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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 18:12

« L'an 40 sur le vif » est le titre d'un ouvrage publié aux éditions Marivole.

Jean Villette, l'auteur, est né à Chartres (Eure-et-Loir) en 1913.

Au moment où la Grande-Bretagne et la France déclarèrent la guerre à l'Allemagne (le 3 septembre 1939), il était professeur de dessin et d'histoire de l'art au collège de Saint-Erembert à Saint-Germain-en-Laye.

Il fut mobilisé avec le grade de sergent au cinquième régiment du génie au camp de Satori près de Versailles. Il prit des notes durant son temps de mobilisation. Il remit ses notes à jour en 1988. Il décéda le 30 mai 2005. Son texte a été publié en mars 2014

I)rappel du contexte :

C'est dans la nuit du 23 au 24 août 1939 qu'avaient été signés au Kremlin deux pactes germano-soviétiques ; les délégations anglaise et française qui étaient arrivées à Moscou le 10 août 1939 pour négocier avec les Soviétiques un pacte anti-fasciste avaient été priées de rentrer chez elles le 21 août !.

Grâce à quoi Hitler envahissait la Pologne dès le 1er septembre et Staline le 17 septembre. La France et la Grande Bretagne étaient liées avec la Pologne par des pactes d'alliance dont le dernier, qui garantissait l'intégrité territoriale de la Pologne, remontait au 31 mars 1939 (voir note N°173 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/05/la-pologne-de-l-entre-deux-guerres-n-173.html).

En conséquence de quoi, dès le 2 septembre 1939, en France était lancé l'ordre de mobilisation générale et le 3 septembre, Grande-Bretagne et France déclarèrent la guerre à l'Allemagne, mais pas à l'URSS quand celle-ci 2 semaines après l'Allemagne envahissait la Pologne.

En France, 4.734.000 soldats furent mobilisés dont 2.776.000 furent envoyés au « front », les autres étant mobilisés « à l'arrière » pour faire tourner les usines d'armement, effectuer les récoltes...

Devant l'évolution de la situation internationale , la Grande-Bretagne avait rétabli le service militaire obligatoire le 27 avril 1939. Dès le 10 septembre 1939, 160.000 soldats britanniques et 24.000 véhicules débarquaient en France pour rejoindre le « front », et cela continua et puis... plus rien.

Des millions d'hommes attendirent derrière la ligne Maginot. Pauvres Polonais. Cela leur fit une belle jambe que l'on déclare la guerre à Hitler si on ne voulait pas faire la guerre ! Il fallut attendre que les Allemands veuillent bien nous envahir pour que notre déclaration de guerre se transforme en guerre !

Après avoir eu le temps de régler toutes leurs affaires à l'est, les Allemands se ruèrent sur la Belgique, la Hollande et le Luxembourg le 10 mai 1940. Dès le 12 mai ils franchissaient la frontière française dans les Ardennes. Le 14 juin Paris était occupé, le 20 juin Lyon, le 22 juin la France demandait l'armistice. Les Allemands avaient fait 1.800.000 prisonniers. Il n'avait fallu qu'un mois pour qu'ils s'emparent de la France !

Le 26 mai, à Paris, le Gouvernement avait fait circuler les reliques de Sainte Geneviève ! Quand on ne sait plus quoi faire d'autre... Mais cela est symptomatique du désarroi des autorités. Paul Reynaud avait pourtant proclamé en septembre 1939 : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts » !

Le gouvernement s'était d'abord replié à Tours puis à Bordeaux enfin il s'était installé à Vichy à partir du 2 juillet et c'est là que la représentation nationale vota les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940.

A la manière dont Staline avait roulé Anglais et Français dans la farine, dès le 26 septembre 1939 avait été pris un décret de dissolution du Parti Communiste français et les élus communistes arrêtés. (voir la note N°169 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/04/le-carnet-b-n-169.html)

II)le journal de Jean Villette :

Celui-ci commence au camp de Satory le 1er juin 1940 et se termine le 13 juillet 1940.

*A Satory, devant l'avancée des troupes allemandes, les chefs font évacuer le camp. Ils sont persuadés que l'armée va se regrouper derrière la Loire avant de contre-attaquer. L'objectif est donc de rejoindre le gros de l'armée au sud de la Loire. Le 5e régiment du génie ne dispose que d 'un camion et de la voiture du colonel. L'évacuation doit donc se faire à pied. Les soldats reçoivent l'ordre de ne pas emporter les fusils ! Il n'y a en effet pas de munitions pour les fusils, inutile donc de s'encombrer. Voilà donc le régiment qui part alors que la chasse allemande est déjà maîtresse du ciel. Il faut faire des détours, avancer de nuit en croisant ou doublant les colonnes de réfugiés. A la hauteur d'Etampes le colonel va dans la ville pour boire un café sans savoir que la ville est déjà occupée par les Allemands. Il se fait coffrer.

Un moment, des soldats applaudissent des avions allemands qui les survolent en disant à leurs gradés qui les enguirlandent : « ils n'ont pas la croix gammée mais des croix noires ». Et Jean Villette de commenter :

« Ce que je trouve surtout formidable, c'est qu'on nous a mis dans la tête , au cours de notre instruction, le poids d'une pince à riper ou d'une batte à bourrer, et autres balivernes, alors que personne n'a jamais parlé des caractéristiques permettant de reconnaître les avions ennemis ».

*Tout est à l'avenant. Villette rapporte de nombreuses réflexions de soldats qui ont l'impression d'avoir été trahis par les politiques. Lorsqu'il arrive à Orléans (le 15 juin), Villette n'est plus qu'avec 15 hommes, après des kms et des journées de marche. Ils s'engagent sur le pont Joffre pour traverser la Loire en même temps que des colonnes de réfugiés, mais le pont saute, dynamité par des soldats d'un autre régiment du génie. Villette n'a plus que 2 soldats avec lui. Ils parviennent à traverser la Loire par un autre pont et veulent poursuivre vers le sud espérant toujours rejoindre l'armée française, lorsqu'ils apprennent dans une ferme que les Allemands sont déjà à Bordeaux.

*Ils décident alors de retraverser la Loire et de rentrer chez eux. L'un est de Chartres, le second de Mainvilliers (dans la banlieue de Chartres) et le dernier de Saint-Germain-en-Laye. Ils se font prendre par les Allemands le 19 juin 1940 et sont internés avec beaucoup d'autres dans un camp à Voves (à une vingtaine de kms au sud-est de Chartres), camp qui avait été préparé pour recevoir des prisonniers allemands. Enfin, ils sont libérés le 13 juillet 1940.

Le récit de Jean Villette rejoint par beaucoup de points celui d'Antoine de Saint-Exupéry écrit en 1942 : « Pilote de guerre ». La désorganisation totale que l'un a vu du ciel au cours de reconnaissances, rejoint ce qu'à vu l'autre à pied à travers la campagne française.

*Après la première guerre mondiale, l'Allemagne avait perdu ses colonies, des territoires, avait livré tous ses armements et payé d'invraisemblables indemnités de guerre et 20 ans plus tard ils sont rentrés en France comme dans du beurre malgré la mobilisation de millions d'hommes et le soutien anglais!

*Comment cela a-t-il été possible ?

Je n'ai pas la réponse bien entendu mais voici quelques réflexions dont chacun fera ce qu'il voudra.

III)éléments d'explication :

*l'instabilité politique :

En Allemagne, Hitler devint chancelier en janvier 1933 et resta au pouvoir jusqu'à la chute du IIIe Reich en 1945. Il y eut donc continuité dans les ambitions, les programmes, les actions...

