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12 juillet 2016 2 12 /07 /juillet /2016 16:12

L'Islande s'est distinguée, en bien, au mondial de foot 2016, mais cela n'est qu'anecdotique.

*La principale caractéristique de ce pays de 103.000 km² (équivalent à moins d'un cinquième de la superficie de la France) est qu'il est situé sur une zone de rencontre de deux plaques tectoniques : la plaque américaine et la plaque euro-asiatique.

*L'épaisseur de la croûte terrestre sous les pieds des Islandais n'est que de 3.000 mètres et le pays est truffé de 200 volcans dont 130 actifs. Il y a une éruption volcanique importante en Islande en moyenne tous les 4 ans. Les habitants (330.000 actuellement) se sont adaptés.

*La dernière éruption importante est celle du Bardarbunga entre le 28 août 2014 et le 27 février 2015. Dans ce laps de temps, ce volcan cracha de la lave entre 10 et 14 mètres d'épaisseur sur une superficie de 85 km2 .

*L'avant dernière éruption importante est celle de l'Eyjafjallajokull d'avril 2010 qui perturba le trafic aérien en Europe durant un mois.

*L'éruption la plus importante des « temps historiques » c'est-à-dire des 5.000 dernières années environ, est celle du Laki commencée le 8 juin 1783 et qui se poursuivit jusqu'au 7 février 1784. Cette éruption a donné lieu à de nombreux textes, films dont un diffusé sur la chaîne Arte le 20 mars 2010, le 26 mars 2011, le 12 avril 2012, le 29 novembre 2015…

*Ce Laki situé au centre de la zone de failles entre les plaques tectoniques, possède plus de cent cratères ou en termes militaires plus de cent « bouches à feu »

*Pendant les 5 premiers mois de son éruption le Laki déversa 14 milliards de m³ de lave basaltique, ce qui représente, si l'on veut une comparaison, le débit du Rhin à son embouchure durant 5 mois et en même temps 122 millions de tonnes de gaz toxiques (dioxyde de souffre et acide fluorhydrique) qui se répandirent dans l'atmosphère et furent poussés sur l'Europe par le vent. Paris fut atteint par le nuage dès le 20 juin 1783. Pour aggraver la situation, dans les mêmes moments (du 9 mai au 5 août 1783), un volcan japonais (l'Asama) entrait lui aussi en éruption et ajoutait sa masse de gaz toxiques dans l'atmosphère. L'effet conjugué des 2 volcans pollua tout l'hémisphère nord.

*Cela entraîna un dérèglement climatique durant plusieurs années avec des hivers plus longs, plus froids et plus neigeux qu'à l'accoutumée et en prime des inondations lors de la fonte des neiges. Ainsi la Seine fut gelée le 1er janvier 1784. Même le Mississippi gela à la Nouvelle-Orléans c'est-à-dire presque à son embouchure et jusqu'au golfe du Mexique qui à l'époque fut décrit comme gelé à certains endroits.

*Des orages violents se multiplièrent avec des grêlons atteignant jusqu'à 5 kgs.

*En France les 2/3 du pays furent recouverts par les nuages toxiques. L'hiver 1787/1788 fut particulièrement long et des orages le 13 juillet 1788 détruisirent les récoltes sur une grande partie du territoire.

*Tous ceux qui ont dépouillé les registres paroissiaux dans différents pays de l'hémisphère nord constatent une surmortalité sur la période, due à la pollution, à la famine…

*A partir de ces éléments, beaucoup d'auteurs établissent un lien entre le Laki et la Révolution française à partir de l'enchaînement : éruption, dérèglement climatique, mauvaises récoltes, famines, révolution.

*D'autres auteurs contestent ce lien en remarquant que le dérèglement climatique toucha tout l'hémisphère nord et qu'il n'y eut une révolution qu'en France. A chacun de se faire une opinion.

*Dans les émissions consacrées à l'éruption de 1783, les vulcanologues semblent unanimes pour dire qu'une éruption aussi violente peut revenir et même reviendra, mais naturellement, ils ne savent pas quand. Pour le savoir, il suffit d'attendre !

J.D. 12 juillet 2016

carte publiée sur le site du lycée Sainte Marie du Port aux Sables d'Olonne et montrant l'Islande à la zone de rencontre des plaques tectoniques

carte publiée sur le site du lycée Sainte Marie du Port aux Sables d'Olonne et montrant l'Islande à la zone de rencontre des plaques tectoniques

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28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 09:03

Dans une boutique, j'ai trouvé une carte postale publiée par les éditions « Editor » et représentant « la journée de l'élégance à bicyclette » à Paris en juin 1942. Voir la photo en illustration qui montre 3 « élégantes » (on suppose les lauréates du concours).

Chacun est libre des pensées que cela peut lui inspirer. Mais ce qui peut poser problème c'est bien sûr le double contexte :

*celui de juin 1942

*celui de 2014 avec la sortie du livre d'Eric Zemmour : « le suicide français » chez Albin Michel en octobre 2014. Livre qui rappelle (page 70) une contrepèterie datant de l'occupation : « La Française conservera toujours son cœur au vaincu ». (cruel retour sur le passé !)

Voici un petit rappel du contexte de juin 1942 :

En France :

Les Allemands occupent, dans un premier temps, la moitié de la France depuis 2 années c'est-à-dire depuis la débâcle. C'est la seconde fois dans notre histoire que la Loire sert de ligne de démarcation (voir fiche N° 109 http://jean.delisle.over-blog.com/la-guerre-de-cent-ans-n-109), entre une France occupée au nord et une France libre au sud. A Vichy, Pétain est chef de l'Etat français (voir fiche N° 174 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/05/petain-de-gaulle-mitterrand-n-174.html), en 1942 il avait 86 ans, Pierre Laval est le chef du gouvernement et François Mitterrand est encore un collaborateur zélé du régime de Vichy. Le 16 juin 1942, Pierre Laval avait déclaré : « je souhaite la victoire de l'Allemagne ». Pendant les années d'occupation, des Français firent de la Résistance, d'autres de la collaboration, certains passèrent de la collaboration à la résistance quand le vent tourna pour les Allemands, enfin la majorité, probablement, chercha surtout à résoudre ses problèmes quotidiens (rationnement etc) et à survivre en attendant des jours meilleurs. Cette carte postale, néanmoins, nous rappelle que tous les Français ne vécurent pas l'occupation de la même façon.

En Europe :

Au Kremlin, c'est dans la nuit du 23 au 24 août 1939 qu'avaient été signés les deux « pactes germano-soviétiques » (le pacte des assassins selon Max Gallo) qui furent les premiers responsables du déclenchement de la seconde guerre mondiale.

