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16 janvier 2018 2 16 /01 /janvier /2018 17:42

Sainte Marie des Miracles N°417

 

*Santa Maria dei Miracoli est le nom d'une église de Venise située dans la quartier « Cannaregio »,construite le long du « Rio dei Miracoli », mais en fait non loin de l'église San Zanipolo et de la Scuola Grande di San Marco dans le quartier « Castello ». Ces trois monuments ont en outre un architecte commun : Pietro Lombardo né en 1435 à Carona commune située dans le canton suisse italophone du Tessin et mort à Venise en 1515. Cet architecte était également sculpteur et on lui doit un certain nombre de tombeaux dont celui, à San Zanipolo, de Pietro Mocenigo (1406/1476) qui fut d'abord amiral de la flotte vénitienne et infligea des défaites aux Turcs avant de devenir le 70e doge de Venise.

*A l'origine de l'église Santa Maria dei Miracoli on trouve un Vénitien nommé Amadi qui fit peindre en 1408 une icône de la Vierge Marie à l'angle de sa maison par un peintre nommé Zanino di Pietro (décédé à Venise en 1448).

*Très vite cette icône fut réputée « miraculeuse » et les Vénitiens décidèrent la construction d'une église en l'honneur de l'icône, démarche qui fut appuyée par le pape Sixte IV (pape de 1471 à son décès le 12 août 1484).

*L'église fut construite de 1481 à 1489 avec une consécration le 31 décembre 1489. Elle subit une première restauration entre 1865 et 1867 à l'initiative de la reine d'Italie (Marguerite de Savoie) et une dernière restauration en 1997.

*l'église est à nef unique avec des murs tapissés de marbres polychromes comme la façade de l'église. Au sommet de la façade : une Vierge à l'enfant.

*A l'intérieur de l'église, l'entrée est surmontée d'une tribune appelée « barco ». Un couvent avait été construit en même temps que l'église, il communiquait avec l'église au moyen d'une galerie suspendue qui débouchait au niveau de ce barco. Cette tribune est portée par des piliers décorées de sirènes. Le couvent n'existe plus en tant que couvent.

*le plafond est à caissons dans lesquels sont peints 50 prophètes et patriarches de l'Ancien Testament (œuvre de 1528)

*le chœur est surélevé, on y accède par un escalier de 14 marches, la fameuse icône miraculeuse de Marie trône au dessus de l'autel.

*Une coupole a été construite au dessus du chœur, cette coupole est ornée des 4 évangélistes.

*dans la sacristie, on trouve des statues de saint François d'Assise et de sainte Claire.

*quoique de dimensions modestes, la richesse de la décoration de cette église, la fait classer parmi les plus belles de Venise. Il reste encore 80 églises à Venise et une vingtaine dans les îles de la lagune et ce malgré les destructions et les changements de vocation.

J.D. 16 janvier 2018

icône "miraculeuse", intérieur de l'église, tombeau du doge Pietro Mocenigo à San Zanipolo, images du net
icône "miraculeuse", intérieur de l'église, tombeau du doge Pietro Mocenigo à San Zanipolo, images du net
icône "miraculeuse", intérieur de l'église, tombeau du doge Pietro Mocenigo à San Zanipolo, images du net

icône "miraculeuse", intérieur de l'église, tombeau du doge Pietro Mocenigo à San Zanipolo, images du net

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13 janvier 2018 6 13 /01 /janvier /2018 18:23

 

San Zanipolo N° 416

 

A Venise, dans le quartier Castello (situé au nord-nord-est du quartier San Marco beaucoup plus connu) une église est dédiée aux Saints Jean et Paul (Santi Giovanni e Paolo). Il s'agit de 2 frères, soldats romains qui furent martyrisés le 26 juin de l'an 362, sous le règne de l'empereur Julien.

Une autre église leur est dédiée, elle est située à Rome sur la colline du Celio.

*En l'an 1234, Jacopo Tiepolo, 43e doge de Venise (de 1229 à 1249) fit don d'un terrain à l'ordre des Dominicains qui avait un couvent à Venise. Sur ce terrain, les Dominicains firent construire une église dont le chantier fut achevé en 1343 mais qui ne fut consacrée que le 14 novembre 1430.

*Au fil du temps, par contraction du nom des 2 Saints, Santi Giovanni e Paolo est devenu « Zanipolo ».

