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23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 16:19

La commune de « Les Déserts » est en Savoie, dans le massif des Bauges, mais elle fait partie administrativement, depuis 1973, du canton de Saint Alban Leysse qui est situé pour l'essentiel dans la partie sud de l'agglomération de Chambéry.

Cette commune de 3359 hectares s'étage entre 636 mètres d'altitude et 1845 mètres ; le chef-lieu est à 1080 mètres.

Elle fut d'abord dédiée à Saint Michel, puis fut surnommée « Saint Michel-des-Déserts », avant d'être finalement appelée « Les Déserts ».

Elle a sur son territoire la Croix du Nivolet, la station de La Féclaz et en partie la station du Revard.

*La Commune :

Cette commune atteignit son pic de population au recensement de 1848 avec 1526 habitants, pour retomber à 455 au recensement de 1975 et remonter à 758 en 2013, probablement atteinte par l'extension de l'agglomération de Chambéry, même si le centre des Déserts est à 14 kms de Chambéry et avec un dénivelé de 800 mètres de centre à centre.

La commune de Les Déserts adhéra au syndicat « Savoie Grand Revard » en 1990, au Parc Naturel des Bauges en décembre 1995, au syndicat des communes du canton de Saint Alban Leysse le 1er juin 2002 et à Chambéry Métropole le 2 septembre 2005.

C'est sur son territoire que la Leysse prend sa source pour aller se jeter dans le lac du Bourget après avoir traversé l'agglomération de Chambéry. Il y a 2 ans, mon petit-fils Romain, qui avait alors 15 ans, m'avait dit : « le lac du Bourget est un chien puisqu'il est au bout de la Leysse » !

Les habitants sont appelés les Désertiers et les Désertières.

L'église de la commune est dédiée à Saint Michel et le bâtiment actuellement visible a été consacré en 1880. Cette église est en surplomb au-dessus de la route départementale 912.

*La Croix du Nivolet :

Cette Croix est située sur une pointe du massif des Bauges (à 1547 mètres d'altitude) qui domine la cluse de Chambéry. Elle est visible de presque toute l'agglomération de Chambéry et en constitue l'un des symboles.

La première croix fut inaugurée le 15 septembre 1861 par Monseigneur Vibert évêque de Maurienne, l'évêque de Chambéry en poste à l'époque était trop âgé pour se rendre sur le site.

Suite à des destructions dues à différentes causes, la croix fut l'objet de restaurations avec des inaugurations le 2 juillet 1911, le 2 juillet 1960 et en 1989.

La dernière version a 21,50 mètres de haut et 5 mètres dans le sol, pour une envergure de 9,60 mètres et un poids de 7 tonnes.

*La Féclaz :

Cette station située entre 1350 et 1525 mètres d'altitude participe à l'ensemble « Savoie Grand Revard » qui comprend La Féclaz, le Revard et Saint François de Sales et qui permet le ski de fond (140 kms de pistes) et le ski alpin avec 14 remontées mécaniques. La station de la Féclaz elle-même a une capacité d'accueil touristique de 3500 lits environ.

Sur son territoire a été inaugurée en 1936 la chapelle « Notre-Dame des Neiges ».

Le site d'abord appelé « le plateau des Chalets » prit son nom de La Féclaz dans les années 1930. Sur ce site, le premier investissement hôtelier date de 1892. C'est en 1924 que la Société PLM (Paris-Lyon-Marseille) commença à y investir. La route arriva à La Féclaz en 1931, l'électricité en 1947/48 et l'eau en 1961/1962.

*Le Revard :

Le plateau du Revard domine la ville d'Aix-les-Bains et le lac du Bourget. Son point culminant est à 1562 mètres d'altitude et le belvédère à 1538 mètres. Il est à cheval sur 4 communes : Les Déserts, Pugny-Chatenod, Trévignin et Le Montcel.

Au fil des siècles le site s'est appelé successivement « Reva », « Mont Rival », « Mont d'Azy », « Mont Revers ». C'est en 1873 qu'il prend le nom de « Mont Revars », orthographié « Mont Revard » depuis le vingtième siècle.

Le développement du Revard, à partir de 1878, est lié à la réputation de la station thermale d'Aix-les-Bains au XIXe siècle. Le site fut desservi, depuis Aix-les-Bains par un chemin de fer à crémaillère de 1892 à 1937, puis par un téléphérique de 1935 à 1969 et enfin par la route ; la route nationale 513 devenue en 1972 la route départementale 913.

L'activité ski a commencé en 1905, faisant du Revard une des plus anciennes stations de sports d'hiver en France. Le belvédère a été réaménagé en 2011. Il permet une vue sur Aix-les-bains, le lac du Bourget et la chaîne de l'Epine qui domine le lac côté ouest et qui constitue, pour les géographes, le dernier maillon du Jura.

Outre les activités d'hiver, l'ensemble « Savoie Grand-Revard » a de nombreuses activités estivales dont un site de départ de parapentes au Revard.

*Toponymie :

Un habitant (le patron du restaurant « Le Margériaz ») de la commune « Les Déserts » m'a demandé il y a environ 3 semaines si je savais pourquoi cette commune s'appelait « Les Déserts » alors que située en montagne, elle est très boisée et très verte.

Sur internet, je n'ai pas trouvé la réponse. J'ai regardé dans le « dictionnaire du Duché de Savoie », ouvrage daté de l'an 1840, dont le rédacteur est resté anonyme et le travail à l'état de manuscrit qui s'est retrouvé, on ne sait par quel cheminement, aux Archives départementales de la Savoie qui ont numérisé le document.

C'est à partir de cet exemplaire possédé par la Savoie que la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie (SSHA, digne société savante fondée le 6 août 1855) en a assuré la publication en 2 volumes (2004 et 2005).

L'ouvrage concerne toutes les communes de l'ancien Duché de Savoie, il est classé par ordre alphabétique des communes mais « Les Déserts » est classé à la lettre « M » sous l'appellation « Saint Michel-des-Déserts » (Les Déserts ) et voici ce que l'on peut lire sur cette commune:

«... Elle était jadis peu productive, par la paresse de ses habitants qui préféraient aller voler le bois dans les forêts dont la commune et les voisines abondent et venir le vendre à Chambéry que de cultiver leurs terres. Ce commerce n'a pas entièrement cessé mais il a beaucoup diminué ...».

Je ne sais pas ce que les habitants de la commune vont penser de cette information, mais depuis bientôt deux siècles, il y a prescription.

J.D. 23 juin 2016

Ajout du 29 juin 2016 :

suite à cet article, j'ai reçu un très intéressant témoignage de madame Sartori née Favetta aux Déserts. Voici son texte :

« Je suis née en 1929 aux Déserts. C’est avec intérêt que j’ai lu tous les détails que vous donnez sur cette belle région. Je ne suis pas d’accord avec la fin de votre article qui dit qu’en 1840 les habitants étaient fainéants et voleurs.

Je vais donc témoigner de ce que j’ai vu durant mon enfance et aussi de ce qui m’a été raconté à l’époque par les habitants les plus âgés.

Ces gens pauvres travaillaient très durement pour vivre. Ils allaient faucher l’herbe jusqu’au sommet du Margériaz pour nourrir leurs vaches.

Chaque printemps, ils étaient obligés de remonter les terres de leurs champs abrupts, sur leur dos, dans des « cassecos ».

Ils allaient couper du bois pour se chauffer, dans des endroits dangereux.

Ils profitaient de la neige en hiver pour transporter le fumier sur les terrains pentus.

Ils se levaient très tôt pour porter à la fruitière le lait de leurs vaches (leur seul revenu).

Comme ils avaient des hivers longs et rigoureux, ils devaient dégager la neige à la pelle pour pouvoir accéder aux abreuvoirs et faire boire leurs bêtes.

En été, ils se levaient à l’aube pour faucher leurs prés à la faux. Tout le foin était mis dans des « barillons » que les hommes portaient sur leur dos jusqu’à leur grange.

Ces gens avaient des terrains très morcelés et chacun d’entre eux connaissait bien les limites de ses propriétés et les surveillait.

PS. Il serait intéressant de connaître l’histoire du château des Déserts, la date de sa construction, les personnes qui l’ont habité puis abandonné. Des ruines sont encore visibles aux Mermets. Je n’ai jamais réussi à avoir une information précise sur cette période de l’histoire des Déserts. C’est peut-être à cette époque que les paysans ont essayé de survivre dans des conditions encore plus difficiles que celles que j’ai connues. »

Nota : le texte du dictionnaire du Duché de Savoie est daté 1840. Ce qui correspond probablement à la fin du texte. Il concerne plusieurs centaines de communes et représente un énorme travail qui a certainement duré de nombreuses années. Entre ce texte et le témoignage de Madame Sartori , au minimum un siècle s'est écoulé, ils ne sont donc pas forcément incompatibles.

En outre l'auteur du dictionnaire du Duché de Savoie est resté anonyme et il ne cite pas ses sources. Tout ce qu'il écrit est-il vrai ou vraisemblable ? Je ne peux le dire. Mais c'est la seule explication que j'ai trouvée au nom « Les Déserts ». Si un lecteur de ce blog a une autre explication, je suis preneur.

Pour répondre à la demande de madame Sartori sur le château des Déserts, voici ce que j'ai trouvé dans « Histoire des communes savoyardes » publiée en mai 1982 (pour la référence des auteurs, voir la fiche N°300) :

« Il y avait une seigneurie de Saint Michel des Déserts qui, en 1359, où elle apparaît, était possession de la famille Valard de Chambéry. Les Lageret la possédèrent ensuite, puis après l'exécution de Jean Lageret (Ce Lageret né vers 1375 était devenu conseiller d'Amédée VIII, il fut décapité à Chambéry le 24 septembre 1417 après avoir été accusé de sortilèges et d'envoûtements) et un bref passage dans le patrimoine de la Maison de Savoie, elle fut successivement propriété des Bonivard, jusqu'en 1523, puis des Crescherel dont un descendant, Claude, connut une certaine célébrité grâce à ses « Heures successives » poèmes publiés à Genève en 1551. Viennent ensuite les Seyssel, les Sardoz de Chieri, les Coysia et enfin les Pavey qui en furent investis en 1789. Le château des Déserts, dont il ne reste aucune trace, aurait été un édifice assez vaste remontant à une « haute antiquité », et bâti sur une terrasse de la rive gauche de la Leysse, face à l'église, côté est. Au XVIIIe siècle, on y remarquait une grande salle dont l'ornementation consistait en une garniture de têtes de cerfs pendues aux murailles ».

ajout du 7 juillet 2016 :

Dans le dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie » d'Adolphe Gros publié en 1994 à « La Fontaine de Siloë », on trouve les noms suivants pour Les Déserts :

Ecclesia Sancti Michaelis de Deserto en 1340

Ecclesia Sancti Michaelis de Desertis en 1414

avec le commentaire suivant :

« Le nom de Désert s'applique donc à des hameaux ou maisons isolés dans une région peu cultivée d'aspect désertique. Il signifie aussi un essert »

Le mot « essert » utilisé est probablement une déformation de « Essart » dont j'ai trouvé la définition suivante :

« Le mot essart peut avoir différentes significations. Il désigne aussi bien des terres nouvellement défrichées, les défrichements de terrain définitifs ou les temporaires, le simple abattage de bois, l'éclaircissement de la forêt ou même de terrains vagues ».

Ajout du 2 octobre 2017 : 

remarque d'une lectrice du blog : 

Bonjour,

En référence à l'allusion aux Désertiers "voleurs de bois et fainéants" ceux-ci parlent encore des Sangerains comme étant des "voleurs de vaches" histoire ancienne (années 1800)faisant référence à un vol des vaches à des fermiers des Charmettes.

J Théolas

Le Nivolet vu de Chambéry, l'église Saint Michel-des-Déserts et vitrail de St Michel terrassant le démon, photos J.D. 22 et 24 juin 2016
Le Nivolet vu de Chambéry, l'église Saint Michel-des-Déserts et vitrail de St Michel terrassant le démon, photos J.D. 22 et 24 juin 2016
Le Nivolet vu de Chambéry, l'église Saint Michel-des-Déserts et vitrail de St Michel terrassant le démon, photos J.D. 22 et 24 juin 2016

Le Nivolet vu de Chambéry, l'église Saint Michel-des-Déserts et vitrail de St Michel terrassant le démon, photos J.D. 22 et 24 juin 2016

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 09:19

Le Mont Granier, autrefois appelé Mont Apremont, qui culmine à 1933 mètres d'altitude se trouve à l'extrémité nord du massif de la Chartreuse, à la limite de la Savoie et du département de l'Isère, en sachant qu'à l'occasion des guerres entre Savoie et Dauphiné, les limites ont parfois varié. Voir note N°74 http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-guerres-dauphine-savoie-110715942.html

Ce Mont a défrayé la chronique récemment, par suite d'éboulements, principalement les 8 janvier et 7 mai 2016.

Voici ce que l'on peut lire sur le Mont Granier dans le « dictionnaire du Duché de Savoie » publié en 1840 et réédité en 2 volumes (2004 et 2005) par la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie (SSHA en abrégé, dont le siège est à Chambéry 244 quai de la Rize) :

« Le bouleversement de la nature que l'on observe dans ce local, parsemé de grandes masses calcaires, fut opéré par la chute d'une partie du mont Granier, dont l'échancrure en faucille correspond parfaitement aux décombres qui couvrent la plaine qui était au pied de cette montagne. Cet événement, que l'ignorance surchargea de contes ridicules et de fables, eut lieu le jour de Ste Catherine (25 novembre 1248). L'éboulement couvrit et détruisit cinq paroisses et particulièrement la ville de Saint André qui était le titre du décanat de Savoie… L'existence de cette ville (Saint André) est constatée par divers actes de notaires ou autres officiers publics qui y ont été passés avant 1248 ; ce qui prouve l'existence d'un vieux chapitre de chanoines réguliers et l'existence d'un tribunal ecclésiastique. »

Commentaires :

*L'éboulement de 1248 suscita de nombreux textes et beaucoup de controverses avec des désaccords sur la date de l'écroulement, ses causes, son mode, le nombre de villages ensevelis, le nombre de victimes…

L'étude la mieux documentée semble être celle du chanoine François Trépier (aumônier de l'hôpital militaire de Chambéry) de 1879 : « Recherches historiques sur le décanat de Savoie ». Cette étude a été reprise dans les « Mémoires de l'Académie de Savoie » en 1886. Voici la synthèse que l'on peut faire de l'événement de 1248 :

la catastrophe : C'est un peu avant minuit le 24 novembre 1248, qu'une partie importante du Mont Apremont s'écroula, ensevelissant 5 paroisses regroupant 16 villages ou hameaux. L'écroulement semble avoir recouvert un territoire de 23 km² (dimensions maximales : 8 kms sur 6). Voici le nom des paroisses avec leur population selon l'estimation faite par François Trépier : Saint André (2.000/3.000), Granier (200/1200), Saint Pérange (400/800), Cognin (100/300), Vourez (900/1200). Cela ferait une fourchette de victimes comprise entre 3600 et 6500. C'est le chiffre de 5.000 que l'on trouve le plus souvent dans des articles ou ouvrages sur cet écroulement de 1248. François Trépier s'est basé pour obtenir ces chiffres sur des montants de contributions demandées aux paroissiens lors de visites pastorales de l'évêque de Grenoble.