En France Albert Lebrun fut élu Président de la République le 10 mai 1932 et réélu le 5 avril 1939. mais sous le régime de la troisième République c'était le Président du Conseil des Ministres qui était le véritable chef de l'exécutif. Or voici la liste des Présidents du Conseil sous la Présidence d'Albert Lebrun :

-Edouard Herriot (du 3 juin au 14 décembre 1932)

-Joseph Paul-Boncour (du 18 décembre 1932 au 28 janvier 1933)

-Edouard Daladier (du 31 janvier au 24 octobre 1933)

-Albert Sarraut (du 26 octobre au 24 novembre 1933)

-Camille Chautemps (du 26 novembre 1933 au 27 janvier 1934)

-Edouard Daladier (du 30 janvier au 7 février 1934)

-Gaston Doumergue (du 9 février au 8 novembre 1934)

-Pierre-Etienne Flandin (du 8 novembre 1834 au 1er juin 1935)

-Fernand Bouisson (du 1er au 7 juin 1935)

-Pierre Laval (du 7 juin 1935 au 24 janvier 1936)

-Albert Sarraut (du 24 janvier au 4 juin 1936)

-Léon Blum (du 4 juin 1936 au 29 juin 1937)

-Camille Chautemps (du 29 juin 1937 au 13 mars 1938)

-Léon Blum (du 13 mars au 10 avril 1938)

-Edouard Daladier (du 10 avril 1938 au 20 mars 1940)

-Paul Reynaud (du 20 mars au 16 juin 1940)

-Philippe Pétain (du 16 juin au 11 juillet 1940)

Soit 17 Présidents du Conseil de juin 1932 à juillet 1940. Or chacun peut constater la propension qu'ont les élus qui arrivent au pouvoir à critiquer ceux qui étaient avant eux, à commencer par faire tout le contraire pour revenir finalement à la même politique. Classique ! Mais ce n'est pas cela qui donne de l'efficacité à l'action ! C'est peut-être une des raisons de la faiblesse de la France à l'époque.

*l'incapacité à tenir compte des autres pays :

Aux élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936, la gauche obtint 386 députés et la droite 222. Léon Blum appelé à former le gouvernement, mit en application le programme du Front populaire : semaine de 40 heures de travail (au lieu de 48 auparavant), congés payés (2 semaines), conventions collectives, nationalisations...

Cela partait d'un bon sentiment mais au mauvais moment car pendant que les Français profitaient de ces acquits sociaux, de l'autre côté du Rhin, chez Messerschmitt, Krupp et beaucoup d'autres, seul, le réarmement accéléré de l'Allemagne, était à l'ordre du jour.

Cela n'a pas changé depuis, nos parlementaires votent à jets continus des lois (sociales, fiscales, environnementales, administratives...) sans jamais se préoccuper des autres pays c'est-à-dire de nos concurrents commerciaux. Le 26 juin 2015, à un journaliste qui faisait remarquer à un ministre (Michel Sapin) que le code du travail français était beaucoup plus gros que celui des pays voisins ; le ministre répondit : « si il est plus gros, il n'y a qu'à l'imprimer en caractères plus petits, il sera moins gros ».

Sur l'intelligence de cette réponse chacun émettra le jugement qui lui convient.

Le code du travail français (le Dalloz) avait 2600 pages en 2005 et 3500 en 2015 !

En arrivant au pouvoir en 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault demanda un audit sur la compétitivité de l'économie française. Ce rapport connu sous le nom de « rapport Gallois » fut remis au gouvernement le 5 novembre 2012. En voici quelques extraits d'abord au niveau du constat fait par le rapport :

« Les auteurs font état des pertes de part de marché depuis les années 1970 et qui semblent encore s'accélérer. Ils reprennent une conclusion de la Conférence nationale de l’industrie en 2011 : « L’industrie française atteint aujourd’hui un seuil critique, au-delà duquel elle est menacée de déstructuration. » Ils énumèrent les chiffres suivants :

  • part de ce secteur dans la valeur ajoutée totale passée de 18% en 2000 à un peu plus de 12,5 %, en 2011

  • emploi industriel passé de plus de 26 % de l’emploi salarié total en 1980 (5,1 millions de salariés) à 12,6 %,en 2011 (3,1 millions de salariés)

  • part de marché des exportations françaises en Europe passée de 12,7 %, en 2000, à 9,3 % en 2011

  • solde de la balance commerciale passé d’un excédent de 3,5 milliards d’euros en 2002 à un déficit de 71,2 milliards d’euros en 2011.

Les auteurs constatent que l’opinion publique a « le sentiment que l’industrie « fout le camp » et, pire, que c’est irrémédiable. ».

Puis le rapport avance des propositions qui sont connues pour la plupart mais aussi plus inusitées comme l'arrêt de l'inflation législative en citant comme exemple la taxe professionnelle qui a fait l'objet de 68 modifications en 35 ans !

Mais le rapport Gallois fut mis sous le coude, car il était en totale contradiction avec les promesses électorales qu'avait fait le candidat Hollande. Il faut ressortir la plaquette qui avait été diffusée durant la campagne présidentielle, plaquette intitulée : « Le changement c'est maintenant, mes 60 engagements pour la France ». En 41 pages de textes, l'auteur y emploie 225 fois le mot « JE » et tout est conjugué au futur, pas au conditionnel, surtout pas. Quelques rappels :

« Je favoriserai l'emploi et la production en France » page 8

« Le déficit public sera réduit à 3% du produit intérieur brut en 2013 » page 11

« Je renégocierai le traité européen issu de l'accord du 9 décembre 2011 » page 12

« Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là » page 16

« J'agirai pour que soient construits au cours du quinquennat 2,5 millions de logements intermédiaires, sociaux et étudiants » page 18

« Je réduirai de 30% la rémunération du président de la République et des ministres » page 32. Cette disposition a été adoptée à l'article 40 de la loi de finances rectificatives pour 2012 (en juillet 2012) mais annulée le 9 août 2012 par le Conseil constitutionnel. Depuis on n'en entend plus parler ! Etc, etc.

Mais il est vrai que « la reprise, elle est là », comme il dit depuis 3 ans ! : La méthode Coué comme Paul Reynaud en 1939 ! Il ne reste plus qu'à ressortir Sainte Geneviève !

*La division :

Après la première guerre mondiale, les Allemands furent très divisés, Hitler les rassembla. Les Français furent autant divisés mais personne ne les rassembla. En outre l'alliance de Staline et d'Hitler amena les communistes à être opposés à la guerre. Ils ne rejoignirent la Résistance qu'à partir de l'invasion de l'URSS par Hitler le 22 juin 1941. De plus, le pacifisme avait fait des adeptes en France. Les Français ne voulaient plus de la guerre, ce qui était louable, mais nous n'étions pas seuls au monde.

Nous ne le sommes toujours pas mais je doute de la capacité de nos dirigeants à tirer les leçons du passé.

J.D. 17 août 2015

L'an 40 sur le vif N°252
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12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 18:44

Ci-joint en illustration une photographie faite à Munich le 30 septembre 1938 où l'on voit :

l'Italien Benito Mussolini (1883/1945), l'Allemand Adolf Hitler (1889/1945), le Français Edouard Daladier (1884/1970) et l'Anglais Neville Chamberlain (1869/1940). J'ai emprunté cette photo à un article du journal en ligne de Jforum.fr du 10 mai 2015.

