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22 mai 2019 3 22 /05 /mai /2019 10:56

Un triangle grec en Italie, première partie N°547

 

En Italie du sud, dans la région des Pouilles, 3 villes fondées par les Grecs forment un triangle, ce qui n'est pas très difficile dans la mesure ou 3 points quelconques forment toujours un triangle sauf si ils sont alignés ! (à 80 ans, j'ai encore quelques restes des notions apprises à l'école!)

Il s'agit de Bari, Brindisi et Tarente (Tarento) ; outre leur origine grecque, elles ont bien d'autres points en commun. Il s'agit de 3 villes portuaires qui ont eu un grand rôle dans l'histoire et qui aujourd'hui sont très bien reliées entre-elles. L'autoroute A14 qui vient de Bologne, longe la côte adriatique et bifurque à Bari pour se diriger vers Tarente laquelle ville est reliée à Brindisi par la SS7 (Stato Stradale : route d’État ce qui correspond à nos Routes Nationales) à caractéristiques autoroutières. De Brindisi à Bari, on a la route côtière SS379 puis la SS16 également à caractéristiques autoroutières. En outre, l'autoroute A16 qui part de Naples et relie les deux mers (la Méditerranée et l'Adriatique) rejoint la A14 entre Foggia et Bari.

Bari dispose d'un aéroport international appelé : »aéroport Karol Wojtyla » (nom civil de Jean-Paul II qui fut pape de 1978 à 2005).

 

Bari : cette ville a aujourd'hui dans les 325.000 habitants dans les limites communales, 750.000 au niveau de l'agglomération et 1.400.000 pour l'aire urbaine (44 communes).

Le site fut occupé de très haute antiquité par un peuple italique (les Peucètes) auquel se sont ajoutés des colons grecs ou plus précisément crétois. Les Romains s'emparèrent de la région au troisième siècle avant Jésus-Christ et donnèrent à Bari le nom de « Barium ». La construction sous le règne de Trajan (empereur de 98 à 117) de la voie « Traiana » (de Brindisi à Bénévent via Bari) entre les années 109 et 114 donnèrent une bonne impulsion à Bari et sa région.

A la chute de l'empire romain d'Occident (en l'an 476), la région des Pouilles fut disputée entre les Byzantins et les Lombards. Les Normands s'emparèrent de Bari le 16 avril 1071. Voir note N°518 http://jean.delisle.over-blog.com/2019/02/douze-freres-une-soeur-n-518.html

Le 9 mai 1087, des marins de Bari enlevèrent la dépouille de Saint Nicolas à Myre (en Lycie, aujourd'hui Demre au sud de l'actuelle côte turque, où se trouve encore une église orthodoxe dédiée à Saint Nicolas) la ramenèrent à Bari et construisirent une basilique (entre 1089 et 1197) à Saint Nicolas ; ce qui ressemble étrangement à l'histoire des marins vénitiens enlevant la dépouille de Saint Marc à Alexandrie (en l'an 828). A Bari, le culte de Saint Nicolas amena de nombreux pèlerinages et la ville servit de base de départ pour des croisades. Saint Nicolas est fêté à Bari chaque année entre le 7 et le 9 mai.

Ce Nicolas né en l'an 270 mourut le 6 décembre 343 après avoir été évêque de Myre. Il est réputé pour avoir accompli une foule de miracles. En outre, il dotait des jeunes filles pauvres pour qu'elles puissent se marier. De là est né, jusqu'au seizième siècle, la réputation qu'il apportait des récompenses aux enfants sages à Noël. Puis il fut lentement mais sûrement remplacé par le père Noël sauf dans certains pays ou régions où Saint Nicolas est encore particulièrement honoré, ce qui est le cas de la plupart des pays orthodoxes. Au Moyen-Age, Saint Nicolas est souvent représenté avec un manteau rouge et une grande barbe blanche !

Bari et les Pouilles furent successivement la proie des Angevins, des Aragonais, des Espagnols…Elle connut une période faste sous le règne d'Isabelle de Naples (appelée aussi Isabelle d'Aragon, 1470/1524) fille du roi de Naples Alphonse II et qui fut mariée le 2 février 1489 avec Jean Galéas Sforza duc de Milan ce qui entraîna une alliance entre Naples et Milan.

Le 25 avril 1813, Joachim Murat alors roi de Naples (il le fut de 1808 à 1815) posa la première pierre d'une extension de la ville de Bari, appelée depuis « village Murat ».

Le 11 septembre 1943, les Britanniques s'emparèrent de Bari et en firent avec les Alliés le principal port de débarquement de troupes et matériels dans le cadre de la conquête de l'Italie. Le 2 décembre 1943, de 17 heures à 23 heures, 88 bombardiers allemands pilonnèrent le port de Bari. 24 navires furent coulés et 12 endommagés, faisant des centaines de morts. Ce fut la plus terrible attaque d'une flotte depuis Pearl Harbor.Tout le port fut en feu, en outre des produits chimiques dont du gaz moutarde se répandirent dans la mer. Voir illustration (emprunt au net, image BBC)

Une Université fut fondée à Bari en 1925. Elle reçut le nom d'Aldo Moro après l'assassinat de celui-ci le 9 mai 1978. Une école polytechnique fut ouverte en 1990 et une Université libre en 2000.

Depuis 1930 se tient chaque année la « Feria del Levante », foire du Levant qui affirme le rôle de Bari comme place du commerce international avec l'Orient.

Un premier tronçon de métro a été ouvert en 2008 et l'aéroport a été relié par le métro en 2012.

Deux stades de foot réputés ont été créés à Bari l'un en 1925 et l'autre en 1950.

Outre l'importance économique, Bari ne manque pas d'attrait touristique avec la cathédrale, la basilique Saint Nicolas, un château du treizième siècle, un musée archéologique…

J.D. 22 mai 2019

le port de Bari le 2 décembre 1943, image BBC

le port de Bari le 2 décembre 1943, image BBC

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21 mai 2019 2 21 /05 /mai /2019 17:38

Analogie N°546

 

I) Hi Folks, off we go !

Hé les copains, nous on se casse !

Voilà ce que pourraient dire, à leurs collègues, les 73 députés du Royaume-Uni qui vont être élus au parlement européen le jeudi 23 mai 2019 !

C'est à l'occasion d'un référendum le 23 juin 2016 qu'une majorité de citoyens ont voté pour le Brexit. La date de sortie initialement prévue avant les élections européennes a été repoussée avec l'accord d'un sommet européen tenu le 11 avril 2019. Cela a imposé la tenue des élections au Royaume-Uni.

