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23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 16:19

La commune de « Les Déserts » est en Savoie, dans le massif des Bauges, mais elle fait partie administrativement, depuis 1973, du canton de Saint Alban Leysse qui est situé pour l'essentiel dans la partie sud de l'agglomération de Chambéry.

Cette commune de 3359 hectares s'étage entre 636 mètres d'altitude et 1845 mètres ; le chef-lieu est à 1080 mètres.

Elle fut d'abord dédiée à Saint Michel, puis fut surnommée « Saint Michel-des-Déserts », avant d'être finalement appelée « Les Déserts ».

Elle a sur son territoire la Croix du Nivolet, la station de La Féclaz et en partie la station du Revard.

*La Commune :

Cette commune atteignit son pic de population au recensement de 1848 avec 1526 habitants, pour retomber à 455 au recensement de 1975 et remonter à 758 en 2013, probablement atteinte par l'extension de l'agglomération de Chambéry, même si le centre des Déserts est à 14 kms de Chambéry et avec un dénivelé de 800 mètres de centre à centre.

La commune de Les Déserts adhéra au syndicat « Savoie Grand Revard » en 1990, au Parc Naturel des Bauges en décembre 1995, au syndicat des communes du canton de Saint Alban Leysse le 1er juin 2002 et à Chambéry Métropole le 2 septembre 2005.

C'est sur son territoire que la Leysse prend sa source pour aller se jeter dans le lac du Bourget après avoir traversé l'agglomération de Chambéry. Il y a 2 ans, mon petit-fils Romain, qui avait alors 15 ans, m'avait dit : « le lac du Bourget est un chien puisqu'il est au bout de la Leysse » !

Les habitants sont appelés les Désertiers et les Désertières.

L'église de la commune est dédiée à Saint Michel et le bâtiment actuellement visible a été consacré en 1880. Cette église est en surplomb au-dessus de la route départementale 912.

*La Croix du Nivolet :

Cette Croix est située sur une pointe du massif des Bauges (à 1547 mètres d'altitude) qui domine la cluse de Chambéry. Elle est visible de presque toute l'agglomération de Chambéry et en constitue l'un des symboles.

La première croix fut inaugurée le 15 septembre 1861 par Monseigneur Vibert évêque de Maurienne, l'évêque de Chambéry en poste à l'époque était trop âgé pour se rendre sur le site.

Suite à des destructions dues à différentes causes, la croix fut l'objet de restaurations avec des inaugurations le 2 juillet 1911, le 2 juillet 1960 et en 1989.

La dernière version a 21,50 mètres de haut et 5 mètres dans le sol, pour une envergure de 9,60 mètres et un poids de 7 tonnes.

*La Féclaz :

Cette station située entre 1350 et 1525 mètres d'altitude participe à l'ensemble « Savoie Grand Revard » qui comprend La Féclaz, le Revard et Saint François de Sales et qui permet le ski de fond (140 kms de pistes) et le ski alpin avec 14 remontées mécaniques. La station de la Féclaz elle-même a une capacité d'accueil touristique de 3500 lits environ.

Sur son territoire a été inaugurée en 1936 la chapelle « Notre-Dame des Neiges ».

Le site d'abord appelé « le plateau des Chalets » prit son nom de La Féclaz dans les années 1930. Sur ce site, le premier investissement hôtelier date de 1892. C'est en 1924 que la Société PLM (Paris-Lyon-Marseille) commença à y investir. La route arriva à La Féclaz en 1931, l'électricité en 1947/48 et l'eau en 1961/1962.

*Le Revard :

Le plateau du Revard domine la ville d'Aix-les-Bains et le lac du Bourget. Son point culminant est à 1562 mètres d'altitude et le belvédère à 1538 mètres. Il est à cheval sur 4 communes : Les Déserts, Pugny-Chatenod, Trévignin et Le Montcel.

Au fil des siècles le site s'est appelé successivement « Reva », « Mont Rival », « Mont d'Azy », « Mont Revers ». C'est en 1873 qu'il prend le nom de « Mont Revars », orthographié « Mont Revard » depuis le vingtième siècle.

