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6 mars 2016 7 06 /03 /mars /2016 09:46

La Révolution de 1789 prôna de grands principes dont celui d'égalité, sauf pour…. les femmes à qui les soi-disant révolutionnaires n'accordèrent même pas le droit de vote !. Pire, ils interdirent même les clubs féminins en 1793, alors qu'au temps de la royauté un certains nombre de femmes eurent le pouvoir en étant régentes !

A la suite, le premier empire, puis le retour des rois (Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe), puis la seconde République (de 1848 à 1852), puis le second empire de 1852 à 1870, puis la troisième République de 1870 à 1940, puis l’État français de 1940 à 1944, ne firent pas mieux pour ce qui concerne le droit de vote des femmes.

La troisième République est particulièrement inexcusable, elle qui encouragea le travail des femmes dans les champs, les usines, les hôpitaux et partout durant la première guerre mondiale pendant que les hommes étaient massivement mobilisés. Les femmes eurent le droit de faire marcher l'économie, de soutenir l'effort de guerre, de soigner les blessés... mais toujours pas de voter !

Il est cependant un domaine où la Révolution assura la stricte égalité hommes/femmes, c'est celui de la guillotine ! Les femmes comme les hommes eurent le droit de « mettre la tête à la lucarne » selon l'expression en vigueur durant la Révolution, c'est-à-dire sous le couperet de la guillotine.

Voici, parmi les plus connues, quelques-unes des femmes guillotinées durant la Révolution :

*Charlotte Corday le 17 juin 1793

*Marie-Antoinette le 16 octobre 1793

*Olympe de Gouges le 3 novembre 1793

*Manon Roland le 8 novembre 1793

*Comtesse du Barry le 8 décembre 1793

*Lucile Desmoulins le 13 avril 1794

*Françoise Goupil veuve Hébert le 13 avril 1794

*Elisabeth (sœur de Louis XVI) le 10 mai 1794

etc etc etc.

Parmi toutes ces femmes guillotinées, une figure est particulièrement attachante, c'est celle de Manon Roland. Michel Onfray lui a d'ailleurs consacré un article des pages 98 à 102 dans l'hebdomadaire Le Point du jeudi 30 juillet 2015.

Manon Roland :

Elle naquit Jeanne Marie Philipon à Paris le 17 mars 1754 d'un père graveur et d'une mère nommée Marguerite Bimont qui surnomma sa fille « Manon ».

D'un esprit très vif et d'une grande intelligence, Manon lisait beaucoup. Le 7 mai 1765, elle entrait en pension chez les religieuses du couvent des Augustines à Paris.

Le 4 février 1780 elle épousa Jean-Marie Roland de La Platière, économiste déjà réputé, inspecteur des manufactures né le 18 février 1734 et donc de 20 ans l'aîné de Manon. Avec Jean-Marie elle eut une fille, nommée Eudora, née en 1781 et qui vécut jusqu'en 1858.

Elle suivit son mari dans ses différentes affectations : Paris, Amiens puis Lyon et revint à Paris en décembre 1791. Férue de lectures d'auteurs anciens et de philosophes, elle s'enthousiasma pour la Révolution. Elle tint salon où se trama une partie de l'histoire de la Révolution. Voici ce qu'écrit Alphonse de Lamartine dans l'histoire des Girondins publiée en 1847 aux chapitres XV et XVI du livre huitième :

« Brissot, Pétion, Buzot, Robespierre, convinrent de se réunir quatre fois par semaine, le soir, dans le salon de cette femme. L'objet de ces réunions était de conférer secrètement sur les faiblesses de l'Assemblée constituante, sur les pièges que l'aristocratie tendait à la Révolution entravée, et sur la marche à imprimer aux opinions attiédies pour achever de consolider le triomphe. Ils choisirent la maison de madame Roland, parce que cette maison était située (rue Guénégaud, dans le sixième arrondissement, près de l'île de la Cité) dans un quartier assez rapproché du logement de tous les membres qui devaient s'y rencontrer…
Madame Roland se trouvait ainsi jetée, dès les premiers jours, au centre des mouvements. Sa main invisible touchait les premiers fils de la trame encore confuse qui devait dérouler les plus grands événements..
. ».

On notera le nom de Robespierre parmi les premiers assidus au salon de Manon. Elle et son mari aidèrent Robespierre à ses débuts et le prévinrent même d'un danger qui le guettait. Ce que Robespierre oubliera lorsque Manon sera condamnée et guillotinée !

Affilié aux Girondins, Jean-Marie Roland se retrouva ministre de l'Intérieur du 23 mars au 13 juin 1792 et du 10 août 1792 au 23 janvier 1793, au moment où les Girondins dominèrent l'Assemblée.

C'est le mari qui fut ministre mais c'est Manon qui dictait la politique et même qui rédigeait les discours. Voilà ce qu'écrit Alphonse de Lamartine dans « Histoire des Girondins » livre neuvième chapitre I :

« L'éclat et le génie de sa femme attirait les yeux sur lui ; sa médiocrité même, seule puissance qui ait la vertu de neutraliser l'envie, le servait. Comme personne ne le craignait, tout le monde le mettait en avant... ».