Le nombre de sièges au parlement dont dispose chaque pays (et qu'il doit élire) est proportionnel à la population. C'est ainsi que l'Allemagne a 96 sièges, la France 74, l'Italie et le Royaume-Uni 73, l'Espagne 54 etc. Au total le parlement européen compte actuellement 751 députés. Les députés britanniques ne devraient aller au Parlement européen que pour dire au revoir à leurs collègues, sauf nouvelle donne. Une situation analogue à celle-ci s'est déjà produite en Europe dans le royaume de Sardaigne en 1860.

 

II) le parlement de Turin en 1860 :

Un statut fut publié le 4 mars 1848 à Turin (complété par un édit royal du 17 mars 1848) de par la volonté du roi de Sardaigne Charles-Albert, il fut appelé « statut albertin ». Il transformait la monarchie sarde au pouvoir absolu en monarchie constitutionnelle ; le pouvoir législatif était transféré à deux chambres : un sénat dont les membres étaient nommés par le roi (et qui siégeait au palais Madame à Turin) et une chambre des députés élus par les électeurs (et qui siégeait au palais Carignan à Turin). Ne pouvaient voter que les hommes d'au moins 25 ans, disposant de leurs droits civils et payant un minimum d'impôts soit 20 lires par an pour les habitants du duché de Savoie, de la Ligurie (région de Gênes) et de la province de Nice et 49 lires pour les autres.

Une réélection fut organisée le 25 mars 1860. Il s'agissait d'envoyer 204 députés au parlement de Turin dont 18 pour le duché de Savoie (10 pour la province de Chambéry et 8 pour Annecy) et 8 pour la province de Nice. La province de Nice était divisée en 3 arrondissements : Nice, Port Maurice (aujourd'hui Impéria) et San Remo ; pour Nice proprement dite, il y avait 4 députés à élire.

Le royaume de Sardaigne poussé par l'opinion publique cherchait à faire l'unité de l'Italie qui avait disparue depuis la fin de l'empire romain d'Occident. Une défaite contre l'Autriche le 23 mars 1849 à Novare (Novara) obligea Charles-Albert à abdiquer. Son successeur (Victor-Emmanuel II) et Cavour comprirent qu'ils ne pourraient pas vaincre l'Autriche seuls. Ils obtinrent l'alliance de la France de Napoléon III et cédèrent en contre-partie le duché de Savoie et l'arrondissement de Nice.

Un traité, qui officialisait la cession, fut signé à Turin le 24 mars 1860, la veille des élections au Parlement de Turin. Malgré une participation électorale faible, 22 députés furent élus dans la partie du royaume de Sardaigne cédée à la France. Une consultation des populations fut organisée au mois d'avril qui vit massivement l'adhésion à la France. Il faut rappeler que se furent les fonctionnaires français qui vinrent organiser la consultation ; que dans les bureaux de vote il n'y avait pas d'isoloir et que les électeurs n'eurent à leur disposition que des bulletins OUI ! La réunion à la France fut officiellement effective le 14 juin 1860 à midi.

Cavour avait invité les députés élus à venir assister à l'ouverture du parlement à Turin le 15 mai 1860. Dans le duché de Savoie, 15 des 18 élus adressèrent une lettre à Cavour pour décliner l'invitation. Les 3 élus qui s'y sont rendus, ont pu faire leurs adieux à leurs collègues !

On trouvera en illustration une des façades du palais Carignan où se réunissait la chambre des députés (emprunt au net , Alamy stock photo), on remarquera la croix de Savoie au sommet et l'inscription sur la naissance de Victor-Emmanuel II dans ce palais ; il fallait bien l'inscrire en gros pour s'en convaincre !

J.D. 21 mai 2019

P.S. merci à ma fille Claire qui vit depuis 20 ans en Caroline du Nord pour le titre en anglais.

nota : 

"Depuis les élections du 25 mai 2014, le Parlement européen compte 751 députés européens.

Avec le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, 73 eurodéputés britanniques doivent quitter le Parlement européen. 27 sièges seront alors redistribués à d'autres pays, les 46 autres étant gardés en réserve en cas d'élargissement de l'UE. Le Parlement européen comptera alors 705 députés européens.

Le nombre de députés représentant chaque Etat membre varie en fonction du nombre d'habitants. Plus la population du pays est importante, plus ses députés européens sont nombreux.

Sans validation de l'accord de Brexit d'ici les élections européennes, le Royaume-Uni a prévu de participer au scrutin le 23 mai. Le nombre de députés européens serait alors temporairement maintenu à 751, dont 74 Français. La configuration à 705 eurodéputés ne sera mise en oeuvre qu'après le départ du Royaume-Uni, si besoin en cours de législature."

Dans le cas du départ des Britanniques le nombre de députés français pour le parlement européen passerait de 74 à 79.

 

une des façades du palais Carignan à Turin

une des façades du palais Carignan à Turin

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17 mai 2019 5 17 /05 /mai /2019 11:32

Pérouse N°545

Pérouse (Perugia) est une ville italienne d'environ 165.000 habitants aujourd'hui, capitale de la région « Ombrie » (Umbria). Elle est située à peu près à égale distance de Florence (au nord-ouest), d'Ancône (au nord-est) et de Rome au sud. Un important nœud routier (nord-sud et est-ouest) voisine Pérouse au sud-est. La ville est par ailleurs proche du lac Trasimène (à l'ouest, lac de 128 km² qui comporte 3 îles) et Pérouse se trouve tangentée à l'est par le fleuve Tibre (Tevere). Voir note précédente.

Histoire :

La ville fut fondée par les Étrusques qui entourèrent la cité d'une enceinte fortifiée avec 7 portes. Vers le quatrième siècle avant Jésus-Christ, Pérouse adhéra à une confédération de 12 villes étrusques que les historiens ont appelé : « Dodécapole ». Aucune liste officielle n'a été retrouvée, mais les recherches des historiens ont permis la liste suivante : Veies, Cerveteri, Tarquinia, Vulci, Volsinies (Orvieto), Vetulonia, Clusium, Perusia, Arretium (Arezzo), Cortone, Volterrae, Fiesole.

Avec Rome, il y eut des périodes d'alliance mais aussi des périodes de guerres. Les Romains finirent par l'emporter et l’Étrurie fut intégrée à Rome. Voir note N°519 http://jean.delisle.over-blog.com/2019/02/la-rome-etrusqque-et-l-erurie-romaine-n-519.html

En l'an 41 avant Jésus-Christ, Lucius Antonius (frère de Marc Antoine), qui venait d'être élu consul mais qui était en opposition avec Octave (le futur Auguste) était venu se réfugier à Pérouse. Octave fit le siège de la ville, l'emporta et la mit au pillage pour punir les habitants de leur alliance avec Lucius Antonius.

