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6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 11:59

 

 

I-L'intervention américaine :

*Sur le contexte de l'intervention américaine voir la fiche N°163 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/02/un-diner-a-l-ambassade-des-etats-unis-n-163.html

*Le 26 juin 1917, 14.750 soldats américains de la première division d'infanterie (Big Red One) accompagnés de 103 infirmières, de 46700 tonnes de matériel et commandés par le général John Pershing, débarquaient à Saint-Nazaire et venaient combattre à nos côtés.

*Ils étaient les premiers (enfin presque car le 13 juin le général Pershing, le lieutenant Patton et une délégation américaine étaient arrivés à Boulogne-sur-Mer pour organiser les débarquements à venir), mais en quelques semaines, 2 millions d'autres soldats américains débarquèrent en utilisant tous les ports français disponibles dont 200.000 arrivèrent par Saint-Nazaire et 800.000 par Brest.

*Au total, les Américains mobilisèrent 4.200.000 soldats, quand les Allemands apprirent en novembre 1918 que 2 millions de nouveaux soldats allaient renforcer les effectifs présents, ils capitulèrent.

 

II-Les commémorations américaines :

*L'intervention des États-Unis, coûta 120.000 tués américains et 207.000 blessés. *Dès 1923 était créée « l'American Battle Monuments Commision » pour organiser et entretenir des cimetières pour plus de 30.000 soldats qui ne furent pas rapatriés dans leur pays. Ces cimetières « américains » se trouvent dans l'Aisne, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et la Somme

*En 1926, se créa à New-York un comité pour récolter des fonds afin de financer un monument commémoratif : « Saint-Nazaire Association of the Base N°1 ».
Une œuvre commandée à une artiste américaine (Gertrude Vanderbilt Whitney) fut inaugurée à Saint-Nazaire le 26 juin 1926, le long de l'ancien Boulevard de l'Océan rebaptisé en 1925 « Boulevard Wilson ».

*Un autre monument commémoratif du débarquement fut réalisé à Brest en 1937. Les deux monuments furent détruits en décembre 1941 par les Allemands. Ils furent reconstruits à l'identique après la guerre. Le nouveau monument de Saint-Nazaire fut inauguré le 24 juin 1989. Voir illustration sur la note N°163

*Celui de Brest fut reconstruit en 1968, par contre, un monument réalisé à la Pointe de la Grave (à Verdon-sur-Mer en Gironde), achevé en 1938 fut détruit par les Allemands le 30 juillet 1942 et non reconstruit.

 

III-Le centenaire :

Pour commémorer le centenaire du débarquement de Saint-Nazaire, une course transatlantique originale a été prévue : elle va opposer le Queen Mary II (construit à Saint-Nazaire entre 2000 et 2003) avec des catamarans pilotés par des marins de renom comme François Gabart. Le départ sera donné du pont de Saint-Nazaire le 25 juin 2017 à 19 heures avec une arrivée prévue au port de New-York.

 

IV-illustrations :

On trouvera en illustrations :

-l'US « Tenadores », un des navires qui arriva à Saint-Nazaire le 26 juin 1917. Photo empruntée à un article du net signé Alain Niala

-le monument de Brest reconstruit en 1968 ; image du net (windex)

J.D. 6 mars 2017

 

le monument de Brest et un des navires de 1917 à Saint-Nazaire.
le monument de Brest et un des navires de 1917 à Saint-Nazaire.

le monument de Brest et un des navires de 1917 à Saint-Nazaire.

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 11:19

Le N° 28 (daté quatrième trimestre 2014) de « L'Histoire en Savoie » publié par la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie a pour thème : « La Savoie à l'épreuve de la Grande Guerre ».

Le dernier article de ce numéro est intitulé : « La Haute-Savoie, terre d'accueil des victimes civiles de la Grande Guerre » sous la signature de Mélanie Martin Marin.

Cet article met l'accent sur un aspect peu traité de la guerre de 14 : le sort des populations des zones occupées par les Allemands.

Extraits :

« Coupées du reste de la France, les populations du Nord et de Nord-Est de la France vivent ainsi une guerre d'occupation. A la dureté économique et financière de la guerre s'ajoutent les réquisitions. Devant l'incapacité matérielle de l'envahisseur à gérer et surtout nourrir la population civile occupée, le gouvernement allemand entreprend de déporter et de mettre au travail ceux qui sont encore capables de fournir un effort. Les bouches inutiles, c'est-à-dire les femmes, les vieillards et les enfants sont quant à elles évacuées de force et rapatriées jusqu'en Haute-Savoie par les villes d'Annemasse, Thonon et Evian. Au bout du voyage du déporté, il y a le camp de travail ou de représailles, pour l'évacué l'espoir de retrouver la Suisse d'abord puis la France. La mémoire de ces rapatriés est gravée à Evian sur le monument (érigé en 1921) qui mentionne l'existence de ces oubliés de la Grande Guerre, en rappelant que cinq cent mille rapatriés des départements envahis ont passé ici en rentrant en France Libre »....

« Un Service de rapatriement, dit aussi Service des rapatriés est créé en Haute-Savoie fin septembre 1914...En janvier 1917,...le Service des rapatriements est transféré à Evian.... »

«Le voyage s'effectue par train à travers les pays envahis, l'Allemagne puis la Suisse. Les populations du Nord et de l'Est de la France quittent l'Allemagne après la dernière station de Singen, puis traversent les villes de Schaffouse, Zurich, Berne, Lausanne et enfin Genève.... »

«A partir de septembre 1914, un dixième de la population française (soit près de 4 millions de personnes) se retrouve derrière les lignes ennemies. Le Nord, une partie de la Somme et de l'Oise, l'Aisne, les Ardennes, la Marne, la Meuse, et la Meurthe et Moselle font partie des départements occupés de fait »...

« Lorsque les rapatriés arrivent en gare d'Annemasse, de Thonon ou d'Evian, ils sont généralement accueillis par des représentants du gouvernement. Le préfet où le sous-préfet accueillent ainsi les deux convois journaliers.... ».

Commentaires :

L'article de Mélanie Martin Marin comporte une trentaine de pages (pages 87 à 121) accompagnées de quelques illustrations intéressantes. Ci-dessus j'en ai recopié quelques extraits pour expliquer la situation. On peut d'ailleurs élargir le sujet en ajoutant le sort des populations des territoires français annexés par les Allemands en 1871.

I) les populations occupées :

Sur mon blog, il y a une vingtaine d'articles relatifs à la guerre de 14. Voir la récapitulation sur la fiche N°76 http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

Petit rappel :

*le 28 juillet 1914, l'empire d'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie suite à l'assassinat un mois plus tôt de l'Archiduc François-Ferdinand et de sa femme par un anarchiste serbe à Sarajevo

*le 29 juillet 1914, la Russie déclare la guerre à l'Autriche

*le 1er août 1914, l'empire allemand déclare la guerre à l'empire russe

*le 1er août 1914 à 15,45 heures, à Paris René Viviani président du Conseil décide de la mobilisation générale. A 16 heures la première affiche proclamant la mobilisation est placardée à Paris. Les affiches étaient prêtes depuis longtemps, la date est ajoutée à la main.

*le 2 août 1914, le décret portant l'ordre de mobilisation générale signé par le Président de la République (Raymond Poincaré) est publié au journal officiel de la République française

*le 2 août 1914 au matin, l'Allemagne envahit le Luxembourg

*le 3 août 1914, l'ambassadeur d'Allemagne à Paris transmit au gouvernement français la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France. Le même jour l'Allemagne déclara la guerre à la Belgique.

*le 4 août 1914 au matin, l'Allemagne envahit la Belgique .

*En France, si les affiches de mobilisation étaient prêtes, pas l'armée ! L'héroïque résistance belge retarda l'invasion allemande qui ne pénétra en France que le 18 août. Les Anglais commencèrent à débarquer au Havre, à Rouen et à Boulogne à partir du 9 août.

*Malgré le sursis et l'arrivée des Anglais, l'invasion allemande déferla. Début septembre, les Allemands étaient à une trentaine de kms de Paris. L'invasion de Paris paraissait tellement inévitable que le gouvernement partit à Bordeaux le 2 septembre 1914.

*Les reconnaissances aériennes montrèrent qu'au lieu de poursuivre sur Paris, les troupes allemandes du général Gluck avaient bifurqué sur le sud-est. En fait, l'état-major allemand pensait encercler les troupes françaises repliées au sud de Paris. Galliéni le premier comprit le parti à tirer de la situation, l'armée attaqua les Allemands sur leur flanc. Ce fut la bataille de la Marne puis la guerre des tranchées qui suivit etc.

*Il fallut attendre l'été 1918 et les renforts américains massifs pour que les territoires conquis par les Allemands en août/septembre 1914 soient repris.

*Une partie de la France fut donc occupée durant 4 années soit autant de temps que durant la seconde guerre mondiale. Les Allemands exploitèrent au maximum les territoires occupés : mines de charbon, travailleurs etc. Les « bouches inutiles » furent expulsées comme expliqué dans l'article précité par train. C'est ainsi que 500.000 réfugiés du Nord arrivèrent en Haute-Savoie. On parle souvent dans les articles sur la guerre de 14 des casinos, hôtels etc transformés en hôpitaux militaires pour soigner les soldats blessés mais rarement de l'accueil de ces expatriés civils.

*Durant la guerre de 14 il y eut de nombreux combats à l'Est et au Sud de l'Europe, mais, entre la France et l'Allemagne, tous les combats eurent lieu sur le sol français. Cela avait déjà été le cas durant la guerre de 1870, la guerre de 100 ans etc.

*Durant des siècles, la France comme l'Italie d'ailleurs (encore un point commun entre « les sœurs latines ») fut l'un des champs de batailles préférés des Européens. *La France était au centre des grandes puissances de l'époque : Espagne, Angleterre, empire germanique... et comme le fait remarquer Max Gallo dans « L'âme de la France » (éditions Fayard février 2007), il y eut durant 6 siècles (de Bouvines 1214 à Waterloo 1815) une « tradition » de coalitions de l'Europe contre la France, dont rien que 7 de 1792 à 1815, mais rares sont les souverains qui comme Napoléon 1er préférèrent porter la guerre hors de nos frontières plutôt que de la subir sur notre territoire.

II-les populations annexées :

Le traité de Francfort du 10 mai 1871 mit fin à la guerre de 1870. La France dut payer 5 milliards de francs-or d'indemnité au nouvel empire allemand et céder les territoires suivants :

*Le Bas-Rhin et le Haut-Rhin sauf le territoire de Belfort qui devint en 1871 une collectivité autonome,

*en Moselle : les arrondissements de Sarreguemines, Metz et 11 communes de l'arrondissement de Briey,

*en Meurthe : l'arrondissement de Sarrebourg (sauf 9 communes) et 135 communes de l'arrondissement de Château-Salins. Les communes non annexées de l'arrondissement de Briey (antérieurement dans la Moselle) sont rattachées à la Meurthe qui devient la Meurthe-et-Moselle

*Dans les Vosges : 11 communes du canton de Saales et 7 communes du canton de Schirmeck .

*Au total, 1690 communes sont cédées à l'Allemagne représentant une population de 1.597.000 habitants qui deviennent Allemands et seront mobilisés en 1914 dans l'armée allemande.

On a l'habitude de parler de l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine mais si l'Alsace fut effectivement annexée (sauf Belfort), la Lorraine ne fut qu'en partie allemande. Ainsi par exemple, Metz devint ville allemande tandis que Nancy restait ville française.

*Dans la partie annexée par l'Allemagne en 1871, 50.000 habitants quittèrent leur terre natale pour venir s'installer en France afin de ne pas devenir allemands. Parmi ceux-ci mon arrière grand-père Georges Keller qui tenait une compagnie de fiacres à Strasbourg et vint en 1871 s'installer à Versailles. Il avait 8 enfants : 4 garçons et 4 filles dont ma grand-mère maternelle.

*En 1992, au moment des débats sur le traité de Maastricht, ma mère (alors âgée de 81 ans) me rappela que son grand-père Keller avait quitté Strasbourg « pour que ses fils ne puissent jamais servir dans l'armée allemande ».