L'Histoire :

I)naissance de la Tchécoslovaquie :

*Dans la foulée du désastreux traité de Versailles (voir la note N°172 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/04/le-desastreux-traite-de-versailles-n-172.html), avait été signé le 10 septembre 1919 le traité de Saint Germain en Laye entre l'Autriche et les puissances alliées dans la guerre de 14. Ce traité avait formellement interdit une fusion de l'Autriche avec l'Allemagne et, entre autres, consacré la formation d'un nouvel Etat souverain : la Tchécoslovaquie sous la forme d'une République de 15 millions d'habitants environ. Ce traité fut signé par les « principales puissances alliées » (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France représentée par Georges Clemenceau, Italie et Japon ; ainsi que par une douzaine de « puissances associées ».

*Ce nouvel Etat regroupait principalement des populations de langue slovaque et de langue tchèque. Mais comprenait aussi de fortes minorités parlant allemand (en Bohème et Moravie soit environ 3 millions d'habitants ; c'est cette partie de la Tchécoslovaquie qui est connue sous le nom de « région des Sudètes »), parlant hongrois (plus d'un million d'habitants en Slovaquie et Ruthénie) ou parlant polonais en Silésie (voir note N°173 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/05/la-pologne-de-l-entre-deux-guerres-n-173.html)

*Les territoires correspondant avaient appartenu depuis un millénaire au Saint Empire romain germanique puis à l'empire d'Autriche ou au royaume de Hongrie. Il s'agissait donc d'une construction artificielle regroupant des peuples ne parlant pas la même langue et qui ne demandaient pas à être réunis.

De manière plus globale tous les historiens semblent aujourd'hui d'accords pour dire ou écrire que les mauvais traités d'après la première guerre mondiale ont amené la seconde.

Les signataires du traité de Saint Germain étaient donc les garants de son application, y compris en ce qui concerne la souveraineté du nouvel Etat (la Tchécoslovaquie).

*A cet égard, la France eut une responsabilité particulière puisqu'elle signa, en outre, à Paris le 25 janvier 1924 un « traité d'alliance et d'amitié » avec la Tchécoslovaquie (la France y fut représentée par Raymond Poincaré) et en complément, le 16 octobre 1925 en annexe aux accords de Locarno un traité « de garantie franco-tchèque ».

II La Tchécoslovaquie allemande :

*Après l'arrivée au pouvoir d'Hitler (janvier 1933), les Allemands de la zone des Sudètes, poussés par les nazis, commencèrent à revendiquer leur séparation d'avec la Tchécoslovaquie, ce qui prit plus d'ampleur après l'annexion de l'Autriche par les Allemands (mars 1938, en rappelant que cela venait après la récupération de la Sarre par Hitler suite à un plébiscite du 13 janvier 1935 et suite à la remilitarisation de la Rhénanie à partir du 7 mars 1936).

Après l'annexion de l'Autriche, Hitler revendiqua la zone des Sudètes au nom « du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». C'était une violation de plus des traités d'après la guerre de 14.

*Edvard Benes le président de la Tchécoslovaquie appela ses garants au secours. Mussolini proposa sa médiation et fut à l'origine de la réunion de Munich les 29 et 30 septembre 1938. Réunion à laquelle la Tchécoslovaquie, principale intéressée ne fut pas invitée !

*Le 1er août 1936 lorsque s'ouvrirent les jeux olympiques de Berlin (voir la fiche N°234 http://jean.delisle.over-blog.com/2015/03/1866-1936-n-234.html), les autres nations savaient parfaitement à quoi s'en tenir sur ce qu'étaient Hitler et le régime nazi ; mais la lâcheté l'emporta. Fin septembre 1938 ils savaient encore plus ce qu'il en était.

*Le bonimenteur Hitler raconta que « l'annexion des Sudètes était la dernière revendication territoriale de l'Allemagne et que si elle était satisfaite, l'Europe aurait la paix pour mille ans » !

*Une nouvelle fois, la lâcheté l'emporta. La France et l'Angleterre autorisèrent Hitler à annexer les Sudètes, ce que l'armée allemande commença dès le lendemain 1er octobre 1938. Les non-Allemands de la région des Sudètes durent s'exiler.

*Durant le même mois d'octobre 1938, Hongrie et Pologne en profitèrent pour récupérer la partie de la Tchécoslovaquie où se trouvaient leurs ressortissants (ou considérés comme tels).

*De la Tchécoslovaquie il ne resta plus que la Slovaquie qui demeura théoriquement indépendante de 1939 à 1945, mais fut, de fait, sous la botte allemande.

*Daladier et Chamberlain à leur retour respectif à Paris et Londres furent acclamés : ils avaient sauvés la paix ! Un article paru dans Libération le 8 janvier 1998 rappelle les propos tenus par André François Poncet qui fut ambassadeur de France à Berlin (de septembre 1931 à octobre 1938) : « C'est un trait du caractère français. Ne pas vouloir croire que des choses désagréables vont arriver ».

III La désagréable suite :

*Le traité de Versailles (encore lui!) avait rendu sa souveraineté à la Pologne et avait créé, entre deux parties de la Prusse, un couloir d'accès à la mer pour la Pologne appelé « corridor de Dantzig ».

*Ce territoire étant peuplé d'Allemands, cela servit de nouveau prétexte à Hitler pour envahir la Pologne le 1er septembre 1939.

*Auparavant Hitler s'était assuré de la collaboration de Staline (signatures des 2 pactes germano-soviétiques au Kremlin dans la nuit du 23 au 24 août 1939). Dans les commémorations on oublie trop facilement, à mon goût, que Staline participa à l'invasion de la Pologne, s'empara de la Lituanie, de la Lettonie, de l'Estonie et de la Finlande et que si il se retrouva du côté des alliés, ce ne fut pas de sa propre volonté, mais de celle d'Hitler.

*La souveraineté de la Pologne était garantie par les signataires du traité de Versailles. En outre la France, de manière particulière avait signé avec la Pologne plusieurs pactes d'alliance militaire : le 19 février 1921, le 16 octobre 1925 et le 19 mai 1939.

*En conséquence de quoi, l'Angleterre et la France déclarèrent la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, mobilisèrent des millions de soldats et.... attendirent que l'Allemagne veuille bien daigner nous envahir ! (le 10 mai 1940).

*Les pauvres Polonais, après la République de Tchécoslovaquie, mesurèrent ce que valait une alliance avec la France !

*On a un très bon témoignage de l'état de la France au moment de la débâcle dans le livre d'Antoine de Saint Exupéry : « pilote de guerre » paru pour sa première édition chez Gallimard en 1942.

*Après la guerre, Tchécoslovaquie et Pologne retrouvèrent leur souveraineté mais, jusqu'à la fin de l'URSS, sous la férule soviétique qui avait remplacé celle de l'Allemagne nazie. Ce furent les populations allemandes des zones récupérées qui durent, à leur tour, s'exiler.

*Au premier janvier 1993, la Tchécoslovaquie se sépara, à l'amiable, en deux nouveaux Etats : la Slovaquie ( ou République slovaque) capitale Bratislava pour les habitants de langue slovaque et la Tchéquie (ou République tchèque) capitale Prague pour les habitants de langue tchèque. Cela confirme, après coup, que la création prévue au traité de Saint Germain en Laye en 1919 n'avait pas de pertinence.

J.D. 12 mai 2015

à Munich le 30 septembre 1938

à Munich le 30 septembre 1938

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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 15:08

I- En Belgique :

Marie José naquit le 4 août 1906 à Ostende. Elle est la fille d'Albert 1er (1875/1934) roi des Belges de 1909 à son décès et d'Elisabeth de Bavière (1876/1965) reine des Belges à partir de son mariage à Munich avec Albert le 2 octobre 1900. Cette Elisabeth qui soigna les blessés durant la guerre de 14 fut surnommée « la reine infirmière ». Voir illustration sur note N°171 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/04/les-femmes-et-la-guerre-de-14-n-171.html. Elle était la filleule d'Elisabeth d'Autriche dite Sisi.