Cependant les spécialistes récents pensent que cela représente une densité de population trop importante et ramène le nombre de victimes entre 1.000 et 2.000.

Toujours est-il qu'en 1248, la ville de Saint André était plus importante que Chambéry. C'est après 1248 que Chambéry a succédé à Saint André comme siège du décanat de Savoie. De même le Mont Apremont a pris le nom de Mont Granier en souvenir du village disparu et le lac qui s'est formé le nom de Saint André.

Le décanat de Savoie : La région du Mont Granier appartint au peuple des Allobroges puis fut intégrée à la cité de Vienne après la conquête romaine de l'Allobrogie en -121. Sous l'empereur Dioclétien, vers l'an 290, la cité de Vienne fut divisée en 3 : Cité de Vienne, Cité de Grenoble et cité de Genève. La limite entre Grenoble et Genève passait juste au nord d'Aix-les-Bains.

Lorsque la chrétienté s'organisa, elle reprit en grande partie les découpages romains.

Un évêché fut créé à Grenoble vers l'an 380, Chambéry y fut rattaché ; un autre à Genève vers l'an 400, Annecy s'y retrouva.

Les souverains de la Maison de Savoie tentèrent d'obtenir un évêché à Chambéry mais cela ne se fit qu'en l'an 1779. L'église Saint François devint alors cathédrale. L'évêché de Chambéry prit de l'importance lorsque lui furent rattachés en avril 1966, l'évêché de Tarentaise (siège à Moutiers) créé vers l'an 420 et l'évêché de Maurienne (siège à Saint Jean de Maurienne) créé vers l'an 575.

A noter que la conversion de Genève au protestantisme obligea l'évêque de Genève à se replier sur Annecy, tout en conservant son titre d'évêque de Genève. De fait Annecy eut donc un évêque à partir de l'an 1536, c'est-à-dire 2 siècles avant Chambéry. C'est l'église Saint Pierre d'Annecy qui devint cathédrale.

Entre la création de l'évêché de Grenoble et celui de Chambéry, il y eut dans la région un « décanat » ou administration religieuse décentralisée mais qui dépendait de l'évêque de Grenoble et qui fut donc d'abord à Saint André.

Le contexte :

La dynastie Savoie avait pris naissance en Maurienne vers l'an 1032, lorsqu'un empereur germanique donna un titre de comte au Mauriennais Humbert. Sa première résidence fut au château de Charbonnières sur Aiguebelle en Maurienne puis au Bourget du Lac. C'est en février 1295 que le comte de Savoie Amédée V (quatorzième comte de Savoie) acheta le « château » de Chambéry. On ne sait pas très bien ce qu'était le château à cette époque, mais probablement peu de choses. Les souverains de Savoie y investirent et firent de Chambéry leur capitale avant de la transférer à Turin (en 1562). L'essentiel des bâtiments de l'actuel château de Chambéry datent du XIVe/XVe siècles.

On peut se demander si les comtes de Savoie auraient investi sur le bourg de Chambéry si celui-ci n'avait pas récupéré le décanat de Savoie ? Autrement dit, en s'écroulant en 1248, le Mont Granier a fait le malheur de Saint André et de sa proximité mais a peut-être fait la prospérité de Chambéry.

J.D. 11 juin 2016

Le Mont Granier, "l'échancrure" photo J.D. 10 juin 2016

Le Mont Granier, "l'échancrure" photo J.D. 10 juin 2016

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5 juin 2016 7 05 /06 /juin /2016 15:21

Je réside depuis 47 années dans l'agglomération de Chambéry (Savoie) et c'est seulement hier (4 juin 2016) que j'ai découvert une sculpture consacrée à Jeanne d'Arc dans le jardin du Verney à Chambéry, côté Palais de Justice. Comme quoi on peut passer souvent devant les choses sans les voir !

I-La sculpture :

Il s'agit d'une sculpture en pierre, d'environ 3 mètres de haut, de Jeanne d'Arc debout, tenant son étendard dans la main gauche et présentant avec sa main droite un épi à 2 enfants. Le garçon saisit l'épi tandis que la fillette soutient un blason de la Savoie contre le ventre de Jeanne d'Arc. Le tout est posé sur un socle d'environ 2 mètres de hauteur.

II-Les inscriptions :

*sur le socle de face : « La Savoie à Jeanne d'Arc »

*sur le socle côté droit : « M.Realdelsarte 1942 »

*sur l'arrière de la statue, se trouve une cavité fermée par une grille avec cette inscription : « Rouen 1431 » et en dessous : « terre prélevée à l'emplacement du bûcher de Jeanne d'Arc »

*sur l'arrière du socle (donc en dessous de l'inscription précédente) : « Le Cardinal d'Estouville évêque de Maurienne, légat en France de Nicolas V, fut en 1451/1452 le promoteur de la réhabilitation de Jeanne d'Arc ».

Soit dit en passant, ces inscriptions mériteraient d'être entretenues car aujourd'hui, elles sont tout juste lisibles.

III-Les personnages :

*Jeanne d'Arc : voir les notes N°231 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/03/jeanne-d-arc-231.html et 109 http://jean.delisle.over-blog.com/la-guerre-de-cent-ans-n-109

*Maxime Real del Sarte : il naquit à Paris le 2 mai 1888 dans un milieu artistique (père sculpteur). Il entra à l'école des Beaux-Arts de Paris en 1908 et devint sculpteur. Blessé sur le front de Verdun en 1916 il fut amputé de l'avant-bras gauche. Il poursuivit néanmoins sa carrière de sculpteur.

-Royaliste, classé à l'extrême droite, il fut le fondateur des « Camelots du Roi », et .

grand admirateur de Jeanne d'Arc, des « Compagnons de Jeanne d'Arc ». Il lui consacra une quarantaine d’œuvres échelonnées de 1920 à 1948. On en retrouve à Paris, Rouen, Poitiers, Cannes, Montréal, Buenos-Aires… et ...Chambéry, œuvre de 1942 dans le contexte de l'occupation et du régime de Vichy.

Maxime Real del Sarte mourut à Paris le 15 février 1954.

*Guillaume d'Estouville : Natif de Valmont en Normandie vers l'an 1400, d'une famille (les d'Estouville et les d'Harcourt) en parenté plus ou moins proche, à la fois avec la Cour de France et celle d'Angleterre.

Il fit une carrière ecclésiastique, multipliant les titres, les charges et les...revenus.

Cardinal le 18 décembre 1439, il fut abbé du Mont Saint Michel de 1444 à 1483, légat du pape en France en 1451, évêque de Saint Jean de Maurienne en 1453, Archevêque de Rouen en 1454…

Il fut chargé par le pape Nicolas V au début de 1452 de réexaminer le procès de Jeanne d'Arc qui avait été condamnée en 1431 par un tribunal ecclésiastique aux ordres des Anglais.

Guillaume d'Estouville rencontra le roi de France Charles VII dès février 1452 et le 7 juillet 1456, à l'Archevêché de Rouen, le jugement de 1431 qui condamnait Jeanne d'Arc pour hérésie était cassé.

Guillaume d'Estouville mourut à Rome le 24 décembre 1483. Il avait fait aménager la place Navone à Rome, le chœur de l'abbatiale du Mont Saint Michel etc.

*le pape Nicolas V : Né vers 1397 à Sarzana (Ligurie), il devint pape le 6 mars 1447. C'est sous son pontificat que prit fin le Grand Schisme d'Occident, la guerre de Cent Ans, mais aussi que les Ottomans s'emparèrent de Constantinople (le 29 mai 1453). On lui doit la création de la bibliothèque vaticane et la réhabilitation de Jeanne d'Arc.

Il mourut à Rome le 24 mars 1455.

J.D. 5 juin 2016

Jeanne d'Arc et niche au dos de la statue, jardin du Verney à Chambéry, photo J.D.  juin 2016
Jeanne d'Arc et niche au dos de la statue, jardin du Verney à Chambéry, photo J.D.  juin 2016

Jeanne d'Arc et niche au dos de la statue, jardin du Verney à Chambéry, photo J.D. juin 2016

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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 13:20

Le promeneur attentif qui visite Chambéry peut découvrir nombre d'inscriptions qui fournissent des informations sur la vocation ancienne d'immeubles, sur la réception de personnalités ou sur l'histoire de la ville...

Parmi ce grand nombre d'inscriptions, en voici 3 :

I) sur l'hôtel de Cordon 71 rue Saint Réal :

l'inscription indique l'hébergement en ce lieu du roi de France Henri IV en 1600 et de Hérault de Séchelles durant la Révolution.

Henri IV

naquit à Pau le 13 décembre 1553. Il est le fils de Jeanne d'Albret reine de Navarre et d'Antoine de Bourbon lointain descendant de Saint Louis (Louis IX 1214/1270).

*En 1560, Antoine de Bourbon nommé « lieutenant général du royaume de France », toute la famille s'installa à Paris. Mais après la mort d'Antoine de Bourbon au siège de Rouen en 1562, Jeanne d'Albret retourna s'installer dans la Navarre.

Baptisé catholique, le futur Henri IV devint alors protestant dont il rejoignit les troupes en 1568 à La Rochelle puis à Saintes.

*Après batailles et négociations, Henri épousa le 18 août 1572 Marguerite de Valois (la reine Margot) fille du roi Henri II (roi de France de 1547 à 1559) et de Catherine de Médicis et sœur du roi Henri III (roi de France de 1574 à 1589).

Jeanne d'Albret revenue à Paris pour le mariage de son fils y mourut le 9 juin 1572. Henri devint donc roi de Navarre sous le nom d'Henri III peu avant son mariage avec la reine Margot.

*C'est l'époque où régnèrent de fait 3 Henri : Henri III roi de Navarre, Henri III roi de France et Henri de Guise dit le Balafré à la tête des ligues catholiques.

Henri III roi de France fit assassiner Henri de Guise à Blois le 23 décembre 1588, puis son frère cardinal de Lorraine le lendemain (24 décembre 1588). Mais l'on sait que Henri III roi de France sera assassiné le 1er août 1589 tandis qu'Henri III roi de Navarre devenu Henri IV roi de France sera à son tour assassiné le 14 mai 1610.

*Entre-temps, profitant de la venue à Paris de nombreux chefs protestants pour le mariage d'Henri roi de Navarre, Catherine de Médicis les fit assassiner dans la nuit du 23 au 24 août 1572 (Saint Barthélémy), en signalant néanmoins que les avis des historiens sont partagés sur la responsabilité de Catherine de Médicis.

*Après la mort d'Henri III roi de France, Henri III roi de Navarre devint aussi roi de France sous le nom d'Henri IV le 2 août 1589. Cela n'empêcha pas la guerre de continuer en France entre protestants et catholiques jusqu'à ce que le nouveau roi se convertisse au catholicisme le 25 juillet 1593 (Paris vaut bien une messe!) et qu'il proclame de Nantes le 13 avril 1598 un édit qui accorde la liberté de culte aux protestants.

*C'est le 25 février 1594 qu'Henri IV fut sacré et couronné roi de France en la cathédrale de Chartres, par l'évêque de Chartres (Nicolas de Thou). Il fut hébergé dans un immeuble qui existe toujours et qui se trouve place de la cathédrale face au porche Ouest ou porche central (celui qui est entre les deux clochers)

*En 1599, Henri IV parvint à faire annuler son mariage avec la reine Margot et il épousa le 5 octobre 1600 la florentine Marie de Médicis (voir la note N° 81 http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-medicis-reines-de-france-113493818.html).

Sans parler de ses nombreuses maîtresses ! Mais enfin il vaut mieux un chef d'Etat compétent avec des maîtresses que l'inverse.... encore qu'il y a des cumulards qui ont des maîtresses et qui sont notoirement incompétents comme chef d'Etat !

*L'année 1600 fut une année de guerre (une de plus!) entre les Dauphinois emmenés par François de Bonne de Lesdiguières et les Savoyards du duc Charles-Emmanuel 1er (voir la note N°74 http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-guerres-dauphine-savoie-110715942.html). C'est en 1349 que la France avait récupéré le Dauphiné. Henri IV vint donc aider les Dauphinois à lutter contre les Savoyards.

*Henri IV fit son entrée à Chambéry le 21 août 1600. C'est à cette occasion qu'il logea rue Saint Réal. Son séjour en Savoie se prolongea de la durée du siège de la forteresse de Montmélian (du 16 août au 16 novembre 1600).

Henri IV profita de ce temps pour aller prendre un bain le 3 octobre 1600 à Aix dans un ancien bain romain restauré au temps de Charlemagne. Il en est fait mention par le docteur Jean-Baptiste Cabias (dans « Merveilles des Bains d'Aix en Savoye » publié à Lyon en 1623). D'après Cabias, Henri IV aurait dit à propos des bains d'Aix : « Tous les bains et étuves des Médecins de Paris, de France, voire même de l'Europe ne valent rien en regard de ceux-ci ».

*Henri IV profita de cette guerre pour imposer à la Savoie le traité de Lyon du 17 janvier 1601 par lequel la France récupéra la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex. Ceci après Lyon en 1312, le Dauphiné en 1349, la Provence en 1481/1482, la Franche-Comté en 1674 et avant la souveraineté des Dombes (capitale Trévoux) en 1762, puis la Savoie et Nice d'abord de 1792 à 1814/1815 avant la réunion définitive en 1860. Comme quoi, au delà des régimes qui se succédèrent, la France eut de la continuité dans sa politique pour donner à notre pays sa frontière naturelle (les Alpes) au sud-est.

Après son assassinat, Henri IV fut inhumé à Saint Denis.

Henri IV aurait dit à propos du peuple (source : dictionnaire d'Histoire de France Perrin 1981, page 486):

« Si l'on ruine mon peuple, qui me nourrira ? Qui soutiendra les charges de l'Etat ? Qui paiera les redevances ? C'est lui qui nous fait tous vivre ».

Il y a bien des sinistres des finances qui devraient méditer !

Hérault de Séchelles

naquit à Paris le 15 novembre 1759 sous le nom de Marie-Jean Hérault de Séchelles. A dix-huit ans, il fut présenté à la reine Marie-Antoinette par sa cousine (Yolande de Polignac). La reine le fit nommer « avocat du roi au Châtelet » en 1777 puis avocat général au parlement de Paris en 1785.