Le développement du Revard, à partir de 1878, est lié à la réputation de la station thermale d'Aix-les-Bains au XIXe siècle. Le site fut desservi, depuis Aix-les-Bains par un chemin de fer à crémaillère de 1892 à 1937, puis par un téléphérique de 1935 à 1969 et enfin par la route ; la route nationale 513 devenue en 1972 la route départementale 913.

L'activité ski a commencé en 1905, faisant du Revard une des plus anciennes stations de sports d'hiver en France. Le belvédère a été réaménagé en 2011. Il permet une vue sur Aix-les-bains, le lac du Bourget et la chaîne de l'Epine qui domine le lac côté ouest et qui constitue, pour les géographes, le dernier maillon du Jura.

Outre les activités d'hiver, l'ensemble « Savoie Grand-Revard » a de nombreuses activités estivales dont un site de départ de parapentes au Revard.

*Toponymie :

Un habitant (le patron du restaurant « Le Margériaz ») de la commune « Les Déserts » m'a demandé il y a environ 3 semaines si je savais pourquoi cette commune s'appelait « Les Déserts » alors que située en montagne, elle est très boisée et très verte.

Sur internet, je n'ai pas trouvé la réponse. J'ai regardé dans le « dictionnaire du Duché de Savoie », ouvrage daté de l'an 1840, dont le rédacteur est resté anonyme et le travail à l'état de manuscrit qui s'est retrouvé, on ne sait par quel cheminement, aux Archives départementales de la Savoie qui ont numérisé le document.

C'est à partir de cet exemplaire possédé par la Savoie que la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie (SSHA, digne société savante fondée le 6 août 1855) en a assuré la publication en 2 volumes (2004 et 2005).

L'ouvrage concerne toutes les communes de l'ancien Duché de Savoie, il est classé par ordre alphabétique des communes mais « Les Déserts » est classé à la lettre « M » sous l'appellation « Saint Michel-des-Déserts » (Les Déserts ) et voici ce que l'on peut lire sur cette commune:

«... Elle était jadis peu productive, par la paresse de ses habitants qui préféraient aller voler le bois dans les forêts dont la commune et les voisines abondent et venir le vendre à Chambéry que de cultiver leurs terres. Ce commerce n'a pas entièrement cessé mais il a beaucoup diminué ...».

Je ne sais pas ce que les habitants de la commune vont penser de cette information, mais depuis bientôt deux siècles, il y a prescription.

J.D. 23 juin 2016

Ajout du 29 juin 2016 :

suite à cet article, j'ai reçu un très intéressant témoignage de madame Sartori née Favetta aux Déserts. Voici son texte :

« Je suis née en 1929 aux Déserts. C’est avec intérêt que j’ai lu tous les détails que vous donnez sur cette belle région. Je ne suis pas d’accord avec la fin de votre article qui dit qu’en 1840 les habitants étaient fainéants et voleurs.

Je vais donc témoigner de ce que j’ai vu durant mon enfance et aussi de ce qui m’a été raconté à l’époque par les habitants les plus âgés.

Ces gens pauvres travaillaient très durement pour vivre. Ils allaient faucher l’herbe jusqu’au sommet du Margériaz pour nourrir leurs vaches.

Chaque printemps, ils étaient obligés de remonter les terres de leurs champs abrupts, sur leur dos, dans des « cassecos ».

Ils allaient couper du bois pour se chauffer, dans des endroits dangereux.

Ils profitaient de la neige en hiver pour transporter le fumier sur les terrains pentus.

Ils se levaient très tôt pour porter à la fruitière le lait de leurs vaches (leur seul revenu).

Comme ils avaient des hivers longs et rigoureux, ils devaient dégager la neige à la pelle pour pouvoir accéder aux abreuvoirs et faire boire leurs bêtes.

En été, ils se levaient à l’aube pour faucher leurs prés à la faux. Tout le foin était mis dans des « barillons » que les hommes portaient sur leur dos jusqu’à leur grange.

Ces gens avaient des terrains très morcelés et chacun d’entre eux connaissait bien les limites de ses propriétés et les surveillait.