*L'église comporte 3 nefs et 5 absides. Elle a 101,60 mètres de long, 45,80 mètres de large et 32,20 mètres de haut, avec une coupole de la fin du XVe siècle à 55,40 mètres. La façade extérieure est surmontée de 3 statues consacrées à Saint Thomas d'Aquin, Saint Dominique et Saint Pierre.

*Le couvent fut transformé en hôpital en 1806 et un incendie détruisit une chapelle (la chapelle du Rosaire) dans la nuit du 15 au 16 août 1867. La restauration n'a pris fin qu'en 1959.

*Le doge Jacopo Tiepolo fut le premier à se faire inhumer dans cette église (en fait son tombeau est sur la façade extérieure). A sa suite, 24 autres doges seront inhumés dans cette église, avec tous des tombeaux somptueux. Ainsi avec 25 doges (sur 120 qui se succédèrent dans l'histoire de la Sérénissime), on peut dire que San Zanipolo est la nécropole des doges de Venise.

*L'église, les chapelles, la façade (qui comporte des colonnes réutilisées d'une église de Torcello), tout est décoré y compris avec des œuvres de Véronèse…, ce qui fait de San Zanipolo un des somptueux monuments de Venise mais excentré par rapport à Saint Marc, et donc peu connu.

*Sur la place devant l'église la statue équestre de Bartoloméo Colleoni qui date de 1483, voir illustration et explications sur la fiche N°389 http://jean.delisle.over-blog.com/2017/09/bergame-histoire-n-389.html.

*Toujours sur la même place, jouxtant l'église à angle droit, la Scuola Grande di San Marco. Bâtiment construit à partir de 1260 par la confrérie de Saint Marc, incendié en 1485, restauré dans les vingt ans qui ont suivi et transformé en hôpital militaire par les Autrichiens en 1819. Le bâtiment était d'une grande richesse avec des œuvres du Tintoret, de Jacopo, de Belini.... il fut pillé par les Autrichiens et par les Français. Il a toujours une vocation hospitalière mais une partie a été rénovée et ouverte à la visite du public en novembre 2013.

J.D. 13 janvier 2018.

 

récapitulation des notes de ce blog qui concernent Venise :

*N°45 : Les Républiques en Italie,

*N°144 : Florence et Venise,

*N°225 : les chevaux de Saint Marc

*N°227 : le lion de Saint Marc

*N°270 : Santa Maria della Salute

*N°271 : San Zaccaria

*N°272 : Ca' d''Oro

*N°273 : La Vénétie

*N°274 : 4 doges

*N°275 : Santa Maria Gloriosa dei Frari

*N°276 : l'église Saint Roch à Venise

*N°277 : Venise française, Venise autrichienne

*N°278 : l'Arsenal

*N°279 : la bataille d'Agnadel

*N°309 : le ghetto de Venise

*N°324 : L'Acqua alta et Mose à Venise

*N°325 : Venise et les fêtes

*N°328 : l'Italie et la philatélie

*N°348 : Ludovico Manin

*N°416 : San Zanipolo

*N°417 : Sainte Marie des Miracles

*N°418 : les ponts sur le Grand Canal

*N°419 : Sainte Lucie et Sainte Marie de Nazareth

 


 

Eglise San Zanipolo et hôpital/musée, photo du net

Eglise San Zanipolo et hôpital/musée, photo du net

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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 14:17

Les Monts Sacrés N°415

 

Neuf sanctuaires en Italie du Nord (7 en Piémont et 2 en Lombardie) furent classés le 3 juillet 2003 parmi le patrimoine mondial de l'Unesco sous l'appellation collective de « Mont sacrés » (Sacri Monti). Les voici, après quelques explications :

 

Le concile de Trente :

*Un important concile de l’Église catholique se réunit à Trente (Trenta dans le nord-est de l'Italie, région Trentin-Haut-Adige, sur la route qui mène en Autriche via le Brenner) et commença ses travaux le 13 décembre 1545 pour les terminer le 4 décembre 1563 soit 18 ans plus tard. Paul III était pape à l'ouverture (pape de 1534 à 1549) et Pie IV à la clôture (pape de 1559 à 1565) avec entre-temps le pontificat de Jules III (pape de 1550 à 1555), de Marcel II (pape du 9 au 30 avril 1555) et de Paul IV (pape de 1555 à 1559).