Malgré les faveurs extraordinaires dont il bénéficia de la part de la royauté, il rejoignit la Révolution dès la prise de la Bastille (14 juillet 1789).

*Il fut élu député à l'assemblée législative en 1791, assuma différentes responsabilités dans les comités révolutionnaires, fut président de l'Assemblée en novembre 1792 puis fut envoyé en mission dans le nouveau département du Mont Blanc. C'est à cette occasion qu'il résida à Chambéry.

*Il y était encore lorsque eurent lieu les débats sur la mise en accusation de Louis XVI (du 10 au 26 décembre 1792) et lors des votes qui amenèrent la condamnation à mort de Louis XVI (du 16 au 19 janvier 1793). Mais, absent des votes, il fit savoir qu'il aurait voté la mort du roi.

*Cela ne lui porta pas chance (comme à beaucoup d'autres) car proche de Danton, il fut mis en accusation en même temps que Danton et ses amis et guillotiné le 5 avril 1794.

II sur l'Hôtel d'Allinges 104 rue Juiverie :

L'inscription indique la présence de Don Philippe (Don Felipe) infant d'Espagne pendant l'occupation espagnole de la Savoie, et du général de Montesquiou ; explications :

L'Infant d'Espagne :

*La mort le 19 octobre 1740 de Charles VI empereur du Saint empire romain germanique entraîna une guerre qui dura 8 années et qui est connue sous le nom de « guerre de succession d'Autriche ».

Charles VI avait désigné sa fille Marie-Thérèse pour lui succéder. Mais il y avait bien d'autres prétendants qui prétextèrent qu'une femme ne pouvait diriger le Saint Empire ! (de mon avis, pour que des femmes chefs d'Etat fassent pire que beaucoup d'hommes, il faudrait vraiment qu'elles en fassent exprès!).

*Le roi de Prusse (Frédéric II) le premier entra en guerre contre l'Autriche. Il parvint à entraîner avec lui la France de Louis XV, puis l'Espagne, le royaume de Naples, la Suède, la République de Gênes. Durant le même temps, l'Autriche parvenait à obtenir l'alliance de la Grande Bretagne, des Provinces Unies (ancien nom des Pays-Bas), du royaume de Hanovre, du royaume de Sardaigne, de la Russie.

*L'Electorat de Bavière et le royaume de Saxe furent d'abord avec la Prusse puis dans un second temps avec l'Autriche.

*Il y eut de très nombreuses batailles. La France participa à beaucoup de ces batailles principalement contre les Anglais (dont la bataille de Fontenoy le 11 mai 1745 qui se termina par la victoire française), les Hollandais, les Autrichiens...et notre armée l'emporta souvent.

Après 8 années de guerres qui avaient épuisé les belligérants, une paix fut signée à Aix-la-Chapelle (Aachen) le 18 octobre 1748. La Prusse y gagnait d'importants gains territoriaux dont la Silésie. Malgré ses nombreuses victoires, la France n'obtint rien. C'est de là que naquit l'expression : « travailler pour le roi de Prusse » !

*C'est dans le contexte de cette guerre que la France avait envahi le Piémont pendant que l'Espagne envahissait et occupait la Savoie. De là l'inscription sur l'installation de l'infant d'Espagne à Chambéry.

*Les Espagnols arrivèrent par le sud : col du Galibier qu'ils franchirent le 31 août 1742. Le duché de Savoie était dépourvu de troupes piémontaises, l'invasion se fit donc sans coup férir et dès le 7 septembre 1742, les Espagnols entraient à Chambéry.

*Fin septembre, début octobre 1742 le roi de Sardaigne Victor-Amédée II lança une contre-attaque par la Maurienne et la Tarentaise et refoula les Espagnols qui se regroupèrent sur le territoire français (région de Fort Barraux/Chapareillan dans l'Isère).

*L'Espagne envoya des renforts et dans la nuit du 18 au 19 décembre 1742, les Espagnols passèrent une nouvelle fois la frontière et ce furent les Piémontais qui durent s'enfuirent.

*L'Infant arriva à Chambéry le 5 janvier 1743 et s'installa au château, mais dès le 28 février 1743, un incendie détruisit le château que les autorités espagnoles firent passer pour un accident mais sans que l'on sache très bien si il s'agissait d'un accident ou d'un acte de sabotage contre l'occupant.

Dans la nuit l'Infant se réfugia à l'Hôtel d'Allinges et y resta durant toute l'occupation qui ne se termina qu'après le traité d'Aix-la-Chapelle.

*Don Philippe quitta Chambéry le 25 décembre 1748, mais le départ des troupes espagnoles s'échelonna jusqu'à fin février 1749. Durant les années d'occupation, la population du Duché de Savoie fut soumis à d'importantes réquisitions pour assurer la subsistance des troupes espagnoles.

*Quant au château de Chambéry, les Espagnols l'avaient laissé en ruines. Il fut restauré dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Le général de Montesquiou :

*naquit à Paris le 17 octobre 1739 sous le nom de Anne-Pierre de Montesquiou. Il fit une carrière militaire avec un avancement rapide : lieutenant au régiment Royal-Pologne en 1756, capitaine au régiment du Roi en 1757, colonel aux Grenadiers de France en 1758, aide-maréchal des logis en 1761, maréchal de camp en 1780, élu le 16 mai 1789 député de la noblesse aux Etats-Généraux, se rallia au Tiers-Etat le 25 juin 1789.

*Fut chargé de l'armée du midi et envahit la Savoie le 22 septembre 1792. Voir la fiche N° 71 http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-revolution-francaise-et-la-savoie-109795056.html.

*Il mourut à Paris le 30 décembre 1798

III sur l'hôtel des Marches de Bellegarde rue Croix d'Or (N°13 à 25)

C'est là que furent hébergés Hérault de Séchelles durant la Révolution (voir au point I ci dessus), le pape Pie VII en 1804 et Napoléon en 1805.

Pie VII

naquit le 14 août 1742 à Cesena (province de Forli, région Emilie-Romagne, proche de l'Adriatique), sous le nom de Barnaba Niccolo Maria Luigi Chiaramonti.

Le 2 octobre 1756 il entra comme novice à l'abbaye bénédictine de Santa Maria del Monte à Cesena. Il fut ordonné prêtre le 21 septembre 1765.

*Après être passé par Saint Paul Hors-les-Murs à Rome puis par l'abbaye San Giovanni à Parme (Emilie-Romagne), il fut nommé évêque le 16 décembre 1782 à Tivoli (dans le Latium à une trentaine de kms à l'est de Rome) puis Cardinal le 14 février 1785 à Imola (province de Bologne en Emilie-Romagne). Il y était encore lorsque la ville d'Imola fut envahie par l'armée française en juin 1796.

*Quelques mois plus tard (dans la nuit du 19 au 20 février 1798) à Rome, le pape Pie VI était enlevé par l'armée française et retenu prisonnier successivement à Sienne, Bologne, Parme, Turin, Briançon, Grenoble et Valence où il décéda le 29 août 1799.

*Rome étant occupée un conclave s'ouvrit le 30 novembre 1799 dans l'île de San Giorgio Maggiore (dans la lagune de Venise) et le 14 mars 1800, le cardinal Chiaramonti était élu pape sous le nom de Pie VII.

*Après la victoire de Marengo (14 juin 1800), la France récupéra l'Italie du Nord et le nouveau pape put regagner Rome le 3 juillet 1800. Il ratifia le Concordat le 14 mai 1801 et récupéra les Etats Pontificaux en 1803

*C'est donc dans un contexte de relations nettement améliorées avec la France que le pape accepta de venir couronner Napoléon empereur à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804 et c'est à l'occasion de ce voyage que le pape fut hébergé à Chambéry.

*Les bonnes relations Pie VII/Napoléon prirent fin lorsque le pape refusa d'appliquer le blocus continental qui avait été décidé par le décret impérial prit à Berlin le 21 novembre 1806.

*Rome était à nouveau occupée militairement à partir du 2 février 1808, les Etats Pontificaux annexés le 17 mai 1809. Le pape répondait par une bulle d'excommunication (de Napoléon) en date du 10 juin 1809.

*dans la nuit du 5 au 6 juillet 1809, Pie VII était fait prisonnier puis détenu successivement à Florence, Alexandrie, Grenoble, Savone puis Fontainebleau. C'est durant le transfert de Savone à Fontainebleau que le pape tomba malade le 12 juin 1812 et fut soigné à l'hospice du col du Mont Cenis .

*En janvier 1814, Napoléon décida de libérer le pape et de lui restituer ses Etats. Le pape quitta la France le 23 janvier 1814 et fit un retour triomphal à Rome le 14 mai 1814.

*Pie VII décéda à Rome le 20 août 1823

Napoléon 1er :

En Italie du Nord il créa un royaume dont il se fit couronner roi à Milan le 26 mai 1805 (voir la fiche N°22 http://jean.delisle.over-blog.com/article-l-italie-sous-napoleon-1er-61707999.html). C'est à l'occasion de ce voyage à Milan qu'il fut hébergé à Chambéry là où, peu de mois avant, avait été hébergé Pie VII.

J.D. 21 avril 2015

P.S. La récapitulation thématique des notes de ce blog se trouve sur la fiche N°76 http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html,

la récapitulation des illustrations se trouve sur la fiche N°219 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/01/illustrations-jointes-aux-notes-du-blog-n-219.html

inscriptions à Chambéry rue Saint Réal, rue Juiverie et rue Croix d'Or

inscriptions à Chambéry rue Saint Réal, rue Juiverie et rue Croix d'Or

sacre d'Henri IV en la cathédrale de Chartres le 27 février 1594, dessin de Desmaretz fin XVIe siècle

sacre d'Henri IV en la cathédrale de Chartres le 27 février 1594, dessin de Desmaretz fin XVIe siècle

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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 15:09

C'est le 10 décembre 1838 que fut inaugurée à Chambéry une fontaine en l'honneur du général comte de Boigne

I-le général de Boigne :

Le général Benoît de Boigne naquit à Chambéry le 24 mars 1751 sous le nom de Benoît Leborgne. Chambéry était alors la principale ville du duché de Savoie qui appartenait au royaume de Sardaigne dont la capitale était à Turin et dont le souverain, en 1751, était Charles-Emmanuel III. Voir sur mon blog de nombreuses notes sur l'histoire de la Savoie et particulièrement les notes N° 66 http://jean.delisle.over-blog.com/article-histoire-de-la-maison-de-savoie-59295182.html et 56 http://jean.delisle.over-blog.com/article-savoie-et-maison-de-savoie-99226231.html.

Benoît Leborgne ou de Boigne eut une vie particulièrement mouvementée, en voici quelques épisodes :

*A l'âge de 17 ans, Benoît Leborgne commença une carrière militaire au sein d'un régiment irlandais au service de la France. C'était encore le règne de Louis XV.

*En 1773, il quitte cette armée pour se mettre au service de la Russie. Il participe à des combats contre les Ottomans, il est fait prisonnier. D'abord retenu dans l'île de Chio, il devient ensuite esclave à Istanbul .

*Il est libéré grâce à une intervention diplomatique anglaise.

*Il arrive en Inde en 1778, c'est là qu'il change de nom pour s'appeler De Boigne.

*Après diverses péripéties, il se met au service du radjah Sindhia de l'empire mahratte. Il réorganise son armée, la rend très efficace et remporte plusieurs victoires contre les Afghans, les Moghols...

Il devient alors en Inde un personnage important ayant sa garde personnelle, son éléphant de parade (nommé Bhopal)....

A son actif en Inde également la restauration du Tâj Mahal (ou Tâdj Mahall construit entre 1630 et 1652)

*En chemin il épouse une Hindoue (dont il a un fils) et n'oublie pas de faire fortune.

*Après la mort de Sindhia en 1794, il quitte l'Inde en novembre 1796 et s'installe d'abord en Angleterre.

*Il répudie sa femme Hindoue pour se remarier le 11 juin 1798 avec une émigrée française installée à Londres.

*Il rentre en France en 1802, achète 2 propriétés dans la région parisienne ainsi qu'une propriété, acquise dès 1802, dans le sud de Chambéry à la limite avec Barberaz (appelée depuis Château de Boigne et parc de Boigne), il achète, également le château de Lucey en mars 1817, dans le canton de Yenne en Savoie.

*Il mène ensuite une vie de notable, jusqu'à son décès à Chambéry le 21 juin 1830, jouant les mécènes. Il subventionna de nombreuses œuvres, ainsi que de nombreuses constructions (théâtre, réaménagement de la rue qui porte désormais son nom etc.).

*Napoléon l'avait nommé Président du Conseil général du Département du Mont Blanc en 1804. Louis XVIII lui donna son titre de comte en 1816. Il fut inhumé en l'église Saint Pierre de Lémenc et son cœur dans l'église de Lucey

II -la fontaine :

Cette fontaine comporte à sa base un bassin octogonal avec en son centre une base carrée. Sur chacun des côtés de la base carrée, un éléphant, en fonte de fer, dont ne figure que la partie avant, ce qui a fait dénommer depuis longtemps à Chambéry ce monument de « fontaine des quatre sans culs ». La base carrée est surmontée d'une colonne au sommet de laquelle se trouve une statue du général de Boigne. A la jonction de la colonne et de la base carrée : des trophées et représentations des exploits de de Boigne en Inde. Le tout mesure 17,65 mètres de haut et a été classé à l'inventaire des monuments historiques le 7 mai 1982. L'eau sort de la trompe des éléphants pour se déverser dans le bassin de réception.

Le 17 décembre 2014, les 4 éléphants ont été enlevés pour être acheminés à Lyon pour restauration. A leur emplacement la municipalité a fait mettre des tentures représentant la partie arrière des éléphants avec la mention : « pour la première fois, il nous le montre ! ».

Original et humoristique

J.D. 28 décembre 2014

le Tâj Mahal, photo Sabine Burdet, 14 février 2013

le Tâj Mahal, photo Sabine Burdet, 14 février 2013

Un des quatre éléphants vers 1910

Un des quatre éléphants vers 1910

éléphant, tenture provisoire, photo J.D. 27 décembre 2014

éléphant, tenture provisoire, photo J.D. 27 décembre 2014

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25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 09:49

Le comte de Savoie Amédée VI (le comte Verd) fit deux testaments :

*Le premier daté du 3 janvier 1366 (c'est-à-dire avant d'aller guerroyer en Orient pour libérer son cousin Jean V Paléologue empereur byzantin) nommait Bonne de Bourbon comme Régente des Etats de Savoie et comme tutrice du futur Amédée VII. Bonne de Bourbon, épouse du comte Verd avait de nombreux liens avec la Cour de France (voir la fiche N°194)

*Le second daté du 27 février 1383 de San Stefano près de Campobasso (ville du sud de l'Italie dans la région Molise) accordait à Bonne de Bourbon la gouvernance des Etats de Savoie à vie. Amédée VI n'hésita pas à confier des missions militaires à son fils mais pour l'administration et la diplomatie, il indiquait nettement qu'il faisait plus confiance à son épouse qui avait d'ailleurs de grandes qualités d'administratrice.

