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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 17:43

Santa Maria Gloriosa dei Frari (Sainte Marie Glorieuse des Frères) est une église de Venise située dans le quartier San Polo.

De mon opinion, et du point de vue intérêt touristique, c'est l'église la plus intéressante de Venise juste après Saint Marc, même si beaucoup d'autres sont de véritables musées.

*L'histoire de cette église est liée à celle des Franciscains.

*Cet ordre monastique a été créé par Saint François d'Assise en 1210 sous le nom de « frères mineurs ». Mais celui de « Franciscains » s'est très vite imposé. Cet ordre s'est rapidement répandu en Italie et hors de ce pays.

Les Franciscains se sont aussi implantés en France, où vers l'an 1250, au cours de la septième croisade, sous Saint Louis (Louis IX), ils reçurent le nom de « Cordeliers ».

*Juste avant la Révolution, les Cordeliers avaient 284 couvents en France qui disparurent. Des « Révolutionnaires » qui s'étaient installés à Paris dans un ancien couvent de cet ordre reçurent le nom de « Cordeliers ». Il en reste bien d'autres traces en France comme à Lyon où l'on trouve une place des Cordeliers avec une église rebaptisée « Saint Bonaventure ».

*A Venise, les Franciscains arrivèrent dans les années 1220. En 1231, ils construisirent une première chapelle et un petit couvent. Très vite trop petite, une nouvelle église fut bâtie dans les années 1250. Enfin une troisième église, l'actuelle, fut mise en construction dans les années 1330 et fut consacrée le 27 mai 1492. Depuis, les œuvres d'art n'ont cessé de s'y multiplier.

L'église de style gothique, est construite sur un plan classique en forme de croix (85 mètres sur 30), augmentée sur sa gauche par un campanile achevé en 1396 , haut de 80 mètres (celui de Saint Marc est haut de 96 mètres) et de 2 chapelles extérieures (Cappella Corner financée en 1420 par le Vénitien Giovanni Corner, chapelle en principe dédiée à Saint Marc) et Chapelle Saint Pierre construite de 1431 à 1434 (financée par Pietro Miani évêque de Vicence). Sur la droite se trouvent les bâtiments du vieux monastère et 2 cloîtres. Derrière le chœur, une abside principale avec 3 absides secondaires à sa gauche et autant à sa droite. La chapelle Corner est considérée comme huitième abside et une chapelle ajoutée au fond de la sacristie en 1478 comme la neuvième.

La façade fut achevée en 1440, un jubé clôturant le chœur en 1475 (c'est le seul jubé restant à Venise), 124 stalles de bois sculptés dans le chœur de l'église en 1468 (œuvre de Marco Gozzi) et l'autel du chœur lui-même en 1516.

1-le culte marial :

Cette église est dédiée à Marie comme son nom l'indique. Même sans le nom, on le devinerait aisément tellement sont nombreuses les œuvres dédiées à la Vierge. En voici quelques-unes :

-L'Assomption de la Vierge, célèbre tableau du Titien (Titiano Vecellio) réalisé entre 1516 et 1518, situé dans l'abside

-Vierge en majesté avec l'enfant, tableau de 1487 de Bartolomeo Vivarini, dans une abside secondaire à droite derrière le chœur

-Vierge à l'enfant avec des saints, tryptique de Giovanni Bellini de 1488, dans la sacristie, au fond de l'église à droite.

-Vierge à l'enfant, tableau de Paolo Veneziano de 1339, dans la salle du chapitre à laquelle on accède par le cloître, lui même accessible à partir des archives nationales de Venise (entrée à gauche en sortant de l'église)

-La Madone de Ca' Pesaro, tableau du Titien réalisé de 1519 à 1526, dans le bas-côté gauche

-La Vierge et plusieurs saints franciscains, tableau de Bernardino Licinio de 1535, dans une abside secondaire au fond de l'église à gauche.

-La Vierge est encore représentée en peinture sur le portail d'entrée principale de l'église et en sculpture sur un portail d'entrée latérale (côté campanile)

2-le culte des Saints :

outre les 2 tableaux de la Vierge accompagnée de Saints (voir point 1), on trouve :

-Saint Marc et des Saints (Saint Jean Baptiste, Saint Jérôme, Saint Pierre, Saint Nicolas), tableau de Bartolomeo Vivarini de 1474, dans la Cappella Corner (chapelle au coin extérieur, côté campanile)

-Saint Ambroise et des Saints (Saint Grégoire, Saint Jérôme, Saint Augustin, Saint Gervais, Saint Protais, Saint Sébastien) , retable de Marco Basaiti et d'Alvise Vivarini en 1503, dans une abside secondaire au fond de l'église à gauche.