L'influence de Manon fut, dès l'époque, de notoriété publique.

Ainsi Danton déclarait à la tribune de l'Assemblée le 29 septembre 1792 :

« Personne ne rend plus de justice que moi à Roland. Mais si vous lui faites une invitation, faites-la donc aussi à sa femme ; car tout le monde sait que Roland n'est pas seul dans son département ».

Un député girondin (Lasource) répondit à Danton : « Qu'importe à la patrie que Roland ait une femme intelligente qui lui inspire ses résolutions, ou qu'il les puise en lui-même. Ce petit moyen n'est pas digne du talent de Danton. »

Ces propos sont rapportés par Alphonse de Lamartine au livre trentième de l'histoire des Girondins ; et Lamartine poursuit :

« Le lendemain, Roland écrivit à la Convention une de ces lettres lues en séance publique, et qui donnaient indirectement la parole dans la Convention et l'influence du talent de sa femme dans l'opinion. Ces lettres aux autorités constituées, aux départements, à la Convention, étaient les discours de madame Roland. Elle rivalisait avec Vergniaud, elle luttait avec Robespierre, elle écrasait Marat. On sentait le génie, on ignorait le sexe. Elle combattait masquée dans la mêlée des partis... »

Un discours de Manon :

Lorsqu'il se retrouva ministre et probablement fier de fréquenter le roi, comme Jean-Marie Roland faisait, devant sa femme, l'éloge du monarque; voilà ce que lui répondit Manon ; propos rapportés (ou imaginés?) par Alphonse de Lamartine dans l'Histoire des Girondins au chapitre X du livre treizième :

« Défie-toi de la perfidie de tous et surtout de ta propre vertu, répondait-elle au faible et orgueilleux Roland ; tu vis dans un monde des Cours où tout n'est qu'apparence, et où les surfaces les plus polies cachent les combinaisons les plus sinistres. Tu n'es qu'un bourgeois honnête égaré parmi ces courtisans, une vertu en péril parmi tous ces vices ; ils parlent notre langue et nous ne savons pas la leur : comment ne nous tromperaient-ils pas ? Louis XVI, d'une race abâtardie, sans élévation dans l'esprit, sans énergie dans la volonté, s'est laissé garrotter dans sa jeunesse par des préjugés religieux qui ont encore rapetissé son âme ; entraîné par une reine étourdie qui joint à l'insolence autrichienne l'ivresse de la beauté et du rang suprême, et qui fait de sa cour secrète et corrompue le sanctuaire de ses voluptés et le culte de ses vices, ce prince, aveuglé d'un côté par les prêtres et de l'autre par l'amour, tient au hasard les rênes flottantes d'un empire qui lui échappe ; la France, épuisée d'hommes, ne lui suscite, ni dans Maurepas, ni dans Necker, ni dans Calonne, un ministre capable de le diriger ; l'aristocratie est stérilisée ; elle ne produit plus que des scandales ; il faut que le gouvernement se retrempe dans une couche plus saine et plus profonde de la nation ; le temps de la démocratie est venu, pourquoi le retarder ? Vous êtes ses hommes, ses vertus, ses caractères, ses lumières ; la Révolution est derrière vous, elle vous salue, elle vous pousse, et vous la livreriez confiante et abusée au premier sourire d'un roi, parce qu'il a la bonhomie d'un homme du peuple ! Non, Louis XVI, à demi détrôné par la nation, ne peut aimer la Constitution qui l'enchaîne ; il peut feindre de caresser ses fers, mais chacune de ses pensées aspire au moment de les secouer. Sa seule ressource aujourd'hui est de protester de son attachement à la Révolution et d'endormir les ministres de la Révolution chargés de surveiller de près ses trames ; mais cette feinte est la dernière et la plus dangereuse de Louis XVI, et les ministres patriotes sont ses surveillants ; il n'y a pas de grandeur abattue qui aime sa déchéance, il n'y a pas d'homme qui aime son humiliation : crois à la nature humaine, Roland, elle seule ne trompe jamais, et défie-toi des cours ; ta vertu est trop haute pour voir les pièges que les courtisans sèment sous tes pas »

Rapporté ou imaginé, ce discours devrait bien être médité par tous ceux qui seraient prêts à tuer père et mère pour un portefeuille de ministre !

La fin :

Manon Roland et d'autres comme elle, furent plus intelligentes que beaucoup de prétentieux révolutionnaires, mais dans le contexte d'une société qui n'était pas prête à l'accepter, elles en perdirent la tête !

Lorsque Jacobins et Cordeliers s'entendirent pour éliminer les Girondins, Manon fut arrêtée le 1er juin 1793. Elle avait eu le temps de confier sa fille à des amis.