Après la chute de l'empire romain d'Occident en l'an 476, Pérouse fut d'abord envahie par Totila roi Ostrogoths, puis par les Lombards et enfin par les Francs et fit partie des territoires donnés à la papauté. Voir note N°542 http://jean;delisle.over-blog.com/2019/05/latran-suite-n-542.html

A Pérouse le Vatican organisa des conclaves (pour l'élection d'un pape) en 1216, 1285, 1294 et 1305.

En 1202, Pérouse fut en guerre contre Assise, voir note N°538 http://jean.delisle.over-blog.com/2019/04/assise-histoire-n-538.html

Certaines grandes familles de Pérouse tentèrent d'affranchir la ville de l'autorité papale. L'un des opposants au Vatican, Gian Paolo Baglioni fut convoqué en 1520 par le pape Léon X. Arrivé à Rome, Baglioni fut saisi et décapité ! Cela refroidit l'ardeur des partisans de l'indépendance. A Pérouse, on trouve une Via (rue) Baglioni.

En 1308 la première université de Pérouse fut créée. Un décret royal du 29 octobre 1925 créa une seconde université à Pérouse : « Universita per Stranieri di Perugia » Université pour les étrangers dont le but est la diffusion et la connaissance de la langue et de la culture italiennes.

En 1540, le pape Paul III fit construire la « Rocca Paolina », une forteresse.

La ville fut envahie en 1797 par les troupes de Bonaparte qui en profita pour récupérer des tableaux de Pietro Vannucci (1445/1523, décédé à Pérouse et plus connu sous son surnom de « Pérugin », « il Perugino » pour les Italiens, il y a à Pérouse un « Corso Vannucci »). En 1849, ce furent les Autrichiens qui envahirent Pérouse comme si il n'y avait pas eu assez des tremblements de terre en 1832, 1838, 1854....

Il fallut attendre le 18 septembre 1860 et la victoire des troupes sardes sur les troupes pontificales à Castelfidardo (ville de 19.000 habitants aujourd'hui, à une vingtaine de kms au sud d'Ancône et mitoyenne avec Notre-Dame de Lorette) pour que l'Ombrie (région de Pérouse) et les Marches (région d'Ancône) rejoignent le royaume de Sardaigne qui devint le royaume d'Italie le 17 mars 1861. Le royaume de Sardaigne s'était étendu au nord et au centre de l'Italie tandis que Garibaldi avait fait la conquête de la Sicile et du sud de l'Italie. Ce qu'il restait de territoires à la papauté empêchait le lien entre les différents territoires du royaume de Sardaigne.

 

Monuments : Il y a une quinzaine d'églises à Pérouse, la place du 4 novembre bordée de palais et avec en son centre une fontaine (Fontana Maggiore, construite de 1275 à 1278 avec 3 vasques, 50 bas-reliefs et 24 statuettes. Le 4 novembre célèbre l'armistice de 1918 entre l'Italie et l'Autriche suite à la victoire de Vittorio Veneto), la Rocca Paolina, le musée archéologique national de l'Ombrie, la galerie (de peintures) nationale de l'Ombrie…

En illustration la Fontana Maggiore, emprunt au net (photo Massimo Greco)

J.D. 17 mai 2019

 

 

la Fontana Maggiore à Pérouse

la Fontana Maggiore à Pérouse

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15 mai 2019 3 15 /05 /mai /2019 16:47

Le Tibre N°544

 

Ce fleuve long de 405 kms, avec un bassin versant de 16.545 km², prend sa source dans les Apennins à 1268 mètres d'altitude au Mont Fumaiolo.

Les Apennins (Appennino) traversent toute l'Italie sur 1200 kms de longueur depuis la Ligurie (région de Gênes) jusqu'au détroit de Messine, au bout de la botte italienne et se prolongent même en Sicile (Appennino Siculo). 15 des 20 régions administratives italiennes sont concernées par les Apennins dont 222 sommets dépassent 2.000 mètres d'altitude avec un point culminant à 2912 mètres dans le massif du Gran Sasso (Apennin central).

A côté de la source du Tibre, une inscription sur une colonne de marbre surmontée d'un aigle en bronze, indique : « Qui nasce il fiume sacro ai destini di Roma » (ici naît le fleuve sacré aux destins de Rome) . Cette colonne fut réalisée sur demande de Mussolini et inaugurée le 15 août 1934. Une autre inscription porte la date du 21 mai 1972 (en chiffres romains) et indique : « I poeti di Roma al loro fiume » (les poètes de Rome à leur fleuve).

Sur une partie de son parcours, le Tibre (Tevere) sert de frontière entre le Latium (région de Rome) et l'Ombrie (région de Pérouse). En 1927, Mussolini fit effectuer une modification de frontière entre La Toscane et la Romagne pour que le Tibre prenne sa source en Romagne où naquit Mussolini !

Le Tibre est surtout célèbre pour traverser Rome. La ville fut fondée en l'an 753 avant Jésus-Christ (date de la fondation légendaire de Rome) et s'établit d'abord sur une seule rive (la rive est) du Tibre, de l'autre côté, c'était le territoire des Etrusques. Ce n'est que dans les années -630 que fut construit à Rome le premier pont franchissant le Tibre : le pont Sublicius (pont en bois, Il faut ensuite attendre le second siècle avant Jésus-Christ pour la construction du premier pont en pierres : le pont Aemilius qui prit le nom de pont Rotto en 1598). Le premier pont permit l'urbanisation sur l'autre rive et la constitution d'un quartier appelé « Trastevere » (de l'autre côté du Tibre). Ce quartier sera incorporé à Rome sous le règne d'Auguste (empereur de -27 à +14). En tout, aujourd'hui 26 ponts traversent le Tibre à Rome, dont 13 avaient été construits dès l'Antiquité.

Le Tibre n'est navigable que sur ses 28 derniers kms de parcours c'est-à-dire entre Rome et la mer. Il eut beaucoup d'importance dans l'histoire romaine, spécialement en permettant l'approvisionnement de la ville et des troupes dans les périodes de guerre.

Il charrie beaucoup d'alluvions et son delta avance dans la mer, en moyenne de 4 mètres par an. Le port d'Ostie de l'antiquité est maintenant à 4 kms de la mer.