-Saint Michel auteur du XVe siècle inconnu dans une abside secondaire au fond de l'église à gauche.

-Saint Jean Baptiste, œuvre de Donatello de 1438, dans une abside secondaire au fond de l'église à droite.

-Martyre de Sainte Catherine d'Alexandrie, tableau de Jacopo Palma le Jeune, de 1590 à 1595, bas-côté droit près du chœur.

-Saint Joseph de Copertino en extase, tableau de Giuseppe Nogari de 1753, dans le bas-côté droit

-Saint Jérôme d'Alessandro Vittoria de 1564, dans le bas-côté droit

-Saint Antoine de Padoue de Giacomo di Caterino en 1450, dans le bas-côté à droite en entrant dans l'église

.-Miracles de Saint Antoine de Padoue, de Flaminio Floriani de 1603, dans la nef, à droite en entrant.

3-les personnages de l'ancien testament :

le Jubé est sculpté sur son tour extérieur avec de nombreux personnages de l'Ancien Testament dont Abraham, Isaac et Jacob. Sur leur filiation voir la note N°6 http://jean.delisle.over-blog.com/article-histoire-d-israel-55889409.html

4-monuments funéraires :

Cette église contient une quinzaine de monuments funéraires ; 4 sont consacrés à des doges (voir fiche N° 274) les autres à diverses personnalités dont Canova (monument initié par Canova et primitivement destiné au Titien), Le Titien (monument réalisé de 1843 à 1852 par Luigi Zandomeneghi et ses 2 fils), Monteverdi, 1 procurateur de Venise, 1 sénateur, 2 capitaines de la flotte vénitienne, 2 généraux et un franciscain .

J.D. 15 février 2016

N.B. pour les touristes qui partiraient à Venise je signale que le musée Correr et le musée des Antiquités ont fusionné. Il ne reste plus qu'une entrée par le Musée Correr au fond de la place Saint Marc (face à la basilique). On a en enfilade : le musée Correr, le musée des Antiquités et la bibliothèque Marciana.

monument au Titien

monument au Titien

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14 août 2015 5 14 /08 /août /2015 15:22

Alexandre Dumas dans « Les Blancs et les Bleus », texte publié en 1867/1868, fournit la liste des 33 partis politiques qui existèrent en France entre 1793 et 1795.

J'en ai repris l'énumération dans la note N°92 http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-revolution-francaise-115651234.html

Sur le même sujet voir également la note N°213 http://ean.delisle.over-blog.com/2015/01/charlotte-corday-n-213.html

Tous ces partis politiques n'eurent ni la même influence ni la même responsabilité dans les événements de la Révolution française.

Les Girondins constituèrent un des principaux groupes politiques de la Révolution, à tel point qu'entre 1842 et 1846, Alphonse de Lamartine écrivit une « Histoire des Girondins » qui fut publiée en 1847 en.... 8 volumes !

A l'époque, cette œuvre de Lamartine eut un grand succès. Elle a été rééditée en 2014 dans la collection « Bouquins » chez Robert Laffont (en 2 volumes qui ont respectivement 960 et 1120 pages).

Lamartine eut probablement l'intention de réhabiliter les Girondins, mais pris par le sujet il le dépassa largement et consacra l’œuvre, en fait, à la Révolution.

Victor Hugo écrivit d'ailleurs à propos de cet ouvrage : « L'Histoire des Girondins vient, pour la première fois, d'enseigner la Révolution à la France » (dans "Choses vues").

Pour certains auteurs, Lamartine « réhabilita la Révolution en la séparant de ses crimes ». Pour d'autres enfin, « il fit l'apologie des Montagnards ». Mais tous reconnaissent le talent d'écrivain de Lamartine.

Que ceux, que le sujet intéresse et qui ont le courage (ou le temps) de lire cet imposant récit, se fassent leur propre opinion.

Le Manège :

Un manège (équestre) fut construit près des Tuileries dans l'enfance de Louis XV (né en 1710).