Elle fut condamnée par le tribunal révolutionnaire composé probablement d'abrutis notoires. En intelligence, Manon dépassait ses juges de cent coudées, mais c'était là véritablement son crime !

Elle fut guillotinée le 10 novembre 1793 et eut une mort héroïque. Durant ses 5 mois d'emprisonnement elle eut le temps d'écrire des mémoires. Jean-Marie Roland avait pu, lui, fuir en Normandie, mais lorsqu'il apprit l'exécution de Manon, il se suicida.

Qui, un jour, réhabilitera les dizaines de milliers de victimes innocentes de la Révolution ?

J.D. 6 mars 2016

nota : la citation de Lamartine expliquant que Roland était devenu ministre parce qu'il ne gênait personne, me rappelle une réunion tenue à Chambéry au début des années 1970. Réunion provoquée par Pierre Dumas alors maire de Chambéry et député de Maurienne et ce suite à la fermeture d'une usine en Maurienne. Un délégué de la DATAR (à l'époque : Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale) participait à cette réunion et manifestement il ne comprenait rien. J'en fis part en aparté à un ingénieur des Ponts-et-Chaussées auprès de qui j'étais placé. Il me répondit : »C'est parce qu'il est nul qu'il occupe ce poste, il ne gêne personne ».

Manon Roland à la guillotine

Manon Roland à la guillotine

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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 11:37

Le 25 octobre 2015, j'ai emmené mon petit-fils Romain visiter le musée de la Révolution au château-musée de Vizille.

Le château fut construit au début du XVIIe siècle par François de Bonne qui reçut le titre de duc de Lesdiguières en 1611, de Maréchal de France en 1621 et de Connétable de France en 1622. Sur le même emplacement on retrouve une mention de château dès l'an 996.

Le domaine de Vizille fut acquis par l’État le 1er janvier 1925 et servit de résidence d'été pour les Présidents de la République jusqu'à la cession au Département de l'Isère le 29 décembre 1972.

C'est en 1984 que le département de l'Isère a créé le musée de la Révolution française à l'intérieur du château.

Ma dernière visite à Vizille remontait à 2009 et j'ai eu, cette fois, la surprise de découvrir dans le parc, juste en face de l'entrée du musée et à seulement quelques mètres une sculpture en bronze de Jean-Paul Marat.

Cette sculpture fut réalisée en 2012 par la fonderie Barthélémy à Crest (Drôme) d'après un modèle en plâtre de 1883 et œuvre d'un artiste nommé Jean Baffier.

Voir photo jointe en illustration. Au verso du socle figure l'inscription suivante :

« Tu te laisseras donc toujours duper

peuple babillard et stupide

Tu ne comprendras jamais qu'il faut te défier

de ceux qui te flattent

l'Ami du Peuple ».

« l'Ami du Peuple » qui était le titre du journal de Marat était devenu le surnom de Marat lui-même.

De tout ce que j'ai lu sur la Révolution de 1789 à 1794 j'ai plutôt le sentiment que Marat par ses discours et ses écrits fut un « pousse au crime », un citoyen peu recommandable et j'ai été surpris de voir que le musée de la Révolution lui rendait hommage. Mais enfin, de son temps il était admiré par beaucoup, tout au moins par les révolutionnaires parisiens et il fut pleuré aussi par beaucoup après son assassinat par Charlotte Corday le 13 juillet 1793. Voir la fiche N°213 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/01/charlotte-corday-n-213.html

N'oublions pas que beaucoup de tyrans sanguinaires comme Néron furent regrettés et pleurés ; et il y a probablement encore, dans leur pays respectif, des citoyens pour regretter Hitler, Staline ou Pol Pot !

Chacun est bien libre d'avoir sur Marat le jugement qui lui convient, sans avoir en outre l'obligation d'avoir une opinion.

Mais pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de la Révolution française, voici des extraits sur Marat du texte d'Alphonse de Lamartine dans son histoire des Girondins publiée en 1847.