Dans l'antiquité, certains fleuves étaient assimilés à des dieux. Pour le Tibre on en trouve trace dans l'Enéide de Virgile au livre VIII où le dieu Tibre dialogue avec Énée : « Alors, le dieu de ces parages lui-même, le Tibre au fleuve riant, lui semble lever sa vieille tête...C'est ainsi qu'il adressa la parole à Enée... »

A Rome un temple à Isis avait été élevé, probablement sous le règne d'Adrien (empereur de 117 à 138), près de l'actuelle église Santa Maria Sopra Minerva (église construite à l'emplacement d'un ancien temple à Minerve, juste à côté du Panthéon). Devant ce temple, se trouvaient 2 représentations, l'une du dieu Nil, l'autre du dieu Tibre. Elles furent redécouvertes en 1512 dans les thermes de Constantin. Napoléon les fit venir en France. Elles retournèrent en Italie en 1815 mais le pape Pie VII fit cadeau à Louis XVIII de la statue du dieu Tibre qui se trouve maintenant au Louvre. On trouvera en illustration une image de cette statue au Louvre, emprunt au net. Elle fut taillée dans du marbre venu de Grèce. Elle mesure 3,17 mètres sur 1,31 avec 1,65 mètre de haut. Le dieu Tibre s'appuie sur une louve qui allaite les jumeaux (Remus et Romulus). Il tient dans une main une corne d'abondance et dans l'autre une rame, deux symboles associés au Tibre. L'original de la statue du dieu Nil est au Vatican. Il existe diverses copies de ces statues et particulièrement place du Capitole (piazza del Campidoglio) à Rome en contre-bas de l'escalier qui mène au palais des Sénateurs. On en trouve d'autres copies à Copenhague etc.

J.D. 15 mai 2019

Le Tibre au musée du Louvre

Le Tibre au musée du Louvre

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11 mai 2019 6 11 /05 /mai /2019 18:52

Le Gargano N°543

 

Le Gargano est un promontoire italien d'une superficie d'environ 2.000 km² qui surplombe l'Adriatique. Le point culminant est au Mont Calvo à 1055 mètres. Administrativement le Gargano dépend de la province de Foggia à la limite nord de la région des Pouilles. Il est à mi-chemin entre Pescara (au nord) et Bari (au sud). A l'origine il s'agissait d'une île. L'espace avec le continent fut comblé par les alluvions apportés par le torrent Candelaro.

On peut considérer que, de fait, l'autoroute A14 qui vient de Bologne, longe une grande partie de la côte adriatique et qui dessert le talon de la botte italienne, constitue la limite ouest du Gargano.

Voici les principaux centres d'intérêt historique et/ou touristique :

 

*Manfredonia : Cette ville située sur le flanc sud du Gargano est l'antique Sipontum censée avoir été fondée par Diomède un des Héros grecs de la guerre de Troie (voir fiche N°3 http://jean.delisle.over-blog.com/article-guerre-de-troie-partie-1-55734368.html). La ville fut conquise en l'an 335 avant Jésus-Christ par Alexandre (pas le Grand mais son oncle) puis par les Romains en l'an -189.

Elle fut ravagée en l'an 663 par des Slaves puis détruite par un tremblement de terre en l'an 1223. Reconstruite, entre 1256 et 1263, par le roi de Sicile Manfred (fils d'un empereur germanique) qui a donné son nom à la nouvelle ville. Elle fut à nouveau détruite en 1620, cette fois par les Ottomans. Manfred avait fait construire une forteresse pour protéger la ville des attaques et un port qui eut une grande activité dans les relations commerciales avec l'Orient et servit même de port d 'embarquement pour des croisés.

La forteresse a été transformée en musée national du Gargano ouvert à la visite depuis 1980. Un nouveau port en eaux profondes a été réalisé en 1970 et un carnaval annuel se développe depuis 1952. La ville a aujourd'hui dans les 57.000 habitants.

 

*Monte Sant'Angelo : n'est qu'à 5 kms environ au nord-est de Manfredonia, mais alors que cette ville est en bord de mer, Monte Sant'Angelo est un peu à l'intérieur des terres à 796 mètres d'altitude. Selon les croyances, l'archange Saint Michel est apparu le 8 mai de l'an 490, dans une grotte, à l'évêque de Manfredonia nommé Lorenzo Maiorano puis serait revenu en 492 et une autre fois en 493. Pour célébrer cet événement, un sanctuaire à Saint Michel a été réalisé à l'endroit des apparitions avec des extensions au fil des siècles. Le sanctuaire est donc en partie dans la grotte, avec une église extérieure dédiée à Marie et un campanile.

Le lieu a très vite attiré les pèlerinages. Au Moyen-Age, une voie de pèlerinages (la via Francigena) partait de Canterbury pour aller jusqu'à Rome en passant par Arras, Reims, Langres, Besançon, Pontarlier, Lausanne, Martigny, Aoste, Pavie, Lucques… Elle fut prolongée de Rome jusqu'à Monte Sant'Angelo et recoupa une autre voie de pèlerinages interne à l'Italie et appelée « Via Sacra Laugobardorum » (voie des Lombards). De nombreux croisés venaient demander la protection de Saint Michel avant d'embarquer à Manfredonia.
La ville de Monte Sant'Angelo a aujourd 'hui dans les 12.500 habitants.

 

*San Giovanni Rotondo : C'est une cité d'environ 27.000 habitants fondée en 1095 sur l'emplacement d'un village pré-existant et daté du quatrième siècle avant Jésus-Christ. La ville est située à l'intérieur du promontoire du Gargano sur l'axe allant de San Severo (à l'ouest) à Monte Sant'Angelo (à l'est).

La ville a été le théâtre d'importantes manifestations en 1920 et le 14 octobre 11 « rouges » y furent tués. Elle est devenue un lieu de pèlerinage parce que le Padre Pio y a vécu du 28 juin 1916 à sa mort le 23 septembre 1968.

Francesco Forgione naquit le 25 mai 1887 à Pietrelcina (province de Bénévent, région Campanie, la ville a aujourd'hui dans les 3.000 habitants). Il fit une carrière religieuse, à compter de janvier 1903 dans l'ordre des Capucins (une des branches de la famille franciscaine, le nom de « Capucins » vient du capuchon qui leur couvre la tête). Les Capucins avaient un couvent à San Giovanni Rotondo depuis 1540.

A San Giovanni Rotondo, Padre Pio fut le fondateur en 1956 de la « Casa Sollievo della Sofferenza » (Maison pour le soulagement de la souffrance). Mais il est surtout célèbre pour avoir reçu les « stigmates » à compter du 20 septembre 1918. Les « stigmates » sont des blessures aux mêmes endroits que le Christ lors de la crucifixion.

Padre Pio fut béatifié par le pape Jean-Paul II le 2 mai 1999 et sanctifié par le même pape sous le nom de Saint Pie de Pietralcina dès le 16 juin 2002.

Entre le culte à Saint Michel et la notoriété du Padre Pio, le région du Gargano est devenue un important centre de pèlerinages.