Les Révolutionnaires s'approprièrent le Manège auquel ils adjoignirent les bâtiments de 2 couvents mitoyens (couvent des Capucins et des Feuillants).
Ce Manège accueillit l'Assemblée Constituante d'octobre 1789 à octobre 1791, l'Assemblée législative d'octobre 1791 à septembre 1792 et la Convention de septembre 1792 au 9 mai 1
793.

L'Assemblée se transporta ensuite aux Tuileries, mais le Manège servit encore au Conseil des Cinq-Cents sous le Directoire de 1795 à 1799, puis le Manège fut démoli en 1802 à l'occasion du percement de la rue de Rivoli.

Lorsque l'Assemblée siégea pour la première fois , Jacobins et Cordeliers occupèrent les sièges supérieurs de l'hémicycle ; ils furent surnommés les « Montagnards ». Un groupe se constitua autour des députés de la Gironde, ils furent appelés les Girondins. Ce groupe siégeait à gauche de l'Assemblée. L'espace intermédiaire fut occupé par ceux qui n'étaient ni « Montagnards » ni « Girondins », ils constituèrent la « plaine » ou le « marais ». Les Girondins voulaient transformer la royauté au pouvoir absolu en monarchie parlementaire, les Montagnards étaient partisans de supprimer la monarchie.

Dans un appel à tous les Républicains, Brissot (un des chefs girondins) présente les Montagnards comme des « désorganisateurs qui veulent tout niveler, les propriétés, l'aisance, les prix des denrées, même les talents, les connaissances et les vertus ».

*Les Cordeliers fut un groupe très ultra dans lequel on trouvait Marat, Danton, Camille Desmoulins, Hébert (qui publiait « le père Duchesne » un journal tellement extrémiste que Hébert fut surnommé « l'Homère de l'ordure »).

*Les Jacobins : groupe nombreux parmi lesquels : Robespierre, Saint Just (surnommé « l'Archange de la Terreur »), Barnave, Sieyès, La Fayette, l'abbé Grégoire, Le Chapelier, Pétion... Mais après l'arrestation de la famille royale à Varennes (21 juin 1791), le groupe se scinda : les plus modérés (Barnave, Sieyès, La Fayette, Le Chapelier...) quittèrent les Jacobins et fondèrent le club des Feuillants, tandis que Jérôme Pétion rejoignit directement les Girondins. D'autres comme Collot d'Herbois ou Fréron se retourneront contre Robespierre lors du 9 Thermidor (27 juillet 1794).

*Les Girondins : Pour simplifier à l'extrême, on peut dire que les Montagnards , surtout les Jacobins, étaient « centralisateurs » et « réquisitionnistes » (terme incorrect mais qui exprime bien ce qu'il veut dire) tandis que les Girondins étaient « décentralisateurs » et « libre-échangistes ». Ils représentaient en somme ce qu'aujourd'hui, en France, on nomme la gauche et la droite, sauf que maintenant les professionnels de la politique n'ont pas les mêmes positions selon qu'ils sont dans l'opposition ou au pouvoir ce qui n'aide pas le citoyen lambda à s'intéresser à la chose publique !

Parmi les principales personnalités des Girondins : Vergniaud, Roland, Dumouriez, Brissot, Buzot, Condorcet, Isnard, Barbaroux, Pétion (après son départ des Jacobins)... Les Girondins furent d'abord appelés « Brissotins » ou « Rolandistes », sans oublier les femmes. A ce propos, l'hebdomadaire Le Point, cet été (2015), publie chaque semaine une note de Michel Onfray sur les femmes de la Révolution. Le premier article (le 9 juillet 2015) est intitulé : « Les Girondines », celui du 16 juillet est consacré à Olympe de Gouges (guillotinée le 3 novembre 1793), celui du 23 juillet à Charlotte Corday (guillotinée le 17 juillet 1793), celui du 30 juillet à Manon Roland (guillotinée le 8 novembre 1793), celui du 6 août 2015 à Théroine de Méricourt (déclarée folle, internée en septembre 1794 et qui mourut le 23 juin 1817 toujours internée !), et celui du 13 août 2015 à Germaine de Staël (décédée le 14 juillet 1817).

Mon propre souhait serait que la série terminée, l'ensemble des portraits dressés par Michel Onfray soit rassemblés et publiés dans un document unique. En rappelant que c'est le 24 juin 1793 que fut adopté en France le suffrage universel, sauf....pour les femmes ! Et les Révolutionnaires se croyaient « progressistes » !