« Marat était né en Suisse (il naquit le 24 mai 1743 à Boudry dans le canton de Neuchâtel qui appartenait depuis 1707 au roi de Prusse. Marat est donc né Prussien, mais Garibaldi ou Verdi sont bien nés Français). Écrivain sans talent, savant sans nom (le 30 juin 1775, Marat avait obtenu un diplôme de médecin en Ecosse, était devenu médecin du comte d'Artois, le futur Charles X, en juin 1777 et jusqu'en 1784, et s'était livré à diverses expériences de physique), passionné pour la gloire sans avoir reçu de la société ni de la nature les moyens de s'illustrer, il se vengeait de tout ce qui était grand, non seulement sur la société, mais sur la nature. Le génie ne lui était pas moins odieux que l'aristocratie. Il le poursuivait comme un ennemi partout où il voyait s'élever ou briller quelque chose. Il aurait voulu niveler la création. L'égalité était sa fureur, parce que la supériorité était son martyre. Il aimait la Révolution, parce qu'elle abaissait tout jusqu'à sa portée ; il l'aimait jusqu'au sang, parce que le sang lavait l'injure de sa longue obscurité. Il s'était fait le dénonciateur en titre du peuple ; il savait que la délation est la flatterie de tout ce qui tremble. Le peuple tremblait toujours. Véritable prophète de la démagogie inspiré par la démence, il donnait ses rêves de la nuit pour les conspirations du jour. Il affectait le mystère, comme tous les oracles. Il vivait dans l'ombre ; il ne sortait que la nuit ; il ne communiquait avec les hommes qu'à travers des précautions sinistres. Un souterrain était sa demeure. Il s'y réfugiait invisible contre le poignard et le poison. Son journal (l'Ami du Peuple) avait pour l'imagination quelque chose de surnaturel. Marat s'était enveloppé d'un véritable fanatisme. La confiance qu'on avait en lui tenait du culte. La fumée du sang qu'il demandait sans cesse lui avait porté à la tête. Il était le délire de la Révolution, délire vivant lui-même ! »

Chapitre VIII livre troisième

« Marat semblait avoir absorbé en lui toutes les haines qui fermentent dans une société en décomposition ; il s'était fait l'expression permanente de la colère du peuple. En la feignant, il l'entretenait ; il écrivait avec de la bile et du sang. Il s'était fait cynique pour pénétrer plus bas dans les masses. Il avait inventé le langage des forcenés. Comme le premier Brutus (celui par qui fut renversé Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome, et institué la République romaine en l'an -509), il contrefaisait le fou, mais ce n'était pas pour sauver la patrie, c'était pour la pousser à tous les vertiges et pour la tyranniser par sa propre démence... »

Chapitre I livre deuxième

« Camille Desmoulins était l'enfant cruel de la Révolution. Marat en était la rage ; il avait les soubresauts de la brute dans la pensée et les grincements dans le style. Son journal, l'Ami du Peuple, suait le sang à chaque ligne »

Chapitre VII livre troisième

« Emporté dès les premiers jours de 89 par le mouvement populaire, il s'y jeta pour l'accélérer. Il vendit jusqu'à son lit pour payer l'imprimeur de ses premières feuilles. Il changea trois fois le titre de son journal (« le Publiciste parisien » du 11 au 15 septembre 1789, « l'Ami du Peuple » du 16 septembre 1789 au 25 septembre 1792 et le « Journal de la République française » ensuite), jamais l'esprit. C'était le rugissement du peuple rédigé chaque nuit en lettres de sang, et demandant chaque matin la tête des traîtres et des conspirateurs....On eût dit dans les temps antiques qu'il était possédé de l'esprit d'extermination. Sa logique violente et atroce aboutissait toujours au meurtre. Tous ses principes demandaient du sang. Sa société ne pouvait se fonder que sur des cadavres et sur les ruines de tout ce qui existait. Il poursuivait son idéal à travers le carnage, et pour lui le seul crime était de s'arrêter devant un crime... »

Chapitre XXVII livre trentième

« L'extérieur de Marat révélait son âme. Petit, maigre, osseux, son corps paraissait incendié par un foyer intérieur. Des taches de bile et de sang marquaient sa peau. Ses yeux, quoique proéminents et plein d'insolence, paraissaient souffrir de l'éblouissement du grand jour. Sa bouche, largement fendue, comme pour lancer l'injure, avait le pli habituel du dédain. Il connaissait la mauvaise opinion qu'on avait de lui et semblait la braver. Il portait la tête haute et un peu penchée à gauche comme dans le défi.

L'ensemble de sa figure, vue de loin et éclairée d'en haut, avait de l'éclat et de la force, mais du désordre. Tous les traits divergeaient comme la pensée. C'était le contraire de la figure de Robespierre, convergente et concentrée comme un système : l'une, méditation constante, l'autre, explosion continue. A l'inverse de Robespierre, qui affectait la propreté et l'élégance, Marat affectait la trivialité et la saleté du costume. Des souliers sans boucles, des semelles de clous, un pantalon d'étoffe grossière et taché de boue, la veste courte des artisans, la chemise ouverte sur la poitrine, laissant à nu les muscles du cou ; les mains épaisses, le poing fermé, les cheveux gras, sans cesse labourés par ses doigts : il voulait que sa personne fut l'enseigne vivante de son système social. »

Chapitre XXIX livre trentième

« Ces lignes (il s'agit d'un extrait de l'Ami du Peuple où Marat se décrit lui-même) révélaient l'âme de Marat, une frénésie de gloire, une explosion perpétuelle de vengeance contre les inégalités sociales, et un amour pour les classes souffrantes, perverti jusqu'à la férocité envers les riches et les heureux.

Une telle soif de justice absolue et de nivellement soudain ne pouvait s'apaiser qu'avec du sang. Marat ne cessait d'en demander au peuple, par suite de cet endurcissement de l'esprit qui jouit d'immoler par la pensée ce qui résiste à l'implacabilité de ses systèmes...