 

*Le parc national : c'est une loi (italienne) du 6 décembre 1991 qui a classé une bonne moitié du Gargano (1181km2) en parc national à cause :

-de l'importante forêt centrale appelée « Foresta Umbra »

-de deux lacs (lac de Varano et lac de Lesina) sur la côte nord du Gargano, proche de la mer et reliés l'un et l'autre à l'Adriatique

-d'un ensemble d'îles au nord du Gargano appelées autrefois « îles Diomède » et maintenant « îles Tremiti ». L'ensemble de ces îles forment une commune italienne peuplée de 520 habitants.

 

On trouvera en illustration un panneau dans le Val d'Orcia (Toscane) indiquant la Via Francigena (photo du 22 avril 2019)

J.D. 11 mai 2019

 

Le Gargano N°543
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7 mai 2019 2 07 /05 /mai /2019 17:23

Latran suite N°542

 

I) les États de l’Église :

États de l’Église, États du Pape, État du Vatican, toutes ces appellations recouvrent la même réalité à savoir que l’Église a possédé des territoires qu'elle a administré en pleine souveraineté. Voici la genèse de cette situation :

*Constantin, empereur de 306 à 337 fit don au pape Miltiade (décédé le 10 janvier 314) d'un vaste terrain à Rome. Ce fut son successeur, Sylvestre 1er (pape de 314 à 335) qui fit construire durant son pontificat, avec l'appui de Constantin, la basilique Saint Jean de Latran, celle de Saint Pierre de Rome, de Saint Paul hors les Murs, l'église du Saint Sépulcre à Jérusalem et celle de Sainte Sophie à Constantinople.

Selon la légende, c'est Constantin lui-même qui creusa les premières pelletées de terre pour Saint Pierre de Rome. Toujours selon la légende, Constantin fut guérit de la peste par Sylvestre. Dante le dit dans la Divine Comédie au chant XXVII de l'Enfer.

Un vitrail complet dans le déambulatoire de la cathédrale de Chartres retrace la vie de ce Sylvestre qui fut canonisé Saint par l’Église. On trouvera en illustration une représentation du vitrail montrant Sylvestre baptisant Constantin (emprunt au net).

*En l'an 754 Étienne II (pape de 752 à 757) se rendit en France et rencontra Pépin le Bref (Maire du Palais en 741 et roi des Francs de 751 à 768) à Ponthion (dans l'Oise) et lui demanda l'aide de la France contre les Lombards qui envahissaient l'Italie.

*En 756, Pépin descendit avec une armée, fila la triquée aux Lombards, leur prit 22 cités dont Ferrare, Ravenne, Bologne, Rimini, Ancône… et en fit don au pape. Ce fut vraiment le début des États de l’Église.

*En 774, Charlemagne (fils de Pépin le Bref, petit-fils de Charles Martel) vint lui aussi en Italie contre les Lombards. Il confirma le legs fait par Pépin le Bref et ajouta Viterbe, Piombino et la Sabine (ancien territoire des Sabins proche de Rome). Ces donations en pleine souveraineté à la papauté furent confirmées le 13 février 962 par Othon 1er (premier empereur du Saint Empire romain germanique)

*En 846, les Sarrasins pillent Rome dont Saint Pierre. Ils emportent 3 tonnes d'or et 30 tonnes d'argent, mais ne profitent pas de leur butin car leurs navires coulent au large de la Sicile par suite d'une tempête.

*En 996, Othon III empereur germanique nomme son cousin pape (Grégoire V, pape de 996 à son décès le 18 février 999)

*En 1077, l'empereur germanique Henri IV est obligé de faire « amende honorable » à Canossa (voir fiche N°530 http://jean.delisle.over-blog.com/2019/03/canosa-et-canossa-n-530.html). En fait si Constantin accorda la liberté des cultes (édit de Milan en 313) et favorisa la construction d'églises, il pensait bien pouvoir contrôler le pouvoir religieux. A la suite, les empereurs romains d'Occident puis d'Orient et empereurs germaniques eurent la même prétention. C'est le pape Grégoire VII (pape de 1073 à 1085) qui parvint à imposer l'indépendance de l’Église.

*En 1213, la papauté fait l'acquisition du duché de Spolète (au nord de Rome entre Terni et Pérouse)

*En 1229, la papauté acquiert Avignon et le comtat Venaissin

*En 1278, la comtesse Mathilde de Toscane lègue ses biens à la papauté

*En 1302, une bulle affirme la primauté de la papauté sur les pouvoirs des autres souverains.

*En 1527, le pape Jules II acquiert Parme et Plaisance. La même année les troupes de Charles Quint ravagent Rome.

* En 1545 le pape Paul III érige Parme et Plaisance en duché au profit de son fils Pierre-Louis Farnèse.

*En 1791, la France de la Révolution récupère Avignon et le comtat Venaissin.

*années 1800 : le 15 juillet 1801 un concordat est signé à Paris mettant fin à l'anti-cléricalisme de la Révolution.

*18 avril 1802 : publication à Paris de 77 « articles organiques » qui transforment l’Église de France en Église nationale.

*2 février 1808, l'armée française occupe Rome

*17 mai 1809 : les États pontificaux sont rattachés à la France

*5/6 juillet 1809 : enlèvement du pape (Pie VII) détenu à Savonne de 1809 à 1812 puis à Fontainebleau de 1812 à 1814

*25 janvier 1813, à Fontainebleau le pape signe le texte d'un nouveau concordat puis annule sa signature 3 jours plus tard

*24 mai 1814 : retour triomphal du pape à Rome, la papauté récupère ses États.

*1848 : Charles-Albert roi de Sardaigne (dont la capitale était à Turin) publie un code civil (voir la fiche N°180 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/06/le-code-civil-savoyard-n-180.html) dont voici les premiers articles du titre préliminaire :

« article 1 : la religion catholique, apostolique et romaine est la seule religion de l’État.

Article 2 : Le roi s'honore d'être le protecteur de l'église, d'en faire observer les lois dans toutes les matières qu'il appartient à l'église de régler…

Article 3 : Les autres cultes qui existent dans l'état ne sont que tolérés…. »

*1860 : les États pontificaux (sauf le Latium) sont rattachés au royaume de Sardaigne qui devient le royaume d'Italie le 17 mars 1861.

*20 septembre 1870 : prise de Rome par l'armée italienne. En 1871, Rome devient la capitale du nouveau royaume. Le pape s'enferme au Vatican. La religion catholique cesse d'être la religion de l’État.

 

II)Les accords de Latran :

Ils furent signés le 11 février 1929, au palais de Latran, entre Mussolini qui avait alors le titre de Président du Conseil des Ministres (du royaume d'Italie) et le cardinal Pietro Gaspari secrétaire du pape Pie XI. Ces accords organisaient la souveraineté de la papauté sur la cité du Vatican, créant ainsi un État de 44 hectares (au retour de sa souveraineté en 1814 il avait encore 67.759 km², en rappelant que 1km2 égale 100 hectares) et rétablissaient le catholicisme comme religion du royaume d'Italie. Cette disposition sera supprimée par la République italienne en 1984.

