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17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 17:53

La place des Célestins est située à Lyon dans le deuxième arrondissement, entre Saône et Rhône. La place Bellecour est à environ 150 mètres (à vol d'oiseaux) au sud et elle est reliée à la place des Jacobins (voir note N°256 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/10/lyon-et-les-jacobins-n-256.html) par la petite rue J. Fabre d'une cinquantaine de mètres de long. La place est surtout connue pour son Théâtre ...des Célestins

La place des Célestins rejoint le quai des Célestins qui longe la Saône par la rue de Savoie et la rue Charles Dullin (né à Yenne en Savoie en 1885).

Tous les Lyonnais (ou beaucoup d'entre-eux) savent que place, théâtre et quai des Célestins doivent leur nom à un couvent de Célestins qui occupa les lieux de 1407 à 1778.

Mais beaucoup de Lyonnais et encore plus de touristes, ignorent ce que la présence des Célestins à Lyon doit à Amédée VIII dernier comte de Savoie, devenu le 19 février 1416 le premier duc de la dynastie Savoie par la grâce de Sigismond empereur du Saint Empire.

L'action d'Amédée VIII pour l'implantation des Célestins à Lyon est décrite par Marie José dernière reine d'Italie en 1946.

Cette Marie José est née à Ostende le 4 août 1906. Elle est la fille d'Elisabeth de Bavière et d'Albert 1er roi des Belges (elle fut par conséquent également la sœur du roi Léopold III et la tante des rois Baudoin 1er et Albert II). Elle se maria à Rome le 8 janvier 1930 avec Humbert de Savoie qui devint le roi d'Italie Humbert II le 9 mai 1946.

Entre 1956 et 1962, Marie José publia en trois tomes une histoire de la Maison de Savoie centrée principalement sur Amédée VI, Amédée VII et Amédée VIII. Sur l'histoire de ces souverains savoyards voir la note N° 66 http://jean.delisle.over-blog.com/article-histoire-de-la-maison-de-savoie-59295182.html.

Dans ces ouvrages, Marie José fait preuve d'une grande érudition et mon sentiment est qu'elle aurait fait une très grande reine d'Italie, mais le référendum du 2 juin 1946 entraîna la proclamation de la République italienne. On ne réécrit pas l'Histoire.

Marie-José décédée en Suisse le 27 janvier 2001 repose à l'abbaye d'Hautecombe en Savoie. Voici son texte sur les Célestins :

« A Lyon, ville royale hors des limites de son comté, Amédée VIII favorisa aussi la création d'un couvent de célestins, cet ordre de Saint-Benoît fondé par le pape Célestin V, au XIIIe siècle, et introduit en France par Philippe le Bel.

Le 25 février 1407, le Comte fit don, au grand procureur des célestins, de la maison dite de Savoie, anciennement appelée le Temple (parce qu'elle appartint aux Templiers avant 1307. L'ordre des Templiers fut fondé en 1119, les templiers de France furent tous arrêtés sur ordre de Philippe le Bel le 13 octobre 1307), située entre la Saône, les jardins Bellecour et le couvent des Prêcheurs, avec toutes les dépendances, sur lesquelles pourraient être construits le couvent et son église. De plus, il lui accorda la jouissance d'une belle vigne à Trévoux, près de Lyon.

Amédée lui consentit encore de très nobles privilèges, consistant en exemptions de tailles et autres impositions pour les biens qu'il pourrait acquérir sur les terres appartenant aux Savoie, avec la charge, toutefois, d'apporter aux bâtiments les modifications requises par le règlement de l'ordre, et d'y installer les moines, dans un délai de deux ans. Amédée se réservait une tombe près du maître-autel, au dessus de laquelle il désirait que fut disposée une image peinte de lui-même et de son épouse ; il conservait aussi le droit de loger chez les célestins chaque fois qu'il passerait à Lyon (il vint à Lyon en 1415 pour accompagner Venceslas qui régna comme roi de Bohème sous le nom de Venceslas IV de 1361 à 1419 et comme empereur germanique sous le nom de Venceslas 1er de 1378 à 1400). La fondation fut placée sous le vocable de l'Annonciation, avec obligation de célébrer des messes pour la famille de Savoie.

Les privilèges et exemptions de cette donation furent renouvelés et précisés lorsque le procureur des célestins, incapables de faire face à ses engagements spirituels et matériels, obtint de prolonger de six mois encore le délai de son installation, délai fixé antérieurement à deux ans. L'église, à ce moment, menaçait ruine.

Le duc (il s'agit d'Amédée VIII devenu duc entre-temps) tenait cette maison sous son étroit contrôle, et quand, en 1426, celle-ci reçut d'Eudes de Tournon des biens importants, il se les fit immédiatement rétrocéder pour prix -dit l'acte passé en cette occasion- de la générosité dont il avait fait preuve en érigeant le couvent. Amédée montrait par l'intérêt qu'il portait à cette fondation, combien il tenait à conserver à sa famille un point d'attache, au cœur de Lyon, et peut-être aussi un observatoire discret ».

commentaires :

Partie de Maurienne, la dynastie Savoie fit de Chambéry sa capitale à partir des années 1232. Les souverains de cette dynastie révèrent probablement d'une ville plus importante pour capitale et lorgnèrent longtemps sur Genève ou sur Lyon. C'est dans ce contexte qu'il faut situer l'encouragement d'implantation de moines à Lyon par Amédée VIII. Ne parvenant à s'emparer ni de Genève ni de Lyon, en 1562 le duc de Savoie Emmanuel-Philibert décidera de transférer sa capitale à Turin. Et c'est cette famille issue de Savoie qui fit l'unité de l'Italie.

J.D. 17 janvier 2016

Marie José dernière reine d'Italie, photo Albert Edwin Flury

Marie José dernière reine d'Italie, photo Albert Edwin Flury

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