A l'occasion de cérémonies commémoratives de la seconde guerre mondiale (armistice, débarquement...) j'entends souvent des commentateurs aux infos présenter Staline comme le principal acteur de la défaite de l'Allemagne nazie. Pour mon goût ils oublient trop vite :

*l'alliance Hitler/Staline d'août 1939

*que Staline profita de son alliance avec Hitler pour envahir la moitié de la Pologne, les 3 pays baltes, la Finlande. Pendant le même temps son allié Hitler avait envahi l'autre moitié de la Pologne (à compter du 1er septembre 39), le Danemark et la Norvège (à compter du 10 avril 1940), la Hollande, la Belgique, le Luxembourg et la France (à compter du 10 mai 1940), la Grèce et la Yougoslavie (en avril 1941). Rien que cela !

*que ce n'est pas Staline qui décida de changer de camp mais Hitler qui ordonna l'invasion de l'Union Soviétique le 22 juin 1941 et jeta ainsi Staline dans les bras des Alliés alors que très probablement Staline ne demandait qu'à poursuivre le partage de l'Europe avec son allié Hitler !

En juin 1942, au moment du concours d'élégance, les Allemands ont enfoncé l'armée Rouge. La bataille de Stalingrad et le début des revers allemands ne commenceront qu'en septembre 1942. La rafle du Vel' d'Hiv n'eut lieu que les 16 et 17 juillet 1942, le débarquement américain en Afrique du Nord que le 8 novembre 1942.

Qui pouvait en juin 1942 prévoir la défaite allemande ?

Dans le reste du monde :

Au début de la seconde guerre mondiale l'opinion publique américaine est majoritairement hostile à l'entrée en guerre des Etats-Unis. Ni les invasions successives des complices Hitler/Staline de 1939, 1940 et 1941 ne changèrent l'opinion américaine.

Il fallut que le Japon attaque la base américaine de Pearl Harbor le 7 décembre 1941 et que cela soit suffisamment médiatisé aux U.S.A. pour que l'opinion se renverse, que les Etats-Unis entrent en guerre et que cela change le cours des événements.

A Pearl Harbor, les Etats-Unis eurent 2.403 tués, 1.178 blessés et perdirent 4 navires de ligne, 3 croiseurs, 3 destroyers et 188 avions. En décembre 1941 Japon et Etats-Unis n'étaient pas en guerre, cette attaque surprise fut un événement suffisamment massif et horrible pour que l'opinion américaine accepte la guerre. On peut comprendre l'intérêt des politiques, des militaires et des industriels américains de l'armement. Mais pourquoi les Japonais allèrent-ils attaquer les Américains dans une base située à 5.500 kms du Japon ?

Les Japonais étaient alors en guerre contre la Chine. Cette guerre avait commencé le 18 septembre 1931, s'était interrompue et avait repris le 7 juillet 1937. Elle ne s'arrêta qu'avec la reddition du Japon signée le 2 septembre 1945 sur le pont de l'USS Missouri dans la baie de Tokyo. La Chine prit part à la signature.

Dans sa guerre contre la Chine, l'armée japonaise eut 1.100.000 tués tandis que les Chinois eurent 12 millions de morts (civils et militaires) en estimation basse.

En dehors de tout jugement moral, on peut comprendre une guerre du Japon contre la Chine, il y en eut aussi contre la Russie. C'étaient des pays proches qui pouvaient permettre une extension territoriale pour le Japon.

On peut toujours trouver des arguments à tout, mais rationnellement j'avoue que je ne trouve pas de raisons plausibles pour expliquer cette attaque des Etats-Unis par le Japon.

J.D. 28 novembre 2014

journée de l'élégance à bicyclette en juin 1942 à Paris, carte publiée par les éditions Editor

journée de l'élégance à bicyclette en juin 1942 à Paris, carte publiée par les éditions Editor

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31 mai 2014 6 31 /05 /mai /2014 10:49

Le 4 mars 1921, un nouveau président (Warren Harding, mort le 2 août 1923, il n'eut pas le temps de finir son mandat) avait pris ses fonctions à Washington. Le 13 juillet 1921 il avait envoyé une invitation aux alliés de la guerre de 14 à venir à Washington pour examiner certains problèmes et principalement :

*la course effrénée aux armements qui avait repris de plus belle surtout dans le domaine de l'armement naval

*les accords passés entre l'Angleterre et le Japon

*la délimitation des zones d'influence entre les puissances dans le Pacifique.

Cette conférence commença le 12 novembre 1921 et se termina le 6 février 1922. Elle entraîna la signature de 2 traités :

*un traité naval le 6 février 1922 pour limiter les droits des puissances dans la construction d'une marine de guerre. Ce traité fut signé par les Etats-Unis, la Grande Bretagne, le Japon, la France et l'Italie. La Grande-Bretagne conservait sa première place comme puissance militaire maritime.

L'Italie de Mussolini fut la première dans les années 30 à dénoncer ce traité. Quant à l'Allemagne, elle ne l'avait pas signé ! Mais les traités furent mal...traités par Hitler de toutes façons! Le Japon et les autres suivirent. La conférence de Washington est aussi souvent appelée « conférence navale ».

*un traité du 13 décembre 1921 réglait les zones d'influence des puissances dans le Pacifique, donnait des droits à la Chine et supprimait de fait les traités antérieurs entre la Grande-Bretagne et le Japon. Outre les 5 signataires du traité du 6 février , la Chine, la Belgique, les Pays-Bas et le Portugal étaient signataires de ce traité

les traités anglo-nippons : le 16 juillet 1894 avait été signé à Londres un « traité de commerce et de navigation » entre la Grande-Bretagne et le Japon. Puis le 30 janvier 1902 un nouvel accord par lequel l'Angleterre s'engageait à ne pas intervenir en cas de guerre entre le Japon et la Russie et à intervenir aux côtés du Japon au cas où une autre puissance soutiendrait la Russie.

Les Japonais voyaient leur population augmenter régulièrement avec un territoire étroit. Ils avaient l'ambition de s'étendre sur le continent proche. Mais la Russie tsariste avait des ambitions sur les mêmes territoires. Il y avait eu un premier conflit entre Russes et Japonais en 1894 qui s'était terminé par un armistice signé à Tokyo le 30 mars 1895. Puis les Russes avaient pris de l'avance, en négociant avec les Chinois qui leur avaient donné à bail, en 1898, Port-Arthur (port chinois de Mandchourie). Les Russes avaient installé une importante base maritime (militaire) à Port-Arthur.