*Commencé à Trente, le concile se déplaça à Bologne de mars 1547 à septembre 1549, puis revint à Trente. Depuis, il n'y eut que 2 autres conciles de l’Église catholique : Vatican I commencé en 1869 et interrompu par la guerre de 1870 et Vatican II de 1962 à 1965 où il fut beaucoup question du concile de Trente. La réunion d'un concile avait d'abord été demandée par Martin Luther dès septembre 1518, il fut appuyé par le Saint Empire germanique mais le concile ne commença qu'en 1545.

*L'Eglise romaine était dans une situation difficile : les nations chrétiennes n'arrêtaient pas de s'étriper (fin de la guerre de Cent Ans en 1453, guerres entre l'Espagne de Charles Quint et la France de François 1er …) ; la papauté avait été en conflit avec le Saint empire à la fin du onzième, début du douzième siècles, il y avait eu le Grand Schisme (papes en Avignon et à Rome en même temps de 1305 à 1455) ; les pays de l'Est s'étaient séparés des catholiques à partir de 1054 pour former l’Église Orthodoxe ; en Angleterre, Henri VIII avait détaché l’Église anglaise de Rome en 1534, enfin le protestantisme se répandait un peu partout et durant le même temps, l'islam progressait de tous côtés (prise de Constantinople le 29 mai 1453, d'Athènes en 1456 etc). Le pontificat de papes issus des Borgia ou des Médicis n'avaient pas non plus arrangé l'image de l’Église.

Le concile de Trente remit de l'ordre aussi bien dans les dogmes que dans les pratiques religieuses. Un homme se distingua particulièrement dans ce concile ; il s'agit de Charles Borromée (Carlo Borromeo)

 

Charles Borromée :

*Il naquit le 2 octobre 1538 dans une famille aisée (sa mère Marguerite était une Médicis) à Arona, ville située sur la rive sud-ouest du lac Majeur juste en face d'Angera où se trouve une forteresse (Rocca Borromeo) acquise par la famille Borromée en 1449 (et où se trouve aujourd'hui un musée de la poupée).

*L'élection le 25 décembre 1559 de son oncle maternel comme pape sous le nom de Pie IV, facilita une vocation religieuse de Charles qui se retrouva cardinal à 22 ans et archevêque de Milan en 1564 à 26 ans. Si un oncle pape facilita cette ascension rapide à l'intérieur de la hiérarchie catholique, de témoignages de l'époque non démentis depuis, il semble que Charles Borromée eut une vie exemplaire. Au concile de Trente, il rédigea le catéchisme issu des directives du concile et qui resta en vigueur jusqu'à sa réforme par Jean-Paul II au vingtième siècle. Dans son diocèse de Milan, il fit beaucoup pour la formation du clergé, n'hésita pas à s'investir en faveur des habitants et spécialement lors d'une épidémie de peste en 1576 à Milan.

*Face au zèle missionnaire des protestants, des orthodoxes, et des musulmans, le Concile avait insisté sur la nécessité de renforcer la foi des catholiques et d'évangéliser les autres. Charles Borromée fut persuadé que les pèlerinages entretenaient la foi des croyants, mais l'accès aux lieux saints occupés par les musulmans était devenu difficile, il encouragea donc la création de sanctuaires et de pèlerinages en Italie même.

*Il mourut dans la nuit du 3 au 4 novembre 1584 et fut inhumé dans la cathédrale de Milan. Béatifié dès 1602, il fut canonisé le 1er novembre 1610 par le pape Paul V. Une statue le représentant fut érigée en 1697 à Arona sa ville natale, elle a 23 mètres de haut sur un piédestal de 12 mètres.

*Dans les années 1990 a été créé un « chemin de Saint Charles » qui part d'Arona sa ville natale et va jusqu'à Viverone, sur un petit lac du même nom (province de Biella à environ 40 kms au nord-est de Turin) rejoindre la « Via Francigena » : chemin de pèlerinage allant de Canterbury à Rome.

*La famille Borromeo acheta au quinzième siècle l'Isola Madre et l'Isola Bella sur le lac Majeur et donna son nom aux îles du lac.