C'est 2 jours plus tard (le 1er mars) que Amédée VI quittait la vie emporté par la peste. Son fils Amédée VII (le comte Rouge) avait 23 ans.

Un conseil de régence se réunit à Chambéry et approuva le testament du comte Verd et un accord pour une cogestion fut conclut entre Bonne de Bourbon et son fils le 18 juillet 1383.

Ensuite, à la mort du comte Rouge le 1er novembre 1391, il y eut un conflit entre Bonne de Bourbon, mère du défunt et grand-mère du successeur (le futur Amédée VIII) qui avait 8 ans et Bonne de Berry, épouse du défunt et mère du successeur. C'est-à-dire un conflit entre la belle-mère et sa belle-fille. Le comte Rouge pour sa part avait fait juste avant sa mort un testament confiant la Régence à sa mère et non à sa femme.

BONNE de BERRY : Naquit en 1365. Elle est la fille de Jean de France duc de Berry et de Jeanne d'Armagnac. Elle avait épousé Amédée VII (le comte Rouge) le 18 janvier 1377.

Jean de France duc de Berry était un des fils de Jean le Bon roi de France, il était par conséquent le frère de Charles V roi de France, l'oncle de Charles VI roi de France... Jean le Bon (grand-père de Bonne de Berry) s'était marié avec Bonne de Luxembourg sœur de Charles IV empereur germanique. On voit que Bonne de Berry avait grandement autant de relations, spécialement avec la Cour de France, que Bonne de Bourbon. Il y avait d'ailleurs des liens familiaux communs ainsi par exemple : -Charles V roi de France était l'oncle de Bonne de Berry et le beau-frère de Bonne de Bourbon.

-Jeanne de Bourbon était la sœur de Bonne de Bourbon et la tante de Bonne de Berry.

-Charles VI roi de France était le cousin de Bonne de Berry (par son père) et le neveu de Bonne de Bourbon (par sa mère)

-De même, Bonne de Berry était la descendante au cinquième degré de Philippe le Hardi roi de France tandis que Bonne de Bourbon en descendait au troisième degré....

Le conflit n'était pas seulement un conflit belle-mère/belle-fille : trop classique. Il y avait derrière les intérêts du duc de Bourbon d'une part et ceux du duc de Berry frère du roi de France et du duc de Bourgogne d'autre part. Et on était encore en plein dans la guerre de Cent Ans, ce qui se passait en Savoie n'intéressait pas que les Savoyards.

C'est dans ce contexte qu'il faut replacer les rumeurs d'empoisonnement qui circulèrent dès la mort du comte Rouge (voir note N°196), l'arrestation et la torture du médecin (Jean de Grandville qui avait soigné le comte et qui avait été recruté par Bonne de Bourbon), par le clan du duc de Berry et « naturellement » les accusations furent portées par le torturé contre Bonne de Bourbon et un de ses proches, ainsi que l'exécution sauvage de l'apothicaire (Pierre de Lompnès)! Faute d'oser s'en prendre directement à Bonne de Bourbon, on s'en prit à son entourage et on répandit généreusement les aveux extorqués sous la torture. Ce genre de pratiques n'était pas nouveau et ne l'est toujours pas !

Aujourd'hui, il est admis que la blessure du comte Rouge se referma trop rapidement et qu'il mourut du tétanos. Jean de Grandville ne fut pas exécuté tout de suite après ses « aveux ». Où se réfugia-t-il ? Facile à deviner : chez le duc de Bourbon (au château de Montbrison où il ne survécut pas longtemps).

Chacune des deux Bonne avait ses partisans, on aurait pu en venir aux armes mais des « Etats généraux » furent réunis à Chambéry et le 27 avril 1393 ils donnèrent la Régence à Bonne de Bourbon et obtinrent le 8 mai de la même année, sous la pression du roi de France, un traité de réconciliation entre les deux Bonne. Il faut dire que ces Etats généraux étaient composés de locaux et que Bonne de Bourbon, Régente depuis le premier testament du comte Verd en 1366, tenait ses gens en main.

Mais dépitée de voir sa belle-mère triompher, Bonne de Berry s'exila et se remaria en décembre 1393. Elle était enceinte au moment de la mort du comte Rouge ; elle accoucha d'une petite Jeanne le 26 juillet 1392 soit, à quelques jours près, 9 mois après la mort du comte Rouge.

Bonne de Bourbon avait triomphé, mais le camp adverse était trop fort, le triomphe fut de courte durée. Le 2 novembre 1393, le duc de Bourgogne (frère du duc de Berry et du roi de France) émancipa le futur Amédée VIII (il avait 10 ans), et déclara la Régence terminée. Bonne de Bourbon s'exila à Macon où elle mourut le 19 janvier 1403.

Ainsi, la querelle des Bonne ne fut pas une bonne querelle car les deux à peu d'intervalle durent renoncer au pouvoir.

Au lieu de se combattre elles auraient mieux fait de s'entendre comme des sœurs, au moins on aurait pu les appeler (au choix) : les Bonne sœurs ou les sœurs Bonne (trop tentant!)

J.D. 25 octobre 2014

références :

fiche N°194 : http://jean.delisle.over-blog.com/2014/09/les-regentes-de-la-maison-de-savoie-n-194.html

fiche N°196 : http://jean.delisle.over-blog.com/la-mort-cu-comte-rouge-n-196.html

Le comte Verd, portrait publié en 1827 par Jean Frezet dans "Histoire de la Maison de Savoie"

Le comte Verd, portrait publié en 1827 par Jean Frezet dans "Histoire de la Maison de Savoie"

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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 17:56

En 1365, Charles IV empereur germanique passa en Savoie, en route vers Avignon où il allait pour se faire couronner « roi d'Arles » par le pape Urbain V. Le couronnement eut lieu le 4 juin 1365 dans l'église Saint Trophyme d'Arles.

LE ROYAUME D'ARLES :

Au début du cinquième siècle de notre ère, les Romains avaient laissé les Burgondes (originaires de l'Europe de l'est) s'installer dans une partie de la Gaule (région de la Savoie principalement) pour s'en faire des alliés contre les Huns (c'était les autres contre les Huns en précisant que la bataille des « champs catalauniques » où Attila fut vaincu par Aetius n'est pas située dans l'Ain mais dans l'autre c'est à dire près de Troyes dans l'Aube, ce qui n'en fait pas pour autant la guerre de Troie).

A partir de là s'étendit rapidement un royaume des Burgondes sur une grande partie du sud-est de la France mais pour relativement peu de temps car les Burgondes furent vaincus par les Francs au cours de plusieurs batailles entre 523 et 534.

Les Carolingiens firent l'unité de la France et même au-delà puisque le célèbre Charlemagne avait fixé sa capitale à Aix-la-Chapelle (Aachen pour les Allemands).

L'unité fut aussi brève puisque les petits-fils de Charlemagne se partagèrent son empire au traité de Verdun en 843. Toute la région sud-est se retrouva dans la « Lotharingie » en région tampon entre la « Francie occidentale » (future région francophone) et la « Francie orientale » (future région germanophone)

De rivalités en batailles et en divisions naquirent d'abord une Bourgogne transjurane et une Bourgogne cisjurane ou de Provence puis un royaume d'Arles en l'an 933 qui correspondait grosso-modo à l'ancienne Gaule narbonnaise.

La Savoie après avoir été allobroge, romaine, burgonde, franque, bourguignogne, s'était retrouvée dans le royaume d'Arles.

Se succédèrent comme rois d'Arles : Rodolphe II de 933 à 937, Conrad le Pacifique de 937 à 993 et Rodolphe III dit le Fainéant qui mourut le 6 septembre 1032. Sans descendant, en 1026, il avait institué Conrad II empereur germanique comme son héritier. Ce Conrad avait été confirmé roi d'Arles, le 2 février 1033 à Payerne (commune suisse du canton de Vaud) par une assemblée de notables et couronné roi d'Arles le 1er août 1034 à Genève par une assemblée d'évêques.

De son côté la France avait récupéré l'ancienne Bourgogne « transjurane » et voulait s'étendre. C'est pour se prémunir contre les visées d'extensions françaises que Conrad II Empereur germanique et roi d'Arles donna, en 1034, un titre de comte au Mauriennais Humbert et que commença l'histoire de la dynastie de la Maison de Savoie.

Amédée VI, le comte Verd avait obtenu, par décision du 17 mai 1361, de l'empereur Charles IV que la Savoie soit directement rattachée à l'autorité de l'empire et non plus par l'intermédiaire de ce royaume d'Arles.

C'est ainsi que la Savoie se retrouva directement vassale du Saint Empire romain germanique et le resta jusqu'à ce que les ducs de Savoie reçoivent un titre de roi suite aux traités d'Utrecht en 1713.

CHARLES IV A CHAMBERY :

A l'annonce de la venue de l'Empereur, le comte Verd s'était porté au devant de Charles IV, l'avait rejoint à Morat (en Suisse dans le canton de Fribourg) et l'avait accompagné par Payerne, Lausanne, Genève, Rumilly, jusqu'à Chambéry pour y faire une entrée triomphale le 11 mai 1365.

Le 13 mai 1365 eut lieu sur la place du château une cérémonie mémorable durant laquelle l'empereur, entouré des « princes-électeurs » (voir liste sur fiche N°167) investit le comte Verd d'un titre de « vicaire impérial » ce qui donnait à Amédée VI autorité sur de nombreux évêques dont ceux de Genève, Lausanne, Sion, Grenoble, Lyon, Turin etc

Il en coûta 100.000 écus d'or à Amédée VI ! Charles IV vendait titres et fonctions. Joseph Henri Costa de Beauregard écrit en 1816 (dans « mémoires historiques sur la Maison royale de Savoie ») que Charles IV avait « acheté en gros son empire pour le revendre en détail ».

La cérémonie fut suivie d'un grand banquet, puis le comte Verd accompagna l'empereur jusqu'en Avignon par Grenoble, Saint Marcellin, Valence … Ils arrivèrent en Avignon le 22 mai 1365.

Le 2 juin, d'Avignon, l'empereur autorisait la fondation à Genève d'une Université sous la protection des comtes de Savoie.

Cette décision associée au Vicariat livrait de fait Genève à la Maison de Savoie. Les souverains de Savoie successifs étendirent leur domination sur la Suisse sur un territoire qui correspond grosso-modo à la Suisse francophone d'aujourd'hui mais sans Genève

Les grandes manœuvres diplomatiques autant que militaires permirent à la Savoie de s'auto-proclamer un moment protectrice de Genève. Mais les Savoyards ne purent aller plus loin et leurs tentatives pour s'emparer de Genève se terminèrent par la lamentable (pour les Savoyards) nuit de l'escalade en décembre 1602, événement que les Suisses, légitimement, sont fiers de fêter régulièrement. Sur cette nuit de l'escalade, voir "Genève" sur la note N°56. Selon plusieurs sources, si les souverains savoyards avaient annexé Genève ils en auraient probablement fait leur capitale et quand on voit les investissements prestigieux qu'ils firent à Turin, les Genevois ont peut-être fait le mauvais choix mais on ne réécrit pas l'histoire ! Et en définitive ce sont les Genevois qui en 1816 ont récupéré 24 communes savoyardes qui font depuis partie du canton de Genève (voir liste sur note N° 142).

LA SUITE :

Les évêques concernés furieux de se retrouver sous la coupe du comte de Savoie multiplièrent les démarches tant auprès du Pape que de l'Empereur. Leurs démarches furent suivies d'effet puisque le 13 septembre 1366 Charles IV révoquait le vicariat impérial qu'il avait donné au comte Verd. Dans la foulée, l'université de Genève ne fut pas fondée tout au moins pas par la Savoie ni à la même époque puisque c'est Calvin en définitive qui fonda l'Université de Genève en 1559.

Nota : au quatorzième siècle on écrivait « verd » et non « vert » d'où sont restés : verdure, verdâtre, verdoyant, reverdir...Le surnom de Verd ayant été donné au comte Amédée VI et étant devenu son nom, il me parait qu'il y a lieu de lui conserver son orthographe d'origine. Il semble que je sois le seul de cet avis, mais comme le dit Victor Hugo : « s'il n'en reste qu'un... ». Personne ne m'en fera procès, encore que, par les temps qui courent, on se retrouve vite sur le mur des cons du syndicat de la magistrature !

J.D. 23 octobre 2014

références note N°56 : http://jean.delisle.over-blog.com/article-savoie-et-maison-de-savoie-99226231.html

références : note N°142 : http://jean.delisle.over-blog.com/2013/12/geneve-et-la-savoie-n-142.html

note N°167 : http://jean.delisle.over-blog.com/2014/12/marguerite-d-autriche-duchesse-de-savoie-n-167.html

Tour des Archives château des ducs, photo J.D. prise de la tour mi-ronde le 21 septembre 2014

Tour des Archives château des ducs, photo J.D. prise de la tour mi-ronde le 21 septembre 2014

Château des Ducs à Chambéry, tour mi-ronde depuis le portail Saint Dominique, photo J.D. 28 novembre 2014

Château des Ducs à Chambéry, tour mi-ronde depuis le portail Saint Dominique, photo J.D. 28 novembre 2014

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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 16:34

*Amédée VII est né le 24 février 1360 à Chambéry. Il est le fils d'Amédée VI (le comte Verd) et de Bonne de Bourbon (voir fiche N°194 consacrée aux Régentes).
Il fut marié le 18 janvier 1377 à Paris dans l'hôtel Saint-Pol avec Bonne de Berry fille du duc Jean de Berry, fils de Jean le Bon roi de France et frère du roi de France Charles V . Mais Bonne de Berry n'avait que 10 ans au moment du mariage et ce n'est qu'en mars 1381 qu'elle vint rejoindre son époux en Savoie d'abord au château de Pont d'A
in.

*Lorsque Amédée VI s'absentait, il confiait la Régence du comté à son épouse Bonne de Bourbon et la direction des armées savoyardes à son fils dès que cela fut possible.

*Amédée VII fit ses premières armes en 1378 contre le sire de Beaujeu en Maconnais

*A l'automne 1382, Charles VI, le nouveau roi de France, fit appel à l'aide de la Savoie contre les Anglais qui avaient effectué un nouveau débarquement à Dunkerque (on était en plein dans la guerre de Cent Ans). C'est Amédée VII à la tête de « sept cents lances » qui rejoignit les troupes françaises à Arras. Au moment du départ, Amédée VII apprit la mort de son père et c'est vêtu de noir qu'il arriva dans le nord de la France où les dames le surnommèrent : « le comte noir ».