Marat avait, comme Robespierre et comme Rousseau, une foi surnaturelle dans ses principes. Il se respectait lui-même dans ses chimères comme un instrument de Dieu...

Danton qui avait longtemps protégé Marat commençait à le craindre. Robespierre le méprisait comme un caprice honteux du peuple. Il en était jaloux, mais il ne s'abaissait pas à mendier si bas sa popularité. Quand Marat et lui se coudoyaient à la Convention, ils échangeaient des regards pleins d'injure et de mépris mutuels : lâche hypocrite ! Murmurait Marat – Vil scélérat ! Balbutiait Robespierre. Mais tous les deux unissaient leur haine contre les Girondins... »

Chapitre IV livre trente-huitième

« Marat sortit de sa retraite (le 13 avril 1793, les Girondins étaient parvenus à le mettre en accusation, il s'était caché) et comparut le 24 avril, devant le Tribunal révolutionnaire. L'audace de son attitude, le défi qu'il jeta aux juges, la foule qui l'escorta au tribunal, les acclamations du peuple qui se pressait en foule autour du palais de Justice, donnèrent d'avance aux jurés l'ordre de reconnaître son innocence. Elle fut proclamée. Un cri de triomphe, parti de l'enceinte du tribunal et prolongé par les groupes jusqu'aux portes de la Convention, apprit aux Girondins l'acquittement de leur ennemi... »

Chapitre IV livre quarantième

« Danton, feignant de partager l'enthousiasme de la foule pour l'idole qu'il méprisait, demanda que le cortège de Marat reçut les honneurs de l'Assemblée en défilant dans son enceinte. Marat, tenant sa couronne à la main, alla s'asseoir au sommet de la Montagne, à côté du féroce Armonville (député de Reims à la Convention). Maintenant, dit-il à haute voix au groupe de députés qui le félicitaient, je tiens les Girondins et les Brissotins ; ils iront en triomphe aussi, mais ce sera à la guillotine. Puis s'adressant aux députés qui l'avaient décrété d'accusation, il les appela par leur nom et les apostropha en termes injurieux...Le scandale des apostrophes de Marat n'excita dans la salle que le sourire du mépris. Robespierre haussa les épaules en signe de dégoût. Marat lui lança un regard de défi et l'appela lâche scélérat... »

Chapitre V livre quarantième

« Là, Marat harangua longtemps la foule, et lui promit du sang. La joie même était sanguinaire dans cet esprit exterminateur. Les cris de mort aux Girondins ! Étaient l'assaisonnement de son triomphe... »

Chapitre VI livre quarantième

« Marat se constituait ainsi lui-même, depuis son triomphe, le plénipotentiaire de la multitude. Il prenait cette dictature qu'il avait vingt fois conjuré le peuple de donner au plus déterminé de ses défenseurs. Sa politique avait pour théorie la mort. Il était l'homme de la circonstance, car il était l'apôtre de l'assassinat en masse... »

Chapitre VII livre quarantième

« Marat seul souffla la colère du peuple et prit corps à corps les Girondins, ses ennemis personnels, jusqu'à ce qu'ils fussent terrassés. Était-ce vengeance, ambition, vanité d'un grand rôle, inquiétude d'un esprit qui ne s'arrêtait jamais ? Il jouissait surtout d'être en scène et de représenter le peuple luttant à mort contre ses prétendus ennemis. »

Chapitre II livre quarante et unième

« Marat s'était constitué, depuis son triomphe, l'accusateur public de la Commune, des Cordeliers et même de la Convention. L'hésitation de Danton, la temporisation de Robespierre, la modération des Jacobins, élevaient en ce moment Marat à l'apogée de sa popularité et de sa puissance. Il osait tout ce qu'il rêvait. Son imagination fiévreuse ne mettait plus de bornes à ses rêves. Il affectait un grand mépris pour la Convention. Il dédaignait d'assister aux séances. Il levait les épaules aux noms de Robespierre et de Danton ; incapables tous deux, disait-il, l'un faute de vertu, l'autre de génie, d'accomplir une révolution et de régénérer un peuple. Il avait les vertiges de la hauteur où sa folie l'avait porté. Il croyait résumer de plein droit dans sa personne le nombre, le droit, la volonté de la multitude. Il adorait en lui la divinité du peuple. »

Chapitre XIV livre quarante-troisième

Après l'assassinat de Marat :

