l'est et qui précède l'arrivée de l'eau dont le cycle (en Egypte) était celui des 12 signes du zodiaque etc

 

2) Les éléments

Les Egyptiens les premiers ont eu la notion des points cardinaux de façon naturelle si l'on peut dire. En effet, le Nil coule du sud au nord, tandis que le soleil va d'est en ouest. Compte tenu de l'importance qu'avaient chez ce peuple et le soleil et le Nil...

En outre, ils avaient associé très tôt les 4 éléments aux 4 points cardinaux :

*le feu au sud symbole de la chaleur

*la terre à l'ouest, c'est là que se couche le soleil, symbole de fin et c'est de ce côté que les Egyptiens enterraient leurs morts

*l'eau au nord, c'est dans cette direction que se trouve la mer vers laquelle coule le Nil

*l'air à l'est zone du lever du soleil, de renouveau, de vie

 

Or Salviati a représenté les 4 éléments aux 4 points cardinaux en suivant l'association antique, ce qui conforte le sentiment d'une mosaïque « égyptienne »

 

J.D. 1999, mise à jour 26 novembre 2010

 

 

 

 

 

 

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