*Au souvenir du choix de son grand-père, ma mère avait voté NON au référendum sur le traité de Maastricht. Comme quoi dans le secret des urnes les motivations des électeurs peuvent être très diverses.

J.D. 8 janvier 2015

retour des Alsaciens de l'armée allemande, photo "Le Miroir" du 8 décembre 1918

retour des Alsaciens de l'armée allemande, photo "Le Miroir" du 8 décembre 1918

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31 mai 2014 6 31 /05 /mai /2014 10:49

Le 4 mars 1921, un nouveau président (Warren Harding, mort le 2 août 1923, il n'eut pas le temps de finir son mandat) avait pris ses fonctions à Washington. Le 13 juillet 1921 il avait envoyé une invitation aux alliés de la guerre de 14 à venir à Washington pour examiner certains problèmes et principalement :

*la course effrénée aux armements qui avait repris de plus belle surtout dans le domaine de l'armement naval

*les accords passés entre l'Angleterre et le Japon

*la délimitation des zones d'influence entre les puissances dans le Pacifique.

Cette conférence commença le 12 novembre 1921 et se termina le 6 février 1922. Elle entraîna la signature de 2 traités :

*un traité naval le 6 février 1922 pour limiter les droits des puissances dans la construction d'une marine de guerre. Ce traité fut signé par les Etats-Unis, la Grande Bretagne, le Japon, la France et l'Italie. La Grande-Bretagne conservait sa première place comme puissance militaire maritime.

L'Italie de Mussolini fut la première dans les années 30 à dénoncer ce traité. Quant à l'Allemagne, elle ne l'avait pas signé ! Mais les traités furent mal...traités par Hitler de toutes façons! Le Japon et les autres suivirent. La conférence de Washington est aussi souvent appelée « conférence navale ».

*un traité du 13 décembre 1921 réglait les zones d'influence des puissances dans le Pacifique, donnait des droits à la Chine et supprimait de fait les traités antérieurs entre la Grande-Bretagne et le Japon. Outre les 5 signataires du traité du 6 février , la Chine, la Belgique, les Pays-Bas et le Portugal étaient signataires de ce traité

les traités anglo-nippons : le 16 juillet 1894 avait été signé à Londres un « traité de commerce et de navigation » entre la Grande-Bretagne et le Japon. Puis le 30 janvier 1902 un nouvel accord par lequel l'Angleterre s'engageait à ne pas intervenir en cas de guerre entre le Japon et la Russie et à intervenir aux côtés du Japon au cas où une autre puissance soutiendrait la Russie.

Les Japonais voyaient leur population augmenter régulièrement avec un territoire étroit. Ils avaient l'ambition de s'étendre sur le continent proche. Mais la Russie tsariste avait des ambitions sur les mêmes territoires. Il y avait eu un premier conflit entre Russes et Japonais en 1894 qui s'était terminé par un armistice signé à Tokyo le 30 mars 1895. Puis les Russes avaient pris de l'avance, en négociant avec les Chinois qui leur avaient donné à bail, en 1898, Port-Arthur (port chinois de Mandchourie). Les Russes avaient installé une importante base maritime (militaire) à Port-Arthur.

Forts de leur traité de 1902 avec les Anglais, les Japonais attaquèrent sans déclaration de guerre la flotte russe de Port-Arthur le 8 février 1904 puis firent le siège de la garnison russe qui capitula le 22 janvier 1905. Les Russes furent encore vaincus à la bataille terrestre de Monkden en mars 1905 et à la bataille navale de Tsuhima du 17 au 29 mai 1905. Sous les auspices du Président américain Theodore Roosevelt (président de 1901 à 1909, à ne pas confondre avec Franklin Roosevelt qui, lui, fut président de 1933 à 1945 ; c'est après lui que les mandats de président furent limités à 2), le traité de Portsmouth, signé le 5 septembre 1905, accordait au Japon : la Corée, la moitié de l'île de Sakhaline et la région de Port-Arthur.

Les Japonais étaient entrés dans la guerre de 14 aux côtés des Alliés pour contrer la percée allemande dans le Pacifique. Les Japonais s'emparèrent sans beaucoup d'efforts des colonies allemandes du Pacifique et les conservèrent dans les traités d'après guerre. Voir la fiche N° 172 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/04/le-desastreux-traite-de-versailles-n-172.html.

C'est le 23 août 1914 que le Japon avait déclaré la guerre à l'empire allemand. Pour récupérer les colonies allemandes du Pacifique, il n'en coûta que 415 vies aux Japonais. De tous les belligérants de la première guerre mondiale, les Japonais eurent manifestement le meilleur rapport en termes de coûts/avantages.

Le contexte de la conférence pour les Anglais : Durant 6 siècles (bataille de Bouvines 1214, bataille de Waterloo 1815) les Anglais luttèrent contre l'hégémonie française en Europe. La diplomatie anglaise parvint souvent à réunir des coalitions européennes contre la France. La victoire de l'Europe sur Napoléon 1er mit provisoirement fin à l'hostilité anglaise. Puis les Anglais s'inquiétèrent de la percée russe vers la mer Noire pour avoir un accès à la Méditerranée. Les Anglais se rapprochèrent une première fois des Français et ce fut la guerre de Crimée (1854/1856) contre la Russie.

Secrètement les Anglais durent se réjouir de la cuisante défaite de la France contre la Prusse en 1870. Mais quand ils virent le royaume de Prusse se transformer en Empire allemand et réussir dans tous les domaines, ils se rapprochèrent une nouvelle fois de la France et ce fut « l'Entente cordiale » (le 8 avril 1904).

Les Anglais payèrent leur tribu à la guerre de 14 : 1 million de tués et 1.700.000 blessés. Mais après la guerre les dirigeants britanniques comme la population pensaient que l'Allemagne à genoux n'était plus un danger pour longtemps. Alors les vieux démons francophobes resurgirent. La presse britannique du début des années 1920 accusait la France de vouloir remplacer la Prusse comme puissance militariste et impérialiste. Rien de moins ! Et bien sûr, la population anglaise suivait. De cette situation il existe de nombreux témoignages dans le tome V de la biographie consacrée à Briand par Georges Suarez. Je ne peux pas en recopier des pages pour ne pas alourdir ce texte, voici néanmoins 2 extraits du texte de Suarez pour décrire l'ambiance de l'époque (chapitre VII du tome V) :

« L'extraordinaire violence de la campagne des journaux anglais contre notre puissance militaire était en quelque sorte une préface aux intrigues auxquelles la délégation britannique s'apprêtait à se livrer contre notre pays à Washington ».

« L'armée française était représentée (dans la presse anglaise) comme un obstacle à la paix, un élément de troubles en Europe, une menace pour l'avenir. La France était représentée, par la caricature ou les récits, sous les traits d'un soudard écrasant de sa botte un univers épuisé et sanglant ».

Le 22 novembre 1921, le New-York World publiait un article intitulé « La France préparant une nouvelle guerre... » sous la signature de l'écrivain anglais Wells (l'auteur de la Guerre des Mondes). Article dans lequel on pouvait lire :

« Le fait brutal de la question est que la France maintient une vaste armée en face d'un univers désarmé et qu'elle se prépare énergiquement à de nouvelles opérations belliqueuses en Europe et à une guerre sous-marine contre l'Angleterre »

Et Suarez de commenter : « Cette brutale et invraisemblable accusation sous la plume de Wells, montrait bien que la campagne était depuis longtemps préparée ».

La délégation anglaise à Washington était conduite par lord Balfour qui prenait régulièrement ses ordres auprès de Lloyd George qui était resté à Londres. On apprend au passage que les Américains espionnaient les conversations des différentes délégations avec leur capitale respective !

L'invitation américaine pour la conférence ne portait que sur l'armement naval. Les Anglais parvinrent à obtenir la discussion sur les armements terrestres parce qu'ils souhaitaient une réduction importante des forces terrestres françaises. Ils avaient aussi pour objectif dans cette conférence d'interdire à la France la constitution d'une force sous-marine ! Aristide Briand qui conduisait la délégation parvint à déjouer toutes les manœuvres des Britanniques. Il faudra attendre l'arrivée au pouvoir des nazis pour que l'Angleterre se rapproche une nouvelle fois de la France.

Les Italiens : Les Italiens avaient de la rancœur contre la France (voir sur mon blog les notes N° 161http://jean.delisle.over-blog.com/2014/02/l-italie-et-la-guerre-de-14-n-161.html et 172). Pour isoler la France à la conférence de Washington, la presse anglaise utilisa la mauvaise humeur italienne pour prêter à Briand de faux propos désobligeants contre l'armée italienne. Ces articles furent repris par la Stampa et voici le résultat :

« A Turin, à Rome, à Naples, des cortèges se formèrent aux cris de A bas la France ! A Turin, le Consulat français fut saccagé, vitres brisées, meubles renversés, personnel molesté. Le même soir, les incidents de Washington et de Turin furent évoqués à la Chambre italienne. Le ministre des Affaires étrangères della Toretta lut une dépêche de Schanzer (délégué italien à Washington) qui démentait formellement les propos attribués à Briand sur l'armée italienne. Hughes (secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères), à son tour, démentit officiellement la nouvelle publiée par le Daily Telegraph et l'Echo de Paris »

Les Italiens avaient été très déçus de la place qui leur avait été faite dans le traité de Versailles et les autres traités d'après guerre. Ils furent autant déçus de la conférence de Washington.

Les Américains: Les Etats-Unis s'inquiétaient de la montée en puissance du Japon dans la zone pacifique. Leur intervention dans la guerre avait coûtait cher, même si elle avait placé les Etat-Unis au premier rang de la diplomatie mondiale. La course au réarmement naval coûtait cher et l'opinion publique américaine n'en voulait pas. Les Américains parvinrent à leurs buts à la conférence de Washington : fin de l'alliance anglo-nippone et limitation des forces navales, au moins provisoirement car l'on sait ce qu'il advint dans les années 1930.

La France : La délégation française à Washington était conduite par Aristide Briand qui était redevenu président du Conseil. Il s'attacha à démontrer aux autres délégations :

*comment les 7 millions de soldats allemands démobilisés étaient repris en main par des associations, théoriquement d'anciens combattants mais qui étaient de fait des organisations para-militaires et comment ils continuaient de s'entraîner .

*que la République de Weimar était trop faible pour constituer une garantie pour les autres nations

*que l'industrie allemande compte-tenu de son importance et de son efficacité pouvait en peu de temps réarmer l'Allemagne.

Quelle clairvoyance, quelle lucidité ! Les Américains qui soutenaient d'abord le point de vue anglais se rallièrent à Briand et la France put conserver tout son potentiel militaire, mais Briand décéda en mars 1932 et l'on sait ce que firent ceux qui suivirent !

Les manœuvres de Clemenceau avaient écarté Briand des responsabilités politiques au moment de la déclaration de la guerre de 14 puis au moment des négociations des traités d'après guerre. La mort l'empêcha d'être présent lorsque les nazis arrivèrent au pouvoir. Quel drame pour la France et les Français !

J.D. 31 mai 2014

La récapitulation thématique des notes de ce blog se trouve sur la fiche N°76 http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

les délégués français à Washington (Briand est le troisième en partant de la gauche)

les délégués français à Washington (Briand est le troisième en partant de la gauche)

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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 15:49

Les batailles navales eurent une grande importance durant la première guerre mondiale, même si cela n'est pas toujours souligné. Sur ce sujet voici ce qu'écrit Philippe Pétain dans « la guerre mondiale 1914/1918 », selon un manuscrit retrouvé en juin 2006 et édité chez Privat en mai 2014 :

« Bien que le principal effort de la guerre ait incombé aux armées de terre, ce serait néanmoins une erreur que de méconnaître l'importance de la guerre navale qui nous a assuré la maîtrise de la mer, condition nécessaire de la Victoire.

C'est en effet parce que les alliés ont eu cette maîtrise de la mer que leurs flottes ont pu transporter des troupes de l'Afrique du Nord et les contingents de nos colonies, l'armée britannique (les premiers débarquements britanniques en août 14 comprenaient 165.000 soldats) et les troupes des dominions, les détachements russes et portugais, l'armée des travailleurs coloniaux, etc. Plus tard, c'est encore grâce à cette maîtrise qu'elles purent transporter aux Dardanelles, en Macédoine, en Egypte, les détachements qui constituèrent les diverses armées d'Orient et procéder à leur ravitaillement. Enfin, en dernier lieu, c'est elle qui permit l'apparition foudroyante des armées américaines dont l'effectif dépassa 2 millions d'hommes.
Et c'est aussi précisément parce que les flottes des empires centr
aux (empire allemand, empire d'Autriche-Hongrie et empire ottoman) ont toujours étaient dominées par les nôtres, que nos ennemis se sont trouvés isolés du reste du monde et que leurs colonies sont tombées entre nos main
s ».