Forts de leur traité de 1902 avec les Anglais, les Japonais attaquèrent sans déclaration de guerre la flotte russe de Port-Arthur le 8 février 1904 puis firent le siège de la garnison russe qui capitula le 22 janvier 1905. Les Russes furent encore vaincus à la bataille terrestre de Monkden en mars 1905 et à la bataille navale de Tsuhima du 17 au 29 mai 1905. Sous les auspices du Président américain Theodore Roosevelt (président de 1901 à 1909, à ne pas confondre avec Franklin Roosevelt qui, lui, fut président de 1933 à 1945 ; c'est après lui que les mandats de président furent limités à 2), le traité de Portsmouth, signé le 5 septembre 1905, accordait au Japon : la Corée, la moitié de l'île de Sakhaline et la région de Port-Arthur.

Les Japonais étaient entrés dans la guerre de 14 aux côtés des Alliés pour contrer la percée allemande dans le Pacifique. Les Japonais s'emparèrent sans beaucoup d'efforts des colonies allemandes du Pacifique et les conservèrent dans les traités d'après guerre. Voir la fiche N° 172 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/04/le-desastreux-traite-de-versailles-n-172.html.

C'est le 23 août 1914 que le Japon avait déclaré la guerre à l'empire allemand. Pour récupérer les colonies allemandes du Pacifique, il n'en coûta que 415 vies aux Japonais. De tous les belligérants de la première guerre mondiale, les Japonais eurent manifestement le meilleur rapport en termes de coûts/avantages.

Le contexte de la conférence pour les Anglais : Durant 6 siècles (bataille de Bouvines 1214, bataille de Waterloo 1815) les Anglais luttèrent contre l'hégémonie française en Europe. La diplomatie anglaise parvint souvent à réunir des coalitions européennes contre la France. La victoire de l'Europe sur Napoléon 1er mit provisoirement fin à l'hostilité anglaise. Puis les Anglais s'inquiétèrent de la percée russe vers la mer Noire pour avoir un accès à la Méditerranée. Les Anglais se rapprochèrent une première fois des Français et ce fut la guerre de Crimée (1854/1856) contre la Russie.

Secrètement les Anglais durent se réjouir de la cuisante défaite de la France contre la Prusse en 1870. Mais quand ils virent le royaume de Prusse se transformer en Empire allemand et réussir dans tous les domaines, ils se rapprochèrent une nouvelle fois de la France et ce fut « l'Entente cordiale » (le 8 avril 1904).

Les Anglais payèrent leur tribu à la guerre de 14 : 1 million de tués et 1.700.000 blessés. Mais après la guerre les dirigeants britanniques comme la population pensaient que l'Allemagne à genoux n'était plus un danger pour longtemps. Alors les vieux démons francophobes resurgirent. La presse britannique du début des années 1920 accusait la France de vouloir remplacer la Prusse comme puissance militariste et impérialiste. Rien de moins ! Et bien sûr, la population anglaise suivait. De cette situation il existe de nombreux témoignages dans le tome V de la biographie consacrée à Briand par Georges Suarez. Je ne peux pas en recopier des pages pour ne pas alourdir ce texte, voici néanmoins 2 extraits du texte de Suarez pour décrire l'ambiance de l'époque (chapitre VII du tome V) :

« L'extraordinaire violence de la campagne des journaux anglais contre notre puissance militaire était en quelque sorte une préface aux intrigues auxquelles la délégation britannique s'apprêtait à se livrer contre notre pays à Washington ».

« L'armée française était représentée (dans la presse anglaise) comme un obstacle à la paix, un élément de troubles en Europe, une menace pour l'avenir. La France était représentée, par la caricature ou les récits, sous les traits d'un soudard écrasant de sa botte un univers épuisé et sanglant ».

Le 22 novembre 1921, le New-York World publiait un article intitulé « La France préparant une nouvelle guerre... » sous la signature de l'écrivain anglais Wells (l'auteur de la Guerre des Mondes). Article dans lequel on pouvait lire :

« Le fait brutal de la question est que la France maintient une vaste armée en face d'un univers désarmé et qu'elle se prépare énergiquement à de nouvelles opérations belliqueuses en Europe et à une guerre sous-marine contre l'Angleterre »

Et Suarez de commenter : « Cette brutale et invraisemblable accusation sous la plume de Wells, montrait bien que la campagne était depuis longtemps préparée ».

La délégation anglaise à Washington était conduite par lord Balfour qui prenait régulièrement ses ordres auprès de Lloyd George qui était resté à Londres. On apprend au passage que les Américains espionnaient les conversations des différentes délégations avec leur capitale respective !

L'invitation américaine pour la conférence ne portait que sur l'armement naval. Les Anglais parvinrent à obtenir la discussion sur les armements terrestres parce qu'ils souhaitaient une réduction importante des forces terrestres françaises. Ils avaient aussi pour objectif dans cette conférence d'interdire à la France la constitution d'une force sous-marine ! Aristide Briand qui conduisait la délégation parvint à déjouer toutes les manœuvres des Britanniques. Il faudra attendre l'arrivée au pouvoir des nazis pour que l'Angleterre se rapproche une nouvelle fois de la France.

Les Italiens : Les Italiens avaient de la rancœur contre la France (voir sur mon blog les notes N° 161http://jean.delisle.over-blog.com/2014/02/l-italie-et-la-guerre-de-14-n-161.html et 172). Pour isoler la France à la conférence de Washington, la presse anglaise utilisa la mauvaise humeur italienne pour prêter à Briand de faux propos désobligeants contre l'armée italienne. Ces articles furent repris par la Stampa et voici le résultat :

« A Turin, à Rome, à Naples, des cortèges se formèrent aux cris de A bas la France ! A Turin, le Consulat français fut saccagé, vitres brisées, meubles renversés, personnel molesté. Le même soir, les incidents de Washington et de Turin furent évoqués à la Chambre italienne. Le ministre des Affaires étrangères della Toretta lut une dépêche de Schanzer (délégué italien à Washington) qui démentait formellement les propos attribués à Briand sur l'armée italienne. Hughes (secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères), à son tour, démentit officiellement la nouvelle publiée par le Daily Telegraph et l'Echo de Paris »

Les Italiens avaient été très déçus de la place qui leur avait été faite dans le traité de Versailles et les autres traités d'après guerre. Ils furent autant déçus de la conférence de Washington.