J.D. 7 mai 2019

 

 

Le pape Sylvestre baptise l'empereur Constantin, vitrail cathédrale de Chartres

Le pape Sylvestre baptise l'empereur Constantin, vitrail cathédrale de Chartres

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6 mai 2019 1 06 /05 /mai /2019 21:09

Latran, première partie N°541

 

Latran c'est d'abord le nom d'une antique famille romaine : les Laterani dont l'un des membres (Plautius Lateranus) est cité 2 fois par Tacite dans les « Annales » : la première fois (livre onzième en XXXVI) parce qu'il fut l'un des amants de Messaline alors qu'elle était l'épouse de l' empereur Claude (avant Agrippine) et la seconde fois (livre quinzième en LX) parce qu'il fut soupçonné en l'an 65 d'avoir participé à un complot contre Néron et Tacite écrit :

« Traîné au lieu réservé pour le supplice des esclaves, il est égorgé par la main du tribun Statius et meurt plein d'une silencieuse constance, et sans reprocher au tribun sa propre complicité ».

Sa famille possédait un domaine que Néron (empereur de 54 à 68) confisqua à son profit. Ces biens furent rendus à cette famille par Septime Sévère (empereur de 193 à 211). Des fouilles effectuées au vingtième siècle via dell'Amba Aradam (voie qui va de la Piazza di Metronia à la Piazza San Giovanni in Laterano) ont permis de retrouver les traces d'une villa de la famille des Laterani.

On retrouve le nom de « Latran » dans une rue (qui va du Colisée à la place Saint Jean de Latran), une place (juste au nord de la basilique, sur cette place un obélisque égyptien du XVe siècle avant Jésus-Christ, le plus haut de Rome, apporté à Rome au quatrième siècle et retrouvé en 1587 dans le Grand Cirque : Circus maximus), une basilique, un baptistère (à l'ouest de la basilique, il comporte des chapelles dédiées à Saint Jean-Baptiste et à Saint Jean l’Évangéliste), un palais (contigu à la basilique côté nord), un hôpital (à l'ouest du baptistère), un cloître (dans l'angle sud de la basilique, avec sous le porche du cloître une statue en bronze du roi de France Henri IV réalisée vers l'an 1600, voir illustration emprunt au net), l'Escalier Saint (Scala Sancta à l'est du palais de Latran, il est constitué de marches ramenées de Jérusalem et supposées avoir été les marches du palais de Ponce Pilate que Jésus aurait gravies), de nombreux conciles (environ 250 dont 5 conciles œcuméniques en 1123, 1139, 1179, 1215 et 1512) et des accords entre la papauté et Mussolini en 1929. A noter à l'est de l'ensemble de Latran la place de la porte Saint Jean (piazza di Porta San Giovanni) sur laquelle est érigée une statue à Saint François d'Assise.

 

La basilique Saint Jean de Latran (San Giovanni in Laterano):

Le terme de « basilique » est attribué par les papes à des églises qui par leur ampleur, leur histoire, leurs reliques ou leur réputation méritent d'être distinguées des autres églises ; à ne pas confondre avec les cathédrales qui sont des églises où siège l'évêque du diocèse. Dans le monde actuellement, 1728 églises ont le titre de « basiliques » dont 567 en Italie. En 1300, le pape Boniface VIII décida que 2 basiliques auraient le titre de « Majeures » : Saint Pierre de Rome et Saint Paul hors les Murs. En 1350, le pape Clément VI ajouta Saint Jean de Latran et en 1390 Boniface IX Sainte Marie Majeure.

La basilique Saint Jean de Latran avait été consacrée le 9 novembre 324 par le pape Sylvestre Ier sur un terrain donné en 313 par l'empereur Constantin et qui avait appartenu aux Laterani. Elle fut réparée ou agrandie à plusieurs reprises. Elle avait subi d'importants dégâts lors des invasions « barbares », à l'occasion d'un tremblement de terre en l'an 896 et d'incendies en 1308 et 1360.

Elle est l'église la plus ancienne de Rome : Saint Pierre ne fut consacrée qu'en 326. Elle fut d'abord dédiée au Saint Sauveur et aux 2 Saints Jean (le Baptiste et l’Évangéliste). La basilique de Saint Jean de Latran fut réputée dès l'origine « Mater et Caput » c'est-à-dire « mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde ».

Elle fut le premier siège des papes qui logèrent dans le palais de Latran contigu et le resta jusqu'en 1309. Elle est toujours la cathédrale de Rome dont le pape est l'évêque. A Saint Pierre il est donc le chef de l’Église, à Saint Jean de Latran il est l'évêque de Rome.

Depuis Henri IV, les rois de France ont le titre de « chanoine honoraire de la basilique de Saint Jean de Latran ». Chaque année, le 13 décembre, une messe est célébrée à Saint Jean de Latran pour la France.

Les Présidents de la République française ont hérité de ce titre à la suite des rois de France. Sous la cinquième République, les Présidents suivants se sont rendus à Rome recevoir leur titre de « chanoine honoraire » : Charles De Gaulle, Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron.

C'est parce que Saint Jean de Latran fut le premier siège papal que les reliques des crânes réputés être ceux de Saint Pierre et Saint Paul y sont conservées au sommet du baldaquin (à la croisée du transept et de la nef).

Trois papes sont inhumés à Saint Jean de Latran : Martin V (pape de 1417 à 1431), Clément XII (pape de 1730 à 1740) et Léon XIII (pape de 1878 à 1903).

De nombreux artistes réputés ont travaillé à l'édification ou à la décoration de Saint Jean de Latran. Au regard de l'histoire signalons particulièrement :

-les battants de la porte centrale proviennent des portes de la Curie, c'est-à-dire du Sénat romain. Elles furent installées à Saint Jean de Latran en 1656.

-sous le porche, en entrant à gauche une statue de l'empereur Constantin transférée de thermes romains

-les 4 colonnes de la chapelle du Saint Sacrement qui proviennent de l'antique temple de Jupiter sur le Capitole.

J.D. 6 mai 2019

 

 

Henri IV à Saint Jean de Latran

Henri IV à Saint Jean de Latran

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1 mai 2019 3 01 /05 /mai /2019 11:33

Assise, Sainte Claire N° 540

 

Chiara Offreduccio di Favarone naquit à Assise le 16 ou le 18 juillet 1194 dans une riche famille.

