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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 14:02

La ville de Besançon située dans une boucle du Doubs sur l'axe Rhin-Rhône a connu une occupation humaine très tôt comme ont pu le révéler diverses fouilles archéologiques. Des témoignages d'habitats remontent à 6.000 ans en arrière.

La trace écrite la plus ancienne se trouve dans la « guerre des Gaules » de Jules César, au livre 1er au point 38. A l'époque les Latins appelaient « Vesontio » la ville de Besançon. Le nom a évolué en « Besontio » au quatrième siècle puis en continuant d'évoluer, est devenu « Besançon » en 1243.

I-César et Besançon :

Voici le texte du célèbre César sur Besançon :

« Après trois jours de marche, on lui apprit qu'Arioviste, avec toutes ses forces, se dirigeait vers Vesontio (Besançon), la ville la plus importante des Séquanes, pour s'en emparer, et qu'il était déjà à trois jours des frontières de son royaume. César pensa qu'il fallait tout faire pour éviter que la place ne fut prise. En effet, elle possédait en très grande abondance tout ce qui est nécessaire pour faire la guerre ; de plus, sa position naturelle la rendait si forte qu'elle offrait de grandes facilités pour faire durer les hostilités : le Doubs entoure presque la ville entière d'un cercle qu'on dirait tracé au compas ; l'espace que la rivière laisse libre ne mesure pas plus de seize cents pieds (le pied romain équivaut à 29,64 centimètres, les 1600 pieds dont il est question représentent donc environ 474 mètres), et une montagne élevée (cette montagne dont parle César s'appelle aujourd'hui le Mont Saint Etienne) le ferme si complètement que la rivière en baigne la base des deux côtés. Un mur qui fait le tour de cette montagne la transforme en citadelle et la joint à la ville. César se dirige vers cette place à marches forcées de jour et de nuit ; il s'en empare et y met garnison. ».

Commentaires :

*Le texte ci-dessus montre qu'au temps de César (au premier siècle avant notre ère), Besançon était déjà une cité importante et dont la possession était stratégique. Dans l'Histoire on trouve d'ailleurs plusieurs batailles de Besançon (en l'an 68 au premier siècle de notre ère, en 1575 et en 1674, ainsi que des sièges en 1814 et 1871)

Sur l'origine de la guerre des Gaules, voir la fiche N°137 http://jean.delisle.over-blog.com/2013/11/nos-ancetres-les-gaulois-n-137.html

*César naquit en 102 avant notre ère (la date de sa naissance est toujours sujet à controverse). Il fut élu « pontife » en -73, « questeur » en Espagne en -68, « édile curule » en -65, « grand pontife » en -63, « prêteur » à Rome en -62, « propréteur » de la province d'Espagne, c'est-à-dire gouverneur en -61, « consul » en -59. Sur les différentes fonctions dans la Rome antique voir la fiche N°117 http://jean.delisle.over-blog.com/marius-cesar-auguste-et-arles-n-117

En -58, une loi confie à César pour 5 ans le gouvernement des deux Gaules (la Cisalpine c'est-à-dire l'Italie du Nord et la Transalpine qui correspondait à la France actuelle étendue jusqu'au Rhin).

*Lorsque César devient gouverneur des 2 Gaules, des tribus germaniques tentent d'envahir le territoire gaulois et aussi l'Helvétie , ce qui pousse les Helvètes à eux-mêmes migrer vers la Gaule. Ces mouvements servent de prétexte à César pour intervenir à un moment où à Rome, la gloire de Pompée dépasse la sienne et lui fait de l'ombre. La guerre des Gaules arrive donc à point nommé pour « booster » la carrière de César.

*Arioviste était alors le chef des Suèves un peuple de la Germanie orientale. En face de l'invasion germanique, les peuples gaulois furent divisés. Ainsi les Séquanes qui occupaient la région de Besançon firent d'abord alliance avec Arioviste pour combattre les Eduens implantés dans la région d'Autun (Bibracte à l'époque). Les Eduens étaient alliés des Romains. Cependant devant l'importance de l'invasion germanique, les Séquanes changèrent d'alliance et rejoignirent les Eduens contre Ariovistes et acceptèrent l'aide des Romains. César fut vainqueur d'Arioviste en septembre -58, mais ce n'était que le début de la guerre des Gaules. Celle-ci permit à Rome d'annexer la Gaule et à César d'assurer sa renommée.

*Certains auteurs (voir par exemple Fustel de Coulanges -1830/1889- dans « la Gaule romaine » ouvrage publié en 1891) pensent que l'annexion par les Romains évita celle par les peuples germaniques, ce qui aurait modifié complètement l'Histoire de France, pour autant qu'il y aurait eu une Histoire de France !. Merci César.

II- De César à Louis XIV :

*La fin de l'Empire romain d'Occident (en l'an 476) entraîna une profonde division de l'ancien territoire. La Franche-Comté tomba sous la coupe des Burgondes, puis des Francs et des Carolingiens. Charlemagne, au tournant huitième/neuvième siècle parvint à refaire une certaine unité de l'Europe. Le partage de son empire entre ses trois petits-fils, au traité de Verdun (en août 843) divisa l'Europe pour très longtemps.