*Rappelons que la venue de Charles Borromée à Turin en 1578 fut le prétexte utilisé par les Turinois pour « emprunter » le Saint Suaire à Chambéry et ensuite, ne pas le rendre Voir note N°367

 

*Les neuf sanctuaires :

*Sacro Monte de Varallo Sesia :

*Varallo est une commune d'environ 7500 habitants située dans le Piémont province de Verceil (Vercelli) à 450 mètres d'altitude au point de rencontre entre la rivière Sesia et l'un de ses affluents (Mastallone). A vol d'oiseau, le lac d'Orta est à moins de 10 kms à l'Est.

*Sur un plateau qui surplombe la ville (à 600 mètres d'altitude) a été construit un sanctuaire entre 1491 et 1650, surnommé « la nouvelle Jérusalem ». Il comprend une basilique et 45 chapelles sur le thème de la vie du Christ et de Jérusalem avec de nombreuses peintures et environ 800 statues de bois et de terre cuite.

Plus ancien des 9 sites, il a vraiment été conçu pour fournir aux pèlerins un substitut au voyage à Jérusalem.

 

*Orta San Giulio :

Un sanctuaire sur le thème de la vie de saint François d'Assise a été construit à partir de l'an 1590 sur une colline qui domine le lac d'Orta à l'Est. Le lac est à 290 mètres d'altitude et le sanctuaire à 400 mètres. Le sanctuaire comprend une église et 20 chapelles. A vol d'oiseau, le lac d'Orta n'est qu'à 10 kms à l'ouest du lac Majeur, le sanctuaire est donc entre les deux lacs. Une île au milieu du lac comporte une église qui est consacrée à Saint Jules (San Giulio) avec de magnifiques peintures.

 

*Sacri Monti di Serralunga di Crea :

Ce sanctuaire est situé sur le territoire de Ponzano Montferrato en région Piémont province d'Alexandrie, mais en fait plus proche d'Asti qui est (à vol d'oiseau) à 20 kms au sud tandis que Casale Monferrato est à 15 kms à l'Est.

Sur une colline qui est à 455 mètres d'altitude, un sanctuaire consacré à la vie de Marie et de Jésus et comprenant une église et 23 chapelles a été édifié à partir de l'an 1589. En 1887 il a été transformé en chemin de Croix, les chapelles prenant place sur le parcours. En 1980, la région Piémont a classé la colline en parc naturel, ce qui donne encore plus d'intérêt à ce sanctuaire.

 

*Oropa :

Ce sanctuaire est situé sur le territoire de la ville de Biella. Cette ville d'environ 46.000 habitants est à 420 mètres d'altitude à 80 kms environ au nord-est de Turin. Elle est chef-lieu de province depuis 1992 par démembrement de la province de Verceil (Vercelli).

*Appelée « Bugella Civitas » au temps des Romains, elle appartint à Louis-le-Pieux, fils de Charlemagne en 826 et à la Maison de Savoie à compter de 1377. Elle fut le chef-lieu d'un département français (Sésia) à compter du 11 septembre 1802.

*Le sanctuaire est sur la hauteur à 1159 mètres d'altitude et à 13 kms du centre de Biella. Une Vierge noire semble y avoir été honorée dès le quatrième siècle. Suite à un vœu de la municipalité au XVIIe siècle lors d'une épidémie de peste un sanctuaire fut construit à partir de 1617. Il comprend une église principale et 19 chapelles consacrées à la vie de Marie. La dernière, par exemple, dédiée au couronnement de la Vierge comprend 156 figures modelées. Une nouvelle église en supplément de celle existante a été consacrée en 1960, la statue de la vierge noire restant dans l'ancienne église. Un chemin de fer fonctionna de Biella à Oropa entre 1911 et 1958.

*Depuis 1620, une cérémonie de couronnement de la Vierge a lieu tous les 100 ans, avec un pèlerinage annuel qui devient un pèlerinage nocturne tous les 5 ans.

*Un sentier qui part du sanctuaire mène au refuge « Savoia ». Pour les amateurs de cyclisme, ajoutons que Oropa fut 6 fois ville-étape du Giro. 5 fois (en 1963, 93, 99, 2007 et 2014) un Italien fut vainqueur de l'étape mais la dernière fois (en 2017) ce fut un cycliste Hollandais ! Je ne sais pas si la Vierge noire d'Oropa en versa des larmes mais j'imagine que pour les Italiens ce fut une catastrophe nationale au même titre que la non participation de la Squadra azzura (Gli Azzurri pour les Italiens) à la coupe du monde de foot 2018 en Russie !