En 1212, elle eut l'occasion d'entendre un prêche de François d'Assise et eut envie elle aussi de mener une vie de prières et de pauvreté. Par l'intermédiaire de son cousin Rufin qui faisait partie des compagnons de François, elle obtint un rendez-vous, le rencontra le 20 mars 1212 (dimanche des Rameaux) et lui fit part de son désir. François lui coupa les cheveux, lui donna une robe de bure et l'envoya d'abord chez des nonnes bénédictines près de Bastia en Corse.

De retour à Assise elle fut rejointe par sa sœur Catherine qui prit le nom de sœur Agnès en religion, par sa tante puis par d'autres. Même sa mère lorsqu'elle devint veuve la rejoignit. François et ses compagnons aidèrent cette communauté à s'installer à Saint Damien à Assise sous le nom d'ordre des Pauvres Dames. Elles furent très vite appelées « les Cordelières » puis « les Clarisses ».

L'ordre eut des sous branches appelées : Urbanistes, Capucines ou Damiénistes.

L'ordre se répandit très vite. Il est aujourd'hui présent dans 76 pays et compte 16.000 religieuses. Il y a 34 couvents de clarisses en France, la première fondation y fut effectuée à Reims dès 1220.

Claire rédigea la règle de l'ordre, il fut modifié au XVe siècle par Sainte Colette (1381/1447).

Le pape Innocent IV approuva la règle établie par Claire le 9 août 1253 soit 2 jours avant le décès de Claire. Elle fut canonisée dès le 26 septembre 1255 par le pape Alexandre IV à Santa Maria d'Anagni. Cette ville est située à une quarantaine de kms au sud-est de Rome et c'est là que le roi de France Philippe IV le Bel fit arrêter le pape Boniface VIII en septembre 1303, il fut libéré par la population. Dante cite ce Boniface VIII dans la Divine Comédie au chant XIX de l'Enfer.

Une église dédiée à Sainte Claire était mise en chantier dès 1257 et le corps de la sainte y fut transféré le 3 octobre 1260.

Le 14 février 1958, le pape Pie XII déclarait Claire d'Assise sainte patronne de la télévision. Elle est également la sainte patronne de diverses professions (brodeuses, lavandières…). Une ville au Québec et de nombreux lieux portent le nom de Sainte Claire.

Parmi les clarisses célèbres : Louise de Savoie nièce de Louis XI (à ne pas confondre avec une autre Louise de Savoie mère de François 1er) et Agnès de Prague fille du roi Ottokar 1er (et c'est pas une blague!).

A Assise, les processions se font de la basilique Saint François à celle de Sainte Claire comme à Naples où elles vont de la cathédrale à l'église Sainte Claire.

On trouvera en illustration la façade de l'église sainte Claire d'Assise, photo J.D. 20 avril 2019

J.D. 1er mai 2019

 

façade de l'église Sainte Claire à Assise

façade de l'église Sainte Claire à Assise

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30 avril 2019 2 30 /04 /avril /2019 17:54

Assise, Saint François N° 539

 

*Quel lien y-a-t-il entre le pape, l'ONU et la ville de San Francisco ?

Ce lien, c'est Saint François d'Assise.

C'est en effet en son honneur que le pape élu le 13 mars 2013 a pris le nom de François ; c'est en l'honneur du même saint qu'en 1776, les Espagnols ont appelé « San Francisco » la ville qu'ils venaient de fonder sur la façade du Pacifique et c'est dans cette ville que s'est tenue du 25 avril au 26 juin 1945 la conférence internationale qui a décidé la fondation de l'ONU pour remplacer la Société des Nations.

*la date de naissance, à Assise (du duché de Spolète qui appartenait encore au Saint Empire romain germanique) , du futur saint François n'est pas exactement connue : entre mai et septembre de l'an 1181 ou 1182. Sa mère : Joanna Pica de Bourlemont, originaire de Provence, le fit baptiser dans l'église Saint Damien d'Assise sous le nom de « Giovanni di Pietro Bernardone ». Son père un riche marchand drapier du nom de Pietro Bernardone dei Moriconi était en France au moment de la naissance. Il y avait effectué d'excellentes affaires qui avaient arrondi sa petite fortune. De retour à Assise, il décida de changer le prénom de son fils et de l'appeler « François » qui dans le vocabulaire de l'époque voulait dire « Français » (voir par exemple ce texte de Du Bellay de 1549 : »La Deffence et illustration de la langue Francoyse » imprimé à Paris pour Arnoul l'Angelier, tenant sa Bouctique au second pillier de la grand' sale du Palays). François devenant « Francesco » est resté.

*Profitant de la fortune paternelle, François eut une jeunesse assez dissipée. Il participa, en 1202, à la guerre contre Pérouse, fait prisonnier il ne dût sa libération, au bout d'un an, qu'à la fortune de son père. Voir fiche n°538. On trouvera en illustration une statue équestre de François qui le représente probablement durant cette guerre, photo J.D. à Assise le 20 avril 2019.

D'abord malade de retour de captivité ; en 1205 et selon la tradition, il entendit le christ de l'église Saint Damien à Assise lui demander de « réparer son église en ruine ».

*Ce fut le début d'une nouvelle vie pour François. Il vendit des biens pour aider des pauvres et pour réparer des églises. Son père, mécontent de la nouvelle orientation de son fils lui intenta un procès. En présence de l'évêque d'Assise nommé Guido, François rendit à son père ce qui lui restait d'argent et même ses habits. L'évêque lui donna une cape pour couvrir sa nudité.

François se mit alors au service des pauvres, des lépreux, de la nature. Il est souvent représenté avec des oiseaux, ou un loup (car il calma un loup qui terrorisait la population de Gubbio), son « cantique des créatures » est célèbre. Le 29 novembre 1979, le pape Jean-Paul II le déclara saint patron de tous ceux qui s'intéressent à l'écologie.

*Il fut rejoint par des compagnons de plus en plus nombreux. Il dut rédiger une règle qui fut approuvée par le pape Innocent III en 1210. Ce pape avait vu en rêve François soutenant la basilique Saint Jean de Latran. La première communauté reçut le nom de : « ordre des frères mineurs ». L'usage adopta très vite le terme d'ordre franciscain.

Dès 1209, François avait 12 compagnons, dix ans plus tard ils étaient déjà 5.000 et avaient multiplié les établissements. En 1300 ils étaient 40.000 répartis dans de nombreux pays, 60.000 en 1500, 100.000 à la veille de la Révolution française (celle de 1789).

*François participa à la cinquième croisade (1217/1221). En septembre 1219 il parvint à rencontrer Al-Kamil sultan d’Égypte et tenta de le convertir, mais peine perdue ! Cependant cela valut aux Franciscains d'être désignés en 1342 par le pape Clément VI comme gardiens des lieux saints à Jérusalem. C'est pour la même raison que le pape Jean-Paul II choisit Assise pour l'organisation en octobre 1986 d'une rencontre inter-religieuse. D'autres rencontres du même type se sont également déroulées à Assise en 1993, 2002, 2011 et 2016.