Les combats navals durant la première guerre mondiale se déroulèrent dans la Baltique, la mer du Nord, la Manche, l'Atlantique, la Méditerranée, l'Adriatique, la mer Noire, l'Océan Indien, le Pacifique, soit presque toutes les mers du monde. Il faut rappeler :

*Que l'Allemagne avait des colonies en Afrique et dans le Pacifique

*Que l'empire ottoman, allié de l'Allemagne et de l'Autriche, contrôlait encore tout le Proche-Orient

*Que participèrent à la guerre les Dominions britanniques (Canada, Australie, Indes, Nouvelle-Zélande...), le Japon, les Etats-Unis outre la plupart des pays d'Europe.

L'empereur Guillaume II avait l'ambition de surpasser l'Angleterre en puissance maritime, mais lorsque la guerre éclata, le compte n'y était pas encore pour les Allemands. Ils eurent au début quelques succès. Ainsi dès le 1er novembre 1914, 2 cuirassiers anglais étaient coulés au large du Chili, mais ils subirent plus de pertes. Ainsi le 28 août 1914, les Allemands perdaient 2 cuirassiers et un croiseur au large de l'île d'Héligoland (au sud-est de la mer du Nord), en décembre de la même année 3 croiseurs au large des Malouines...

La plus grande bataille navale de la guerre de 14 fut celle du Jutland (Danemark) Elle eut lieu les 31 mai et 1er juin 1916. Elle mit aux prises 64 cuirassés, 50 croiseurs et 170 destroyers. 14 bâtiments anglais furent coulés et 11 avariés tandis que les Allemands perdaient 19 bâtiments et en avaient 17 d'avariés.

La guerre sous-marine : Après la bataille du Jutland, les Allemands renoncèrent aux batailles navales et intensifièrent la guerre sous-marine. Dès le début de la guerre ils alignèrent 28 U-boote et 375 sur le temps de la guerre. Dès le 5 septembre 1914, ils avaient torpillé un premier croiseur britannique et 3 autres avant la fin du mois de septembre. Pour isoler l'Angleterre, ils attaquèrent les navires marchands et c'est lorsque les Allemands étendirent à toutes les mers l'attaque des navires marchands que les Etats-Unis entrèrent en guerre à nos côtés. Contre les U-boote les Alliés améliorèrent les moyens de détection et de destruction si bien que les Allemands en perdirent de plus en plus et que de plus en plus de routes maritimes furent sécurisées.

Sur le temps de la guerre les U-boote coulèrent 6394 navires marchands et une centaine de navires de guerre mais 229 de ces sous-marins furent coulés entraînant la mort de 515 officiers de marines allemands et de 4849 marins ! Les chasseurs d'épaves ont encore de beaux jours devant eux !

Durant la seconde guerre mondiale c'est 1154 U-boote que les Allemands mirent en service ; 743 furent détruits, mais c'est une autre histoire.

J.D. 27 mai 2014

femmes dans la marine américaine, photo ^publiée dans "Le Miroir" du 28 octobre 1917

femmes dans la marine américaine, photo ^publiée dans "Le Miroir" du 28 octobre 1917

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 08:12

Philippe Pétain, Charles De Gaulle, François Mitterrand, trois destins français qui se sont (mal) croisés.

Philippe Pétain :

naquit le 24 avril 1856 dans une famille d'agriculteurs du Pas-de-Calais. Il fut admis en juillet 1876 comme élève à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr d'où il sortit sous-lieutenant. Il resta à ce grade 5 ans, devint lieutenant 7 ans puis capitaine 10 ans. Entre-temps, il avait été admis à l'école de guerre en 1888. Il y sera professeur de 1901 à 1910. Nommé colonel en 1911 au 33e régiment d'infanterie d'Arras où il aura sous ses ordres à compter du 9 octobre 1912, un jeune sous-lieutenant nommé Charles De Gaulle. La progression de Pétain au sein de l'armée fut assez lente. Il faut dire qu'il ne rejoignit pas la meute militariste contre Dreyfus, n'approuva pas « l'affaire des fiches » (voir sur mon blog la fiche N°125 intitulée « la loi de séparation »http://jean.delisle.over-blog.com/la-loi-de-separation-n-125), refusa même de serrer la main du général André devenu Ministre de la guerre et enfin contestait les positions de l’état-major sur certains points de doctrine militaire.

La guerre de 14 : Le colonel Pétain avait déjà 58 ans lorsque éclata la guerre début août 1914. Il se retrouva à la tête de la quatrième brigade d'infanterie. Devint général de brigade le 31 août 14, général de division le 14 septembre 1914, général de corps d'armée le 20 octobre 1914. Il se fit remarquer en Belgique, durant la bataille de la Marne, de l'Artois, et de Verdun à compter de février 1916. Il avait le soucis d'économiser les vies et s'attacha à améliorer les conditions de vie des soldats. Il fut beaucoup plus apprécié de la troupe que beaucoup d'autres officiers. Il fut à l'époque surnommé « le vainqueur de Verdun ». Les derniers mots de sa proclamation aux soldats en date du 10 avril 1916 : « Courage ! On les aura !» restèrent célèbres.

Pétain fut à l'origine de la création de la première division de chasse aérienne.

Il fut nommé commandant en chef des armées françaises le 15 mai 1917 en remplacement de Nivelle, mais Foch lui fut préféré le 17 avril 1918 comme commandant en chef des armées alliées. Si bien qu'en termes de notoriété, Foch parmi les militaires comme Clemenceau parmi les politiques, furent les principaux bénéficiaires de la victoire, au grand dépit des autres.

Le bâton de maréchal : 8 généraux de la guerre de 14 reçurent le bâton de maréchal entre 1916 et 1923 dont 2 à titre posthume (Gallieni et Maunoury). De cette génération, Joffre fut le premier à devenir maréchal de France le 26 décembre 1916 pour faire passer la pilule de son remplacement à la tête des armées. Foch fut le second le 6 août 1918 et Pétain seulement le troisième le 21 novembre 1918

L'académie française : Joffre fut admis à l'académie française le 14 février 1918, Foch en novembre 1918. Pétain dut avoir quelque amertume d'avoir été nommé maréchal après Joffre et Foch et de les voir à l'académie mais pas lui. Pour postuler à l'académie, Pétain eut le projet d'écrire « L'Histoire du soldat à travers les âges ». Il en confia la rédaction à Charles De Gaulle, se réservant d'écrire lui-même la partie concernant la guerre de 14, ce qu'il commença en 1920. Ce projet fut la première cause de la mésentente entre Pétain et De Gaulle, ils n'avaient pas la même conception de l'écriture et De Gaulle préférait probablement écrire pour son propre compte. Finalement Pétain sera élu à l'académie française le 20 juin 1929, en remplacement de ….Foch !(décédé le 20 mars 1929). Il avait terminé d'écrire l'histoire de la guerre de 14. Son admission à l'académie termina le projet de « l'Histoire du soldat à travers les âges ». On ne sait pas ce que De Gaulle écrivit pour sa part de cette histoire, mais il n'en reste pas trace. Il utilisa peut-être les matériaux rassemblés pour des conférences ou des livres (Le fil de l'épée 1932, Vers l'armée de métier 1934, La France et son armée 1938). Par contre le manuscrit de Pétain fut retrouvé en juin 2006. Il comportait 351 pages accompagnées de 77 « croquis soigneusement dessinés ». La publication en a été réalisée en mai 2014 aux éditions Privat. La lecture du texte est un véritable rapport d'état-major qui me fait penser à « la guerre des Gaules » de César, quant aux croquis localisant les lieux, les différents corps d'armées, leurs mouvements...,par leur minutie, ils peuvent être comparés à la représentation de la bataille de Qadesh que Ramsès II fit graver partout du delta du Nil au Soudan.

L'entre-deux-guerres : Pétain fut nommé Vice-président du Conseil supérieur de la guerre en 1920, Inspecteur général de l'armée en 1922, envoyé au Maroc en 1925, en remplacement de Lyautey, pour réprimer le soulèvement d'Abd el-Krim (guerre du Rif); c'est la même année que Charles De Gaulle entra à l'état-major de Pétain. On retrouve ensuite Pétain inspecteur général de la défense aérienne du territoire en 1931 (il abandonna alors la vice-présidence du conseil supérieur de la guerre et l'inspection générale de l'armée), Ministre de la guerre dans un gouvernement Doumergue en février 1934 et ambassadeur en Espagne en mars 1939. Les contacts qu'il noua en Espagne évitèrent peut-être (?) que Franco ne rejoigne Hitler et Mussolini dans la seconde guerre mondiale, malgré que ceux-ci aient puissamment aidé Franco dans la guerre contre les Républicains.

La seconde guerre mondiale : Albert Lebrun avait été réélu Président de la République le 5 avril 1939. Paul Raynaud était Président du Conseil lors de l'invasion allemande (le 10 mai 1940). Raynaud appela Pétain à la vice-présidence du Conseil le 18 mai 1940, puis s'effaça au profit de Pétain le 16 juin 1940. Ce qui fut confirmé par Albert Lebrun. C'était à Bordeaux où le gouvernement s'était réfugié. Pétain signa l'armistice avec l'Allemagne le 22 juin 1940. L'armée allemande était entrée dans Paris le 14 juin 1940, la ville était quasi déserte.

Le Gouvernement et le Parlement se transportèrent à Vichy fin juin 1940. Le 10 juillet, l'Assemblée nationale (terme qui a l'époque représentait la Chambre des députés et le Sénat), issue du front populaire de 1936, vota le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs à Pétain pour « promulguer une nouvelle constitution de l'Etat français » par 569 voix POUR et 80 CONTRE.

Cela mit, de fait, fin au mandat d'Albert Lebrun qui se retira à Vizille (Isère) dans sa famille. Pétain devint le chef de l'Etat français. Il avait 84 ans !

Il ne faut pas oublier qu'à l'époque, c'est-à-dire après la débâcle, l'exode... une très grande majorité des Français furent soulagés que Pétain prenne la responsabilité du gouvernement.

C'est le 24 octobre 1940 que Pétain rencontra Hitler à Montoire (Loir-et-Cher) et qu'il y eut « la poignée de mains de Montoire » (sur le quai de la gare) qui fut tant reprochée à Pétain.

De Gaulle était, lui, partit à Londres d'où il lança son célèbre appel à la résistance le 18 juin 1940. L'amitié qui avait lié Pétain et De Gaulle, plusieurs décennies, était définitivement terminée.

Pétain fut enlevé par les Allemands à Vichy le 20 août 1944 et emmené à Sigmaringen (état de Wurtenberg, aujourd'hui Bade-Wurtenberg, capitale Stuttgart au sud de l'Allemagne). Il revint et se présenta de lui-même à la frontière le 24 avril 1945. Arrêté dès le lendemain, il fut traduit devant la Haute-cour le 23 juillet 1945 et condamné à mort le 15 août 1945 par 14 voix POUR et 13 CONTRE.

Charles De Gaulle, qui était devenu Président du Gouvernement provisoire, commua sa peine en détention perpétuelle ; Pétain avait 89 ans. Pétain mourut à l'île d'Yeu le 23 juillet 1951 âgé de 95 ans.

Jugement : Le régime de Vichy collabora avec l'Allemagne nazie y compris dans la répression contre les résistants patriotes et dans la politique anti-juive ; c'est incontestable. Mais juger Pétain sans juger tous ceux qui furent responsables de la situation au moment de la débâcle n'est pas correct. Mais lors des célébrations du 6 juin il ne sera pas rappelé :

-ni la lâcheté de ceux (les Daladier, Chamberlain and Co) qui de janvier 1933 à l'invasion laissèrent Hitler :

*récupérer la Sarre (janvier 35), réarmer l'Allemagne (dès 1933) et remilitariser la rive gauche du Rhin (mars 1936) malgré les traités,

*commencer la répression contre les opposants (le premier camp de concentration : Dachau, fut ouvert dès mars 1933).