« Le sang de Marat enivra le peuple. La Montagne, Robespierre, Danton, heureux d'être débarrassés de ce rival dont ils redoutaient l'empire sur la multitude, jetèrent son cadavre à la populace pour qu'elle en fit son idole. Ses funérailles (le 15 juillet 1793) ressemblèrent plus à une apothéose qu'à un deuil. La Convention donna le culte de Marat en diversion à l'anarchie. Celui dont elle rougissait comme collègue, elle permit qu'on en fit un dieu. La nuit même qui suivit sa mort, le peuple vint suspendre des couronnes à la porte de sa maison (Marat avait été élu en septembre 1792 député de Paris à la Convention puis président du club des Jacobins le 5 avril 1793. Il avait quitté ses souterrains pour un appartement où il fut assassiné). La Commune (il s'agit de la Commune insurrectionnelle de Paris) inaugura son buste dans la salle des séances. Les sections vinrent processionnellement pleurer à la Convention et demander le Panthéon pour cette cendre. D'autres demandèrent que son corps, embaumé fut promené dans les départements....La Convention décréta qu'elle assisterait en masse aux obsèques. Le peintre David les ordonna. Plagiaire de l'antiquité, il voulut imiter les funérailles de César... Les pèlerinages du peuple à la tombe de Marat s'organisèrent tous les dimanches, et confondirent dans une même adoration le cœur de cet apôtre du meurtre avec le cœur du Christ de paix. Les théâtres se décorèrent tous de son image. Les places et les rues changèrent leur nom pour prendre le sien. Les femmes lui élevèrent un obélisque. Des journalistes (Jacques Roux et Théophile Leclerc) intitulèrent leurs feuilles l'Ombre de Marat. Ce délire se propagea dans les départements. Ce nom devint l'enseigne du patriotisme. Le maire de Nîmes se fit appeler le Marat du Midi ; celui de Strasbourg, le Marat du Rhin (Il ne s'agit pas du baron de Dietrich que fréquenta Rouget de l'Isle. Ce Dietrich ne fut maire de Strasbourg que jusqu'en août 1792. Accusé d'avoir soutenu des prêtres réfractaires, il fut envoyé devant le tribunal révolutionnaire et guillotiné le 29 décembre 1793). Le Conventionnel Carrier appela ses troupes l'armée de Marat. La veuve de l'Ami du Peuple vint demander à la Convention vengeance pour son époux et un tombeau pour elle. Des fêtes funèbres, des processions, des anniversaires furent instituées dans un grand nombre de communes de la République. Des jeunes filles, vêtues de blanc et tenant à la main des couronnes de cyprès et de chêne, y chantaient, autour du catafalque, des hymnes à Marat. Tous les refrains de ces hymnes étaient sanguinaires. Le poignard de Charlotte Corday, au lieu d'étancher le sang, semblait avoir ouvert les veines de la France. »

Chapitres I et II du livre quarante-cinquième

Pour conclure :

L'image qu'Alphonse de Lamartine donne de Marat n'est pas brillante, c'est le moins que l'on puisse dire. C'est peut-être la Révolution entière qui ne fut pas brillante ! Les revendications du peuple étaient légitimes après des siècles d'absolutisme royal, les idées révolutionnaires étaient généreuses, mais dans le concret, la Révolution fut une suite de parodies de justice, de massacres, d'horreurs et de bestialité. La cause en est peut-être à la multitude de conflits simultanés : entre le peuple et l'aristocratie, entre les Royalistes et les Républicains, entre la Capitale et la Province, entre la commune insurrectionnelle de Paris et l'Assemblée, entre les Montagnards et les Girondins puis les Montagnards entre eux, sans oublier les éternelles rivalités de pouvoir entre les individus...

En tout état de cause, il me paraît évident que Lamartine n'aurait pas fait le choix de rendre hommage à Marat devant le Musée de la Révolution française !

Nota : la récapitulation thématique des notes de ce blog se trouve sur la fiche N°76 : http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html et la récapitulation des illustrations sur la fiche N°219 : http://jean.delisle.over-blog.com/2015/01/illustrations-jointes-aux-notes-du-blog-n-219.html

J.D. 8 novembre 2015

Marat à Vizille, photo J.D. 25 octobre 2015

Marat à Vizille, photo J.D. 25 octobre 2015

château-musée de Vizille, photo J.D. 25 octobre 2015

château-musée de Vizille, photo J.D. 25 octobre 2015

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14 août 2015 5 14 /08 /août /2015 15:22

Alexandre Dumas dans « Les Blancs et les Bleus », texte publié en 1867/1868, fournit la liste des 33 partis politiques qui existèrent en France entre 1793 et 1795.

J'en ai repris l'énumération dans la note N°92 http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-revolution-francaise-115651234.html

Sur le même sujet voir également la note N°213 http://ean.delisle.over-blog.com/2015/01/charlotte-corday-n-213.html

Tous ces partis politiques n'eurent ni la même influence ni la même responsabilité dans les événements de la Révolution française.

Les Girondins constituèrent un des principaux groupes politiques de la Révolution, à tel point qu'entre 1842 et 1846, Alphonse de Lamartine écrivit une « Histoire des Girondins » qui fut publiée en 1847 en.... 8 volumes !

A l'époque, cette œuvre de Lamartine eut un grand succès. Elle a été rééditée en 2014 dans la collection « Bouquins » chez Robert Laffont (en 2 volumes qui ont respectivement 960 et 1120 pages).