Les Américains: Les Etats-Unis s'inquiétaient de la montée en puissance du Japon dans la zone pacifique. Leur intervention dans la guerre avait coûtait cher, même si elle avait placé les Etat-Unis au premier rang de la diplomatie mondiale. La course au réarmement naval coûtait cher et l'opinion publique américaine n'en voulait pas. Les Américains parvinrent à leurs buts à la conférence de Washington : fin de l'alliance anglo-nippone et limitation des forces navales, au moins provisoirement car l'on sait ce qu'il advint dans les années 1930.

La France : La délégation française à Washington était conduite par Aristide Briand qui était redevenu président du Conseil. Il s'attacha à démontrer aux autres délégations :

*comment les 7 millions de soldats allemands démobilisés étaient repris en main par des associations, théoriquement d'anciens combattants mais qui étaient de fait des organisations para-militaires et comment ils continuaient de s'entraîner .

*que la République de Weimar était trop faible pour constituer une garantie pour les autres nations

*que l'industrie allemande compte-tenu de son importance et de son efficacité pouvait en peu de temps réarmer l'Allemagne.

Quelle clairvoyance, quelle lucidité ! Les Américains qui soutenaient d'abord le point de vue anglais se rallièrent à Briand et la France put conserver tout son potentiel militaire, mais Briand décéda en mars 1932 et l'on sait ce que firent ceux qui suivirent !

Les manœuvres de Clemenceau avaient écarté Briand des responsabilités politiques au moment de la déclaration de la guerre de 14 puis au moment des négociations des traités d'après guerre. La mort l'empêcha d'être présent lorsque les nazis arrivèrent au pouvoir. Quel drame pour la France et les Français !

J.D. 31 mai 2014

La récapitulation thématique des notes de ce blog se trouve sur la fiche N°76 http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

les délégués français à Washington (Briand est le troisième en partant de la gauche)

les délégués français à Washington (Briand est le troisième en partant de la gauche)

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 09:35

La fin des 4 empires


La guerre de 14/18 a entraîné la disparition de 4 empires : l'empire allemand, l'empire austro-hongrois, l'empire ottoman et l'empire russe.

L'empire allemand : Dans l'espace germanique avait existé « le Saint Empire Romain Germanique ». Créé le 2 février de l'an 962 par le couronnement d'Otton 1er à Rome (par le pape Jean XII), cet empire se voulait la continuation à la fois de l'empire romain et de l'empire de Charlemagne. Otton 1er avait d'abord été roi « de Francie orientale » créée par le traité de Verdun en l'an 843 lorsque les petits-fils de Charlemagne (mort le 28 janvier 814) se partagèrent son empire.
Il s'agissait en fait d'une confédération d'états, une sorte d'union européenne avant l'heure, dans laquelle il y eut toujours des luttes pour le pouvoir, ce qui entraîna de nombreuses guerres de successions, de sept ans, de trente ans... sans oublier la guerre entre cet empire et la papauté de 1075 à 1122, conflit connu sous le nom de « querelles des investitures ». Puis au XVIe siècle, un certain nombres de princes allemands soutinrent la cause de Luther, ce qui divisa l'empire un peu plus, avec un nord (la Prusse) majoritairement protestante et un sud (l'Autriche) majoritairement catholique. C'est Napoléon qui mit fin à cet empire le 6 août 1806 et le remplaça par « la Confédération du Rhin »
Les souverains les plus connus comme empereurs germaniques furent : Otton 1er, le fondateur, Henri IV pour son conflit avec le pape et sa soumission finale au pape Grégoire VII à Canossa, Frédéric Barberousse et Charles Quint. Les fonctions de capitale de cet empire étaient réparties entre Vienne, où siégeait l'empereur et le conseil aulique (conseil de l'empereur), Ratisbonne où siégeait la Diète (représentation des Etats confédérés) et Wetzlar où se trouvait la Chambre impériale de Justice. Cela ressemble fort à la situation de l'Union Européenne aujourd'hui où l'on a à Luxembourg la Cour de Justice et son tribunal associé, la Cour des Comptes, la Banque européenne d'investissement et le secrétariat du parlement européen, à Strasbourg une partie des sessions du parlement, à Bruxelles l'autre partie, plus le siège de la commission, du conseil des Ministres et du Conseil européen, tandis que Francfort est le siège de la BCE (Banque Centrale Européenne)
Après la chute de Napoléon, le congrès de Vienne en 1815 laissa 2 puissances dans l'espace germanique : un royaume de Prusse au nord et un empire d'Autriche au sud. C'était « forcément » une puissance de trop.
Le 24 septembre 1862, Guillaume 1er roi de Prusse appelait le célèbre Bismarck à la présidence du Conseil prussien. Le 16 juin 1866, la Prusse déclarait la guerre à l'Autriche et lui infligeait une cuisante défaite le 3 juillet 1866 à Sadowa  (dans l'actuelle République Tchèque). La Prusse s'assurait ainsi la suprématie (aujourd'hui on dirait le leadership) sur l'espace germanique. Il faut rappeler que l'Autriche avait perdu beaucoup de soldats, de chevaux, de canons, en Italie du nord,  lors de la guerre en 1859 contre le royaume de Sardaigne et la France de Napoléon III (batailles de Magenta, de Solferino etc). Elle avait dû en outre céder la Lombardie, région riche et peuplée. Avec la Lombardie, l'Autriche perdait donc une zone de recrutement de soldats. En 1866, le royaume de Sardaigne devenu royaume d'Italie s'était allié avec la Prusse contre l'Autriche ce qui permit à l'Italie de récupérer la Vénétie.
La rapide victoire sur l'Autriche donna de l'appétit aux Prussiens. Ce fut la guerre contre la France (guerre de 1870) qui entraîna la fin du second empire en France mais aussi la proclamation de l'empire allemand le 18 janvier 1871 à Versailles dans la galerie des glaces. Guillaume 1er roi de Prusse devenait l'empereur (Kaiser) d'Allemagne. Ce nouvel empire profitait de la défaite de la France pour récupérer l'Alsace et la Lorraine. La victoire sur l'Autriche avait assuré aux Prussiens la suprématie sur l'espace germanique, la guerre de 1870 leur assura la suprématie sur l'Europe. Cet empire allemand fut particulièrement dynamique et efficace dans tous les domaines : recherche, industrie, armement, commerce, expansion coloniale, marine etc.