Pour sa part Marie José se maria le 8 janvier 1930, à Rome, avec Humbert fils de Victor-Emmanuel III roi d'Italie. Avec Humbert elle eut 4 enfants.

II - En Italie :

Marie José vécut à Rome dans un contexte très difficile :

*Victor-Emmanuel III était devenu roi suite à l'assassinat, par un anarchiste, de son père (Humbert 1er décédé à Monza le 29 juillet 1900).

*Suite à la marche sur Rome le 28 octobre 1922, le roi avait fait appel dès le 30 octobre à Benito Mussolini pour former un gouvernement.

*Dans les années 1911/1912, suite à une guerre gagnée contre l'empire ottoman, l'Italie avait commencé à se constituer un empire colonial. Mussolini poursuivit en envahissant l'Ethiopie en 1935 puis l'Albanie en 1939 et faisait décerner à Victor-Emmanuel III le titre d'empereur d'Ethiopie le 9 mai 1936 et de roi d'Albanie le 7 avril 1939. Pour la Maison de Savoie issue d'Humbert modeste Mauriennais au XIe siècle, se retrouver avec un titre d'empereur devait être satisfaisant !

*Puis il y eut tous les accords : Le 1er novembre 1936, à Milan Mussolini annonçait l'alliance avec l'Allemagne. Le 6 novembre 1937, l'Italie adhérait au pacte anti-komintern (ou troisième internationale, voir fiche N°182 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/06/la-russie-sovietique-en-1925-n-182.html) signé entre l'Allemagne et le Japon l'année précédente. Le 27 septembre 1940, l'Italie adhèra au pacte tripartite (Allemagne, Japon, Italie que rejoindront ensuite la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie, la Bulgarie et la Yougoslavie).

*Le 1er septembre 1939, l'Allemagne avait envahie la Pologne, puis la Hollande, le Luxembourg et la Belgique le 10 mai 1940, sans déclaration de guerre mais ce n'est pas cela qui pouvait embarrasser Hitler !

*En Belgique c'était le frère de Marie José qui était devenu roi sous le nom de Léopold III depuis le 23 février 1934. Ainsi Marie-José se retrouvait dans un pays d'adoption allié de l'Allemagne qui envahissait son pays natal et alors que son frère était roi.

*Le 10 juin 1940, l'Italie déclarait la guerre à la France. Mussolini espérait profiter de la débâcle française pour récupérer la Corse, Nice et la Savoie, rien de moins !

*D'abord vainqueurs, les pays de l'axe commençaient à subir des défaites après qu'Hitler ait rompu son alliance avec Staline. Après les débarquements des alliés en Sicile, en juillet 43, puis dans le sud de l'Italie en septembre 1943, le roi Victor-Emmanuel III fit arrêter Mussolini ; voir la dernière partie de la fiche N°43 http://jean.delisle.over-blog.com/article-les-republiques-italiennes-75683488.html

*Malgré son revirement, Victor-Emmanuel III dut démissionner le 9 mai 1946 en faveur de son fils.

Humbert devint donc roi d'Italie sous le nom d'Humbert II le 9 mai 1946 et Marie José reine d'Italie.... jusqu'au référendum du 2 juin 1946 qui mit fin, après 24 jours de règne, à la monarchie et instaura la République. Marie José fut surnommée « la Reine de Mai ».

III – En Suisse :

Dès le 6 juin, Marie José et ses enfants partirent pour le Portugal où Humbert les rejoignit le 13 juin. La constitution italienne adoptée après la proclamation de la République, interdit le séjour en Italie des membres de la famille royale.

En août 1947, Marie José vint s'installer à Genève. Elle décéda le 27 janvier 2001 à Thonex près de Genève. Elle fut inhumée à Hautecombe où se trouvait déjà Humbert II décédé le 18 mars 1983 (dans la première chapelle à droite en entrant dans l'église de l'abbaye d'Hautecombe, sur la rive ouest du lac du Bourget)

Il fallut attendre une loi constitutionnelle du 23 octobre 2002 pour que les membres de la famille royale soient autorisés à remettre les pieds en Italie. Certains auteurs pensent que le référendum du 2 juin 1946 fut truqué. Je n'ai pas les éléments pour avoir une opinion sur le sujet mais bientôt 70 ans plus tard, la question n'a plus d'intérêt.

Marie José voyagea beaucoup. Elle écrivit une histoire de la Maison de Savoie en 3 volumes publiés en édition française chez Albin Michel, le tome 1 en juillet 1957, le second en avril 1962 et le dernier en octobre 1962. Elle publia également en édition italienne « Emanuele Filiberto di Savoia » (duc de Savoie de 1553 à 1580)

Les textes de Marie José sont d'une grande érudition.

J.D. 21 novembre 2014

tombeaux d'Humbert II et Marie José à Hautecombe, photo du livre "Abbaye d'hautecombe" publié par la Communauté du Chemin Neuf

tombeaux d'Humbert II et Marie José à Hautecombe, photo du livre "Abbaye d'hautecombe" publié par la Communauté du Chemin Neuf

photos d'Humbert II et Marie José, photos du livre "Abbaye d'Hautecombe publié par la Communauté du Chemin Neuf

photos d'Humbert II et Marie José, photos du livre "Abbaye d'Hautecombe publié par la Communauté du Chemin Neuf

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 08:12

Philippe Pétain, Charles De Gaulle, François Mitterrand, trois destins français qui se sont (mal) croisés.

Philippe Pétain :

naquit le 24 avril 1856 dans une famille d'agriculteurs du Pas-de-Calais. Il fut admis en juillet 1876 comme élève à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr d'où il sortit sous-lieutenant. Il resta à ce grade 5 ans, devint lieutenant 7 ans puis capitaine 10 ans. Entre-temps, il avait été admis à l'école de guerre en 1888. Il y sera professeur de 1901 à 1910. Nommé colonel en 1911 au 33e régiment d'infanterie d'Arras où il aura sous ses ordres à compter du 9 octobre 1912, un jeune sous-lieutenant nommé Charles De Gaulle. La progression de Pétain au sein de l'armée fut assez lente. Il faut dire qu'il ne rejoignit pas la meute militariste contre Dreyfus, n'approuva pas « l'affaire des fiches » (voir sur mon blog la fiche N°125 intitulée « la loi de séparation »http://jean.delisle.over-blog.com/la-loi-de-separation-n-125), refusa même de serrer la main du général André devenu Ministre de la guerre et enfin contestait les positions de l’état-major sur certains points de doctrine militaire.

La guerre de 14 : Le colonel Pétain avait déjà 58 ans lorsque éclata la guerre début août 1914. Il se retrouva à la tête de la quatrième brigade d'infanterie. Devint général de brigade le 31 août 14, général de division le 14 septembre 1914, général de corps d'armée le 20 octobre 1914. Il se fit remarquer en Belgique, durant la bataille de la Marne, de l'Artois, et de Verdun à compter de février 1916. Il avait le soucis d'économiser les vies et s'attacha à améliorer les conditions de vie des soldats. Il fut beaucoup plus apprécié de la troupe que beaucoup d'autres officiers. Il fut à l'époque surnommé « le vainqueur de Verdun ». Les derniers mots de sa proclamation aux soldats en date du 10 avril 1916 : « Courage ! On les aura !» restèrent célèbres.

Pétain fut à l'origine de la création de la première division de chasse aérienne.

Il fut nommé commandant en chef des armées françaises le 15 mai 1917 en remplacement de Nivelle, mais Foch lui fut préféré le 17 avril 1918 comme commandant en chef des armées alliées. Si bien qu'en termes de notoriété, Foch parmi les militaires comme Clemenceau parmi les politiques, furent les principaux bénéficiaires de la victoire, au grand dépit des autres.