*soutenir massivement Franco,

*annexer l'Autriche (mars 1938), envahir la Tchécoslovaquie (mars 1939), le Danemark (avril 1939)...

*et envahir finalement la Pologne le 1er septembre 1939, pendant qu'en France et en Angleterre, on mobilisait des millions d'hommes et attendait l'heure H, c'est-à-dire l'heure où Monsieur H veuille bien se décider à nous envahir !

-ni que Staline fut complice d'Hitler, de la signature des traités germano-soviétiques du 23 août 1939 jusqu'au 22 juin 1941, pour se partager la Pologne et commencer à se partager l'Europe. Ce ne fut pas Staline qui dénonça les pactes, mais Hitler qui en envahissant sans préavis la Russie le 22 juin 1941 obligea Staline à changer de camp et le jeta dans les bras des Alliés, alors que Staline, probablement, ne demandait qu'à continuer à dépecer l'Europe en compagnie de son allié Hitler.

Charles De Gaulle :

Il naquit le 22 novembre 1890 d'une famille parisienne. Son père (Henri) était professeur à Paris dans un collège de Jésuites. Sa mère (Jeanne Maillot) d'origine lilloise accoucha de son fils Charles à Lille. Ce qui me permer d'écrire que De Gaulle est de Lille

Le protégé de Pétain : Charles De Gaulle entra à l'école militaire de Saint-Cyr en 1908. Il en sorti sous-lieutenant en octobre 1912 et fut affecté au 33e régiment d'infanterie d'Arras dont le commandant était le colonel Philippe Pétain.

De Gaulle passa lieutenant en octobre 1913, capitaine en janvier 1915. Il était toujours au 33e R.I. d'Arras lors du déclenchement de la guerre de 14. Le 2 mars 1916, la dixième compagnie que commandait De Gaulle fut anéantie au village de Douaumont près de Verdun après une résistance acharnée. De Gaulle fut d'abord considéré comme mort, ce qui lui valut la croix de guerre avec palme et une citation signée Pétain. En fait, seulement blessé, De Gaulle fut fait prisonnier par les Allemands et ne fut libéré qu'après l'armistice du 11 novembre 1918 malgré 5 tentatives d'évasion.

De Gaulle fut envoyé en Pologne de 1919 à 1921 au moment de la guerre russo-polonaise (voir la fiche N°173http://jean.delisle.over-blog.com/2014/05/la-pologne-de-l-entre-deux-guerres-n-173.html).

Charles De Gaule épousa Yvonne Vendroux le 7 avril 1921. Leur premier enfant né le 28 décembre 1921 fut prénommé Philippe en l'honneur de Pétain.

Puis De Gaulle, successivement :

*enseigna l'histoire à Saint-Cyr,

*fut admis sur recommandation de Pétain à l'école supérieure de guerre en 1922. Critiquant, comme Pétain, les théories de l'état-major, De Gaulle eut de mauvaises notes que Pétain fit rectifier.

*intégra l'état-major de Pétain en 1925,

*fut envoyé à l'état-major du Levant (à Beyrouth) en 1929,

*puis au Secrétariat de la défense nationale à Paris, promu lieutenant-colonel en décembre 1933 puis colonel en décembre 1937.

*commença la seconde guerre mondiale comme commandant du 507e régiment de chars de combats à Metz

*fut promu général de brigade le 25 mai 1940

*fut appelé par Paul Reynaud le 5 juin 1940 comme sous-secrétaire d'état à la défense nationale ; Pétain était alors vice-président du Conseil.

La séparation : Pétain étant devenu président du Conseil et ayant exprimé son intention de signer l'armistice avec l'Allemagne, De Gaulle partit à Londres. Il fut condamné à mort le 2 août 1940 par un tribunal militaire à Clermont-Ferrand.

On connaît la suite :

*la résistance, la libération et la présence de la France dans les négociations d'après guerre grâce à De Gaulle

*De Gaulle fut président du GPRF (Gouvernement provisoire de la République française reconnu par les Alliés le 22 octobre 1944) jusqu'au 20 janvier 1946,

*la « traversée du désert », la sortie des « Mémoires de guerre » (1954,1956, 1959),

*les événements de 1958 en Algérie

*De Gaulle appelé par René Coty, dernier président de la quatrième République, comme président du Conseil, le 29 mai 1958

*l'adoption de la Constitution de la cinquième République le 28 septembre 1958

*De Gaulle élu premier président de la cinquième République le 21 décembre 1958

*le rejet par 52% des électeurs d'un référendum sur la régionalisation et la transformation du Sénat, le 27 avril 1969, entraînant la démission de De Gaulle

*son décès le 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Eglises.

Jugement : Durant la seconde guerre mondiale, pendant que Pétain devenait le chef de la France occupée, son ancien protégé devenait chef de la France Libre. Au regard de l'histoire, De Gaulle s'en sort plus glorieusement que Pétain.

A la libération pour disculper Pétain, certains de ses partisans prétendirent que De Gaulle et Pétain avaient été pour la France « l'épée et le bouclier » : De Gaulle l'épée parce qu'il avait assuré la survie de la France vis-à-vis des alliés et Pétain le bouclier parce qu'il avait évité le pire après l'invasion allemande. Chacun est libre de son jugement, mais dans l'histoire de France il a peut-être fallu un Pétain et un De Gaulle.

François Mitterrand :

I naquit le 26 octobre 1916 à Jarnac (Charentes) d'un père d'abord ingénieur pour une compagnie de chemin de fer puis ingénieur vinaigrier.

Mitterrand fit sa scolarité dans des écoles catholiques puis vint à Paris à l'école libre des Sciences Politiques dont il fut diplômé avant de faire des études d'avocat.

Il fut mobilisé en 1939 comme sergent-chef au 23e régiment d'infanterie coloniale et comme tous les mobilisés de cette époque, attendit sagement derrière la ligne Maginot que les Allemands veuillent bien nous envahir. François Mitterrand fut fait prisonnier par les Allemands le 18 juin 1940 (jour de « l'appel » de De Gaulle à Londres). Emmené prisonnier en Allemagne il s'en évada et rentra en France en décembre 1941 selon la version « officielle ». Il fut libéré par les Allemands à la demande des autorités de Vichy selon une autre version. Chacun choisira la version qui lui convient.

*le passé vichyste : Toujours est-il qu'en arrivant en France, Mitterrand se mit à la disposition du gouvernement de Vichy qui le recruta immédiatement ce qui laisse supposer qu'il fut reconnu comme faisant partie de la famille. Il faut rappeler que dans les années d'avant guerre, Mitterrand avait fréquenté tous les milieux d'extrême droite : Croix de feu, Cagoule, Action française... Il avait même participé le 1er février 1935 à une manifestation organisée par l'Action française contre « l'invasion métèque » avec comme mot d'ordre : « La France aux Français ».

Mitterrand semble avoir été un bon collaborateur à Vichy et recommandé par 2 membres de la Cagoule, il fut décoré de la francisque (insigne du Maréchal de France chef de l'Etat Français) par Pétain le 16 août 1943. En 1945 la Haute Cour de Justice reconstitua le fichier des décorés de la Francisque. Pendant les 4 années d'occupation, ils furent 2.626 décorés. François Mitterrand eut le N° 2202.

Sur le passé vichyste de Mitterrand, il existe de nombreux écrits. Voir par exemple :

-Mitterrand et la tentation de l'histoire De Franz-Olivier Giesbert éditions du Seuil 1977

-Le noir et le rouge de Catherine Nay, éditions Grasset 1984

-Mitterrand et les 40 voleurs... de Jean Montaldo, Albin Michel 1994

-Une jeunesse française de Pierre Péan, Fayard 1994

etc

A l'époque, comme beaucoup de Français, Mitterrand dut chanter « Maréchal, nous voilà ! »

*la résistance : C'est le 28 mai 1943 que Mitterrand rencontra Philippe Dechartre envoyé de De Gaulle en France. Une majorité d'auteurs semblent faire partir de cette date le changement de camp de Mitterrand. Quand Mitterrand se met à la disposition de Vichy les Allemands sont vainqueurs partout et personne ne voit ce qui peut les arrêter. Fin mai 1943, les Allemands ont capitulé à Stalingrad (le 31 janvier 1943) et commencé à reculer sur tout le front de l'est ; les Anglais et les Américains ont débarqué en Afrique du Nord (fin octobre, début novembre 1942) … Pour qui réfléchissait, la roue avait tourné pour l'Allemagne d'Hitler, ce n'était plus qu'une question de temps ; ce que Mitterrand dut comprendre. Mais on peut se demander si il ne garda pas, durant quelques mois, un pied dans chaque camp en attendant la confirmation des événements. Mitterrand rencontra De Gaulle à Alger en novembre 1943, son engagement dans la résistance ne fit alors plus de doute.

Quand on considère tous les coups fourrés dont Mitterrand fut capable : attentat de l'observatoire (ce qui valut la levée de l'immunité parlementaire de Mitterrand), écoutes téléphoniques de l'Elysée, attentat contre le Rainbow Warrior, affaire Urba, réforme de la loi électorale en 1985 pour faire monter le F.N., éviction des Rocardiens des postes de responsabilité au P.S., cancer caché, fille adultérine, née le 18 décembre 1974, longtemps cachée mais logée elle et sa mère aux frais des contribuables avec 8 gendarmes affectés à leur sécurité ! … ; on peut se dire que Mitterrand et ses amis s'employèrent à imposer une biographie conforme aux attentes que pouvait en avoir « le peuple de gauche » !

*Après guerre : Mitterrand fut député ou sénateur de la Nièvre de 1946 à 1981. Il fut secrétaire d'état ou ministre du 26 août 1944 au 13 juin 1957, dans douze gouvernements successifs aussi bien de droite que de gauche. A l'époque Mitterrand fut membre de partis qui eurent pour nom UDSR, FGDS, CIR ; la traduction n'a pas d'intérêt, il faut seulement retenir que ces partis pouvaient s'allier aussi bien avec la droite qu'avec la gauche. Ce n'est pas pour rien que certains surnommèrent Mitterrand : « Le Florentin ».

Mitterrand espérait arriver enfin au pouvoir lorsque les événements de 1958 firent sortir De Gaulle de sa retraite. Pour Mitterrand ce fut un crime de lèse majesté, il eut une hostilité viscérale contre De Gaulle, appelant même à voter NON au référendum de 1962 sur l'élection du Président de la République au suffrage universel direct. Mitterrand critiqua la constitution de la Ve République . Il publia, chez Plon, en 1964 sur ces institutions « Le coup d'état permanent ». Mais ce qui était mauvais quand un autre était à l'Elysée, devint bon et pertinent durant les 2 mandats de Mitterrand. Classique !

*La conquête du pouvoir :Mitterrand compris que pour arriver au pouvoir il lui fallait un instrument de conquête du pouvoir. Il adhéra au parti socialiste le 12 juin 1971 au matin. C'était au congrès d'Epinay. Le soir même il en était le premier secrétaire. Le coup avait été bien préparé. Et François Mitterrand fut élu Président de la République le 10 mai 1981, réélu le 8 mai 1988. Le Florentin était parvenu à ses fins.

Jugement : Autant Mitterrand fut un adversaire résolu de De Gaulle, autant on peut penser qu'il admira le Maréchal Pétain et que d'une certaine manière il resta « pétiniste » toute sa vie. Personne n'est obligé de partager ce point de vue. Mais dans ce sens on remarque que Mitterrand conserva toute sa vie ses relations « vichystes » y compris avec René Bousquet qui, pourtant, avait été secrétaire général de la police de Vichy et responsable de la rafle du Vel' d'Hiv', ou encore que durant des années Mitterrand fit régulièrement fleurir la tombe de Philippe Pétain à l'île d'Yeu. Si l'au-delà devait exister, en arrivant et en rencontrant Pétain, Mitterrand aurait pu chanter : « Maréchal...me voilà ! ».

Les amateurs de comparaisons curieuses pourront se reporter à la vie de Domitien dans « Vies des douze Césars » de Suétone (historien latin mort vers l'an 140 de notre ère), non seulement parce que Domitien devint empereur en 81 et mourut en 96 mais parce qu'il présente beaucoup de traits communs avec Mitterrand.