L'Angleterre comprit très vite que son meilleur ennemi depuis des siècles (La France) n'était plus l'ennemi principal. les 2 pays se rapprochèrent et ce fut l'entente cordiale, signée le 8 avril 1904. Avant cela, la diplomatie française, elle aussi consciente du danger, avait conclu une alliance avec la Russie(27 décembre 1893). Depuis la grande Catherine, la Russie avait pour ambition de s'étendre vers le sud, de contrôler la mer Noire pour avoir un accès à la Méditerranée. L'Angleterre était farouchement contre ce projet russe ce qui fut la cause de la guerre de Crimée en 1854/1855. Mais devant le péril prussien, l'Angleterre signa aussi le 31 août 1907 une alliance avec les Russes et ces ententes bilatérales se transformèrent en une "triple entente".

De son côté la diplomatie prussienne n'était pas inactive, elle signa le 7 octobre 1879 une alliance anti-russe avec l'empire austro-hongrois. Depuis des siècles, l'Autriche et l'empire ottoman se combattaient pour le contrôle de l'Europe de l'est et des Balkans, mais les ambitions de la Russie sur cette zone rebattit complètement les cartes et comme l'Angleterre, l'Autriche changea de meilleur ennemi. Le 20 mai 1882, l'Italie rejoignait l'alliance germano-autrichienne. Ainsi dans l'espace européen, il y eut 2 blocs : une triple alliance au centre du continent et une triple entente à la périphérie.
On connaît la suite, ce fut l'engrenage de la guerre de 14/18.

Petit rappel :
*28 juin 1914, en Bosnie, à Sarajevo, assassinat de l'archiduc d'Autriche François-Ferdinand et de sa femme par un anarchiste serbe
*28 juillet 1914, l'Autriche qui avait des visées sur les Balkans (elle avait déjà annexé la Bosnie-Herzégovine en 1908) déclare la guerre à la Serbie
*29 juillet 1914, la Russie qui se voulait protectrice des Slaves du sud (les Yougo  ...Slaves), déclare la guerre à l'empire d'Autriche-Hongrie
*1er août 1914, l'Allemagne qui se voulait, elle, protectrice de l'espace germanique et qui avait encouragé l'Autriche à déclarer la guerre à la Serbie, déclare la guerre à la Russie
*2 août 1914, l'Allemagne envahit le Luxembourg
*3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la Belgique et à la France. Les Prussiens avaient en mémoire leur victoire rapide en 1866 contre l'Autriche puis en 1870/1871 contre la France de Napoléon III, et ils étaient conscients de la supériorité de leur industrie d'armement (Krupp etc). En outre en 1914, l'empire allemand comptait 65 millions d'habitants, l'empire d'Autriche 50 millions, la France moins de 40 millions et la Grande-Bretagne 36 millions. Mais ces chiffres étaient  trompeurs car ils ne tenaient pas compte de l'immense empire colonial constitué par les Anglais et les Français tout au long du XIXe siècle et qui fournit non seulement des combattants mais des matières premières... Quoi qu'il en soit, les Prussiens étaient persuadés qu'ils allaient mener « une guerre fraîche et joyeuse » selon l'expression que l'on retrouve dans tous les livres d'histoire.
*4 août 1914, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l'empire allemand; cette déclaration engageait toutes les colonies et dominions britanniques
*5 août 1914, le Gouverneur Général du Canada et le Premier Ministre australien déclarent la guerre à l'Allemagne
*6 août 1914, l'empire d'Autriche-Hongrie déclare la guerre à l'empire russe
*12 août 1914, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l'empire Austro-Hongrois
*23 août 1914, le Japon déclare la guerre à l'empire allemand
*28 octobre 1914, l'empire ottoman entre en guerre aux côtés des Allemands et des Autrichiens
*1er novembre 1914 : la Serbie déclare la guerre à l'empire ottoman
*3 novembre 1914 : la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l'empire ottoman
*26 avril 1915, à Londres, l'Italie signe un accord secret avec la Grande-Bretagne et la France, contre des promesses d'extensions territoriales, promesses qui ne seront pas tenues après la guerre. Mussolini s'en souviendra lors de la seconde guerre mondiale. L'Italie n'était pas entrée en guerre en 1914 malgré ses traités d'alliance avec l'empire allemand et l'empire d'Autriche-Hongrie
*3 mai 1915 : l'Italie quitte la triple alliance
*23 mai 1915, l'Italie entre en guerre contre l'empire d'Autriche-Hongrie retrouvant ainsi son « meilleur ennemi »
*21 août 1915, l'Italie déclare la guerre à l'empire ottoman
*5 octobre 1915, la Bulgarie entre en guerre aux côtés de l'Allemagne et de l'Autriche et déclare la guerre à la Serbie
*9 mars 1916, l'Allemagne déclare la guerre au Portugal
*27 août 1916, la Roumanie déclare la guerre à l'empire austro-hongrois,

*28 août 1916, la Bulgarie déclare la guerre à la Roumanie tandis que l'Italie déclarait la guerre à l'Allemagne
*2 février 1917, des troupes portugaises débarquent à Brest pour combattre aux côtés des alliés
*2 avril 1917, les Etats-Unis déclarent la guerre à l'Allemagne
*16 avril 1917, Lénine arrive en Russie. Ce sont les Prussiens qui ont financé et organisé son transfert et celui de son Etat-Major depuis Zurich jusqu'en Russie (voir Max Gallo « Le pacte des assassins » Fayard février 2008, chapitre 5)
*16 juin 1917, la Grèce déclare la guerre aux empires centraux et entre en guerre aux côtés des Anglais et des Français
*26 juin 1917, les premiers soldats américains débarquent à Saint Nazaire

*14 août 1917, la Chine déclare la guerre à l'empire allemand
*15 décembre 1917, armistice entre les nouveaux maîtres de la Russie et l'empire allemand. Cet armistice avec la Russie de Lénine permit aux Allemands de rapatrier sur le front ouest les troupes importantes qui combattaient en Russie. De 1914 à 1917, sur le front français, les forces s'équilibrèrent et malgré des pertes énormes en vies humaines aucun des camps ne parvenait à s'imposer à l'autre. Le renfort provenant du front russe fut inutile aux Allemands car trop tardif, les renforts d'Amérique reçus par les alliés furent supérieurs et les Prussiens perdirent la guerre
*29 septembre 1918, armistice avec la Bulgarie
*30 octobre 1918, armistice avec l'empire ottoman
*4 novembre 1918, cessez-le-feu sur le front italien
*9 novembre 1918, abdication du Kaiser Guillaume II, proclamation de la République en Allemagne. L'empire allemand aura duré moins de 50 ans.
Guillaume II était le petit-fils de Guillaume Ier. A la mort de celui-ci le 9 mars 1888, ce fut son fils Frédéric III qui devint empereur mais décéda d'un cancer le 15 juin 1888 après 99 jours de règne. Guillaume II, devenu empereur, exigea en 1890 la démission de Bismarck qu'il ne supportait plus. Ce Bismarck mourut à 83 ans le 30 juillet 1898. Avec Metternich et Cavour il fut l'un des grands hommes politiques de l'Europe post-napoléonienne du XIXe siècle. Il n'aura, heureusement pour lui,  pas vu l'effondrement de sa grande œuvre.
Pour résumer, durant la première guerre mondiale, l'empire allemand déclara la guerre à la Russie, au Luxembourg, à la Belgique, à la France, au Portugal tandis que déclarèrent la guerre à l'empire allemand : la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie, le Japon, l'Italie, les USA, la Grèce et la Chine.