*Les Savoyards et Amédée VII se battirent comme des lions aux côtés des Français et les Anglais, cette fois là, durent rembarquer. Admiratif devant le courage d'Amédée, le roi de France (Charles VI) déclara que le rouge, couleur du feu, irait mieux que le noir à Amédée qui s'habilla en rouge et fut surnommé « le comte Rouge ».

*Amédée VII fit aussi la guerre en Suisse contre les Valaisans qui s'étaient révoltés suite à la nomination d'un évêque issu de la Maison de Savoie en remplacement d'un autre évêque qui avait été défenestré. En juillet 1384 la ville de Sion fut prise par les troupes savoyardes, pillée et incendiée. En 1388 ce furent les troupes savoyardes commandées par Rodolphe de Gruyère qui furent massacrées par les Valaisans. Il fallut 3 années au comte Rouge pour reprendre complètement le Valais. Toujours en 1388, le comte Rouge avait annexé Nice et sa région à la Maison de Savoie. C'est le 28 septembre 1388 qu'Amédée avait fait une entrée triomphale à Nice. C'est en 1526 que cette acquisition de la Maison de Savoie prit le nom de « comté de Nice »

*Avec Bonne de Berry, Amédée VII eut 3 enfants : Amédée né le 4 septembre 1483, futur Amédée VIII, ainsi que 2 filles (Bonne et Jeanne). Avec une maîtresse originaire de Bourg-en-Bresse (Françoise Arnaud), Amédée eut également 2 enfants : Humbert dit Humbert le Bâtard et une fille (Jeanne)

LA MORT DU COMTE ROUGE :

En octobre 1391, la Cour de Savoie était à Ripaille. Entre le 9 et le 11 octobre Amédée VII qui chassait dans les forêts de la région de Thonon eut un grave accident. Son cheval heurta une racine et se renversa sur Amédée qui subit une blessure au tibia droit.

Amédée fut soigné par un médecin nommé Jean de Grandville qui avait été recruté à la Cour de Savoie par Bonne de Bourbon mère d'Amédée VII. Les remèdes appliqués par Grandville et préparés par l'apothicaire (pharmacien) Pierre de Lompnes furent sans effet et Amédée VII décéda dans la nuit du 1 au 2 novembre 1391. Le comte Rouge fut inhumé à Hautecombe.

Très vite le bruit se répandit et la nouvelle ne fit qu'enfler qu'il avait été empoisonné.

Le médecin, Jean de Grandville, fut mis à la torture et sous l'effet des traitements avoua tout ce que les tortionnaires voulaient lui faire avouer. Il accusa Bonne de Bourbon et Othon III de Grandson seigneur d'Aubonne (en Suisse dans le canton de Vaud).

Quant à l'apothicaire voilà le traitement qui lui fut réservé. J'en prends le récit dans le livre consacré à Amédée VI et Amédée VII publié en 1957 chez Albin Michel et

œuvre de Marie-José (fille du roi des Belges Albert 1er et dernière reine d'Italie en 1946, décédée en 2001 elle fut inhumée à Hautecombe où elle rejoignit son mari Humbert II dernier roi d'Italie).

Voici ce récit :

« Au mois de juillet 1393, Pierre de Lompnes fut décapité, puis écartelé sur la place de Chambéry, devant les représentants des communes vaudoises, et entouré de soldats qui faisaient grand vacarme avec leurs armes pour couvrir la voix dudit Pierre. Son corps fut coupé en morceaux, salés et mis dans des barils, puis envoyés dans les villes de Moudon, d'Avigliana, et d'Ivrée, en Piémont. La tête fut transportée à Bourg-en-Bresse, et attachée, tournée de face, à une des portes de la ville. Vision terrifiante et injuste châtiment ».

Alors que le 3 avril 1395, à Bourg-en-Bresse, le pauvre Pierre de Lompnes était reconnu innocent !

Quant à Othon de Grandson qui avait été accusé sous la torture par le médecin Grandville, il s'était d'abord enfui en Angleterre. Il rentra en France en 1396 (il avait 60 ans) et fut alors provoqué en duel par l'un de ses ennemis (Gérard d'Estavayer). Le duel eut lieu à Bourg-en-Bresse le 7 août 1397 et Othon de Grandson fut tué.

Sympa les mœurs du Moyen-Age !

Bien sûr si l'on compare avec les guerres, massacres, attentats et génocides de toutes sortes du XXe siècle, il n'y a pas photo ! Et si l'on se tourne au temps de Néron, d'Attila et de beaucoup d'autres ce n'est pas mieux.
Triste cons
tat

J.D. 22 octobre 2014

Le comte Rouge, illustration de Samuel Guichenon en 1660 dans "Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie"

Le comte Rouge, illustration de Samuel Guichenon en 1660 dans "Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie"

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 12:11

Quelques idées de sorties ou voyages sur le thème de l'histoire de la Savoie ou de la Maison de Savoie

 

*En Savoie :

Saint Jean de Maurienne :

La Maurienne est le berceau de la dynastie de la Maison de Savoie. La cathédrale saint Jean Baptiste (construite entre le XIe et le XVe siècle) contient dans son péristyle construit en 1771 deux éléments liés à l'histoire de la dynastie Savoie :

*une plaque réalisée à Turin en marbre de Carrare et parvenue en Maurienne en 1771 et qui représente l'empereur germanique Conrad II le salique remettant son titre de comte à Humbert.

*un mausolée qui fut édifié en 1826, suite à la redécouverte des cendres de 3 comtes de la Maison de Savoie : Humbert aux Blanches Mains, le fondateur décédé en 1048, Amédée 1er décédé en 1051 et Boniface mort en 1203

Les forts de l'Esseillon en Maurienne :

Ces forts furent construits de 1819 à 1854 sur les territoires des communes d'Aussois et d'Avrieux par les rois de Sardaigne pour protéger le Piémont d'une invasion française. Ces forts ont été acquis à partir de 1975 par les 2 communes concernées et font l'objet depuis d'importants travaux de restauration. Les forts reçurent le nom de souverains de Savoie de l'époque, à savoir : forts Marie-Christine, Charles-Albert, Charles-Félix, Victor-Emmnanuel 1er et redoute Marie-Thérèse. En vertu des accords de cession de la Savoie à la France en 1860, ces forts devaient être démolis. Seul, heureusement, le fort Charles-Félix le fut en grande partie.

Château de Charbonnières :

Ce château était situé en surplomb au dessus d'Aiguebelle et commandait  l'entrée de la Maurienne  ainsi que la route d'accès à l'Italie. Il en est fait mention dès le XIe siècle. Il fut la première résidence de la Maison de Savoie. Seraient nés dans ce château les comtes de Savoie Amédée 1er, Othon 1er, Amédée II, Thomas 1er et Philippe 1er.

Ce Château-forteresse fut assiégé et pris par les troupes françaises en 1536, 1597, 1600, 1630, 1690 et par les Espagnols en 1743.

Les sièges firent d'importants dégâts que les souverains de Savoie firent à chaque fois réparer. Mais les destructions de 1743 furent telles que le château est depuis resté à l'état de ruines. 

Château de Miolans :

Ce château situé sur la commune de Saint Pierre d'Albigny, fut construit sur un piton rocheux qui domine la vallée de l'Isère entre Albertville et Montmélian. La première bâtisse date du XIe siècle. Le château, fortifié au fil du temps, appartint à la famille de Miolans jusqu'à ce qu'il soit cédé au duc de Savoie Charles III en 1523. Les ducs de Savoie puis les rois de Sardaigne se servent de ce château comme prison d'Etat de 1564 jusqu'à l'invasion française de 1792. Le plus célèbre prisonnier détenu dans cette prison fut le marquis de Sade de décembre 1772 à avril 1773. A l'époque, le château fut surnommé « la bastille savoyarde ».

Abandonné à partir de l'occupation française de 1792, le château fut racheté le 16 août 1869 par Eugène Guiter qui fut préfet. Le château est resté ensuite dans sa famille.

Parmi les membres de la famille Miolans, signalons Geoffroy de Miolans qui accompagna le comte de Savoie Amédée III à la seconde croisade en 1147, Jean de Miolans qui fut conseiller d'Amédée VIII et Anthelme de Miolans qui fut maréchal de Savoie à la fin du XVe siècle.

Montmélian :

Le fort (ou la citadelle) de Montmélian fut durant plusieurs siècles le principal élément de défense de la Savoie. Situé en surplomb au dessus de la vallée de l'Isère, à la croisée des chemins entre l'axe Genève/Valence (via Grenoble) et l'axe Lyon/Turin via la Maurienne (col du Mont-Cenis) ou la Tarentaise (Petit Saint Bernard), le fort était vraiment dans une position stratégique.
La mention la plus ancienne de ce fort est de 1030. Y naquirent les comtes de Savoie Amédée III en 1095, Amédée IV en 1197, ainsi que Thomas II comte de Maurienne en 1199.

Le fort fut d'abord le témoin des guerres entre les Dauphinois et les Savoyards (voir la note N°74 http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-guerres-dauphiné-savoie-110715942.html) . Le Dauphinois Guigues IV d'Albon fut tué au siège du fort de Montmélian. Puis vinrent les guerres contre la France avec le siège du fort par les troupes de François 1er en 1536, d'Henri IV en 1600, de Louis XIII en 1630 et de Louis XIV en 1691 et en 1705, à la suite de quoi, Louis XIV fit démolir le fort.

Aujourd'hui, il n'en reste que quelques soubassements mais un musée historique à Montmélian en retrace l'histoire. Ce musée animé par l'Association des Amis de Montmélian, conserve un buste du roi Charles-Albert.

Le duc de Savoie Emmanuel-Philibert avait fait établir en 1563, une fonderie de canons dans l'enceinte de la forteresse de Montmélian.

Chambéry :

C'est le comte Thomas 1er de Savoie qui fit l'acquisition du bourg de Chambéry en mars 1232 et y transféra la capitale de la maison de Savoie du Bourget-du-Lac à Chambéry. C'est le comte Amédée V dit Amédée-le-Grand qui acheta le château lui-même en 1295, y fit faire de grands travaux et y installa l'administration comtale. C'est Amédée VIII qui fit construire la sainte Chapelle près du château de 1408 à 1430. C'est dans cette chapelle qu'eurent lieu les mariages de Louis XI et de Charlotte de Savoie en 1451, de Charles d'Orléans et de Louise de Savoie (parents du futur François 1er roi de France) en 1488, du duc de Savoie Charles-Emmanuel II et de Françoise Madeleine d'Orléans (nièce de Louis XIII roi de France) en 1663, du duc de Savoie Victor-Amédée II avec Anne-Marie d'Orléans (nièce de Louis XIV roi de France) en 1684, de Charles-Emmanuel III roi de Sardaigne avec Elisabeth-Thérèse de Lorraine en 1775, de Charles-Emmanuel IV roi de Sardaigne avec Clotilde sœur de Louis XVI en 1820 et d'Alphonse de Lamartine avec Mary-Ann Birch le 6 juin 1820. Cette chapelle abrita également le Saint-Suaire de 1502 à 1579 (date du départ pour Turin). Ce Saint Suaire avait été apporté à Chambéry en 1453 par Anne de Chypre qui avait épousé le duc de Savoie Louis 1er en 1433.

Avant le transfert à Turin, Chambéry fut la capitale de la Maison de Savoie durant 330 années dont près de 270 au château, appelé aujourd'hui « château des ducs », même si les comtes y prirent une place grandement aussi importante que les ducs, mais l'appellation « ducs » fait plus « classe » que celle de comtes. De quoi faire un conte sur la cour des Comtes pour en rendre compte (trop tentant!)

A Chambéry, dans la cathédrale Saint François-de-Sales, plusieurs membres de la Maison de Savoie sont représentés dans des vitraux ou peintures.

Sur la place qui borde l'Université de Savoie (rue Marcoz à Chambéry) se trouve "l'obélisque de Charles-Félix". Cet obélisque avait été dressé en 1824 dans les jardins du château pour la venue à Chambéry de Charles-Félix et fut transporté à son emplacement actuel en 1937.

  Le Palais de Justice dont la première pierre a été posée le 27 mai 1850 par le roi Victor-Emmanuel II et la reine Adélaïde d'Autriche. Fut terminé après la réunion de la Savoie à la France en 1860. Ce bâtiment avait été construit pour l'ancien Sénat de Savoie qui avait été créé par le duc Emmanuel-Philibert en 1560.

 Abbaye royale d'Hautecombe :

Cette abbaye située sur la rive ouest du lac du Bourget fut fondée en 1125 par le comte Amédée III. Elle fut transformée en faïencerie par les « révolutionnaires » de 1799 à 1807. C'est le roi de Sardaigne Charles-Félix qui fit rénover cette abbaye à partir de 1824. Décédé en 1831, c'est sa veuve Marie-Christine qui poursuivit le travail. A l'époque, la tour-phare fut appelée "tour Marie-Christine". Un certain nombre de membres de la famille de Savoie dont le dernier roi d'Italie (Humbert II) et la dernière reine d'Italie (Marie-José) sont inhumés à Hautecombe.

Château de Thomas II de Savoie :

Ce château fut construit au Bourget du Lac à partir de 1248 pour le compte du comte Thomas II (comte de Maurienne) fils de Thomas 1er (comte de Savoie). Ce château fut victime du feu au XVe siècle. Il est en cours de restauration à l'initiative du Conseil Général de la Savoie. Depuis l'été 2014, dans la "tour de la poterne" a été ouvert un espace muséographique consacré au lac du Bourget.

Les Echelles :

La commune des Echelles est un chef-lieu de canton situé à l'ouest de la Savoie. Béatrice de Savoie y naquit en 1198. Mariée à Raymond Béranger comte de Provence, Béatrice fut mère de 4 filles qui furent reines ou impératrice. Elle fit construire aux Echelles une commanderie de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem (aujourd'hui mairie) et elle possédait aux Echelles, un château dont il ne reste plus que des ruines. A l'initiative de l'office de tourisme il existe un « circuit Béatrice de Savoie ». Béatrice de Savoie a également donné son nom aux Echelles à un collège et à une résidence pour personnes âgées.

Près des Echelles sur la « voie sarde » (à gauche juste avant l'entrée du tunnel des Echelles en venant de Chambéry) se trouve l'ancienne voie romaine, complémentaire de celle qui passait par le col Saint Michel. Le duc de Savoie Charles-Emmanuel II, fit agrandir et améliorer cette ancienne voie romaine, transformée aujourd'hui en agréable promenade piétonne où l'on peut découvrir un monument dédié à Charles-Emmanuel II (duc de Savoie de 1638 à 1675), ainsi que l'accès aux grottes dites « des Echelles » mais situées sur le territoire de Saint Christophe la Grotte.