Lamartine eut probablement l'intention de réhabiliter les Girondins, mais pris par le sujet il le dépassa largement et consacra l’œuvre, en fait, à la Révolution.

Victor Hugo écrivit d'ailleurs à propos de cet ouvrage : « L'Histoire des Girondins vient, pour la première fois, d'enseigner la Révolution à la France » (dans "Choses vues").

Pour certains auteurs, Lamartine « réhabilita la Révolution en la séparant de ses crimes ». Pour d'autres enfin, « il fit l'apologie des Montagnards ». Mais tous reconnaissent le talent d'écrivain de Lamartine.

Que ceux, que le sujet intéresse et qui ont le courage (ou le temps) de lire cet imposant récit, se fassent leur propre opinion.

Le Manège :

Un manège (équestre) fut construit près des Tuileries dans l'enfance de Louis XV (né en 1710).

Les Révolutionnaires s'approprièrent le Manège auquel ils adjoignirent les bâtiments de 2 couvents mitoyens (couvent des Capucins et des Feuillants).
Ce Manège accueillit l'Assemblée Constituante d'octobre 1789 à octobre 1791, l'Assemblée législative d'octobre 1791 à septembre 1792 et la Convention de septembre 1792 au 9 mai 1
793.

L'Assemblée se transporta ensuite aux Tuileries, mais le Manège servit encore au Conseil des Cinq-Cents sous le Directoire de 1795 à 1799, puis le Manège fut démoli en 1802 à l'occasion du percement de la rue de Rivoli.

Lorsque l'Assemblée siégea pour la première fois , Jacobins et Cordeliers occupèrent les sièges supérieurs de l'hémicycle ; ils furent surnommés les « Montagnards ». Un groupe se constitua autour des députés de la Gironde, ils furent appelés les Girondins. Ce groupe siégeait à gauche de l'Assemblée. L'espace intermédiaire fut occupé par ceux qui n'étaient ni « Montagnards » ni « Girondins », ils constituèrent la « plaine » ou le « marais ». Les Girondins voulaient transformer la royauté au pouvoir absolu en monarchie parlementaire, les Montagnards étaient partisans de supprimer la monarchie.

Dans un appel à tous les Républicains, Brissot (un des chefs girondins) présente les Montagnards comme des « désorganisateurs qui veulent tout niveler, les propriétés, l'aisance, les prix des denrées, même les talents, les connaissances et les vertus ».

*Les Cordeliers fut un groupe très ultra dans lequel on trouvait Marat, Danton, Camille Desmoulins, Hébert (qui publiait « le père Duchesne » un journal tellement extrémiste que Hébert fut surnommé « l'Homère de l'ordure »).

*Les Jacobins : groupe nombreux parmi lesquels : Robespierre, Saint Just (surnommé « l'Archange de la Terreur »), Barnave, Sieyès, La Fayette, l'abbé Grégoire, Le Chapelier, Pétion... Mais après l'arrestation de la famille royale à Varennes (21 juin 1791), le groupe se scinda : les plus modérés (Barnave, Sieyès, La Fayette, Le Chapelier...) quittèrent les Jacobins et fondèrent le club des Feuillants, tandis que Jérôme Pétion rejoignit directement les Girondins. D'autres comme Collot d'Herbois ou Fréron se retourneront contre Robespierre lors du 9 Thermidor (27 juillet 1794).

*Les Girondins : Pour simplifier à l'extrême, on peut dire que les Montagnards , surtout les Jacobins, étaient « centralisateurs » et « réquisitionnistes » (terme incorrect mais qui exprime bien ce qu'il veut dire) tandis que les Girondins étaient « décentralisateurs » et « libre-échangistes ». Ils représentaient en somme ce qu'aujourd'hui, en France, on nomme la gauche et la droite, sauf que maintenant les professionnels de la politique n'ont pas les mêmes positions selon qu'ils sont dans l'opposition ou au pouvoir ce qui n'aide pas le citoyen lambda à s'intéresser à la chose publique !

Parmi les principales personnalités des Girondins : Vergniaud, Roland, Dumouriez, Brissot, Buzot, Condorcet, Isnard, Barbaroux, Pétion (après son départ des Jacobins)... Les Girondins furent d'abord appelés « Brissotins » ou « Rolandistes », sans oublier les femmes. A ce propos, l'hebdomadaire Le Point, cet été (2015), publie chaque semaine une note de Michel Onfray sur les femmes de la Révolution. Le premier article (le 9 juillet 2015) est intitulé : « Les Girondines », celui du 16 juillet est consacré à Olympe de Gouges (guillotinée le 3 novembre 1793), celui du 23 juillet à Charlotte Corday (guillotinée le 17 juillet 1793), celui du 30 juillet à Manon Roland (guillotinée le 8 novembre 1793), celui du 6 août 2015 à Théroine de Méricourt (déclarée folle, internée en septembre 1794 et qui mourut le 23 juin 1817 toujours internée !), et celui du 13 août 2015 à Germaine de Staël (décédée le 14 juillet 1817).