Si mes souvenirs sont bons c'est en 1991 que j'avais lu ce texte de Suétone. J'avais été frappé des analogies que l'on pouvait trouver entre Domitien et Mitterrand. J'en avais parlé à mes collègues (à Aix-les-Bains) et leur avait dit : « ce serait marrant que Mitterrand meure en 96 ». Et il le fit (le 8 janvier 1996). Sacré « Tonton » !

J.D. 23 mai 2014

statue de Charles De Gaulle à Québec sur le cours du Général De Montcalm

statue de Charles De Gaulle à Québec sur le cours du Général De Montcalm

exemple de croquis dessiné par Pétain et publié par Privat

exemple de croquis dessiné par Pétain et publié par Privat

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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 17:19

Beaucoup de gens pensent que le 11 novembre 1918 constitue la fin de la première guerre mondiale. En fait le 11 novembre est seulement le jour de l'armistice, c'est-à-dire de la fin des combats sur le front occidental. Cette guerre avait fait plus de 18 millions de morts (militaires et civils) et 21 millions de blessés.

A la suite il y eut une conférence internationale qui se tint à Paris (au Quai d'Orsay) entre le 18 janvier 1919 et août 1920. Cette conférence reçut le nom de « conférence de Paris » mais on trouve aussi souvent l'appellation « conférence de la paix ». Cette conférence s'adjoignit une « commission des réparations » qui commença à fonctionner le 3 février 1919.

De la guerre et de cette conférence il sortit :

*plusieurs traités :

-traité de Versailles entre les Alliés et l'Allemagne, signé le 28 juin 1919 dans la galerie des glaces à Versailles (là où avait été proclamé l'Empire allemand le 18 janvier 1871) et en remarquant que le 28 juin était la date anniversaire du 28 juin 1914 (assassinats à Sarajevo)

-traité de Saint Germain en Laye le 10 septembre 1919 entre les Alliés et l'Autriche

-traité de Neuilly-sur-Seine le 27 novembre 1919 entre les Alliés et la Bulgarie

-traité de Trianon le 4 juin 1920 entre les Alliés et la Hongrie (qui au début de la guerre appartenait à l'Empire d'Autriche-Hongrie)

-traité de Sèvres le 10 août 1920 entre les Alliés et l'Empire ottoman

-premier traité de Rapallo le 12 novembre 1920 entre l'Italie et la Yougoslavie

-traité de Kars le 13 octobre 1921 entre l'URSS et l'Empire ottoman

-second traité de Rapallo le 16 avril 1922 entre l'Allemagne et l'URSS

-traité de Lausanne le 24 juillet 1923 entre les Alliés et la Turquie

*la disparition de 4 empires, voir sur mon blog la fiche N°55 (la fin des 4 empires)http://jean.delisle.over-blog.com/article-la-fin-des-4-empires-97643758.html

*la création ou la résurrection de plusieurs États : la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, l'Autriche et la Hongrie par séparation, et plusieurs pays au moyen-orient par amputation de l'empire ottoman devenant lui-même la Turquie.

*la création le 28 avril 1919 de la Société des Nations (SDN) avec son siège fixé à Genève. Cet organisme international (ancêtre de l'ONU) avait surtout été voulu par le Président américain Wilson. Paradoxalement le Congrès américain refusa l'adhésion des États-Unis à la SDN en ne signant pas le traité de Versailles.

*des mandats de gestion confiés par la « conférence de San-Remo » le 24 avril 1920 à la Grande-Bretagne (Palestine, Jordanie et Irak) et la France (Liban et Syrie) sur des pays du Moyen-Orient qui appartenaient antérieurement à l'Empire ottoman.

Tout ceci modifia plus profondément l'Europe que ne l'avait fait un siècle plus tôt la conférence de Vienne après la chute de Napoléon 1er.

Le désastreux traité de Versailles :

1-Le contexte en France : Georges Clemenceau était parvenu (en mars 1917) a renverser le cabinet Briand et à prendre sa place comme Président du Conseil. Il avait terminé la guerre et s'était auto-attribué tous les mérites de la victoire. Clemenceau avait bien mérité son surnom de « tigre », animal carnassier si il en fut !

Pour Clemenceau les Allemands étaient responsables de tout, ils devaient payer, il fallait saigner l'Allemand ! Clemenceau, auréolé de son titre de vainqueur, mena la danse à la conférence de Paris. En plus, les succès de l'Empire allemand avaient fait de l'ombre aux Anglais, et les Allemands menaçaient l'hégémonie maritime britannique : crime de lèse-majesté par excellence !

2-Le traité : L'article 231 du traité de Versailles désignait l'Allemagne comme responsable de la guerre et de ses maux. Pour les Allemands cela était inadmissible. Les Allemands ou tout au moins leurs dirigeants avaient voulu la guerre, c'est un fait mais les autres aussi. Les Autrichiens les premiers avaient déclaré la guerre à la Serbie, puis en second les Russes à l'Autriche et les Allemands seulement en troisième lieu.

Le traité imposa aux Allemands :

-la restitution de l'Alsace et de la Lorraine à la France,

-amputa l'Allemagne de territoires au profit de la Belgique, du Danemark et surtout de la Pologne,

-enleva à l'Allemagne toutes ses colonies qui furent récupérées par l'Angleterre (Tanganyika et partie du Togo), la France (Cameroun et partie du Togo), la Belgique (Rwanda et Burundi), l'Union Sud-Africaine (Sud-ouest africain allemand), le Japon (îles Carolines, Marshall et Mariannes) la Nouvelle-Zélande ((îles Samoa) et l'Australie( (Guinée allemande)

-plaça le bassin de la Sarre sous statut international

-obligea l'Allemagne à livrer aux Alliés tous ses canons, ses avions, sa marine etc

-et l'Allemagne fut condamnée à payer à la France et à la Belgique 132 milliards de marks-or d'indemnités, sans se demander si l'Allemagne pouvait payer. Les marins allemands livrèrent leurs navires aux Anglais mais les sabordèrent en Ecosse (à Scapa Flow).

L'énumération ci-dessus montre que l'on exigea des Allemands des indemnités extravagantes tout en leur enlevant leurs richesses c'est-à-dire les moyens de payer ! Avec le recul du temps on peut constater que la haine de l'Allemand aveugla nos politiciens de l'époque.

3-La situation en Allemagne : Lors de l'armistice, la population n'avait pas l'impression que leur pays avait été vaincu militairement mais qu'il avait été trahi par les politiciens. L'empereur (Guillaume II) avait abdiqué le 9 novembre 1918, une république était proclamée. Des élections pour une assemblée nationale constituante eurent lieu le 19 janvier 1919 et une constitution fut adoptée le 31 juillet 1919. Durant des mois, il y eut de graves désordres en Allemagne : grèves, manifestations, émeutes … Le parti communiste allemand avait été créé le 1er janvier 1919 par scission du parti socialiste. Une grève générale avait été déclenchée dans tout le pays le 5 janvier 1919 (jusqu'au 12 janvier). Le 15 janvier Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, principaux dirigeants du nouveau parti communiste, étaient assassinés. La situation à Berlin étant insurrectionnelle, le nouveau gouvernement républicain s'installa à Weimar, au centre de l'Allemagne (dans le land de Thuringe, capitale Erfurt), ce qui fit appelé ce régime du nom de « République de Weimar ».

Les Allemands comme les autres belligérants durent reconvertir les industries de guerre, faire face à la démobilisation et prendre en charges les mutilés et blessés. Pour faire face sur tous les fronts, les Allemands avaient mobilisé plus de 13 millions d'hommes et avaient eu 2 millions de morts et plus de 4 millions de blessés.

En outre les Allemands durent commencer à payer les indemnités prévues dans le traité de Versailles. Comme ils ne le pouvaient pas, les armées française et belge envahirent la Ruhr dont ils prirent le contrôle à compter du 11 janvier 1923. Les travailleurs allemands répondirent par la grève et la résistance passive. L'économie allemande s'écroula. Une inflation galopante sans précédent dans l'histoire en fut la conséquence. Ainsi, par exemple, le 30 novembre 1923, pour poster une lettre courante en Allemagne, cela coûtait 30 milliards de marks !

Les Alliés durent avoir peur d'une prise de pouvoir par les communistes comme en Russie. Ils renégocièrent avec les Allemands. Cela se traduisit par le traité de Locarno signé le 16 octobre 1925.

Entre-temps, une nouvelle monnaie avait été créée pour remplacer les milliards de marks. L'Allemagne commença à aller moins mal à défaut de dire mieux, lorsque survint le jeudi noir de Wall-Street (24 octobre 1929) et la grande crise économique qui suivit. L'Allemagne fut touchée comme les autres pays et les chômeurs se comptèrent par millions.

Dans ce contexte, comment s'étonner que les Allemands aient suivi le pantin Hitler lorsqu'il sortit de sa boîte !

4-La situation de l'Italie : Au début de la guerre de 14, l'Italie était encore alliée de l'Allemagne. Voir la fiche N°161 : « L'Italie et la guerre de 14 »http://jean.delisle.over-blog.com/2014/02/l-italie-et-la-guerre-de-14-n-161.html. Puis l'Italie était entrée en guerre aux côtés des Alliés contre d'importantes promesses d'extensions territoriales (traité de Londres du 26 avril 1915 et accords de Saint Jean de Maurienne du 26 avril 1917). Une fois la guerre terminée non seulement les promesses ne furent pas tenues mais l'Italie fut mal traitée lors de la conférence de Paris. Les Italiens qui combattirent, surtout contre l'Autriche, avaient mobilisé 5.600.000 hommes. Ils avaient eu 1.200.000 tués (civils et militaires) et 950.000 blessés. Ils méritaient d'être considérés. Or, voici ce que l'on trouve sous la plume de Georges Suarez dans « Briand » tome V publié en avril 1941, chapitre I, extraits :

« L'attitude de l'Italie à la conférence de la Paix fut la première manifestation symbolique du désaccord (entre les anciens Alliés). Toutes sortes de raisons, d'ordre interne, la poussaient à rechercher de nouvelles victoires diplomatiques. La misère était grande. Les matières premières manquaient. La lire était dépréciée. Les anciens combattants, au retour des tranchées, avaient vu les parvenus de la guerre étaler un luxe provocant ; leurs places étaient prises par d'autres, qui s'étaient dérobés au devoir militaire ; ceux dont le départ au front avait interrompu les études ou l'apprentissage , avaient perdu le ressort nécessaire pour embrasser un nouveau métier. Ceux qui revenaient du front avec des galons, croyaient déchoir en acceptant des emplois trop modestes. Cette clientèle de mécontents survenait à point pour restituer des forces au parti socialiste. Celui-ci avait été résolument l'adversaire de l'intervention italienne dans la guerre...

Malheureusement, écrira Marguerite Sarfatti, la biographe de Mussolini, ceux qui nous dirigeaient n'avaient pourvu à rien. Plus perspicace, la France assurait à ses soldats une récompense matérielle et morale : un défilé et un pécule. Chez nous, même la proposition d'attribuer dix lires aux hommes pour chaque mois de front était repoussée. Et pendant que les troupes bleu-horizon défilaient aux Champs-Elysées, devant le monde entier, l'armée gris-vert se dispersait triste et déçue par tout le pays.

Bientôt éclatèrent des troubles sociaux alimentés à la fois par la propagande bolcheviste et celle d'un étrange mouvement national et révolutionnaire qui se formait au sein du socialisme. Déjà, il avait un nom : le fascisme et un chef : Mussolini... ».

La situation trouvée par les soldats italiens rentrés du front et décrite par Suarez dut être celle de tous les soldats de tous les pays qui furent en guerre. Puis Suarez publie une lettre reçue par Briand d'un correspondant français qui se trouvait à Rome lorsque se déroulait la conférence de Paris. La voici :

« Lorsque le président Wilson lança son message au peuple américain (ce message proposait la création d'un Etat -Etat libre de « Fiume », actuelle Rijeka- alors que cette zone était revendiquée par l'Italie) et que MM. Orlando et Sonnino (les représentants italiens à la conférence de Paris) décidèrent de quitter Paris pour se présenter devant le Parlement (italien), l'alliance avec la France et l'Angleterre était encore intacte....