Aix-les-Bains :

Aix avait été le siège d'une résidence royale au temps de Rodolphe III dernier roi de Bourgogne. Par acte du 24 avril 1011, Rodolphe avait fait don d'Aix à son épouse Hermengarde. C'est après la mort de ce Rodolphe que se sont constituées les dynasties de la Maison de Savoie et celle des comtes de Genève. Aix-les-Bains s'est retrouvée du côté savoyard mais à la limite avec la zone d'influence de Genève. Cette limite reprenait celle qui avait été instituée à la fin du troisième siècle de notre ère au moment de la création des cités de Grenoble et de Genève par division de l'ancienne cité de Vienne.

Aix située en limite des deux pouvoirs servit à plusieurs reprises (1156, 1184, 1293) de siège pour des négociations et traités entre les ennemis (Genève et Savoie). Dès le onzième siècle, un premier château avait été construit à Aix où résidait un seigneur qui deviendra vassal des souverains de Savoie.

Ces seigneurs d'Aix recevront le titre de barons en 1476 puis de marquis en 1575.

Pierre de Seyssel seigneur d'Aix participa à la quatrième croisade dans la suite du comte de Savoie Thomas 1er. Il rapporta de Constantinople, en 1204, un morceau de la vraie croix (ou supposé tel). L'église de Sainte Marie prit alors le nom d'église Sainte Croix où cette croix fut durant des siècles objet de dévotions. Cette église qui était située sur l'actuelle place Maurice Mollard fut démolie au début du XXe siècle lorsque fut édifiée l'église Notre-Dame.

En 1491, le seigneur d'Aix avait pris partie pour le comte de Genève lors d'un conflit avec le duc de Savoie. Le château d'Aix fut pris par les troupes ducales et mis à mal.

En 1564, la Chambre des Comptes se transporta de Chambéry à Aix pour éviter une épidémie de peste. 

Une partie des anciens Thermes d'Aix qui furent inaugurées en 1832, furent construits à l'initiative de Charles-Albert roi de Sardaigne.

En 1794, Albitte représentant de la Convention en mission en Savoie fit détruire dans le château d'Aix tous les symboles « féodaux » (meurtrières, mâchicoulis, créneaux et clés de voûtes de l'escalier qui portaient des symboles : écussons et collier de l'Annonciade). Le donjon sera démoli en 1873.

Au moment de la réunion de la Savoie à la France en 1860, le dernier marquis d'Aix (Charles-Albert de Seyssel) se retira à Sommariva en Piémont. Par acte du 14 septembre 1866, il vendit le château à la ville d'Aix qui y installa son hôtel de ville, qui abrite toujours des services municipaux. Ce bâtiment a un mur mitoyen avec un temple romain dit « temple de Diane ».

*Dans l'Ain

Citadelle de Bourg-en-Bresse :

C'est en 1272 que la Maison de Savoie avait récupéré la Bresse.

En 1569 le duc de Savoie Emmanuel-Philibert fit bâtir une forteresse à Bourg-en-Bresse qui prit le nom de Fort Saint Maurice.

Le 13 août 1600, sous le règne du duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er, la ville de Bourg fut prise par les troupes d'Henri IV roi de France.

La citadelle résista, mais la Bresse fut cédée à la France par le traité de Lyon du 16 janvier 1601.

Les troupes (savoyardes) évacuèrent la citadelle le 9 mars 1601.

Cette citadelle fut rasée en 1611. Aujourd'hui, la rue de la Citadelle à Bourg-en-Bresse en rappelle seule le souvenir. 

Eglise de Brou à Bourg-en-Bresse :

On doit la construction de cette église à Marguerite d'Autriche, née à Bruxelles le 10 janvier 1480, fille de Maximilien empereur germanique et petite-fille de Charles-le-Téméraire par sa mère Marie de Bourgogne. Son frère Philippe qui deviendra Philippe 1er de Castille est le père de Charles Quint. Cette Marguerite fut mariée le 28 novembre 1501, au duc de Savoie Philibert II Le Beau (frère de Louise de Savoie, mère de François 1er). Marguerite d'Autriche fut donc la tante de Charles Quint par son frère Philippe et la tante de François 1er par son mari Philibert.

C'est pour y inhumer son mari décédé le 10 septembre 1504 qu'elle fit construire cet édifice où elle le rejoindra lors de son décès le 1er décembre 1530. Marguerite de Bourgogne, mère de Philibert II le Beau y est également inhumée. Les trois tombeaux sont dans le chœur de l'église. Derrière le chœur, il y a un ensemble de 5 vitraux ; sur le second vitrail en partant de la gauche est représenté Philibert le Beau accompagné de Saint Philibert et sur le second vitrail en partant de la droite est représentée Marguerite d'Autriche accompagnée de Sainte Marguerite. Ils sont également représentés dans le même motif et réunis dans le même vitrail dans la chapelle de Marguerite d'Autriche à gauche du chœur.

La Bresse avait été apportée en dot par Sibylle de Bôgé lors de son mariage le 5 juillet 1272 avec le comte de Savoie Amédée V dit Amédée-le-Grand

C'est par le traité de Lyon le 17 janvier 1601 que la Maison de Savoie perdit La Bresse, Le Bugey, le Valromey et le Pays de Gex suite à une guerre contre Henri IV roi de France.

L'église fait partie de l'ensemble du « Monastère royal de Brou » situé à l'entrée de Bourg-en-Bresse (en venant de Savoie), le long du Bd de Brou. En sortant de l'église, et en prenant le Bd de Brou à droite, la première rue que l'on croise est la rue « Marguerite d'Autriche » et la seconde est la rue « Philibert le Beau ».

Cathédrale Notre-Dame à Bourg-en-Bresse :

Au treizième siècle, l'église Saint Pierre (à l'emplacement où se trouve aujourd'hui l'église de Brou) était l'église paroissiale des habitants de Bourg-en-Bresse. En même temps un culte à Marie s'était développé à l'emplacement de l'actuelle cathédrale Notre-Dame de Bourg-en-Bresse. Un oratoire, s'était transformé en chapelle. Lorsque Marguerite d'Autriche duchesse de Savoie, voulant récupérer le site de Brou, demanda au pape (Jules II) le transfert du centre paroissial de Saint Pierre à Brou à Sainte Marie à Bourg; ce que fit Jules II par bulle du 16 juillet 1506.

Lorsque la Bresse devint française en 1601, l'actuelle cathédrale était en construction, le chœur, les portes et les travées de la nef étaient terminés. Après interruption, les travaux reprirent en 1640. La construction de cette cathédrale reste liée à l'histoire de la Maison de Savoie. 

Abbaye d'Ambronay :

L'Abbaye fondée au temps de Charlemagne se plaça sous protectorat savoyard en 1282. A l'extérieur, 2 tours de défense (tour des Archives et tour Dauphine), reliées par un bâtiment qui servit d'infirmerie, furent édifiées par les Savoyards au XIVe siècle pour se protéger des invasions des Dauphinois. Aujourd'hui, l'église et le cloître se visitent tandis qu'une grande partie des bâtiments est utilisée depuis 1980 comme « centre culturel de rencontres » et pour accueillir le festival de musiques anciennes .

Château de Pont-d'Ain :

Ce château fut acheté par Amédée IV dixième comte de Savoie en 1289. Il fut rebâti par Aymon le Pacifique qui fut le seizième comte de Savoie de 1329 à 1343. Naquirent dans ce château de Pont-d'Ain : Edouard (quinzième comte de Savoie) en 1284, Louise de Savoie en 1476 et Philibert le Beau (huitième duc de Savoie en 1480 qui est décédé également à Pont-d'Ain en 1504. Ce château n'est pas ouvert à la visite du public.

Château des Allymes à Ambérieu en Bugey :

Ce château fut construit par le dauphin de Viennois Jean II entre 1312 et 1321. Les Savoyards s'en emparèrent en 1335 sous Aymon le Pacifique (comte de Savoie de 1329 à 1343). Démoli en 1557, restauré à partir de 1559, ce château cessa d'appartenir à la Savoie lorsque celle-ci perdit le Bugey au traité de Lyon en 1601. 

Forteresse de Pierre-Châtel :

Cette forteresse qui surplombe le Rhône est située sur le territoire de la commune de Virignin. La première mention qui en est faîte date de 1149.

C'est en 1077 au temps du comte Amédée II que le Bugey passa sous le contrôle de la Maison de Savoie, grâce à l'empereur germanique Henri IV. Plusieurs comtes de Savoie au XIII/XIVe siècles, principalement le comte Thomas 1er, utilisèrent le lieu comme résidence temporaire. La Savoie perdit le Bugey au traité de Lyon en 1601. Le maréchal Biron s'était emparé de la forteresse en 1600 pour le compte d'Henri IV roi de France.

C'est Amédée VI dit le comte Verd qui décida en 1386 d'adjoindre une chartreuse à cette forteresse. Les Chartreux en furent chassés au moment de la Révolution française. C'est le même comte Verd qui créa vers 1362 l'ordre du Collier à Pierre-Châtel. En 1518 sous le duc de Savoie Charles III le Bon, cet ordre prit le nom de « Ordre de l'Annonciade »

Aujourd'hui, la forteresse de Pierre-Châtel est une propriété privée.

Châtillon-sur-Chalaronne (autrefois Châtillon-en-Dombes) :

La ville de Châtillon est située à peu près à mi-chemin entre Bourg-en-Bresse et Villefranche-sur-Saône. Un village se développa suite à la construction d'un château vers l'an mil. Le mariage le 5 juillet 1272 de Sibylle de Bâgé avec le comte de Savoie Amédée V donna la Bresse à la Maison de Savoie, jusqu'à ce que la France la récupère au traité de Lyon (17 janvier 1601). Dès 1273, la ville obtenait une charte de franchise, puis durant l'appartenance à la Maison de Savoie :

-la construction d'une enceinte fortifiée

-de l'église saint André (classée aux monuments historiques le 14 avril 1909)

-des Halles de 80 mètres sur 20 (classées aux Monuments Historiques le 14 novembre 1988)

-la reconstruction de la chapelle du château qui avait été incendiée en 1402

-le renforcement des 6 tours du château en 1413 et la construction d'une septième tour à partir de 1422. Les troupes françaises d'Henri IV détruisirent le château en 1598. Une reconstruction partielle a été effectuée entraînant un classement aux Monuments Historiques le 22 février 1927.

La ville conserve donc d'importantes traces de son passé « savoyard ».

Pérouges :

C'est par un traité de Paris daté du 5 janvier 1354 que le roi de France Jean-le-Bon céda plusieurs cités dont Pérouges au comte de Savoie Amédée VI (le comte Verd), Cette cité resta savoyarde jusqu'au traité de Lyon en 1601. Sa période savoyarde se distingua surtout par une résistance victorieuse en 1468 contre les troupes du Dauphiné.

Belley :

Capitale du Bugey, Belley a des liens très anciens avec la Maison de Savoie puisque au début du onzième siècle, Oddon évêque de Belley est le frère de Humbert le fondateur de la dynastie Savoie. La ville comme tout le Bugey appartint à la Savoie de 1077 au traité de Lyon en 1601. Comme souvenir de cette appartenance, on trouve encore à Belley une « rue de Savoie » et un hôtel particulier (classé aux Monuments historiques le 21 octobre 1926) appelé « hôtel des Ducs de Savoie ».

*En Haute-Savoie :

Annecy :

Le château d'Annecy a d'abord été la résidence des comtes de Genève, mais le 5 août 1401, le comte de Savoie Amédée VIII fit l'acquisition du comté de Genevois dont Annecy et Amédée VIII fit du château d'Annecy une de ses résidences. Le duc de Savoie Louis 1er (1413/1465) y fit construire la tour Perrière.

Bonneville :

à Bonneville il y a une colonne de 44 mètres de haut érigée de 1824 à 1826 en l'honneur de Charles-Félix (roi de Sardaigne de 1821 à 1831) en remerciement de l'endiguement de l'Arve

Cluses :

C'est par décret royal du 31 mars 1848 sous le règne du roi Charles-Albert qu'a été créée l'école royale d'horlogerie de Cluses. Les bâtiments de cette école servent aujourd'hui pour un lycée d'enseignement général mais un musée de l'horlogerie qui retrace l'histoire de cette activité à Cluses a été ouvert en 1993 dans un bâtiment qui servit autrefois de manufacture de coton puis de fabrique d'horlogerie et de décolletage avant de devenir musée.

Château de Ripaille :

Ce château est situé en Haute-Savoie sur la rive française du lac Léman.

C'est Bonne de Bourbon (cousine de Jean le Bon roi de France et nièce de Philippe VI autre roi de France), épouse du Comte Verd qui fut à l'origine de la construction du château de Ripaille à partir de 1371.

C'est Amédée VIII, dernier comte de Savoie, premier duc puis Félix V (pape pour les uns et anti-pape pour d'autres) qui fit agrandir Ripaille à partir de 1434 et s'y retira. Lorsque ce Félix V renonça à la tiare papale en 1449, il se contenta d'un titre de cardinal-légat

Pont de la Caille :

Situé près de Cruseille, sur la route Annecy/Cruseille, ce pont fut construit en 1838 sous le règne de Charles-Albert et inauguré le 11 juillet 1839. Il avait d'abord pris le nom de « pont Charles-Albert » et avait remplacé un pont écroulé en 1813.

Fort de l'Annonciade à Rumilly :

C'est en 1411 au temps d'Amédée VIII (encore comte de Savoie en 1411) que la Savoie récupère Rumilly qui antérieurement appartenait aux comtes de Genève.

Lorsque Emmanuel-Philibert (dixième duc de Savoie) transfère la capitale de Chambéry à Turin en 1562, il fait construire plusieurs forts, aux frontières, pour assurer la défense du duché contre de possibles invasions françaises et suisses.

C'est dans ce cadre qu'est construit entre 1569 et 1581 le fort de l'Annonciade à Rumilly. La première orthographe était fort de la Nonciade.

Louis XIII s'empara de ce fort en 1630 et le fit totalement raser.