Le bâton de maréchal : 8 généraux de la guerre de 14 reçurent le bâton de maréchal entre 1916 et 1923 dont 2 à titre posthume (Gallieni et Maunoury). De cette génération, Joffre fut le premier à devenir maréchal de France le 26 décembre 1916 pour faire passer la pilule de son remplacement à la tête des armées. Foch fut le second le 6 août 1918 et Pétain seulement le troisième le 21 novembre 1918

L'académie française : Joffre fut admis à l'académie française le 14 février 1918, Foch en novembre 1918. Pétain dut avoir quelque amertume d'avoir été nommé maréchal après Joffre et Foch et de les voir à l'académie mais pas lui. Pour postuler à l'académie, Pétain eut le projet d'écrire « L'Histoire du soldat à travers les âges ». Il en confia la rédaction à Charles De Gaulle, se réservant d'écrire lui-même la partie concernant la guerre de 14, ce qu'il commença en 1920. Ce projet fut la première cause de la mésentente entre Pétain et De Gaulle, ils n'avaient pas la même conception de l'écriture et De Gaulle préférait probablement écrire pour son propre compte. Finalement Pétain sera élu à l'académie française le 20 juin 1929, en remplacement de ….Foch !(décédé le 20 mars 1929). Il avait terminé d'écrire l'histoire de la guerre de 14. Son admission à l'académie termina le projet de « l'Histoire du soldat à travers les âges ». On ne sait pas ce que De Gaulle écrivit pour sa part de cette histoire, mais il n'en reste pas trace. Il utilisa peut-être les matériaux rassemblés pour des conférences ou des livres (Le fil de l'épée 1932, Vers l'armée de métier 1934, La France et son armée 1938). Par contre le manuscrit de Pétain fut retrouvé en juin 2006. Il comportait 351 pages accompagnées de 77 « croquis soigneusement dessinés ». La publication en a été réalisée en mai 2014 aux éditions Privat. La lecture du texte est un véritable rapport d'état-major qui me fait penser à « la guerre des Gaules » de César, quant aux croquis localisant les lieux, les différents corps d'armées, leurs mouvements...,par leur minutie, ils peuvent être comparés à la représentation de la bataille de Qadesh que Ramsès II fit graver partout du delta du Nil au Soudan.

L'entre-deux-guerres : Pétain fut nommé Vice-président du Conseil supérieur de la guerre en 1920, Inspecteur général de l'armée en 1922, envoyé au Maroc en 1925, en remplacement de Lyautey, pour réprimer le soulèvement d'Abd el-Krim (guerre du Rif); c'est la même année que Charles De Gaulle entra à l'état-major de Pétain. On retrouve ensuite Pétain inspecteur général de la défense aérienne du territoire en 1931 (il abandonna alors la vice-présidence du conseil supérieur de la guerre et l'inspection générale de l'armée), Ministre de la guerre dans un gouvernement Doumergue en février 1934 et ambassadeur en Espagne en mars 1939. Les contacts qu'il noua en Espagne évitèrent peut-être (?) que Franco ne rejoigne Hitler et Mussolini dans la seconde guerre mondiale, malgré que ceux-ci aient puissamment aidé Franco dans la guerre contre les Républicains.

La seconde guerre mondiale : Albert Lebrun avait été réélu Président de la République le 5 avril 1939. Paul Raynaud était Président du Conseil lors de l'invasion allemande (le 10 mai 1940). Raynaud appela Pétain à la vice-présidence du Conseil le 18 mai 1940, puis s'effaça au profit de Pétain le 16 juin 1940. Ce qui fut confirmé par Albert Lebrun. C'était à Bordeaux où le gouvernement s'était réfugié. Pétain signa l'armistice avec l'Allemagne le 22 juin 1940. L'armée allemande était entrée dans Paris le 14 juin 1940, la ville était quasi déserte.

Le Gouvernement et le Parlement se transportèrent à Vichy fin juin 1940. Le 10 juillet, l'Assemblée nationale (terme qui a l'époque représentait la Chambre des députés et le Sénat), issue du front populaire de 1936, vota le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs à Pétain pour « promulguer une nouvelle constitution de l'Etat français » par 569 voix POUR et 80 CONTRE.

Cela mit, de fait, fin au mandat d'Albert Lebrun qui se retira à Vizille (Isère) dans sa famille. Pétain devint le chef de l'Etat français. Il avait 84 ans !

Il ne faut pas oublier qu'à l'époque, c'est-à-dire après la débâcle, l'exode... une très grande majorité des Français furent soulagés que Pétain prenne la responsabilité du gouvernement.

C'est le 24 octobre 1940 que Pétain rencontra Hitler à Montoire (Loir-et-Cher) et qu'il y eut « la poignée de mains de Montoire » (sur le quai de la gare) qui fut tant reprochée à Pétain.

De Gaulle était, lui, partit à Londres d'où il lança son célèbre appel à la résistance le 18 juin 1940. L'amitié qui avait lié Pétain et De Gaulle, plusieurs décennies, était définitivement terminée.

Pétain fut enlevé par les Allemands à Vichy le 20 août 1944 et emmené à Sigmaringen (état de Wurtenberg, aujourd'hui Bade-Wurtenberg, capitale Stuttgart au sud de l'Allemagne). Il revint et se présenta de lui-même à la frontière le 24 avril 1945. Arrêté dès le lendemain, il fut traduit devant la Haute-cour le 23 juillet 1945 et condamné à mort le 15 août 1945 par 14 voix POUR et 13 CONTRE.

Charles De Gaulle, qui était devenu Président du Gouvernement provisoire, commua sa peine en détention perpétuelle ; Pétain avait 89 ans. Pétain mourut à l'île d'Yeu le 23 juillet 1951 âgé de 95 ans.

Jugement : Le régime de Vichy collabora avec l'Allemagne nazie y compris dans la répression contre les résistants patriotes et dans la politique anti-juive ; c'est incontestable. Mais juger Pétain sans juger tous ceux qui furent responsables de la situation au moment de la débâcle n'est pas correct. Mais lors des célébrations du 6 juin il ne sera pas rappelé :

-ni la lâcheté de ceux (les Daladier, Chamberlain and Co) qui de janvier 1933 à l'invasion laissèrent Hitler :

*récupérer la Sarre (janvier 35), réarmer l'Allemagne (dès 1933) et remilitariser la rive gauche du Rhin (mars 1936) malgré les traités,

*commencer la répression contre les opposants (le premier camp de concentration : Dachau, fut ouvert dès mars 1933).

*soutenir massivement Franco,

*annexer l'Autriche (mars 1938), envahir la Tchécoslovaquie (mars 1939), le Danemark (avril 1939)...

*et envahir finalement la Pologne le 1er septembre 1939, pendant qu'en France et en Angleterre, on mobilisait des millions d'hommes et attendait l'heure H, c'est-à-dire l'heure où Monsieur H veuille bien se décider à nous envahir !

-ni que Staline fut complice d'Hitler, de la signature des traités germano-soviétiques du 23 août 1939 jusqu'au 22 juin 1941, pour se partager la Pologne et commencer à se partager l'Europe. Ce ne fut pas Staline qui dénonça les pactes, mais Hitler qui en envahissant sans préavis la Russie le 22 juin 1941 obligea Staline à changer de camp et le jeta dans les bras des Alliés, alors que Staline, probablement, ne demandait qu'à continuer à dépecer l'Europe en compagnie de son allié Hitler.