Les partisans d'une entente étroite avec la France mettaient tout leur espoir dans notre intervention et considéraient que celle-ci se produisant en faveur de l'Italie dans un moment aussi grave de son histoire, aurait pour résultat de consacrer d'une manière définitive les liens d'alliance qui ont uni les deux pays pendant la guerre.
D'autre part, les germanophiles et les neutralistes, confiants dans notre maladresse et notre imprévoyance, disaient bien haut que les événements allaient permettre d'apprécier la valeur de notre amitié. Si la France n'aidait pas l'Italie, la preuve serait faite que l'orientation donnée à la politique italienne depuis quatre ans était mauvaise, qu'il n'y avait rien
à attendre de nous....

Les délégués italiens n'attendaient qu'une parole pour revenir à Paris ; cette parole ne leur a pas été dite. Le gouvernement français n'a rien fait pour hâter leur retour à la Conférence, alors qu'une intervention amicale dans ce sens aurait été d'autant plus appréciée qu'elle était plus désirée.

Deuxième faute : pendant que les délégués italiens sont à Rome, on agit à Paris comme si l'Italie avait rompu l'alliance.

On a laissé clairement entendre que, si l'Italie est absente, on signera sans elle la paix avec l'Allemagne. Les délégués allemands sont convoqués ; l'Italie est amenée à se demander si les Alliés ne vont pas violer le Pacte de Londres. L'opinion s'inquiète. La France et l'Angleterre vont-elles manquer à leurs engagements ? Le seul fait que cette question ait pu être posée a suffi à déterminer dans l'opinion publique une amertume et un ressentiment profonds à l'égard des Alliés et plus particulièrement de la France. Les Italiens considèrent en effet qu'ils nous ont rendu un double service : la neutralité et l'intervention. Ils s'attendaient à être payés de retour. A l'heure de la paix, ils constatent au contraire qu'on est prêt à signer sans eux. Leur indignation se manifeste alors ouvertement ; la Conférence siégeant à Paris sous la présidence d'un Français, c'est la France qu'on rend responsable.

Troisièmement : pendant l'absence des délégués italiens, les délégués autrichiens ont été invités à se rendre à Paris pour signer la paix et c'est le représentant français à Vienne qui a été chargé de transmettre l'invitation. Les Italiens s'en sont montrés profondément blessés. N'avons-nous pas été, ont-ils dit, les principaux adversaires de l'Autriche, n'était-il pas de la plus élémentaire convenance de nous consulter avant d'inviter les Autrichiens à la conférence de la paix ? On a vu dans cette démarche des Alliés et de la France le propos délibéré de traiter l'affaire comme si elle était sortie de l'Alliance.

Quatrièmement : la conclusion d'une alliance franco-anglo-américaine n'a fait que confirmer les Italiens dans l'idée qu'on les mettait systématiquement à l'écart. L'opinion très nerveuse à la suite des faits indiqués plus haut s'est vivement émue. L'Italie, a-t-on dit, a combattu aux côtés des Alliés ; ceux-ci concluent une alliance et ne l'invitent pas à y entrer, la condamnant ainsi à l'isolement ou à une entente avec l'Allemagne.

Cinquièmement : à propos du partage des dépouilles coloniales de l'Allemagne, on a observé que l'Italie ne figurait pas parmi les bénéficiaires...

Sixièmement : les attentions marquées dont on entoure à Saint-Germain les délégués de l'Autriche allemande impressionnent défavorablement une opinion qui nous accuse de vouloir remplacer l'ancien empire des Habsbourg par une confédération danubienne.

Septièmement : ce qui est plus grave, les journaux italiens disent ouvertement que le chef du gouvernement français est profondément hostile à l'Italie. Ils se plaignent de son attitude dans le cours de la négociation; ils reconnaissent que l'opinion française est au contraire généralement favorable à l'Italie, mais, disent-ils, M. Clemenceau est le chef du gouvernement et c'est lui qui décide ; or, dans la dernière phase de la négociation, il nous est aussi hostile qu'au début des conversations. Si l'on aboutit à un résultat, ce sera parce que les Américains auront fait preuve d'un peu de bonne volonté.

La conséquence de tout cela, c'est que la France est considérée comme la principale responsable des obstacles rencontrés par l'Italie à la Conférence. On constate que non seulement notre assistance sur laquelle on comptait a fait entièrement défaut, mais que nous avons fait opposition à la réalisation du programme italien.
Il en résulte dès à présent une sorte de rupture morale entre les deux pays et un accroissement alarmant des tendances germanophiles qui menacent de s'étendre de certaines sphères politiques à l'opinion populaire
. »

Tout ceci est un peu long, mais il m'a semblé que cela donne le ton de l'opinion italienne au sortir de la première guerre mondiale et explique pourquoi les Italiens ont suivi Mussolini et surtout pourquoi ils sont entrés dans la seconde guerre mondiale aux côtés des Allemands.

5-Situation des Etats catholiques dans les traités de paix :

Voici un texte de Suarez (même ouvrage, même tome, même chapitre) qui n'est pas habituel :

« Les historiens pouvaient constater que les traités avaient été négociés et conclus au détriment des Etats catholiques et au profit d'Etats non catholiques ; le maintien de l'unité de l'Allemagne protestante et la destruction de l'Autriche-Hongrie catholique, la Croatie catholique annexée par la Serbie orthodoxe, la Hongrie catholique dépecée par la Roumanie orthodoxe et la Tchécoslovaquie de Jean Huss. Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes introduit dans les traités comme une bombe à retardement, jouait contre l'ordre romain et en faveur de la confusion générale en attendant qu'il jouât au profit de l'Allemagne nouvelle.

En somme, les négociateurs du traité avaient bien fait les choses. Ils avaient eux-mêmes suggéré à l'Allemagne de futures et belles compensations à sa défaite.»

6-conclusion :

Il y a quasi unanimité chez les historiens récents pour penser que le traité de Versailles de 1919 portait en germes les événements des années 1930/1940, c'est-à-dire la seconde guerre mondiale. Ainsi Clemenceau en voulant « saigner » l'Allemand, saigna une partie de l'espèce humaine.

Le 17 janvier 1920 eut lieu l'élection présidentielle (pour remplacer Raymond Poincaré qui ne se représentait pas). Paul Deschanel eut 734 voix, un nommé Jonnart 66 et Clemenceau 56. Aristide Briand était passé par là!

Par 2 fois Clemenceau avait fait chuter un gouvernement dirigé par Briand; par 2 fois Briand empêcha Clemenceau de devenir président de la République.
Voici le commentaire que fait Suarez (dans "Briand", tome V, ch
apitre II)

"Le Tigre du reste donnait assez d'occasions de le critiquer ou de le détester pour que la tâche à laquelle allait se vouer Briand, en fut simplifiée.

Il apparaissait aux uns, mal préparé par son caractère, à exercer les fonctions d'arbitre qui sont celles d'un président de la République.

Il voudra, disaient-ils, mener les affaires sous les noms de ses ministres comme il l'a fait étant président du Conseil.
D'autres lui reprochaient le
traité de paix.

Tout le monde expliquaient-ils, sait aujourd'hui que son oeuvre est néfaste, qu'elle n'a résolu aucune question et qu'il faudra pendant toute la législature, l'interpréter, peut-être la modifier ou la compléter.
Sans doute ce jour là (le jour de l'élection présidentielle) un grand acte d'ingratitude fut commis. Une grande maladresse aussi. On aurait pas dû permettre que le principal auteur du traité de Versailles s'en allât ainsi, libre de toutes responsabilités, vers une définiti
ve retraite..."

Il semble donc que dès l'époque du Traité de Versailles, des gens soupçonnèrent les futurs malheurs que portait en lui ce foutu traité. Ainsi le maréchal Foch déclara lors de la signature du traité :"ce n'est pas une paix, c'est un armistice de 20 ans"!

De même, le 21 octobre 1921, à la tribune de la Chambre (des députés) Aristide Briand déclara que "la France devait s'entendre avec l'Allemagne ou se préparer à une nouvelle guerre" (rapporté par Suarez dans "Briand" tome V chapitre VI).

J.D. 25 avril 2014

Nota : fin janvier 1923, le dollar américain valait déjà 49.000 marks allemands, il en valait 109.000 fin juin, 4.600.000 début août, 98 millions fin août, 25 milliards en octobre et 4.200 milliards en décembre.

Le gouvernement allemand encourageait les travailleurs de la Ruhr à faire grève et leur versait même des subsides pour tenir. Le gouvernement français disait : "On évacuera pas la Ruhr tant que vous ne serez pas à jour des indemnités de guerre". Le gouvernement allemand répondait : "nous n'aurons pas les moyens de payer tant que vous occuperez la Ruhr". La situation se débloqua grâce à une médiation américaine (plan Dawes).

timbres allemands de 1923 en millions et en milliards de marks

timbres allemands de 1923 en millions et en milliards de marks

Le désatreux traité de Versailles N°172
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16 avril 2014 3 16 /04 /avril /2014 14:36

*Entre le 2 et le 18 août 1914, la France mobilisa 3.780.000 soldats (sur une population de 39 millions d'habitants au début de la guerre) et 8.410.000 durant la durée de la guerre dont 5% « d'indigènes » (ce qui signifie au passage que 95% n'en étaient pas). Redisons encore une fois (voir note N°154) que l'héroïque résistance belge permit à la France de terminer sa mobilisation et aux Anglais d'arriver au Havre et à Rouen à partir du 18 août 1914, le jour même où les armées allemandes franchissaient la frontière française!

*Cette énorme mobilisation vida les campagnes et les entreprises d'une bonne partie de leurs travailleurs. Or dans les campagnes, il fallait s'occuper des animaux, faire les moissons, les vendanges et autres récoltes. Dès le 7 août 1914, René Viviani alors président du Conseil (aujourd'hui on dit premier ministre) lançait un appel aux femmes, surtout à celles de la campagne. Les guerres du XIXe siècle avaient été courtes ainsi que quelques conflits en Europe au début du XXe siècle. L'opinion publique comme les autorités étaient persuadées que la guerre qui commençait serait courte elle aussi. Il fallut vite déchanter ! Il fallut aussi faire face à l'énorme consommation de munitions qui n'avaient pas été prévue, au ravitaillement des soldats et de la population....

*Des millions de femmes remplacèrent les hommes partout. Aussi bien à la campagne que dans les usines mais aussi dans les services : transports, santé (surtout pour soigner les blessés de la guerre) etc.

*Cette situation a déjà fait l'objet de nombreuses publications. L'ouvrage de référence sur ce sujet semble être : « La femme au temps de la guerre de 14 » publié en 1986 et œuvre de Françoise Thébaud, historienne qui enseigna à l'Université d'Avignon.

*En complément, voici un témoignage d'Aristide Briand extrait de son journal intime et publié par Georges Suarez (dans « Briand » tome IV publié en avril 1940, chapitre X) :

« jeudi 28 février 1918, déjeuner à l'usine Citroën avec Henri Robert et Berthelot. Cette immense usine, installée, réglée à l'américaine, a surgi de la guerre. C'est une ville. Quinze mille ouvriers et ouvrières ; quarante mille obus par jour. Dans un seul atelier immense, six mille femmes manient avec aisance, sans rien perdre de leur grâce parisienne, d'énorme instruments d'acier. Qu'adviendra-t-il de tout cela après la paix ? Que feront ces machines ? Quelle sera la vie de ces femmes ? Voilà le problème de demain - pas facile à résoudre. Pourtant il y a des gens qui, béatement s'imaginent que la guerre finie, les peuples reprendront le cours paisible et le petit tran tran d'avant guerre. »

*L'usine Citroën dont parle Briand se trouvait dans le quinzième arrondissement de Paris Quai de Javel. Elle fonctionna de 1915 à 1974. C'est en 1958 que le Quai de Javel fut débaptisé pour devenir le Quai André Citroën.