Thonon-les-Bains : En 1016, à Strasbourg, Rodolphe III roi de Bourgogne avait désigné l'empereur du Saint Empire romain germanique comme son héritier. A la mort de Rodolphe le 6 septembre 1032, il y eut conflit entre Conrad II le Salique empereur germanique et un neveu de Rodolphe III : Eudes qui revendiquait l'héritage. Humbert de Maurienne soutint l'Empereur et en remerciement reçut le titre de comte et divers territoires dont le Chablais (en 1034). Le comte de Savoie Amédée V fit construire un premier château à Thonon-les-Bains à partir de 1290. Ce château fut agrandi et transformé par Marie de Bourgogne (épouse d'Amédée VIII d'abord comte puis duc de Savoie) à partir de 1415. Marie une des filles d'Amédée et de Marie de Bourgogne était déjà née dans ce château en janvier 1411 (elle deviendra duchesse de Milan). Ce château servit de résidence aux souverains de Savoie et fut le témoin de diverses cérémonies. Le 15 août 1424, Amédée VIII (duc depuis 1416) décerna à son fils aîné (Amédée) le titre de prince de Piémont et à son fils Louis le titre de comte de Bagé. C'est au château de Thonon que fut signé le 16 janvier 1432 un concordat entre Amédée VIII et l'archevêque de Tarentaise ainsi qu'avec les évêques de Maurienne, de Belley et d'Aoste. Ce concordat définissait les pouvoirs respectifs en matière de justice entre l’Église et les pouvoirs civils. Marguerite dernière fille d'Amédée VIII et de Marie de Bourgogne fut mariée en 1434 avec Louis III d'Anjou (roi de Naples) mais fut veuve avant d'avoir rejoint son époux. Elle vint se retirer au château de Thonon en décembre 1435. Marie de Bourgogne décéda dans ce château le 8 octobre 1422. Le château fut démoli par les troupes françaises en 1589. Sur l'emplacement un autre château fut construit à partir de 1666. Aujourd'hui il est occupé par l'office de Tourisme de Thonon et le musée du Chablais.

Abbaye Sainte Marie d'Aulps :

Cette abbaye est située sur le territoire de Saint Jean d'Aulps à 24 kms au sud-est de Thonon. Elle a été fondée en 1094 grâce aux financements donnés par le comte de Savoie Humbert II. A sa suite Humbert III fera dans cette abbaye des retraites spirituelles et poursuivra le financement. L'activité monastique s'arrêta lors de l'invasion française de 1792. Le domaine et ses bâtiments ont été rachetés pour partie en 1994 par la communauté de communes de la vallée d'Aulps et pour le reste par le Conseil Général de Haute-Savoie en 2007. Ils en ont fait un lieu touristique. 

Château de Montrottier :

Ce château situé sur le territoire de la commune de Lovagny fut construit pour le principal entre le XIIIe et le XVe siècle et restauré au XIXe siècle. Le site appartint d'abord à la famille de Montrottier puis à la famille de Grésy à partir de 1266. Un représentant de cette famille vendit le château en 1425 au duc de Savoie Amédée VIII qui le revendit le 19 mars 1427 à Pierre de Menthon qui fut ambassadeur de la Savoie successivement à Paris, à Rome puis à Gênes. Le domaine fut érigé en baronnie en 1596 par le duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er puis en comté en 1632 par le duc de Savoie Victor-Amédée 1er. Le château resta dans la famille de Menthon jusqu'à l'invasion française de 1792. Il est depuis 1916 la propriété de l'académie florimontane. Cette académie fut créée durant l'hiver 1606/1607 par plusieurs personnalité dont François de Sales (futur saint François) et Antoine Favre, alors président du conseil du Genevois. Lorsque Antoine Favre devint président du Sénat de Savoie à Chambéry, en 1610, l'académie cessa de fonctionner pour reprendre vie en juin 1851.

Thorens-Glières :

Le comte de Genève Gérold II y fit élever un château en 1060 pour protéger La Roche-sur-Foron qui fut la capitale des comtes de Genève de 1033 à 1219. La Maison de Savoie s'empara de ce château en 1479 sous le règne du duc de Savoie Philibert 1er, en fait sous la régence de Yolande de France. La famille de Sales acheta le château en 1559, il fut démoli sur ordre de Louis XIII en 1630. Louis frère de Saint François de Sales fit reconstruire, quelques années plus tard, ce qui est aujourd'hui le château de Thorens et où naquit Philippine de Sales grand-mère de Camillo Cavour. 

*Dans l'Isère :

Fort Barraux :

Ce fort fut construit par le duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er en 1597. Dans la nuit du 15 mars 1598, alors que ce fort n'était pas encore armé et occupé, le duc de Lesdiguières s'en empara à la tête de 1200 hommes qui firent l'escalade des murs au clair de lune. Le fort fut transformé par Vauban en 1692.

Dans ce fort fut caserné une partie du régiment de Savoie-Carignan. Ce régiment formé en 1641 par le prince Thomas de Savoie-Carignan fut donné à Louis XIV en 1659 par Charles-Emmanuel II.

Ce régiment, (en tant que régiment français) se distingua par sa participation victorieuse le 1er août 1664 à la bataille de Saint Gothard (Szentgottàrd en Hongrie) contre les Turcs.

1200 soldats de ce régiment furent ensuite envoyés au Québec pour combattre les Iroquois et les Anglais. 400 de ces soldats restèrent au Québec pour assurer un peuplement francophone. Louis XIV leur envoya un contingent de jeunes femmes françaises qui furent appelées « les filles du roi »

Septème :

Ce site se trouve dans l'Isère à 11 kms à l'est de Vienne. Il fut occupé dès les Romains. Diverses maisons fortes et châteaux s'y succédèrent. Il appartint à la Maison de Savoie au treizième siècle au moment des guerres Dauphiné/Savoie. Le comte de Savoie Philippe 1er fit renforcer le château et construire des remparts fortifiés sur un km. Le château actuellement visible date des XVe/XVIe siècles. 

Saint-Georges-d'Espéranche :

Cette commune de l'Isère, située à peu près à mi-chemin entre Vienne et Bourgoin-Jallieu, a été fondée par la Maison de Savoie qui avait acheté une terre en 1251, fit construire une muraille de 3 kms de long et un château avec 4 tours. Mais en 1349, le Dauphiné fut rattaché à la France. La Révolution fit grand carnage dans cette commune comme dans beaucoup d'autres. En 1993, la Municipalité racheta ce qu'il restait du château soit une tour et un corps de bâtiment. La Croix de Savoie figure encore dans le coin supérieur gauche du blason de la commune.

 

*Dans les Vosges :

Ville de Plombières-les-Bains :

Cette ville est située dans les Vosges à une vingtaine de kms au sud d'Epinal. C'est là que se rendit secrètement Camillo Cavour les 20 et 21 juillet 1858 et qu'il négocia avec Napoléon III, l'aide de la France pour vaincre les Autrichiens, contre la Savoie et Nice

*Dans les Alpes-Maritimes :

Nice :

Le 27 juillet 1382, Jeanne de Naples (Nièce de Philippe VI roi de France) décédait. Elle était reine de Naples mais aussi comtesse de Provence. Sa mort entraîna une guerre de succession.

Les Grimaldi originaires de Gênes s'étaient expatriés en Provence suite à la victoire des Gibelins sur les Guelfes et tentaient fortune en Provence. Jean Grimaldi prit le parti de la Maison de Savoie. Un traité négocié à Barcelonette fut ratifié à Chambéry le 25 août 1388 par le comte de Savoie Amédée VII dit le comte Rouge. Amédée fit une entrée triomphale à Nice le 28 septembre 1388. La récupération de Nice donnait à la Savoie un accès direct à la mer. Avant cela, les souverains de Savoie étaient obligés de recourir aux services de Gênes ou Venise pour leurs expéditions maritimes.

Des pourparlers entre Amédée VII et la République de Florence eurent lieu à Nice durant l'hiver 1388/1389.

Un château avait été construit au XI siècle sur la colline qui domine Nice. Le pape Benoît XIII assiégé en Avignon par les troupes françaises parvint à s'évader de nuit en barque. Amédée VIII mit à sa disposition le château de Nice que ce pape occupa du 21 décembre 1404 au 13 novembre 1406.

Nice et sa région furent érigés en comté de Nice en 1526. Ce comté correspondait quasiment à l'actuel arrondissement de Nice.

En 1543, la ville de Nice fut assiégée par terre et par mer par une coalition franco-ottomane. cela se situait dans le cadre de revendications de François 1er (fils de Louise de Savoie) sur la Savoie et dans son opposition à Charles Quint. Malgré la résistance de la population galvanisée par une héroïne locale nommée Catherine Ségurane, la ville fut prise mais pas le château. Finalement la ville fut libérée en septembre par l'intervention d'une armée impériale (de Charles Quint) commandée par le duc de Savoie Charles III et par le marquis Del Vasto gouverneur de Milan.
C'est en 1614 que fut créé le Sénat de Nice. Nice suivit le sort du reste des territoires de la Maison de Savoie avec diverses occupations françaises ou espagnoles

C'est en 1705 que les troupes françaises s'emparent du château de Nice et que Louis XIV le fait démolir (en 1706)

En 1830 le roi Charles-Félix fait créer à l'emplacement de l'ancien château un jardin paysager. C'est le 4 juillet 1807 (alors que Nice avait été annexé à la France) que né à Nice Giuseppe Garibaldi, d'abord sous le prénom « Joseph ».

En Suisse :

Château d'Arenenberg (canton de Thurgovie) :

Ce monument est situé sur la rive suisse du lac de Constance. Il fut édifié au XVIe siècle et acheté en 1817 par Hortense de Beauharnais qui vint s'y retirer. C'est essentiellement là que furent élevés le futur Napoléon III ainsi que son cousin le célèbre Plon-Plon (qui épousa Clotilde fille de Victor-Emmanuel II en 1859). Après la chute de Napoléon III, Eugénie et son fils y firent de nombreux séjours et en 1906, Eugénie fit don du château au canton de Thurgovie qui le transforma en musée.

Château de Chenaux à Estavayer-le-Lac (canton de Fribourg) :

Ce château fut construit à partir de 1392 par la famille Estavayer au bord du lac de Neuchâtel. Il fut acquis en 1432 par Humbert le Bâtard (fils d'Amédée VII dit le comte Rouge) qui compléta les défenses du château. Le château fut incendié à l'occasion des guerres de Bourgogne (de 1474 à 1477, guerre qui opposa les Suisses aux Bourguignons). Le château fut reconstruit à partir de 1476. Il est aujourd'hui le siège de la préfecture du district de Broye. Cet Humbert avait participé à une croisade en 1396, fait prisonnier il fut libéré en 1402. Depuis 1991, tous les 3 ans des fêtes médiévales célèbrent le retour d'Humbert en 1402.

Romont (canton de Fribourg)

En 1239, les sires de Billens cédèrent leur modeste château à Pierre de Savoie (qui sera le comte de Savoie Pierre II de 1263 à 1268). Pierre fit démolir la bâtisse et fit construire un château fort et fortifier la ville. Il en reste le château et plusieurs tours. Trois membres de la Maison de Savoie porteront le titre de « comtes de Romont » : Pierre II, Humbert le Bâtard et Jacques second fils du duc de Savoie Louis.

Château de Chillon (canton de Vaud) :

Ce château est situé en Suisse, sur le lac Léman dans sa partie orientale. Selon un document de la « fondation du château de Chillon » : « La plus ancienne mention écrite du château date de 1150 ; on y apprend que la famille de Savoie contrôlait déjà la forteresse et par là même le passage le long du Léman ». La première construction sur ce site date du IXe siècle. Ce château appartint à la Maison de Savoie de 1150 (au plus tard) à 1536 (date où les Bernois s'en sont emparés). Aux souverains de Savoie, il servit d'arsenal, de prison ou de résidence temporaire. En 1816 il inspira à Lord Byron « le prisonnier de Chillon ». Le comte de Savoie Pierre II (décédé en 1268) fit restaurer, agrandir et fortifier ce Château, à partir de 1261, ce qui fait écrire à certains auteurs qu'il en est le constructeur. La croix de Savoie figure encore sur les tours et dans de nombreuses salles du châteaux. Mais de nombreux touristes doivent penser qu'il s'agit de l'emblème de la Suisse. Voir la fiche N°46 http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-trois-croix-81965433.html

Château d'Yverdon (canton de Vaud) :

Ce Château, situé à Yverdon-les-Bains dans le canton de Vaud, fut construit de 1260 à 1270 sur ordre du comte Pierre II de Savoie. Il appartint à la maison de Savoie jusqu'à la conquête par les Bernois en 1536. Ce château abrite aujourd'hui un musée historique ainsi qu'un musée suisse de la mode. Sur le territoire vaudois, Pierre II fit édifier 33 châteaux pour assurer la défense du territoire.

Château de la Bâtiaz à Martigny (dans le Valais) :

Surplombant la ville de Martigny, il y eut un premier bâtiment pour assurer la défense de la ville dès le XIe siècle, mais le château actuel fut construit au début du XIIIe siècle à l'initiative de l'évêque de Sion. Pierre II, douzième comte de Savoie s'en empara en 1259, Il s'empara également de la forteresse de la Crête. Il fit compléter la construction de la Bâtiaz par la tour centrale et l'enceinte. Il en garda la propriété jusqu'en 1268 date d'un traité entre la Maison de Savoie et l'évêque de Sion qui reprit la propriété du château.

Les comtes de Savoie le récupérèrent en 1384 au temps du comte Rouge et de Bonne de Bourbon. Le château fut incendié en novembre 1475 par les Haut-Valaisans, restauré par l'évêque de Sion et à nouveau incendié en 1518.

A l'initiative de « l'association pour l'aménagement et le développement du site historique de la Bâtiaz », le château fut restauré à partir des années 1980. Il est aujourd'hui le siège d'un musée national consacré à la machine de siège médiévale.

Saint Maurice (dans le Valais) :

Saint Maurice plus connu sous le nom de Saint Maurice d'Agaune est situé sur la rive gauche du Rhône à la frontière avec le canton de Vaud.

Un premier établissement religieux y fut créé dès l'an 515 à l'initiative de Théodore d'Octodure premier évêque du Valais.

En 1033, après la victoire d'Humbert 1er (Humbert aux Blanches Mains) sur Eudes neveu de Rodolphe III dernier roi de Bourgogne, la Savoie récupère Saint Maurice.

Au début du douzième siècle, Amédée III (septième comte de Savoie) installe dans l'abbaye des chanoines suivant la règle de Saint Augustin. En 1260, Pierre II s'empare de tout le Valais. Il s'en suit de nombreuses luttes avec l'évêque de Sion ainsi qu'avec les cantons « confédérés » (le premier pacte fédéral en Suisse est du 1er août 1291). La Maison de Savoie perd le Haut Valais en 1392 et le Bas-valais en 1476.

Genève :

Pendant longtemps, les souverains de Savoie ont rêvé d'annexer Genève et même d'en faire leur capitale. Mais Genève était aux mains d'une part de l'évêque de Genève et aussi d'une famille comtale dont 17 membres se sont succédés entre le XIe et le XIVe siècle. Le dernier mourut en Avignon, le 16 septembre 1394, sans descendance après avoir été le pape Clément VII (ou anti-pape selon le côté où l'on se place). Les rivalités entre comtes et évêques de Genève auraient pu permettre aux Savoyards de s'imposer mais ce ne fut pas le cas.