*Il mourut à Assise le 3 octobre 1226. Dès le 16 juillet 1228 il était canonisé par le pape Grégoire IX, qui le même jour posait la première pierre de la basilique Saint François à Assise. Le corps de Saint François y fut transféré en avril 1230. Cette basilique sur 2 niveaux fut décorée par les plus grands artistes de l'époque : Simone Martini, Giotto, Cimabue, Pietro Lorenzetti…

François avait vœu de pauvreté, qu'aurait-il pensé du faste de la basilique qui lui fut consacrée à Assise et ailleurs ?

*Ces successeurs se divisèrent sur l'application de la règle ce qui entraîna un éclatement de l'ordre en plusieurs branches : Franciscains, Capucins, Conventuels, Observants, Déchaussés, Récollets. A la fin du vingtième siècle, l'ordre comportait encore 36.000 membres répartis en 20.000 Franciscains, 12.000 Capucins et 4.000 Conventuels.

*Cinq Franciscains devinrent papes : Nicolas IV (1288/1292), Sixte IV (1471/1484), Sixte V (1585/1590), Clément XIV (1769/1773) et Pie XI (1922/1939), sans compter deux autres classés anti-papes par l’Église : Nicolas V (128/1330) et Alexandre V en 1409.

Parmi les Franciscains célèbres, il faut citer Saint Bernardin de Sienne, Saint Antoine de Padoue et plus récemment le Padre Pio très connu en Italie. En outre, 26 Franciscains tués par les Républicains durant la guerre civile en Espagne furent béatifiés en juin 2015 par le pape François.

En 1255, le roi de France Louis IX (Saint Louis) avait fait don à l'ordre des Franciscains d'une bible en 17 volumes. Ils sont conservés dans la bibliothèque historique de l'Institut Théologique d'Assise.

J.D. 30 avril 2019

Saint François à Assise

Saint François à Assise

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28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 19:24

Assise, histoire N° 538

 

*Assise (Assisi) est une ville italienne de la province de Pérouse (Perugia) dans la région Ombrie (Umbria), située à mi-chemin entre Pérouse (à une vingtaine de kms à l'ouest) et Foligno (au sud-est).

La ville qui a aujourd'hui dans les 28.000 habitants permanents, fut fondée vers l'an 1000 avant Jésus-Christ par les Ombriens, peuple italique originaire de Lydie, antique royaume situé sur l'actuelle côte turque.

Dans « L'Enquête » au livre I, l'historien grec Hérodote (-484/-420) explique qu''il y eut une grande famine en Lydie et que ne pouvant plus nourrir toute la population, les Lydiens décidèrent que la moitié d'entre-eux, tirés au sort, devraient s'expatrier. Voici ce qu'écrit Hérodote :

« Les Lydiens bannis par le sort descendirent à Smyrne, se firent des vaisseaux qu'ils chargèrent de tous leurs biens, et partirent à la recherche d'une terre qui pût les nourrir ; ils longèrent bien des rivages jusqu'au jour où ils arrivèrent en Ombrie, où ils fondèrent des villes et où ils demeurent encore aujourd'hui ».

 

*Sept tables de bronze découvertes à Gubbio (à une trentaine de kms au nord d'Assise) en 1444, ont permis de connaître l'écriture des Ombriens. Ces tables appelées « tables eugubines » sont conservées au palais des consuls à Gubbio.

Quelques siècles après leur arrivée en Italie, les Ombriens effrayés comme d'autres de la montée en puissance de Rome, s'allièrent aux Étrusques, aux Samnites ainsi qu'à des Gaulois Senons (de la région de Sens dans l'Yonne) contre Rome. Il y eut des combats à partir de -310 avec des hauts et des bas mais les Romains finirent par l'emporter en -295 à la bataille de Sentinum (près de Sassoferrato à une quarantaine de kms au nord-est d'Assise) et annexèrent les territoires des vaincus ; voir Tite-Live (vers -60/+17) dans son « Histoire romaine » livres IX et X.

La construction de la voie « Flaminia » à partir de -220, qui, partant de Rome rejoignait l'Adriatique au sud de Rimini (Ariminum) assura le développement de l'Ombrie.

De son époque romaine, Assise conserve quelques traces dont un temple à Minerve (transformée en église « Santa Maria »), sur le trajet entre l'église Sainte Claire et la basilique Saint François. Dans la basilique Saint François (niveau supérieur) une belle inscription au sol : « SPQR » (Senatus PopulusQue Romanus : le Sénat et le peuple romain ; ce que Astérix traduirait probablement par : Sono Pazzi Questi Romani : ils sont fous ces Romains !) rappelle aussi le passé romain de la ville.

 

*Dès l'an 545, la ville d'Assise fut ravagée par les Ostrogoths, puis envahie par les Lombards qui créèrent un duché de Spolète (à une quarantaine de kms au sud d'Assise entre Terni et Foligno) en 570 et y rattachèrent Assise. Ce duché fut pris par Charlemagne en 774 passa au Saint Empire romain germanique en 962, aux États de l’Église en 1213.

 

*Durant la guerre des investitures entre la papauté et le Saint Empire, Assise fut gibeline c'est-à-dire du côté de l'empereur tandis que Pérouse (à 20 kms à l'ouest) était guelfe c'est à dire pour le pape. Il y eut une bataille entre les deux cités en novembre 1202 dite bataille de « Ponte San Giovanni » (pont qui enjambe le Tibre à l'est de Pérouse). C'est au cours de cette bataille que le futur Saint François d'Assise fut fait prisonnier et libéré (un an plus tard) grâce à la rançon payée par son père. C'est à la suite de cet événement qu'il eut la grâce et changea de vie.

 

*Vers l'an 1200 Assise devint une commune libre mais l'Ombrie fut récupérée par la papauté et resta sous sa dépendance jusqu'à l'invasion française et le rattachement de l'Ombrie à une République Romaine de courte vie (de février 1798 à septembre 1799) puis fut incorporée en 1809 au département français de Trasimène avec Spolète comme chef-lieu. A la chute de Napoléon, l'Ombrie se retrouva à nouveau dans les États du pape et ne rejoignit le royaume de Sardaigne qu'en novembre 1860 avant que celui-ci ne devienne le royaume d'Italie le 17 mars 1861.

J.D. 28 avril 2019

 

inscription au sol de la basilique St François, photo J.D. 20 avril 2019

inscription au sol de la basilique St François, photo J.D. 20 avril 2019

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