Charles De Gaulle :

Il naquit le 22 novembre 1890 d'une famille parisienne. Son père (Henri) était professeur à Paris dans un collège de Jésuites. Sa mère (Jeanne Maillot) d'origine lilloise accoucha de son fils Charles à Lille. Ce qui me permer d'écrire que De Gaulle est de Lille

Le protégé de Pétain : Charles De Gaulle entra à l'école militaire de Saint-Cyr en 1908. Il en sorti sous-lieutenant en octobre 1912 et fut affecté au 33e régiment d'infanterie d'Arras dont le commandant était le colonel Philippe Pétain.

De Gaulle passa lieutenant en octobre 1913, capitaine en janvier 1915. Il était toujours au 33e R.I. d'Arras lors du déclenchement de la guerre de 14. Le 2 mars 1916, la dixième compagnie que commandait De Gaulle fut anéantie au village de Douaumont près de Verdun après une résistance acharnée. De Gaulle fut d'abord considéré comme mort, ce qui lui valut la croix de guerre avec palme et une citation signée Pétain. En fait, seulement blessé, De Gaulle fut fait prisonnier par les Allemands et ne fut libéré qu'après l'armistice du 11 novembre 1918 malgré 5 tentatives d'évasion.

De Gaulle fut envoyé en Pologne de 1919 à 1921 au moment de la guerre russo-polonaise (voir la fiche N°173http://jean.delisle.over-blog.com/2014/05/la-pologne-de-l-entre-deux-guerres-n-173.html).

Charles De Gaule épousa Yvonne Vendroux le 7 avril 1921. Leur premier enfant né le 28 décembre 1921 fut prénommé Philippe en l'honneur de Pétain.

Puis De Gaulle, successivement :

*enseigna l'histoire à Saint-Cyr,

*fut admis sur recommandation de Pétain à l'école supérieure de guerre en 1922. Critiquant, comme Pétain, les théories de l'état-major, De Gaulle eut de mauvaises notes que Pétain fit rectifier.

*intégra l'état-major de Pétain en 1925,

*fut envoyé à l'état-major du Levant (à Beyrouth) en 1929,

*puis au Secrétariat de la défense nationale à Paris, promu lieutenant-colonel en décembre 1933 puis colonel en décembre 1937.

*commença la seconde guerre mondiale comme commandant du 507e régiment de chars de combats à Metz

*fut promu général de brigade le 25 mai 1940

*fut appelé par Paul Reynaud le 5 juin 1940 comme sous-secrétaire d'état à la défense nationale ; Pétain était alors vice-président du Conseil.

La séparation : Pétain étant devenu président du Conseil et ayant exprimé son intention de signer l'armistice avec l'Allemagne, De Gaulle partit à Londres. Il fut condamné à mort le 2 août 1940 par un tribunal militaire à Clermont-Ferrand.

On connaît la suite :

*la résistance, la libération et la présence de la France dans les négociations d'après guerre grâce à De Gaulle

*De Gaulle fut président du GPRF (Gouvernement provisoire de la République française reconnu par les Alliés le 22 octobre 1944) jusqu'au 20 janvier 1946,

*la « traversée du désert », la sortie des « Mémoires de guerre » (1954,1956, 1959),

*les événements de 1958 en Algérie

*De Gaulle appelé par René Coty, dernier président de la quatrième République, comme président du Conseil, le 29 mai 1958

*l'adoption de la Constitution de la cinquième République le 28 septembre 1958

*De Gaulle élu premier président de la cinquième République le 21 décembre 1958

*le rejet par 52% des électeurs d'un référendum sur la régionalisation et la transformation du Sénat, le 27 avril 1969, entraînant la démission de De Gaulle

*son décès le 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Eglises.

Jugement : Durant la seconde guerre mondiale, pendant que Pétain devenait le chef de la France occupée, son ancien protégé devenait chef de la France Libre. Au regard de l'histoire, De Gaulle s'en sort plus glorieusement que Pétain.

A la libération pour disculper Pétain, certains de ses partisans prétendirent que De Gaulle et Pétain avaient été pour la France « l'épée et le bouclier » : De Gaulle l'épée parce qu'il avait assuré la survie de la France vis-à-vis des alliés et Pétain le bouclier parce qu'il avait évité le pire après l'invasion allemande. Chacun est libre de son jugement, mais dans l'histoire de France il a peut-être fallu un Pétain et un De Gaulle.

François Mitterrand :

I naquit le 26 octobre 1916 à Jarnac (Charentes) d'un père d'abord ingénieur pour une compagnie de chemin de fer puis ingénieur vinaigrier.

Mitterrand fit sa scolarité dans des écoles catholiques puis vint à Paris à l'école libre des Sciences Politiques dont il fut diplômé avant de faire des études d'avocat.

Il fut mobilisé en 1939 comme sergent-chef au 23e régiment d'infanterie coloniale et comme tous les mobilisés de cette époque, attendit sagement derrière la ligne Maginot que les Allemands veuillent bien nous envahir. François Mitterrand fut fait prisonnier par les Allemands le 18 juin 1940 (jour de « l'appel » de De Gaulle à Londres). Emmené prisonnier en Allemagne il s'en évada et rentra en France en décembre 1941 selon la version « officielle ». Il fut libéré par les Allemands à la demande des autorités de Vichy selon une autre version. Chacun choisira la version qui lui convient.

*le passé vichyste : Toujours est-il qu'en arrivant en France, Mitterrand se mit à la disposition du gouvernement de Vichy qui le recruta immédiatement ce qui laisse supposer qu'il fut reconnu comme faisant partie de la famille. Il faut rappeler que dans les années d'avant guerre, Mitterrand avait fréquenté tous les milieux d'extrême droite : Croix de feu, Cagoule, Action française... Il avait même participé le 1er février 1935 à une manifestation organisée par l'Action française contre « l'invasion métèque » avec comme mot d'ordre : « La France aux Français ».

Mitterrand semble avoir été un bon collaborateur à Vichy et recommandé par 2 membres de la Cagoule, il fut décoré de la francisque (insigne du Maréchal de France chef de l'Etat Français) par Pétain le 16 août 1943. En 1945 la Haute Cour de Justice reconstitua le fichier des décorés de la Francisque. Pendant les 4 années d'occupation, ils furent 2.626 décorés. François Mitterrand eut le N° 2202.

Sur le passé vichyste de Mitterrand, il existe de nombreux écrits. Voir par exemple :

-Mitterrand et la tentation de l'histoire De Franz-Olivier Giesbert éditions du Seuil 1977

-Le noir et le rouge de Catherine Nay, éditions Grasset 1984

-Mitterrand et les 40 voleurs... de Jean Montaldo, Albin Michel 1994

-Une jeunesse française de Pierre Péan, Fayard 1994

etc

A l'époque, comme beaucoup de Français, Mitterrand dut chanter « Maréchal, nous voilà ! »

*la résistance : C'est le 28 mai 1943 que Mitterrand rencontra Philippe Dechartre envoyé de De Gaulle en France. Une majorité d'auteurs semblent faire partir de cette date le changement de camp de Mitterrand. Quand Mitterrand se met à la disposition de Vichy les Allemands sont vainqueurs partout et personne ne voit ce qui peut les arrêter. Fin mai 1943, les Allemands ont capitulé à Stalingrad (le 31 janvier 1943) et commencé à reculer sur tout le front de l'est ; les Anglais et les Américains ont débarqué en Afrique du Nord (fin octobre, début novembre 1942) … Pour qui réfléchissait, la roue avait tourné pour l'Allemagne d'Hitler, ce n'était plus qu'une question de temps ; ce que Mitterrand dut comprendre. Mais on peut se demander si il ne garda pas, durant quelques mois, un pied dans chaque camp en attendant la confirmation des événements. Mitterrand rencontra De Gaulle à Alger en novembre 1943, son engagement dans la résistance ne fit alors plus de doute.