L'empire austro-hongrois : Les empereurs du Saint Empire romain germanique résidaient à Vienne ce qui entraîne parfois des confusions entre empire d'Autriche et Saint Empire. A Vienne les empereurs avaient aussi le titre d'archiducs d'Autriche et bien d'autres (roi d'Italie etc). Ce n'est qu'à partir de la fin du Saint Empire romain germanique proclamée par Napoléon qu'exista l'empire d'Autriche; François II empereur du Saint empire romain germanique devenant François 1er empereur d'Autriche. Ce n'est que le 19 mai 1867 que l'empire d'Autriche prit le titre d'empire d'Autriche-Hongrie ou empire austro-hongrois, l'empereur d'Autriche se faisant couronner roi de Hongrie à Budapest. Parmi les souverains de l'empire d'Autriche, issus de la maison Habsbourg-Lorraine, le plus connu fut François-Joseph 1er qui régna 68 ans, d'abord comme empereur d'Autriche de 1848 à 1867, puis comme empereur de l'empire d'Autriche-Hongrie jusqu'à sa mort le 21 novembre 1916, à l'âge de 86 ans. Sa mort l'empêcha de voir le démembrement de son empire. C'est cet empereur qui épousa le 24 avril 1854 Elisabeth dite Sisi fille de Maximilien de Bavière.
Au congrès de Vienne en 1815, grâce à l'habileté de Metternich, l'Autriche se tailla la part du lion dans la répartition des dépouilles napoléoniennes. Ainsi l'Autriche se retrouva avec un territoire comprenant l'Autriche, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, et une partie de l'Italie, de la Yougoslavie, de la Pologne, de la Roumanie et de l'Ukraine. Si la dimension de cet empire fut un atout, ce fut aussi un handicap car il associait des peuples qui n'avaient ni la même langue, ni la même histoire etc. Cela entraîna de nombreux soulèvements de populations qui voulaient leur indépendance. De même les pays voisins tentèrent d'amputer à leur profit l'empire d'Autriche. Voici les principaux faits marquants de l'histoire de cet empire :
En 1848, dans le cadre de ce qui fut appelé le « printemps des peuples », les habitants de Venise et de Milan se soulevèrent contre l'Autriche. A Turin, le roi de Sardaigne Charles-Albert, pensant que la poire était mûre se mit à la tête de ses troupes et envahit la Lombardie. Il fut vaincu le 23 mars 1849 à la bataille de Novare par le vieux maréchal autrichien Radetzky. Dès le lendemain, Charles-Albert démissionnait au profit de son fils supposé qui devint roi sous le nom de Victor-Emmanuel II. Dix ans plus tard, le célèbre Cavour fit alliance avec Napoléon III et grâce à l'aide française, l'Autriche fut vaincue au terme d'une douzaine de batailles en Italie du nord et dut céder la Lombardie.
En 1864, l'Autriche participa à « la guerre des duchés ». Trois duchés situés entre le Danemark et la Prusse étaient convoités par le Danemark, la Prusse et l'Autriche. L'Autriche s'allia avec la Prusse contre le Danemark qui fut vaincu et dut renoncer à ses prétentions sur les duchés. Ensuite les vainqueurs ne purent s'entendre et cela servit de prétexte à Bismarck pour déclarer la guerre à l'empire austro-hongrois en 1866. A l'occasion de cette guerre, l'Autriche perdit la Vénétie au profit de l'Italie, plusieurs territoires au profit de la Prusse et dut accorder une certaine autonomie à la Hongrie, d'où découla le changement d'appellation d'empire d'Autriche en Empire d'Autriche-Hongrie.
Bismarck avait dû lire l'histoire des Horace et des Curiace et avait compris qu'il fallait prendre ses ennemis l'un après l'autre. Le Danemark en 1864, l'Autriche en 1866, la France en 1870, pour les Prussiens ce fut le tiercé gagnant. Par contre Guillaume II en 1914, n'avait probablement pas médité l'histoire des Horace et des Curiace car il engagea la guerre sur tous les fronts en même temps.
L'Autriche entra dans la guerre de 14/18 aux côtés de l'empire allemand mais dut combattre sur plusieurs fronts contre les Serbes, les Russes et les Italiens. Malgré quelques victoires , l'Autriche ne put faire face. Charles 1er qui avait succédé à François-Joseph tenta de négocier avec la France mais sans succès. En octobre 1918, la Hongrie proclamait unilatéralement la fin de l'empire austro-hongrois. Le 12 novembre 1918 était proclamée à  Vienne la République mettant ainsi fin à l'empire d'Autriche puis d'Autriche-Hongrie qui avait duré quand même un peu plus d'un siècle.