*Vers 1259, Pierre fils de Thomas 1er (et qui sera comte de Savoie en 1263 sous le nom de Pierre II) envahit Genève et s'empare du château du comte de Genève (château de Bourg-de-Four dont il ne reste plus qu'une porte visible au 14 de la rue de l'Hôtel de Ville)

*Le 1er octobre 1295, le comte de Savoie Amédée V fait alliance avec les bourgeois de Genève contre leur évêque et se déclare « protecteur » de Genève et en 1297 il s'empare de la Tour de l'Ile qui appartenait aux évêques de Genève qui l'avaient fait édifier en 1215. Cette forteresse gardait le pont sur le Rhône et permettait la perception des péages. En même temps les comtes de Savoie récupérèrent le « Vidomat » (droit de rendre la justice). Ils avaient un pied dans Genève.

*En 1355, Amédée VI (le comte Verd) installa son quartier général à Genève pour mener des opérations contre les habitants du Faucigny qui s'étaient soulevés et pour faire le siège d'Hermance.

*Le 5 août 1401, le comte de Savoie Amédée VIII acheta le comté de Genevois mais sans Genève. La ville était cependant, à ce moment là, complètement « encerclée » par les possessions savoyardes.

*le 1er octobre 1405, le comte de Savoie Amédée VIII faisait acte d'allégeance à l'évêque de Genève dans la cathédrale Saint Pierre, en échange de quoi, le Vidomat était confirmé et Amédée VIII lorsqu'il venait à Genève résidait dans le couvent des Dominicains de Plainpalais (démoli au XVIe siècle). La dynastie Savoie avait un pied de plus à Genève.

*En novembre 1477, Genève faisait alliance avec Berne et Fribourg.

*En décembre 1525, la Savoie imposait un protectorat à Genève mais celui-ci était annulé dès 1526 puis Genève devint protestante.

*Les tentatives de la Savoie sur Genève se terminèrent dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602 ; nuit de l'escalade où les Savoyards tentant de prendre Genève par surprise furent repoussés. Plusieurs plaques à Genève commémorent l'événement dont une rue de la Corraterie. Les Savoyards eurent 72 tués, 120 blessés et 13 prisonniers qui furent torturés, pendus et dont la tête fut fixée au bout d'une pique sur les remparts. Parmi ces 13, un Jacques fils de Charles Chaffardon de Saint Jean d'Arvey (Savoie).

Les Genevois pour leur part eurent 18 tués et 24 blessés. Cet événement, célébré chaque année, reste vivace à Genève où l'on trouve une « fontaine de l'escalade », une « tour de l'escalade », diverses inscriptions et où avait été composée une chanson de l'escalade...

Carouge :

C'est le traité de Turin du 3 juin 1754 qui régla les problèmes de frontière entre Genève et le royaume de Sardaigne, de part et d'autre de l'Arve. A ce moment, le territoire de Carouge ne comportait que 17 maisons et était plus un lieu de passage qu'une ville. Pour concurrencer Genève la rebelle, le roi de Sardaigne Victor-Amédée III chargea des architectes piémontais de créer une ville à l'emplacement de Carouge. Grâce à diverses mesures : abolition des péages, octroi de 2 foires annuelles, titre de « ville royale » accordé le 31 janvier 1786, tolérance religieuse y compris pour la communauté juive, Carouge se développa rapidement.

La ville de Carouge fut envahie par les troupes de la Révolution française le 2 octobre 1792, devint chef-lieu de district dans le département français du Mont-Blanc puis en 1798, chef-lieu de canton dans le département français du Léman, enfin cédée à la Suisse après la chute de Napoléon par le traité de Turin du 16 mars 1816.

De son passé lié à la Maison de Savoie, Carouge conserve une « place de Sardaigne » et une rue « roi Victor Amé ». 

*En Italie :

Château de Santena :

Santena se trouve à une vingtaine de kms au sud-est de Turin en direction d'Asti.

Un château fut construit à Santena entre 1712 et 1720. Ce château fut acheté par Philippe Benso marquis de Cavour qui avait épousé Philippine de Sales le 24 février 1781 à Thorens-Glières et qui utilisa la dot de Philippine pour l'acquisition de ce château et de son parc.

Dans une chapelle annexe au château sont inhumés Camillo Cavour, Philippine de Sales et quelques membres de leur famille

Turin :

Difficile de s'intéresser à l'histoire de la Maison de Savoie sans connaître Turin tellement cette ville est imprégnée de cette dynastie.

*Les monuments : le Palais royal (Palazzo Reale), le Palais Madame ( Palazzo Madama), le Palais Carignan (Palazzo Carignano), le Palazzo del Valantino (construit pour la duchesse Christine de France épouse du duc de Savoie Victor-Amédée 1er), la bibliothèque royale, l'armurerie royale, les jardins royaux, l'église San Lorenzo édifiée suite à la victoire du duc de Savoie Emmanuel-Philibert sur les troupes françaises le 10 août 1557 (jour de la Saint Laurent), l'église Santa Cristina piazza San Carlo érigée à la demande de Marie Christine en mémoire de son fils François-Jacinthe décédé à l'âge de 6 ans etc etc

*Les noms des rues, des places, des avenues : on trouve à Turin un peu partout des rues etc dénommées : Carlo Alberto, Carlo Emanuele, Carlo Felice, Conto Rosso, Conto Verde, Emanuele Filiberto, Madama Cristina, Maria Teresa, Maria Vittoria, Principe Amadeo, Principe Eugenio, Principe Tommaso, Re Umberto, Regina Margherita, Vittoria Amedeo, Vittorio Emanuele... sans compter tous les noms associés à la famille de Savoie : Cavour, Garibaldi etc

*la statuaire : le comte Verd place de la mairie, Emmanuel-Philibert place San Carlo, Charles-Albert piazza Carlo Alberto etc

Basilique de Superga (qui domine Turin)

Cette basilique fut érigée suite à un vœu de Victor-Amédée II (dernier duc de Savoie et premier roi de Sardaigne), lorsque la ville de Turin était assiégée par l'armée française de Louis XIV. La ville fut libérée en 1706 par le Prince Eugène de Savoie à la tête des armées autrichiennes.

De nombreux membres de la Maison de Savoie sont inhumés ou ont un cénotaphe à Superga

Les Résidences royales :

Turin fut la capitale de la Maison de Savoie de 1563 à 1866. Durant cette période, de nombreux palais furent construits ou rachetés par les différents souverains de la dynastie Savoie qui se succédèrent. Cet ensemble fut classé en 1997 au patrimoine mondial de l'UNESCO sous l'appellation « Résidences royales de la Maison de Savoie ». Certaines de ces résidences se trouvent à Turin même mais il existe également toute une couronne de monuments autour de Turin connue sous l'appellation « Corona di delizie » (couronne des délices).

Les Savoyards doivent connaître la ville de Turin elle-même, mais il y a beaucoup moins de gens qui connaissent la couronne des délices qui comprend, par rapport à Turin :

au nord : le château ducal d'Aglié (Castello ducale di Aglié)

au nord-ouest : le château de la Mandria (castello de La Mandria) et La Mandria (Reggia di Veneria Reale)

à l'ouest : le château de Rivoli (castello di Rivoli), sans oublier à Rivoli, la "casa del conte verde"  (bâtiment du XIVe siècle)aujourd'hui transformée en musée.

au sud-ouest : le pavillon de chasse de Stupinigi (Palazzina di Caccia di Stupinigi)

au sud : le château de Racconigi (castello di Racconigi) et le château de Moncalieri (castello di Moncalieri)

à l'est : la villa de la Reine (Villa della Regina)

La visite de cet ensemble pourrait faire l'objet d'un voyage et selon la durée du séjour pourraient y être ajoutés la basilique de Superga (voir ci-dessus) et le château de Santena (voir ci-dessus)

Vicoforte :

La localité de Vicoforte est située à 6 kms à l'est de Mondovi dans la province de Coni au sud de la région Piémont.

A partir de 1596, le duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er y fait édifier un sanctuaire dédié à la Vierge (basilique Regina Montis Regalis). A partir de 1733 (et jusqu'en 1752) y est implantée une vaste coupole (37,15 mètres sur 24,90 mètres), puis 4 campaniles complètent l'église en 1891. La même année une statue dédiée à Charles-Emmanuel 1er est inaugurée sur la place devant la basilique. Entre-temps, une statue dédiée à Marguerite de Savoie (fille de Charles-Emmanuel 1er) avait été réalisée à l'intérieur de la basilique en 1709.

Charles-Emmanuel 1er et Marguerite de Savoie sont inhumés dans la basilique.

A Mondovi même, une citadelle construite sur ordre d'Emmanuel-Philibert et terminée en 1573, à aujourd'hui vocation de caserne.

 

Dans le Val d'Aoste :

*Château de Sarre : (commune de Sarre) sur le site existait déjà un château au XIIIe siècle qui appartint à différentes familles dépendantes de la Maison de Savoie. Le château fut acheté en 1869 par Victor-Emmanuel II pour en faire sa maison de chasse. Il fut racheté en 1969 par la région autonome du Val d'Aoste.

*fort de Bard : (commune de Bard). Le site fut acheté par la Maison de Savoie en 1242. Le duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er y fait installer une garnison en 1661. La garnison du fort dut se rendre à Napoléon Bonaparte en mai 1800 après 2 semaines de siège. Puis Bonaparte fit détruire le fort. Il fut reconstruit de 1830 à 1838 sous le règne de Charles-Félix et Charles-Albert rois de Sardaigne. Camillo Cavour y effectua son service militaire. Le fort servit de poudrière à l'armée italienne jusqu'en 1975. Il fut alors racheté par la Région autonome du Val d'Aoste. Après restauration, il est transformé en "musée des Alpes" depuis 2006.

*Château Savoie : (sur la commune de Gressoney Saint Jean). ce château fut bâti à la fin du XIXe siècle pour la reine Marguerite de Savoie, reine d'Italie, qui y séjourna régulièrement jusqu'en 1925

 

A Palerme en Sicile :

Durant la guerre de succession d'Espagne, le duc de Savoie Victor-Amédée II avait pris parti successivement pour la France de Louis XIV puis contre. Cette guerre se termina par le traité d'Utrecht (en Hollande) le 11 avril 1713. Anne Stuart reine d'Angleterre et d'Irlande de 1702 à 1714 imposa de donner la Sicile (au détriment de Philippe V roi d'Espagne) et le titre de roi à son cousin le duc de Savoie Victor-Amédée II. Cet accord était confirmé par un traité direct entre l'Espagne et la Savoie le 13 juillet 1713.

C'est le 21 décembre 1713 que Victor-Amédée II et son épouse (Anne-Marie d'Orléans nièce de Louis XIV) arrivèrent à Palerme et le 24 décembre à la cathédrale de Palerme qu'eut lieu le couronnement. Le roi s'était installé au palais royal (Palazzo dei Normanni) et avait commencé à réformer la Sicile, mais il l'a quitta le 8 septembre 1714 pour retourner à Turin. Il laissa sur place un vice-roi (le comte Annibale Maffei qui avait été ambassadeur de la Savoie à Londres). Ce vice-roi tenta de poursuivre la réforme de la Sicile mais le 1er juillet 1718, les troupes espagnoles débarquaient pour reprendre le territoire, ce qu'ils firent sans peine compte-tenu des faibles troupes dont disposaient sur place la Maison de Savoie.

 

A Cagliari en Sardaigne :

Un traité de Londres en date du 8 août 1720 donna la Sardaigne à la Maison de Savoie, en compensation de la Sicile. Ainsi l'éphémère roi de Sicile devenait roi de Sardaigne. Victor-Amédée II ne mit pas les pieds en Sardaigne, mais envoya à Cagliari un vice-roi (le marquis de Saint-Rémy) qui arriva le 4 août 1720 et administra le territoire.

Il fallut attendre l'invasion du Piémont par les troupes de Bonaparte pour qu'un roi de Sardaigne (Charles-Emmanuel IV beau frère de Louis XVI) vienne s'installer à Cagliari.

La Sardaigne au fil des siècles appartint à de nombreux conquérants dont la République de Pise en 1216, l'Espagne en 1295, l'Autriche en 1713 puis la Maison de Savoie en 1720. Pendant sa courte présence le souverain savoyard occupa le Palazzo Viceregio (construit à partir de 1337) qui devint palais royal et qui conserva ce nom avant de devenir en 1885 le siège de l'administration provinciale dans le cadre du royaume d'Italie. Au dessus de la porte d'entrée du palais royal, une inscription commémore Charles-Emmanuel III. On trouve encore à Cagliari :

-un arc de triomphe Umberto primo et une terrasse du même nom

-un bastion Saint Rémy,

-une Piazza Carlo Alberto

-une Porta Cristina créée en 1825 sous le règne de Charles-Félix et qui porte le nom de sa femme

Ailleurs en Italie :

C'est la dynastie de la Maison de Savoie qui a fait l'unité italienne dans les années 1860/70. Unité que beaucoup d'Italiens souhaitaient depuis 14 siècles ! Il n'est donc pas surprenant que l'on trouve traces de la Maison de Savoie sous de multiples formes dans toute l'Italie : du palais « Victor-Emmanuel II » à Rome à la galerie « Victor-Emmanuel II » à Milan. On ne peut tout recenser sauf à remplir un dictionnaire. La famille de Savoie fait partie de l'histoire de l'Italie, on trouve la croix de Savoie sur de nombreux timbres émis par la poste italienne jusqu'à la proclamation de la République ainsi que sur des pièces et billets de banque du royaume d'Italie entre 1861 et 1946. Cette famille fait aussi, un peu, partie de l'histoire de France. Elle est en fait un lien entre les 2 pays.

 

J.D. 13 février 2012, dernière mise à jour le 21 juillet 2016

 

Cette note est complémentaire de la note N°66 http://jean.delisle.over-blog.com/article-histoire-de-la-maison-de-savoie-59295182.html

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Palais de Justice dont la première pierre a été posée le 27 mai 1850 par le roi Victor-Emmanuel II et la reine Adélaïde d'Autriche. Fut terminé après la réunion de la Savoie à la France en 1860. Ce bâtiment avait été construit pour l'ancien Sénat de Savoie qui avait été créé par le duc Emmanuel-Philibert en 1560.

 

Château des comtes puis des ducs de Savoie à Chambéry, aquarelle de Michel Duvoisin dans "Les pays de Savoie" éditions équinoxe avril 2010

Château des comtes puis des ducs de Savoie à Chambéry, aquarelle de Michel Duvoisin dans "Les pays de Savoie" éditions équinoxe avril 2010

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