Quand on considère tous les coups fourrés dont Mitterrand fut capable : attentat de l'observatoire (ce qui valut la levée de l'immunité parlementaire de Mitterrand), écoutes téléphoniques de l'Elysée, attentat contre le Rainbow Warrior, affaire Urba, réforme de la loi électorale en 1985 pour faire monter le F.N., éviction des Rocardiens des postes de responsabilité au P.S., cancer caché, fille adultérine, née le 18 décembre 1974, longtemps cachée mais logée elle et sa mère aux frais des contribuables avec 8 gendarmes affectés à leur sécurité ! … ; on peut se dire que Mitterrand et ses amis s'employèrent à imposer une biographie conforme aux attentes que pouvait en avoir « le peuple de gauche » !

*Après guerre : Mitterrand fut député ou sénateur de la Nièvre de 1946 à 1981. Il fut secrétaire d'état ou ministre du 26 août 1944 au 13 juin 1957, dans douze gouvernements successifs aussi bien de droite que de gauche. A l'époque Mitterrand fut membre de partis qui eurent pour nom UDSR, FGDS, CIR ; la traduction n'a pas d'intérêt, il faut seulement retenir que ces partis pouvaient s'allier aussi bien avec la droite qu'avec la gauche. Ce n'est pas pour rien que certains surnommèrent Mitterrand : « Le Florentin ».

Mitterrand espérait arriver enfin au pouvoir lorsque les événements de 1958 firent sortir De Gaulle de sa retraite. Pour Mitterrand ce fut un crime de lèse majesté, il eut une hostilité viscérale contre De Gaulle, appelant même à voter NON au référendum de 1962 sur l'élection du Président de la République au suffrage universel direct. Mitterrand critiqua la constitution de la Ve République . Il publia, chez Plon, en 1964 sur ces institutions « Le coup d'état permanent ». Mais ce qui était mauvais quand un autre était à l'Elysée, devint bon et pertinent durant les 2 mandats de Mitterrand. Classique !

*La conquête du pouvoir :Mitterrand compris que pour arriver au pouvoir il lui fallait un instrument de conquête du pouvoir. Il adhéra au parti socialiste le 12 juin 1971 au matin. C'était au congrès d'Epinay. Le soir même il en était le premier secrétaire. Le coup avait été bien préparé. Et François Mitterrand fut élu Président de la République le 10 mai 1981, réélu le 8 mai 1988. Le Florentin était parvenu à ses fins.

Jugement : Autant Mitterrand fut un adversaire résolu de De Gaulle, autant on peut penser qu'il admira le Maréchal Pétain et que d'une certaine manière il resta « pétiniste » toute sa vie. Personne n'est obligé de partager ce point de vue. Mais dans ce sens on remarque que Mitterrand conserva toute sa vie ses relations « vichystes » y compris avec René Bousquet qui, pourtant, avait été secrétaire général de la police de Vichy et responsable de la rafle du Vel' d'Hiv', ou encore que durant des années Mitterrand fit régulièrement fleurir la tombe de Philippe Pétain à l'île d'Yeu. Si l'au-delà devait exister, en arrivant et en rencontrant Pétain, Mitterrand aurait pu chanter : « Maréchal...me voilà ! ».

Les amateurs de comparaisons curieuses pourront se reporter à la vie de Domitien dans « Vies des douze Césars » de Suétone (historien latin mort vers l'an 140 de notre ère), non seulement parce que Domitien devint empereur en 81 et mourut en 96 mais parce qu'il présente beaucoup de traits communs avec Mitterrand.

Si mes souvenirs sont bons c'est en 1991 que j'avais lu ce texte de Suétone. J'avais été frappé des analogies que l'on pouvait trouver entre Domitien et Mitterrand. J'en avais parlé à mes collègues (à Aix-les-Bains) et leur avait dit : « ce serait marrant que Mitterrand meure en 96 ». Et il le fit (le 8 janvier 1996). Sacré « Tonton » !

J.D. 23 mai 2014

statue de Charles De Gaulle à Québec sur le cours du Général De Montcalm

statue de Charles De Gaulle à Québec sur le cours du Général De Montcalm

exemple de croquis dessiné par Pétain et publié par Privat

exemple de croquis dessiné par Pétain et publié par Privat

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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 15:02

Une loi du 18 avril 1886 complétée par une instruction ministérielle du 9 décembre 1886 avaient créé un recensement des étrangers dans chaque département. Le général Georges Boulanger (1837/1891) était alors ministre de la guerre

A partir de 1907, les anarchistes et antimilitaristes furent ajoutés à ce recensement initial.

A compter de 1909, les antimilitaristes ou ceux pouvant gêner par leurs actions la mobilisation furent recenser à part. Le premier recensement reçut alors le nom de carnet A et le second de carnet B.

Au moment du déclenchement de la guerre de 14 (début août), selon les sources, le fichier B comportait entre 3.000 et 4.000 noms, dont ceux de Léon Jouhaux, de Pierre Laval, de Roger Salengro....

Louis Malvy (1875/1949) était alors ministre de l'Intérieur.

Georges Clemenceau somma Malvy de faire arrêter tous ceux qui figuraient sur la liste B au moment de la mobilisation de 1914.

Malvy s'y opposa. Il est vrai que les socialistes après avoir manifesté durant des années contre la guerre, s'étaient ralliés à « l'union sacrée » et cela étant l'arrestation devenait inutile.

Ce fichier était conservé et géré par la direction de la Sûreté Nationale à Paris.

En 1939, 3 jours après la signature des 2 pactes germano-soviétiques à Moscou (le 23 août 1939) en France le parti communiste était dissout et la presse communiste interdite.

Le 8 octobre 1939, les députés communistes et de nombreux militants (3400 semble-t-il) furent arrêtés. Le carnet B fut probablement utilisé pour procéder à ces arrestations. Parallèlement 317 municipalités communistes étaient dissoutes et 2800 élus communistes déchus de leur mandat.

Lors de l'occupation de 1940, les services de l'Abwehr (service de renseignements de l'Etat-Major de l'armée allemande qui avait été placé sous le commandement de l'amiral Canaris depuis janvier 1935) s 'emparèrent du carnet B qui fut transféré à Berlin.

Ce furent les Soviétiques qui le récupérèrent en 1945 et le carnet B se retrouva à Moscou.

Les Russes (l'Union Soviétique ayant pris fin officiellement le 26 décembre 1991) le rendirent à la France en 1992 soit plus de 50 ans après le départ de ce fichier pour Berlin. Mais à part à titre historique, cela ne servait plus à grand chose car le « carnet B » avait été abrogé le 18 juillet 1947, enfin officiellement ! .

J.D. 5 avril 2014

La récapitulation thématique des notes de ce blog se trouve sur la fiche N°76http://jean.delisle.over-blog.com/article-blog-liste-des-articles-111165313.html

Résistant, photo récupérée sur un prisonnier allemand par mon oncle Marcel Delisle

Résistant, photo récupérée sur un prisonnier allemand par mon oncle Marcel Delisle

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 16:27

Qui se souvient en France ou ailleurs, que le 17 juillet 1917, les députés allemands du Reichstag, à Berlin, adoptèrent par 216 voix contre 126 une motion qui appelait à la paix ?. Voici le principal du texte de cette motion :

« Le Reichstag désire une paix d'entente, de réconciliation durable entre les peuples. Les conquêtes territoriales obtenues par la force, les mesures violentes d'ordre politique, économique ou financier sont incompatibles avec une paix de ce genre. »

Cela venait après divers appels. Voir sur mon blog la seconde partie de la note N°165 intitulée : « La conférence de Rome ». Il y avait eu également des contacts secrets avec les dirigeants français à l'initiative du nouvel empereur d'Autriche mais également à celle du baron Von der Lancken qui était ministre allemand en Belgique et qui avait l'aval de Guillaume II. Mais les alliés ne voulaient la paix que par la victoire. « Les Allemands paieront » était dans toutes les têtes, il était de bon ton de bouffer du Prussien. (voir nota)

Les Allemands furent vaincus et à la face de la terre entière, toute la responsabilité de la guerre, de ses morts, de ses destructions et de toutes ses horreurs furent imputés aux Allemands. Et les Allemands durent payer ! Les autres se donnèrent bonne conscience à peu de frais. Les Prussiens eurent bien sûr une grosse part de responsabilité mais furent-ils vraiment les seuls ?