L'empire ottoman : Celui-ci fut fondé en 1299 par Osman 1er qui prit le titre de Sultan. A partir du XVIe siècle, les sultans ajouteront le titre de Califes c'est-à-dire de successeurs (de Mahomet). Soliman le Magnifique, décédé en 1566, est le plus célèbre des sultans.
L'empire ottoman mit tout le monde musulman à sa botte, réalisant ainsi l'ouma, l'unité des musulmans. Cela n'empêcha pas les conflits sanglants entre les chiites et les sunnites, mais cela dure depuis la mort de Mahomet en juin 632, il n'y avait pas de raison que cela s'arrête!
Après la main mise sur le monde musulman, l'empire ottoman se lança dans une politique de conquêtes spécialement en Europe en vue d'islamiser ce continent. C'est une idée fixe chez les musulmans depuis le VIIIe siècle (bataille de Poitiers : 25 octobre 732). Ils furent longtemps arrêtés par l'empire byzantin ou empire romain d'orient. Après la prise de Constantinople le 29 mai 1453, ils se répandirent sur l'Europe par l'est : prise d'Athènes en 1456, de la Bosnie en 1463, de l'Albanie en 1476, de Belgrade en 1521, de la Hongrie en 1541, de Chypre en 1570, de la Crête en 1669 etc.
Au nord, le 24 mai 1571, les tatares de Crimée (turcophones musulmans sunnites) s 'emparaient de Moscou, massacraient la population et incendiaient la ville. Ils furent vaincus l'année suivante à la bataille de Molodi, près de Moscou. A l'ouest (pour les Turcs, c'est-à-dire à l'est pour nous), les Ottomans faisaient le siège de Vienne du 27 septembre au 15 octobre 1529, mais durent lever le siège devant leurs pertes. Ils revinrent en 1683, et assiégèrent la ville à partir du 14 juillet. La ville de Vienne sur le point de succomber fut délivrée le 12 septembre 1683 par une coalition commandée par Jean III Sobiesky roi de Pologne et le duc Charles V de Lorraine à la tête des armées du Saint Empire. Pour la petite histoire, afin de fêter leur délivrance, les boulangers de Vienne fabriquèrent des brioches en forme de croissants (symbole de l'empire ottoman). De là naquit la mode des croissants. Au moins chaque année, le 12 septembre, on devrait manger des croissants ! Quant au Grand Vizir Kara Mustafa Pacha qui commandait les armées ottomanes à Vienne, il fut décapité sur ordre du Sultan.
Dans sa plus grande dimension, l'empire ottoman comprit toute l'Afrique du nord (sauf le Maroc), l'Arabie, tout le Moyen-Orient, tout le tour de la mer noire, une grande partie de l'Europe de l'est. Mais cette dimension même entraîna des guerres avec tous les voisins : la République de Venise, le Saint Empire puis l'empire d'Autriche, l' empire russe etc.
Rien qu'avec l'empire russe, il y eut onze guerres appelées « guerres russo-turques » de 1568 à 1570, de 1676 à 1681, de 1686 à 1700, en 1710/1711, de 1735 à 1739, de 1768 à 1774 et  de 1787 à 1792 (sous le règne de Catherine II, tsarine de 1762 à 1796), de 1806 à 1812, en 1828/1829, de 1853 à 1856, en 1877/1878.
D'une guerre à l'autre les Russes gagnèrent des territoires sur les Ottomans.
Ce ne fut pas mieux avec l'Autriche car dans la foulée de  la libération de Vienne en 1683, les Ottomans furent encore vaincus le 11 novembre 1683 à Szczecin (à l'époque cette ville appartenait à la Suède avant de devenir prussienne en 1720 puis polonaise en 1945), puis à Mohacs dans le sud de la Hongrie le 12 août 1687, ce qui permit la libération de toute la Hongrie et son rattachement au Saint Empire. Ensuite le prince Eugène de Savoie, à la tête des armées autrichiennes infligea de lourdes défaites aux Ottomans de 1697 à 1717, les chassant d'une partie de l'Europe de l'est.
Il faut dire que l'empire ottoman prit du retard sur les nations européennes dans tous les domaines scientifiques et techniques y compris en matière d'armement, de marine etc. Le résultat fut de terribles défaites. Par exemple la marine ottomane fut détruite à Lépante le 7 octobre 1571 par une coalition de Venise avec l'Espagne, le 6 juillet 1770 par la flotte russe à la bataille de Tchesmé (près de l'île de Chio), puis à Navarin (au sud-ouest du Péloponnèse) etc. Sur terre ce ne fut pas mieux; l'armée ottomane fur écrasée par l'armée russe de Catherine II le 4 avril 1791 à Maschin en Serbie etc
Le XIXe siècle fut celui de la décadence de l'empire ottoman :
*en Egypte, en juillet 1805, Méhémet Ali (qui s'écrit aussi Muhammad Ali) prenait le pouvoir et s'affranchissait de la tutelle des Ottomans. Le 1er mars 1811, il faisait massacrer les mamelouks.
*le 12 décembre 1806, les Serbes chassèrent les Turcs de Belgrade; la révolte des Serbes avait commencé en 1804 et ils obtinrent finalement leur indépendance en 1817, ce qui incita d'autres nations à se révolter contre l'occupant turc et musulman.
*en 1821, les Grecs occupés depuis le milieu du XVe siècle se soulevaient pour retrouver leur indépendance. Après plus de 6 années d'abominables massacres, les Turcs étaient parvenus à mater la rébellion lorsque la flotte ottomane fut anéantie par une flotte alliée (russe, anglais et français) à Navarin le 20 octobre 1827. Les Turcs durent accorder l'indépendance à la Grèce (voir sur mon blog la note sur ce sujethttp://jean.delisle.over-blog.com/article-grece-independance-58616338.html)
*en 1830 la France s'emparait de l'Algérie, soustrayant ce territoire à l'autorité du Sultan, puis les Français occupèrent la Tunisie à partir de 1881
*la dernière guerre russo-turque (1877/1878) acheva le déclin de l'empire ottoman, qui à la suite perdit Chypre, la Bosnie,  la Bulgarie et la Roumanie.
*en 1897, c'est la Crète qui devint indépendante.
Le début du XXe siècle ne fut pas mieux pour l'empire ottoman :
*d'une guerre perdue contre le royaume d'Italie en 1911, l'empire ottoman dut céder la Tripolitaine et la Cyrénaïque (2 régions de l'actuelle Libye) au traité de Lausanne le 18 octobre 1912
*en octobre 1912, la Bulgarie, la Serbie, la Grèce et le Monténégro entraient en guerre contre l'empire ottoman qui fut vaincu
Sur le plan intérieur la situation n'était pas meilleure. En 1807, les Janissaires avaient assassiné le sultan Sélim III. Le 15 juin 1826, le Sultan Mahmut II avait fait massacrer les Janissaires qui devenaient trop dangereux pour le pouvoir et le 21 janvier 1913, il y eut à Istanbul le coup d'état des « Jeunes Turcs ».
C'est donc un empire ottoman affaibli qui entra dans la guerre de 14/18.
Les troupes turques durent combattre les Russes (campagne du Caucase) puis faire face à des débarquements français puis anglais assistés de troupes australiennes et indiennes qui opérèrent à paartir de l'Egypte ou du golfe persique ou de la côte libanaise. Les Alliés s'emparèrent successivement, par exemple, de Bagdad le 11 mars 1917, de Gaza le 6 novembre 1917, de Jaffa le 17 novembre 1917, de Jérusalem le 10 décembre 1917, de Damas le 7 octobre 1918 d'Alep le 27 ocotobre 1918, de Mossoul le 31 octobre 1918.... Enfin ils durent faire face à la révolte des Arabes encouragés (fortement) par les Anglais. C'est la célèbre histoire de Thomas Edward Lawrence plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie.
Aux traités d'après guerre, l'empire ottoman perdit la Syrie, la Palestine, le Liban, l'Irak et l'Arabie. Officiellement l'empire ottoman disparut en 1922 pour faire place à la République turque, après 623 ans d'existence.