*La partie médiane (la Lotharingie) fut source de nombreux conflits entre le monde franc (la Francie occidentale) et le monde germanique (la Francie orientale).

Ce traité de Verdun divisa la Bourgogne en 2 parties : une franque à l'ouest, une impériale (du Saint Empire germanique) à l'est ; la Saône servant de frontière.

*La Franche-Comté appartint ainsi à un royaume de Bourgogne dont Rodolphe III, dernier roi, légua son royaume en l'an 1016 à son neveu Henri II empereur germanique. A la mort de Rodolphe III le 6 septembre 1032, Conrad II le Salique nouvel empereur germanique récupéra le royaume de Rodolphe dont la Franche-Comté, la Savoie etc.

*La Franche-Comté appartint ainsi à un comté de Bourgogne sous dépendance du Saint Empire. En vertu du désir d'assurer à la France des frontières naturelles, les souverains français, spécialement Philippe IV Le Bel et Louis XI tentèrent, en vain, de récupérer la Franche-Comté.

*Ce projet fut repris par Richelieu et Louis XIII. A l'occasion de « la guerre de dix ans » (1635/1644), elle-même partie de la guerre de trente ans (1618/1648), le prince de Condé (Henri II) vint mettre le siège devant Besançon à partir du 29 mai 1636, mais il dut lever le siège le 14 août de la même année suite à l'arrivée d'une armée de secours. Le traité des Pyrénées du 7 novembre 1659 confirma la souveraineté espagnole sur la Franche-Comté. A cette période, ce sont les Habsbourgs d'Espagne qui règnent tant comme rois d'Espagne que comme empereurs du Saint Empire. Charles Quint (1500/1558) fut le principal représentant de cette branche des Habsbourgs.

*Sous le règne de Louis XIV, le prince de Condé (Louis II dit le Grand Condé) envahit la Franche-Comté le 2 février 1668 et s'empara de Besançon. Mais la ville fut rendue aux Espagnols par le traité d'Aix-la-Chapelle du 2 mai 1668.

*Fin avril 1674, Louis XIV et Vauban revinrent mettre le siège devant Besançon. La ville dut se rendre le 15 mai et la citadelle le 22 mai. La France annexa la Franche-Comté. Sa souveraineté sur ce territoire fut, cette fois, confirmée par le traité de Nimègue du 10 août 1678.

III-Vauban et Besançon

*Suite aux invasions françaises, les Espagnols avaient commencé en septembre 1668, à fortifier la colline du Mont Saint Etienne qui domine la ville de Besançon d'une centaine de mètres. Louis XIV confia à Vauban (Sébastien Le Prestre de Vauban 1633/1707, fait maréchal de France en 1703) le soin de reprendre et de compléter le projet espagnol pour faire de Besançon une place forte dans le cadre général de la protection de nos frontières à l'est.

*Utilisant au mieux la topographie des lieux et les fortifications antérieures, Vauban fit de Besançon, entre 1674 et 1693, une place très forte. Mais, dans les siècles qui suivirent, les progrès de l'artillerie rendirent ces défenses un peu vaines. Faute d'une gloire militaire très affirmée, les travaux conduits par Vauban à Besançon connaissent une gloire touristique certaine.

*Les monuments de Besançon firent l'objet de différents classements français en 1924 et 1942. Aujourd'hui Besançon a une centaine de monuments classés « monuments historiques » dont la maison natale de Victor Hugo etc.

*Il faut surtout signaler le classement le 7 juillet 2008 au patrimoine mondial de l'UNESCO de la citadelle, de l'enceinte urbaine (dont 9 tours fortifiées) et du fort Griffon de Besançon dans le cadre du « réseau des sites majeurs de Vauban ».

*La citadelle, acquise par la ville de Besançon en 1959, s'étend sur 11 hectares, possède 600 mètres de remparts larges de 5 à 6 mètres et haut de 15 à 20 mètres et comprend 3 musées :

-le musée de la Résistance et de la déportation : durant l'occupation, une centaine de Résistants furent fusillés par les Allemands dans l'enceinte de la citadelle. L'adresse de la Citadelle est d'ailleurs « rue des Fusillés de la Résistance ».

-le musée comtois

-un musée animalier.

A l'intérieur de la citadelle, une statue représente Vauban.

Pour le touriste et les passionnés d'Histoire, la ville de Besançon mérite plus qu'un détour, sans oublier la possibilité de déjeuner-croisière sur le Doubs.

J.D. 9 janvier 2016

Besançon, porte Rivotte XVIe siècle, photo J.D. 1er janvier 2016

Besançon, porte Rivotte XVIe siècle, photo J.D. 1er janvier 2016

Besançon, bas-relief sur la porte de la citadelle, photo J.D. 1er janvier 2016

Besançon, bas-relief sur la porte de la citadelle, photo J.D. 1er janvier 2016

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