A l'occasion de la révolution russe « d'octobre » 1917 (qui eut lieu en novembre comme chacun sait) une délégation de socialistes français conduite par Marcel Cachin se rendit en Russie. Au retour les délégués « racontaient que le nouveau gouvernement russe avait découvert des lettres écrites au tsar en 1914 par le président de la République française (Raymond Poincaré) et dans lesquelles celui-ci poussait son correspondant à la guerre ». (fait rapporté par Georges Suarez dans « Briand » tome 4 édité en avril 1940, chapitre VI).

Les Allemands sont entrés dans cette guerre en s'illusionnant sur leurs capacités à conduire une guerre-éclair contre la France (voir sur mon blog la fiche N° 154 intitulée « analyse d'une défaite »http://jean.delisle.over-blog.com/2014/01/analyse-d-une-défaite-n-154.html). Les Français eux, se sont probablement illusionnés sur la puissance de la Russie. Beaucoup de dirigeants français, politiques et militaires voulaient effacer l'humiliation de la défaite de 1870 et surtout récupérer l 'Alsace et la Lorraine . Les dirigeants français avaient en mémoire les protestations que les représentants unanimes de l'Alsace et de la Lorraine avaient fait le 17 février 1871 à l'Assemblée nationale (ensemble à l'époque de la Chambre des députés et du Sénat) contre leur annexion par l'Empire allemand, qui fut effective le 3 juin 1871. Les dirigeants français avaient aussi appris dans leurs livres d'histoire la défaite en 1709 du roi de Suède Charles XII contre les Russes puis celle de Napoléon en 1812 et pensaient probablement que jeter la Russie contre l'Allemagne permettrait de vaincre facilement l'Empire allemand. Mais la Russie de 1914, n'était plus celle de 1709 ni celle ce 1812. Voir sur mon blog la fiche N°152 « la bataille de Tannenberg »http://jean.delisle.over-blog.com/2014/01/la-bataille-de-tannenberg-n-152.html.

D'erreur d'appréciation en erreur d'appréciation on se fit la guerre avec des millions de morts et toutes les atrocités de la guerre. Pour se dédouaner devant l'opinion publique on rejeta toute la faute sur les Allemands, mais ce qui est extravagant c'est que les mêmes (ou leurs semblables) qui furent sans pitié pour les Allemands au sortir de la première guerre mondiale furent d'une couardise incroyable à partir de la prise du pouvoir par Hitler (en 1933), alors même que cette prise de pouvoir était la conséquence des conditions imposées à l'Allemagne en 1919.

Ce qui est plus extravagant encore c'est la déclaration de guerre du 3 septembre 1939 de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne qui avait envahi la Pologne le 1er septembre avec la complicité de Staline (se souvenir des 2 pactes germano-soviétiques du 23 août 1939) avec la mobilisation par la France de 5 millions d'hommes puis.... RIEN. On déclarait la guerre pour secourir la Pologne envahie et on attendit derrière la ligne Maginot. Ce ne fut pas « Messieurs les Anglais tiraient les premiers » comme à Fontenoy mais « Mr Hitler envahissait nous à votre bon plaisir et quand vous serez prêt » ! Cela fut appelé "la drôle de guerre". Et cela dura 8 mois ! Quelle honte ! Quelle responsabilité !

Le Gouvernement de Vichy intenta un procès à ceux qui furent appelés « les responsables du désastre ». Ce procès commencé à Riom (Puy-de-Dôme) le 19 février 1942, mit principalement en accusation Léon Blum, Edouard Daladier, Paul Reynaud, le général Gamelin mais fut interrompu le 15 avril de la même année. Il servait en fait de tribune d'accusation contre le régime de Vichy. L'incurie de nos dirigeants dans les années 30 méritait probablement un jugement mais ce n'était pas au régime de Vichy de l'intenter ni au moment où les Allemands occupaient le territoire.

Ce qu'on entendra probablement pas dans les discours :

L'année 2014 va être celle de beaucoup de célébrations (voir sur mon blog la fiche N°110 intitulée « comme en 14 »http://jean.delisle.over-blog.com/comme-en-14-n-110). Les principales vont être consacrées au soixante- dixième anniversaire du débarquement en Normandie puis au centenaire des événements de 1914.

*Poutine sera probablement invité à l'anniversaire du débarquement mais les officiels ne rappelleront pas la complicité Hitler/Staline de 1939 à 1941 et qui fut la première cause de la seconde guerre mondiale. Pendant que Staline s'emparait de la moitié de la Pologne, des 3 pays baltes et de la Finlande, Hitler prenait l'autre moitié de la Pologne, envahissait la France, le Bénélux... On n'insistera pas sur « la drôle de guerre ». Les discours ne rappelleront pas non plus que ce fut l'Assemblée législative élue en 1936, au moment du front populaire, qui vota les pleins pouvoirs à Pétain, ni que Thorez déserta pour aller passer le temps de la guerre en URSS, ni la liste de ceux qui collaborèrent avec Vichy, reçurent la francisque et tournèrent leur veste après la capitulation de Stalingrad (31 janvier 1943) et l'entrée en guerre des Américains etc

*En ce qui concerne les commémorations de 1914, on oubliera dans les discours l'extrême division qu'il y avait en France entre les politiques ainsi qu'entre les militaires et que l'état de guerre n'empêchait pas le déroulement des jeux politiques habituels pendant que les poilus laissaient leurs tripes dans la boue des tranchées. On oubliera, qu'en France aussi beaucoup voulaient la guerre. On ne mentionnera pas non plus les ouvertures qui furent faites et qui auraient (peut-être?) pu raccourcir la guerre. On oubliera aussi de rappeler à quel point l'Empire allemand de la fin du XIXe siècle et du début du XXe fut dynamique et brillant dans tous les domaines. Si les peuples d'Europe à l'époque avaient pu s'entendre au lieu de s'étriper, où en serions nous aujourd'hui ?

J.D. 2 avril 2014

(nota) : David Lloyd George qui fut Premier Ministre britannique du 7 décembre 1916 au 22 octobre 1922, après avoir été chancelier de l'Echiquier (ministre des finances) à partir de 1908 puis ministre des munitions , rappelle dans ses mémoires (tome IV) quelles furent les propositions allemandes de l'été 1917 :

-cession de l'Alsace-Lorraine à la France

-restauration de la Serbie

-concessions territoriales à l'Italie

-concessions coloniales à la Grande-Bretagne

-restauration de la Belgique

mais comme indiqué ci dessus, les Alliés ne voulurent rien entendre. mais dans nos livres d'histoire, on "oublie" ces offres allemandes.

butin pris aux Allemands par les Canadiens, photo "Le Miroir" du 13 octobre 1918

butin pris aux Allemands par les Canadiens, photo "Le Miroir" du 13 octobre 1918

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