*De nombreuses usines, comme cette usine Citroën, furent créées pour les besoins de l'industrie de guerre. Sur ce sujet, voici ce qu'on peut lire dans « Isère magazine » (publié par le Conseil Général de l'Isère) dans le numéro daté avril 2014 et dans un article intitulé : « Les Isérois dans la Grande Guerre » (pages 16 à 24) :

« Lorsque la guerre éclate.... les sociétés travaillant pour la Défense nationale se comptent sur les doigts d'une main (dans le département de l'Isère) ….En septembre 1914, la crise des obus va bouleverser le paysage économique isérois. Les réserves de projectiles étant épuisées, les autorités militaires demandent aux industriels français de se lancer dans la fabrication massive de munitions....De nombreuses entreprises métallurgiques iséroises adaptent leurs ateliers et se lancent dans la fabrication d'armement, douilles, amorces, obus. En octobre 1915, on en comptera 114...De 500 pièces au mois de janvier 1915, la production d'obus des seuls établissements Bouchayer-Viallet grimpe jusqu'à un million d'unités durant l'année 1916. Autre secteur qui va prendre un essor important durant cette guerre ; l'industrie chimique. Le 22 avril 1915, les Allemands utilisent pour la première fois à Ypres, en Belgique, des gaz toxiques contre des soldats français et canadiens. En réaction, les autorités françaises décident de développer la fabrication de gaz de combat et choisissent l'Isère pour les élaborer. Avant guerre, la chimie est un secteur mineur , en Isère, présent principalement dans la vallée de la Romanche. Mais la volonté du gouvernement français est telle , qu'en à peine un an, deux pôles de fabrication de chlore, de soude, de phénol et de substances explosives vont être créés de toutes pièces à Pont-de-Claix-Jarrie, dans le sud grenoblois, et à Roussillon, dans la vallée du Rhône. En février 1916, la réplique française impressionnera les Allemands qui riposteront à leur tour, causant de ce fait une escalade dans l'utilisation des armes chimiques. Toute cette industrie, encore en activité aujourd'hui dans le sud-grenoblois et la vallée du Rhône, est née de ce conflit. ».

*Partout les femmes représentent une grande part de la main-d’œuvre pendant la guerre. On peut citer l'exemple de l'usine Renault à Boulogne-Billancourt qui employait 190 femmes en janvier 1914 et 6.770 au printemps 1918. Les femmes qui travaillaient pour l'armement furent surnommées « les munitionnettes ». Elles travaillaient 11 heures par jour, souvent pour des travaux physiquement très durs.

*Dans les cérémonies de commémoration de la guerre de 14, on rend toujours hommage aux « poilus », ce qui est juste, mais on doit souvent oublier le travail des femmes durant la guerre et c'est pourtant grâce à elles que le pays put faire face.

Après la guerre :

En visitant l'usine Citroën, Aristide Briand se posa les bonnes questions : Qu'allaient devenir l'industrie de guerre et les femmes, la paix revenue.

*Le 11 novembre 1918, il y avait encore, pour la France, 5 millions de soldats mobilisés. Depuis début août 1914, la guerre avait fait pour la France 1.700.000 morts : 300.000 civils et 1.400.000 militaires (dont moins de 100.000 pour les coloniaux) et 3 millions de blessés.

*Un secrétaire d'Etat à la démobilisation fut nommé (Louis Deschamps). Les soldats furent démobilisés par contingent en tenant compte de l'ancienneté. Pour l'essentiel, la démobilisation s'étala de novembre 1918 à septembre 1919 et même jusqu'en mars 1921 pour les recrues les plus jeunes.

*Lentement mais sûrement les hommes démobilisés reprirent leur place dans les activités pendant que toutes les entreprises créées pour les besoins de la guerre se reconvertissaient ou fermaient. Beaucoup de femmes durent retourner à leur fourneau. La nation fut-elle reconnaissante envers les femmes pour leur mobilisation massive durant les années de guerre ?. Sans hésiter, on peut répondre NON ! :

*C'est en 1848, en France, qu'avait été institué le droit de vote « universel » pour... les hommes. Beaucoup d'hommes de gauche de la troisième République, anti-cléricaux, s'opposèrent au vote des femmes, craignant qu'elles ne votent plus à droite que le corps électoral masculin. Il fallut attendre une ordonnance prise à Alger le 21 avril 1944 (confirmée par une autre ordonnance du 5 octobre 1944) pour que les femmes aient le droit de vote et y participent pour la première fois lors d'élections municipales le 29 avril 1945 ! Paradoxalement les femmes en France eurent le droit d'être élues avant d'avoir le droit de voter. C'est ainsi que l'on trouve, par exemple, 3 femmes dans le gouvernement de Léon Blum en 1936.

*Il fallut attendre une loi du 13 juillet 1965 (loi 65.570) réformant le régime matrimonial issu du code civil de 1804 pour que les femmes puissent gérer leurs biens, s'ouvrir un compte en banque et exercer une activité professionnelle sans l'accord de leur mari !

*Il fallut attendre une loi du 4 juin 1970 pour que soit reconnu l'égalité entre les deux parents pour « l'autorité parentale ». Une loi de 1915 avait transféré aux mères l'autorité parentale sur les enfants quand les pères étaient mobilisés, mais cela avait duré le temps de la guerre.

*etc et ce malgré que la constitution de la IVe république du 27 octobre 1946 ait proclamé l'égalité entre les hommes et les femmes !

*L'abolition des privilèges du 4 août 1789, ce ne fut pas pour tout le monde ! Il suffit de se souvenir d'Olympe de Gouges dont la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » fut rejetée, par le corps électoral...masculin, le 28 octobre 1791, tandis qu'Olympe finissait guillotinée le 3 novembre 1793 !

Et que dire du sort des femmes encore aujourd'hui dans de nombreux pays sur terre !

J.D. 16 avril 2014

La récapitulation des notes de ce blog consacrées à la guerre de 14 se trouve sur la fiche N°76 :

http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

Elisabeth de Bavière reine de Belgique, surnommée "la reine infirmière" photo publiée dans "Le Miroir" du 21 octobre 1917

Elisabeth de Bavière reine de Belgique, surnommée "la reine infirmière" photo publiée dans "Le Miroir" du 21 octobre 1917

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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 14:32

La première guerre mondiale ou guerre de 14 fut riche en innovations pour tuer des humains plus rapidement et surtout en plus grande quantité ! Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres l'Empire allemand fut en avance sur les alliés. En voici deux exemples :

Les Gothas :

Dès le début de la guerre de 14 des ballons dirigeables genre Zeppelin furent utilisés pour balancer des bombes. La mort venait du ciel, c'était nouveau, mais les dirigeables étaient très vulnérables compte tenu de leur taille.

En Allemagne, l'Etat-Major avait demandé à la firme Gothaer Waggonfabrik de fabriquer des avions capables de transporter des bombes. Le premier de ces avions (un bimoteur, biplan) sortit des chaînes le 27 juillet 1915. Les modèles évoluèrent au fil de la guerre. Mais grosso-modo ces avions comportaient 3 hommes d'équipage : un pilote et 2 mitrailleurs dont l'un balançait des bombes par dessus bord manuellement (ne pas confondre manuellement et Manuel ment). Ces avions avaient une autonomie de 500 à 800 kms selon les modèles. Ces avions furent appelés « Gothas » du nom de la firme qui les fabriquait.

La première utilisation de ces bombardiers fut effectuée à l'automne 1916 sur le front de Roumanie. Ensuite sur Londres. Le 13 juin 1917, 18 Gothas partis de Gand (en Belgique) bombardèrent Londres, il y eut 162 morts et 400 blessés. Paris commença à être bombardée par les Gothas fin janvier 1918.

La grosse Bertha :

A la demande de l'armée, la firme Krupp fabriqua un canon capable de percer les défenses des forteresses. Ce canon reçut le nom de Bertha en l'honneur de Bertha Krupp et fut vite surnommé « la grosse Bertha » (Dicke Bertha pour les Allemands). Ce canon fut utilisé la première fois à Liège le 12 août 1914 et contre les autres places fortes belges (Namur, Anvers, Ypres etc). Il avait une courte portée : 14 kms mais une forte puissance. A peu près en même temps que les Gothas commençaient à bombarder Paris, un canon de longue portée commençait, lui, à canonner Paris. Les médias de l'époque aussi bien que la population confondirent ce canon longue portée (entre 110 et 130 kms) avec la grosse Bertha et attribuèrent les obus qui tombaient sur Paris à la grosse Bertha. Ce canon longue portée fut surnommé par les Allemands : « Pariser Kanonen ». Il avait un tube de 34 mètres de long. Les Allemands en utilisèrent 3 exemplaires pour bombarder Paris.

Aristide Briand tenait un journal intime dans lequel il rend compte des événements. Son témoignage sur les bombardements de Paris me parait particulièrement intéressant pour reconstituer la manière dont la population dut vivre les choses. Le voici :

*« jeudi 31 janvier 1918 : La nuit dernière les Gothas sont venus sur Paris. Ils y sont restés de minuit à une heure et demie. Nombreuses bombes un peu partout. Il y a des victimes, on parle de vingt morts et de quarante blessés. Il ne semble pas qu'un seul Gotha ait payé ce forfait »

*« vendredi 1er février : Les Gothas ne sont pas revenus. Les pertes dans le dernier raid sont de quarante-cinq morts et deux cent sept blessés »

*« samedi 9 mars : La nuit dernière les Gothas sont venus deux heures sur Paris. Nombreuses bombes sur la rive droite. »

*« mardi 12 mars : La nuit dernière, les Gothas sont revenus sur Paris. Ils étaient parait-il soixante-dix ou quatre-vingts. Nombreuses bombes. Une sur le ministère de la Guerre provoque un incendie. Pendant la durée du raid, je suis allé au Bois (de Boulogne) d'où j'ai assisté à l'attaque. Terrible canonnade. A un moment, les feux de barrage étaient au dessus du bois et j'ai entendu des Gothas passer au-dessus. Ce sont ceux qui, sans doute, sont allés jeter des bombes sur Ville-d'Avray, Saint-Cloud et Reuil. Ils avaient dû s'égarer. Les victimes sont assez nombreuses. Une panique dans une station de métro (Bolivar) a tué plus de gens que les avions allemands. »

* »samedi 23 mars : Un coup de téléphone m'apprend que Paris a été bombardé par un canon à longue portée. Cent vingt kilomètres ! Ce canon serait dans la région de Saint Gobain. »

* »vendredi 29 mars (C'était le vendredi Saint) : Un obus tombe sur l'église Saint-Gervais. Soixante-quinze morts, quatre-vingt-dix blessés. »

* »samedi 30 mars : coups de canon sur Paris »

* »dimanche 31 mars : à la chambre (des députés) vers 3 heures, une détonation dans la direction du quartier latin. C'est le canon allemand qui recommence à bombarder. Trois coups seulement espacés de quart d'heure en quart d'heure »

* »lundi 1er avril : Plusieurs obus sur Paris. Peu de victimes »

* »mardi 2 avril : la nuit dernière, à 3 heures du matin, alerte d'avions. Quelques bombes dans les XIIe et XXe arrondissements. Peu de victimes. Ce matin deux obus. »

* »mercredi 3 avril : 10 heures, un obus envoyé sur Paris. »

* »samedi 6 avril : 11 heures : un obus sur Paris, midi : un obus »

* »vendredi 12 avril : 3 heures et demie : je vais au Sénat – une explosion énorme dans le voisinage. C'est un obus. 7 heures : les obus ont continué à tomber sur Paris. »

* »samedi 13 avril : la nuit dernière, les Gothas sont venus sur Paris. L'alerte n'a pu être donnée qu'au moment où la première bombe tombait sur Paris. Le raid a duré une demi-heure. Un incendie a été provoqué rue de Rivoli à la maison du Bûcheron. Il y a de nombreux morts et blessés. »

* »dimanche 14 avril : la nuit dernière, jusque vers une heure du matin, les obus sont tombés sur Paris malgré le vent qui soufflait en tempête. »

* »mardi 16 avril : cette nuit six obus sur Paris »

* »samedi 1er juin : toutes les nuits, les Parisiens sont alertés par les Gothas »

* »mardi 25 juin : ce sont de nouveaux raids de Gothas »

* »vendredi 28 juin : Raid de Gothas la nuit dernière. Nombreuses bombes sur Paris. Sérieux dégâts. Nombreux morts et blessés. Une bombe est tombée sur la place Vendôme près de la colonne. Une autre sur le ministère de la Justice. Sérieux dégâts. »

* »samedi 29 juin : nouveau raid la nuit dernière. »

* »lundi 15 juillet : couché à la campagne. A minuit réveillé par un roulement continu au loin. Vitres tremblent. C'est le canon du front. L'offensive allemande recommence. On l'a attendue les bras croisés. »

* »mardi 16 juillet : l'offensive allemande est en effet déclenchée sur un front de 80 kilomètres. Région Dormans-Massige. Les canons continuent à faire rage. Nos troupes, parait-il, tiennent partout. »

* »lundi 11 novembre 1918, 11 heures : le canon tonne ; ce n'est plus le canon qui tue, c'est le canon pour rire, le canon d'allégresse pour la victoire. »

J.D. 11 avril 2014

nota : il est question d'Aristide Briand dans une quinzaine de notes de ce blog dont on peut trouver la liste sur la fiche N°76 :

http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

ajout du 31 juillet 2014 : Une lectrice me signale que sa mère chantait : "les Parisiens sont avertis que les Gothas sont sur Paris, ceux qui n'ont pas la gueule cassée, peuvent aller s'r'coucher!"

et précise : "pendant la guerre maman habitait Paris, et c'était la sonnerie du clairon qui sonnait la fin de l'alerte"

La grosse Bertha, illustration parue dans "Le Miroir" du 27 septembre 1914

La grosse Bertha, illustration parue dans "Le Miroir" du 27 septembre 1914

bombardements sur Paris avant les Gothas

bombardements sur Paris avant les Gothas

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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 15:02

Une loi du 18 avril 1886 complétée par une instruction ministérielle du 9 décembre 1886 avaient créé un recensement des étrangers dans chaque département. Le général Georges Boulanger (1837/1891) était alors ministre de la guerre

A partir de 1907, les anarchistes et antimilitaristes furent ajoutés à ce recensement initial.