Mon propre souhait serait que la série terminée, l'ensemble des portraits dressés par Michel Onfray soit rassemblés et publiés dans un document unique. En rappelant que c'est le 24 juin 1793 que fut adopté en France le suffrage universel, sauf....pour les femmes ! Et les Révolutionnaires se croyaient « progressistes » !

Les Girondins eurent le pouvoir le 24 mars 1792 et plusieurs ministres dont Roland comme Ministre de l'Intérieur et Dumouriez comme Ministre des Affaires étrangères.

Mais ils furent vite dépassés par les événements :

-20 avril 1792 déclaration de guerre à l'Autriche et à la Prusse

-13 juin 1792 renvoi des ministres girondins

-première invasion des Tuileries le 20 juin 1792

-seconde invasion des Tuileries le 10 août 1792

-du 2 au 4 septembre 1792 massacre à Paris de 1300 « aristocrates »

-création du comité de Sûreté générale le 2 octobre 1792

-Louis XVI guillotiné le 21 janvier 1793

-l'imprimerie des journaux girondins saccagée dans la nuit du 9 au 10 mars 1793

-création du Tribunal révolutionnaire le 10 mars 1793

-défaite de Dumouriez en Hollande le 18 mars 1793 (bataille de Neerwinden), il est mis en accusation à la Convention le 25 mars, il passe à l'ennemi le 3 avril

-création du comité de salut public dans la nuit du 5 au 6 avril 1793

-6 juin 1793 premières arrestations de députés girondins, d'abord 21 puis 29.

-22 sont condamnés à mort le 30 octobre et guillotinés.

-la fin des Girondins coïncide avec le début de la Terreur de septembre 1793 à juillet 1794. C'est l'exécution de Robespierre et de ses amis le 28 juillet 1794 qui met fin à la terreur.

Ainsi, les Jacobins éliminèrent les Girondins puis les Cordeliers avant de mettre eux-mêmes la tête à la lucarne (expression qui voulait dire mettre sa tête sous le couperet de la guillotine)

Mirabeau :

Mirabeau est un cas à part. Il mourut de mort naturelle le 2 avril 1791, autrement dit, avant d'avoir eu le temps d'être guillotiné. Il fut d'abord inhumé au Panthéon mais en fut retiré en 1794 après la découverte de ses tractations secrètes avec le roi. Il fut remplacé au Panthéon, à l'époque, par Marat.

C'est Louis XV qui avait posé la première pierre, le 6 septembre 1764, d'une église qui devait être dédiée à Sainte Geneviève, sainte patronne de Paris depuis la fin du cinquième siècle. Deux jours après la mort de Mirabeau (c'est-à-dire le 4 avril 1791) la Convention décida de faire de cette église un « Panthéon des grands hommes ». Mirabeau y fut le premier admis : « first in, first out » diraient les Anglo-Saxons (premier entré, premier sorti).

Mais de ceux qui avaient commencé la Révolution en 1789, il n'en restait plus beaucoup de vivants 5 ans plus tard : « Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure » !

Le monument de Bordeaux :

A la fin du XIXe siècle, les élus bordelais eurent le projet de construire 2 monuments :

-l'un sur l'actuelle place Gambetta en mémoire des Girondins (de la Révolution)

-et une fontaine place des Quinconces.

Pour la place des Quinconces il y eut un projet de fontaine de Bartholdi (voir note N°235 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/04/auguste-bartholdi-amilcar-hasenfratz-n-235.html).

Mais les élus de Bordeaux le jugèrent trop cher et c'est Lyon qui récupéra cette fontaine (place des Terreaux)

-Cependant, cela amena la municipalité de Bordeaux à fusionner ses projets afin de réaliser place des Quinconces un monument-fontaine dédié aux Girondins.

-Ce monument fut réalisé de 1894 à 1902. il comprend à la base une vasque-fontaine surmontée d'une colonne de 43 mètres que domine une statue de la Liberté en bronze dont le sommet est à 54 mètres. Le monument a été classé aux Monuments Historiques le 16 mars 2011.

La base, sur le socle de la colonne, devait être complétée par un groupe de 8 statues de « Girondins » mais sans que l'on sache si les Bordelais de l'époque voulaient représenter des Girondins « géographiques » (c'est-à-dire élus en Gironde) ou « politiques » (c'est-à-dire guillotinés appartenant au parti des Girondins, qu'ils soient de Gironde ou d'ailleurs). Le débat ne fut pas tranché (contrairement aux têtes durant la Révolution!) et le monument non achevé tout au moins par rapport aux intentions d'origine.

J.D. 14 août 2015

monument aux Girondins place des Quinconces à Bordeaux (sommet, colonne, base), photos J.D. septembre 2010

monument aux Girondins place des Quinconces à Bordeaux (sommet, colonne, base), photos J.D. septembre 2010

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