L'empire russe : C'est le 2 novembre 1721 que le Sénat de Russie décerna le titre d'empereur à Pierre 1er dit Pierre-le-Grand pour sa victoire sur les Suédois de Charles XII dans une guerre qui dura de 1700 à 1709, s'interrompit, reprit et se termina lors de la mort de Charles XII en 1718.
Mais c'est à Ivan III dit lui aussi Ivan-le-Grand que l'on peut faire remonter l'empire russe. Cet Ivan né le 22 janvier 1440, commença à régner en 1462. A partir d'une principauté, celle de Moscou, il étendit son territoire par ruses, guerres et conquêtes. Le 14 avril 1502, il reçut le titre de « grand prince de Vladimir et de Moscou ». Avant d'en arriver là, il avait fait empoisonner ou assassiner ses 4 frères afin de récupérer leurs territoires, avait fait la guerre aux Lituaniens et aux Mongols et enfin avait épousé, le 12 novembre 1472,  Zoé Paléologue nièce du dernier empereur byzantin. Après la chute de l'empire byzantin (en 1453), ce mariage permettait à cet Ivan de se présenter comme l'héritier des empereurs. En se convertissant à la religion orthodoxe, Zoé avait pris le nom de Sophie.
Après Ivan III, signalons son petit-fils né le 25 août 1530 et qui régna sous le nom d'Ivan IV dit Ivan-le-Terrible, d'abord avec le titre de Grand  Prince de Vladimir et Moscou puis de tsar à partir du 16 janvier 1547 jusqu'à sa mort le 18 mars 1584. Il fit la guerre à la Pologne, à la Suède, à la Lituanie, aux Chevaliers teutoniques, et parvint à étendre le territoire jusqu'à l'Oural, mais laissa un pays exsangue après 25 ans de guerre. Il épousa successivement 8 femmes dont l'une prénommée Anastasia est l'ancêtre du premier Romanov qui régna à partir de 1613.
Moscou fut la capitale de l'empire russe jusqu'à la fondation de Saint Pétersbourg par Pierre 1er en 1703, puis le redevint sur décision de Lénine le 5 mars 1918. C'est en 1947 que les Moscovites fêtèrent le huit-centième anniversaire de la fondation de la ville. Saint Pétersbourg pour sa part s'appela Pétrograd de 1914 à 1924, puis Léningrad jusqu'en 1991 et enfin redevint Saint Pétersbourg.
Les tsars eurent l'ambition constante d'agrandir leur territoire, mais ce faisant ils se heurtèrent aux ambitions des autres puissances : à l'empire ottoman au sud (voir ci dessus), à la Suède ou à la Lituanie au nord, à la Pologne et à la Prusse à l'ouest, et enfin au Japon à l'est, sans oublier la Grande-Bretagne qui eut le soucis constant de sécuriser ses routes vers l'Inde etc.
En 1904/1905, il y eut une guerre entre la Russie et le Japon. C'est ce dernier qui attaqua la Russie à Port-Arthur le 8 février 1904, détruisant plusieurs navires russes et assiégeant la garnison qui dût se rendre le 2 janvier 1905 (Port-Arthur est situé en Mandchourie, c'est-à-dire en Chine, mais à l'époque ce territoire avait été concédé à la Russie). La flotte russe fut également détruite à Vladivostok le 10 août 1904 puis à la bataille des îles Tsushima (dans le détroit de Corée) le 27 mai 1905. Sur terre ce ne fut pas mieux, rien qu'à la bataille de Moukden (en Chine) le 21 février 1905, l'armée russe eut 92.000 tués. Le 5 septembre 1905, un traité fut signé à Porsmouth aux Etats-Unis à l'avantage des Japonais. Si les tsars avaient conquis un vaste empire, ils avaient oublié le peuple. Sa situation misérable aggravée par la guerre avec le Japon entraîna le dimanche 22 janvier 1905 (appelé « dimanche rouge ») une manifestation devant le palais d'hiver (résidence des tsars) à Saint Pétersbourg. L'armée tira sur la foule il y eut 2.000 tués ou blessés, ce qui étendit la révolte à tout le pays. C'est durant cette révolte (et non en 1917 comme le croient beaucoup de gens) que se situe la mutinerie du cuirassé Potemkine à Odessa le 27 juin 1905, entraînant de nombreuses autres mutineries qui furent réprimées par l'armée. Entre la guerre désastreuse contre le Japon et les mutineries fréquentes, c'est une Russie affaiblie qui entra dans la guerre de 14/18. L'armée russe eut l'avantage sur l'armée ottomane ainsi que sur l'armée austro-hongroise mais dût reculer un peu partout devant l'avancée des Prussiens. Le 15 mars 1917, le tsar abdiquait et dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, il était exécuté ainsi que sa famille et quelques serviteurs à Ekaterinbourg.
Le 6 novembre 1917 (selon le calendrier grégorien, mais le 25 octobre selon le calendrier julien encore en vigueur dans la Russie tsariste), Léon Trotski et ses troupes prenaient d'assaut le palais d'hiver à Pétrograd (Saint Pétersbourg) et le lendemain était constitué un gouvernement avec Lénine comme Président, Trotski comme ministre des Affaires étrangères et Staline chargé des nationalités. C'en était fini de l'empire russe qui dura quand même plus de 4 siècles. Des puissances occidentales dont la France envoyèrent une escadre en mer Noire pour aider les « blancs » à chasser les Bolcheviks. C'est là que se situe l'épisode des « mutins de la mer Noire » le 19 avril 1919 avec Charles Tillon et André Marty. La mutinerie s'étendit à toute la flotte et la France rapatria sa marine.

Ainsi la guerre de 14/18 aura entraîné la disparition de 4 empires. On peut toujours dire qu'ils auraient quand même disparu sans la guerre, mais il semble incontestable que pour le moins la guerre a accéléré leur chute.
J.D. 22 janvier 2012, mise à jour le 29 mai 2013
 

1 l'armée russe en 14, 2 l'armée turque en 14, 3 le prince de Serbie sur le front

1 l'armée russe en 14, 2 l'armée turque en 14, 3 le prince de Serbie sur le front

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