Les Girondins eurent le pouvoir le 24 mars 1792 et plusieurs ministres dont Roland comme Ministre de l'Intérieur et Dumouriez comme Ministre des Affaires étrangères.

Mais ils furent vite dépassés par les événements :

-20 avril 1792 déclaration de guerre à l'Autriche et à la Prusse

-13 juin 1792 renvoi des ministres girondins

-première invasion des Tuileries le 20 juin 1792

-seconde invasion des Tuileries le 10 août 1792

-du 2 au 4 septembre 1792 massacre à Paris de 1300 « aristocrates »

-création du comité de Sûreté générale le 2 octobre 1792

-Louis XVI guillotiné le 21 janvier 1793

-l'imprimerie des journaux girondins saccagée dans la nuit du 9 au 10 mars 1793

-création du Tribunal révolutionnaire le 10 mars 1793

-défaite de Dumouriez en Hollande le 18 mars 1793 (bataille de Neerwinden), il est mis en accusation à la Convention le 25 mars, il passe à l'ennemi le 3 avril

-création du comité de salut public dans la nuit du 5 au 6 avril 1793

-6 juin 1793 premières arrestations de députés girondins, d'abord 21 puis 29.

-22 sont condamnés à mort le 30 octobre et guillotinés.

-la fin des Girondins coïncide avec le début de la Terreur de septembre 1793 à juillet 1794. C'est l'exécution de Robespierre et de ses amis le 28 juillet 1794 qui met fin à la terreur.

Ainsi, les Jacobins éliminèrent les Girondins puis les Cordeliers avant de mettre eux-mêmes la tête à la lucarne (expression qui voulait dire mettre sa tête sous le couperet de la guillotine)

Mirabeau :

Mirabeau est un cas à part. Il mourut de mort naturelle le 2 avril 1791, autrement dit, avant d'avoir eu le temps d'être guillotiné. Il fut d'abord inhumé au Panthéon mais en fut retiré en 1794 après la découverte de ses tractations secrètes avec le roi. Il fut remplacé au Panthéon, à l'époque, par Marat.

C'est Louis XV qui avait posé la première pierre, le 6 septembre 1764, d'une église qui devait être dédiée à Sainte Geneviève, sainte patronne de Paris depuis la fin du cinquième siècle. Deux jours après la mort de Mirabeau (c'est-à-dire le 4 avril 1791) la Convention décida de faire de cette église un « Panthéon des grands hommes ». Mirabeau y fut le premier admis : « first in, first out » diraient les Anglo-Saxons (premier entré, premier sorti).

Mais de ceux qui avaient commencé la Révolution en 1789, il n'en restait plus beaucoup de vivants 5 ans plus tard : « Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure » !

Le monument de Bordeaux :

A la fin du XIXe siècle, les élus bordelais eurent le projet de construire 2 monuments :

-l'un sur l'actuelle place Gambetta en mémoire des Girondins (de la Révolution)

-et une fontaine place des Quinconces.

Pour la place des Quinconces il y eut un projet de fontaine de Bartholdi (voir note N°235 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/04/auguste-bartholdi-amilcar-hasenfratz-n-235.html).

Mais les élus de Bordeaux le jugèrent trop cher et c'est Lyon qui récupéra cette fontaine (place des Terreaux)

-Cependant, cela amena la municipalité de Bordeaux à fusionner ses projets afin de réaliser place des Quinconces un monument-fontaine dédié aux Girondins.

-Ce monument fut réalisé de 1894 à 1902. il comprend à la base une vasque-fontaine surmontée d'une colonne de 43 mètres que domine une statue de la Liberté en bronze dont le sommet est à 54 mètres. Le monument a été classé aux Monuments Historiques le 16 mars 2011.

La base, sur le socle de la colonne, devait être complétée par un groupe de 8 statues de « Girondins » mais sans que l'on sache si les Bordelais de l'époque voulaient représenter des Girondins « géographiques » (c'est-à-dire élus en Gironde) ou « politiques » (c'est-à-dire guillotinés appartenant au parti des Girondins, qu'ils soient de Gironde ou d'ailleurs). Le débat ne fut pas tranché (contrairement aux têtes durant la Révolution!) et le monument non achevé tout au moins par rapport aux intentions d'origine.

J.D. 14 août 2015

monument aux Girondins place des Quinconces à Bordeaux (sommet, colonne, base), photos J.D. septembre 2010

monument aux Girondins place des Quinconces à Bordeaux (sommet, colonne, base), photos J.D. septembre 2010

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