A compter de 1909, les antimilitaristes ou ceux pouvant gêner par leurs actions la mobilisation furent recenser à part. Le premier recensement reçut alors le nom de carnet A et le second de carnet B.

Au moment du déclenchement de la guerre de 14 (début août), selon les sources, le fichier B comportait entre 3.000 et 4.000 noms, dont ceux de Léon Jouhaux, de Pierre Laval, de Roger Salengro....

Louis Malvy (1875/1949) était alors ministre de l'Intérieur.

Georges Clemenceau somma Malvy de faire arrêter tous ceux qui figuraient sur la liste B au moment de la mobilisation de 1914.

Malvy s'y opposa. Il est vrai que les socialistes après avoir manifesté durant des années contre la guerre, s'étaient ralliés à « l'union sacrée » et cela étant l'arrestation devenait inutile.

Ce fichier était conservé et géré par la direction de la Sûreté Nationale à Paris.

En 1939, 3 jours après la signature des 2 pactes germano-soviétiques à Moscou (le 23 août 1939) en France le parti communiste était dissout et la presse communiste interdite.

Le 8 octobre 1939, les députés communistes et de nombreux militants (3400 semble-t-il) furent arrêtés. Le carnet B fut probablement utilisé pour procéder à ces arrestations. Parallèlement 317 municipalités communistes étaient dissoutes et 2800 élus communistes déchus de leur mandat.

Lors de l'occupation de 1940, les services de l'Abwehr (service de renseignements de l'Etat-Major de l'armée allemande qui avait été placé sous le commandement de l'amiral Canaris depuis janvier 1935) s 'emparèrent du carnet B qui fut transféré à Berlin.

Ce furent les Soviétiques qui le récupérèrent en 1945 et le carnet B se retrouva à Moscou.

Les Russes (l'Union Soviétique ayant pris fin officiellement le 26 décembre 1991) le rendirent à la France en 1992 soit plus de 50 ans après le départ de ce fichier pour Berlin. Mais à part à titre historique, cela ne servait plus à grand chose car le « carnet B » avait été abrogé le 18 juillet 1947, enfin officiellement ! .

J.D. 5 avril 2014

La récapitulation thématique des notes de ce blog se trouve sur la fiche N°76http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

Résistant, photo récupérée sur un prisonnier allemand par mon oncle Marcel Delisle

Résistant, photo récupérée sur un prisonnier allemand par mon oncle Marcel Delisle

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 16:27

Qui se souvient en France ou ailleurs, que le 17 juillet 1917, les députés allemands du Reichstag, à Berlin, adoptèrent par 216 voix contre 126 une motion qui appelait à la paix ?. Voici le principal du texte de cette motion :

« Le Reichstag désire une paix d'entente, de réconciliation durable entre les peuples. Les conquêtes territoriales obtenues par la force, les mesures violentes d'ordre politique, économique ou financier sont incompatibles avec une paix de ce genre. »

Cela venait après divers appels. Voir sur mon blog la seconde partie de la note N°165 intitulée : « La conférence de Rome ». Il y avait eu également des contacts secrets avec les dirigeants français à l'initiative du nouvel empereur d'Autriche mais également à celle du baron Von der Lancken qui était ministre allemand en Belgique et qui avait l'aval de Guillaume II. Mais les alliés ne voulaient la paix que par la victoire. « Les Allemands paieront » était dans toutes les têtes, il était de bon ton de bouffer du Prussien. (voir nota)

Les Allemands furent vaincus et à la face de la terre entière, toute la responsabilité de la guerre, de ses morts, de ses destructions et de toutes ses horreurs furent imputés aux Allemands. Et les Allemands durent payer ! Les autres se donnèrent bonne conscience à peu de frais. Les Prussiens eurent bien sûr une grosse part de responsabilité mais furent-ils vraiment les seuls ?

A l'occasion de la révolution russe « d'octobre » 1917 (qui eut lieu en novembre comme chacun sait) une délégation de socialistes français conduite par Marcel Cachin se rendit en Russie. Au retour les délégués « racontaient que le nouveau gouvernement russe avait découvert des lettres écrites au tsar en 1914 par le président de la République française (Raymond Poincaré) et dans lesquelles celui-ci poussait son correspondant à la guerre ». (fait rapporté par Georges Suarez dans « Briand » tome 4 édité en avril 1940, chapitre VI).

Les Allemands sont entrés dans cette guerre en s'illusionnant sur leurs capacités à conduire une guerre-éclair contre la France (voir sur mon blog la fiche N° 154 intitulée « analyse d'une défaite »http://jean.delisle.over-blog.com/2014/01/analyse-d-une-défaite-n-154.html). Les Français eux, se sont probablement illusionnés sur la puissance de la Russie. Beaucoup de dirigeants français, politiques et militaires voulaient effacer l'humiliation de la défaite de 1870 et surtout récupérer l 'Alsace et la Lorraine . Les dirigeants français avaient en mémoire les protestations que les représentants unanimes de l'Alsace et de la Lorraine avaient fait le 17 février 1871 à l'Assemblée nationale (ensemble à l'époque de la Chambre des députés et du Sénat) contre leur annexion par l'Empire allemand, qui fut effective le 3 juin 1871. Les dirigeants français avaient aussi appris dans leurs livres d'histoire la défaite en 1709 du roi de Suède Charles XII contre les Russes puis celle de Napoléon en 1812 et pensaient probablement que jeter la Russie contre l'Allemagne permettrait de vaincre facilement l'Empire allemand. Mais la Russie de 1914, n'était plus celle de 1709 ni celle ce 1812. Voir sur mon blog la fiche N°152 « la bataille de Tannenberg »http://jean.delisle.over-blog.com/2014/01/la-bataille-de-tannenberg-n-152.html.

D'erreur d'appréciation en erreur d'appréciation on se fit la guerre avec des millions de morts et toutes les atrocités de la guerre. Pour se dédouaner devant l'opinion publique on rejeta toute la faute sur les Allemands, mais ce qui est extravagant c'est que les mêmes (ou leurs semblables) qui furent sans pitié pour les Allemands au sortir de la première guerre mondiale furent d'une couardise incroyable à partir de la prise du pouvoir par Hitler (en 1933), alors même que cette prise de pouvoir était la conséquence des conditions imposées à l'Allemagne en 1919.

Ce qui est plus extravagant encore c'est la déclaration de guerre du 3 septembre 1939 de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne qui avait envahi la Pologne le 1er septembre avec la complicité de Staline (se souvenir des 2 pactes germano-soviétiques du 23 août 1939) avec la mobilisation par la France de 5 millions d'hommes puis.... RIEN. On déclarait la guerre pour secourir la Pologne envahie et on attendit derrière la ligne Maginot. Ce ne fut pas « Messieurs les Anglais tiraient les premiers » comme à Fontenoy mais « Mr Hitler envahissait nous à votre bon plaisir et quand vous serez prêt » ! Cela fut appelé "la drôle de guerre". Et cela dura 8 mois ! Quelle honte ! Quelle responsabilité !

Le Gouvernement de Vichy intenta un procès à ceux qui furent appelés « les responsables du désastre ». Ce procès commencé à Riom (Puy-de-Dôme) le 19 février 1942, mit principalement en accusation Léon Blum, Edouard Daladier, Paul Reynaud, le général Gamelin mais fut interrompu le 15 avril de la même année. Il servait en fait de tribune d'accusation contre le régime de Vichy. L'incurie de nos dirigeants dans les années 30 méritait probablement un jugement mais ce n'était pas au régime de Vichy de l'intenter ni au moment où les Allemands occupaient le territoire.

Ce qu'on entendra probablement pas dans les discours :

L'année 2014 va être celle de beaucoup de célébrations (voir sur mon blog la fiche N°110 intitulée « comme en 14 »http://jean.delisle.over-blog.com/comme-en-14-n-110). Les principales vont être consacrées au soixante- dixième anniversaire du débarquement en Normandie puis au centenaire des événements de 1914.

*Poutine sera probablement invité à l'anniversaire du débarquement mais les officiels ne rappelleront pas la complicité Hitler/Staline de 1939 à 1941 et qui fut la première cause de la seconde guerre mondiale. Pendant que Staline s'emparait de la moitié de la Pologne, des 3 pays baltes et de la Finlande, Hitler prenait l'autre moitié de la Pologne, envahissait la France, le Bénélux... On n'insistera pas sur « la drôle de guerre ». Les discours ne rappelleront pas non plus que ce fut l'Assemblée législative élue en 1936, au moment du front populaire, qui vota les pleins pouvoirs à Pétain, ni que Thorez déserta pour aller passer le temps de la guerre en URSS, ni la liste de ceux qui collaborèrent avec Vichy, reçurent la francisque et tournèrent leur veste après la capitulation de Stalingrad (31 janvier 1943) et l'entrée en guerre des Américains etc

*En ce qui concerne les commémorations de 1914, on oubliera dans les discours l'extrême division qu'il y avait en France entre les politiques ainsi qu'entre les militaires et que l'état de guerre n'empêchait pas le déroulement des jeux politiques habituels pendant que les poilus laissaient leurs tripes dans la boue des tranchées. On oubliera, qu'en France aussi beaucoup voulaient la guerre. On ne mentionnera pas non plus les ouvertures qui furent faites et qui auraient (peut-être?) pu raccourcir la guerre. On oubliera aussi de rappeler à quel point l'Empire allemand de la fin du XIXe siècle et du début du XXe fut dynamique et brillant dans tous les domaines. Si les peuples d'Europe à l'époque avaient pu s'entendre au lieu de s'étriper, où en serions nous aujourd'hui ?

J.D. 2 avril 2014

(nota) : David Lloyd George qui fut Premier Ministre britannique du 7 décembre 1916 au 22 octobre 1922, après avoir été chancelier de l'Echiquier (ministre des finances) à partir de 1908 puis ministre des munitions , rappelle dans ses mémoires (tome IV) quelles furent les propositions allemandes de l'été 1917 :

-cession de l'Alsace-Lorraine à la France

-restauration de la Serbie

-concessions territoriales à l'Italie

-concessions coloniales à la Grande-Bretagne

-restauration de la Belgique

mais comme indiqué ci dessus, les Alliés ne voulurent rien entendre. mais dans nos livres d'histoire, on "oublie" ces offres allemandes.

butin pris aux Allemands par les Canadiens, photo "Le Miroir" du 13 octobre 1918

butin pris aux Allemands par les Canadiens, photo "Le Miroir" du 13 octobre 1918

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