PS. Il serait intéressant de connaître l’histoire du château des Déserts, la date de sa construction, les personnes qui l’ont habité puis abandonné. Des ruines sont encore visibles aux Mermets. Je n’ai jamais réussi à avoir une information précise sur cette période de l’histoire des Déserts. C’est peut-être à cette époque que les paysans ont essayé de survivre dans des conditions encore plus difficiles que celles que j’ai connues. »

Nota : le texte du dictionnaire du Duché de Savoie est daté 1840. Ce qui correspond probablement à la fin du texte. Il concerne plusieurs centaines de communes et représente un énorme travail qui a certainement duré de nombreuses années. Entre ce texte et le témoignage de Madame Sartori , au minimum un siècle s'est écoulé, ils ne sont donc pas forcément incompatibles.

En outre l'auteur du dictionnaire du Duché de Savoie est resté anonyme et il ne cite pas ses sources. Tout ce qu'il écrit est-il vrai ou vraisemblable ? Je ne peux le dire. Mais c'est la seule explication que j'ai trouvée au nom « Les Déserts ». Si un lecteur de ce blog a une autre explication, je suis preneur.

Pour répondre à la demande de madame Sartori sur le château des Déserts, voici ce que j'ai trouvé dans « Histoire des communes savoyardes » publiée en mai 1982 (pour la référence des auteurs, voir la fiche N°300) :

« Il y avait une seigneurie de Saint Michel des Déserts qui, en 1359, où elle apparaît, était possession de la famille Valard de Chambéry. Les Lageret la possédèrent ensuite, puis après l'exécution de Jean Lageret (Ce Lageret né vers 1375 était devenu conseiller d'Amédée VIII, il fut décapité à Chambéry le 24 septembre 1417 après avoir été accusé de sortilèges et d'envoûtements) et un bref passage dans le patrimoine de la Maison de Savoie, elle fut successivement propriété des Bonivard, jusqu'en 1523, puis des Crescherel dont un descendant, Claude, connut une certaine célébrité grâce à ses « Heures successives » poèmes publiés à Genève en 1551. Viennent ensuite les Seyssel, les Sardoz de Chieri, les Coysia et enfin les Pavey qui en furent investis en 1789. Le château des Déserts, dont il ne reste aucune trace, aurait été un édifice assez vaste remontant à une « haute antiquité », et bâti sur une terrasse de la rive gauche de la Leysse, face à l'église, côté est. Au XVIIIe siècle, on y remarquait une grande salle dont l'ornementation consistait en une garniture de têtes de cerfs pendues aux murailles ».

ajout du 7 juillet 2016 :

Dans le dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie » d'Adolphe Gros publié en 1994 à « La Fontaine de Siloë », on trouve les noms suivants pour Les Déserts :

Ecclesia Sancti Michaelis de Deserto en 1340

Ecclesia Sancti Michaelis de Desertis en 1414

avec le commentaire suivant :

« Le nom de Désert s'applique donc à des hameaux ou maisons isolés dans une région peu cultivée d'aspect désertique. Il signifie aussi un essert »

Le mot « essert » utilisé est probablement une déformation de « Essart » dont j'ai trouvé la définition suivante :

« Le mot essart peut avoir différentes significations. Il désigne aussi bien des terres nouvellement défrichées, les défrichements de terrain définitifs ou les temporaires, le simple abattage de bois, l'éclaircissement de la forêt ou même de terrains vagues ».

Ajout du 2 octobre 2017 : 

remarque d'une lectrice du blog : 

Bonjour,

En référence à l'allusion aux Désertiers "voleurs de bois et fainéants" ceux-ci parlent encore des Sangerains comme étant des "voleurs de vaches" histoire ancienne (années 1800)faisant référence à un vol des vaches à des fermiers des Charmettes.

J Théolas

Le Nivolet vu de Chambéry, l'église Saint Michel-des-Déserts et vitrail de St Michel terrassant le démon, photos J.D. 22 et 24 juin 2016
Le Nivolet vu de Chambéry, l'église Saint Michel-des-Déserts et vitrail de St Michel terrassant le démon, photos J.D. 22 et 24 juin 2016
Le Nivolet vu de Chambéry, l'église Saint Michel-des-Déserts et vitrail de St Michel terrassant le démon, photos J.D. 22 et 24 juin 2016

Le Nivolet vu de Chambéry, l'église Saint Michel-des-Déserts et vitrail de St Michel terrassant le démon, photos J.D. 22 et 24 juin 2016

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