 

*Ghiffa :

Un sanctuaire, non achevé, a été construit entre 1617 et 1761 sur le territoire de Ghiffa commune d'environ 2500 habitants sur la rive ouest du lac Majeur (le lac est à 193 mètres d'altitude et Ghiffa à 201 mètres) à 10 kms à vol d'oiseau au nord de Verbania.

Sur un ancien site où la Sainte Trinité était honorée, 3 chapelles seulement furent construites, dans l'ordre : une chapelle dédiée à Marie, la seconde à Saint Jean-Baptiste et la dernière à Abraham, toutes richement décorées comme l'ensemble des chapelles des « monts sacrés ».

 

*Calvario

Il s'agit d'un sanctuaire construit entre 1656 et 1710 à l'initiative de 2 Capucins au col « Mattarella » (c'est aussi le nom de l'actuel président de la République italienne : Sergio Mattarella) qui domine la ville de Domodossola d'environ 19.000 habitants située presque à la frontière avec la Suisse et qui dépend de la province de Verbania créée en 1992 par démembrement de celle de Novara. Le site comprend 15 chapelles échelonnées le long d'un chemin de Croix. Il fut occupé militairement durant la période napoléonienne ; la première chapelle transformée en poudrerie explosa, elle fut reconstruite en 1900.

 

*Belmonte in Valperga :

Ce sanctuaire sur le thème de la passion du Christ comprend 13 chapelles. Il est situé à 35 kms au nord de Turin sur les territoires de Valperga (3200 habitants) et de Cuorgné (10.000 habitants) à 706 mètres d'altitude. Les chapelles furent construites entre 1712 et 1719, pour les 8 premières, entre 1759 et 1781 pour les 4 suivantes et en 1872 pour la dernière. Il comprend de nombreuses statues en terre cuite. Voir en illustration la crucifixion de Jésus (chapelle N°11)

 

*Beata Vergine del Soccorso

A la suite d'un miracle attribué à la Vierge, la construction d'un sanctuaire fut décidé sur le territoire d'Ossucio sur la rive ouest du lac de Côme donc situé en Lombardie, à une vingtaine de kms au nord de Côme et proche, en fait du lac de Lugano. Il comporte une église et 15 chapelles , le tout construit entre 1635 et 1710 avec pas moins de 230 statues et une riche décoration, voir illustration.

 

*Mont sacré du Rosario

ce sanctuaire est construit sur le territoire de la ville de Varèse en Lombardie, au nord-ouest de Varèse, ville qui est à peu près à mi-chemin entre lac Majeur et lac de Côme. Sur un ancien lieu de culte furent construits à partir de 1474 une église dédiée à Sainte Marie du Mont (Santa Maria del Monte) puis de 1604 à 1698 14 chapelles complémentaires, aussi richement illustrées que le reste des « Monts sacrés » dont on peut dire qu'ils sont de « sacrés Monts » par leur richesse et leur diversité.

J.D. 10 janvier 2018

 

décoration de l'église d'Ossucio, crucifixion au Sacro Monte di Valperga et Charles Borromée à Arona, emprunt au net
décoration de l'église d'Ossucio, crucifixion au Sacro Monte di Valperga et Charles Borromée à Arona, emprunt au net
décoration de l'église d'Ossucio, crucifixion au Sacro Monte di Valperga et Charles Borromée à Arona, emprunt au net

décoration de l'église d'Ossucio, crucifixion au Sacro Monte di Valperga et Charles Borromée à Arona, emprunt au net

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5 janvier 2018 5 05 /01 /janvier /2018 17:49

Turin et le massacre du Mont des Capucins N°414

 

I-Turin:

*Turin (Torino) a environ 900.000 habitants dans ses limites communales, 1.700.000 pour l'agglomération et 2.200.000 pour l'aire urbaine.

*La ville fut fondée, sous le nom de Taurasia, au troisième siècle avant Jésus-Christ par le peuple des Taurins (peuple probablement d'origine ligure mais dont on a pas de traces avant leur arrivée dans le Piémont), au confluent du Pô et de plusieurs affluents (Stora, Dora Riparia, Sangone, Chisola), juste sur le passage du 45e parallèle.

*Les Romains s'emparèrent de l'Italie du Nord à la fin du troisième siècle avant notre ère. C'est au temps de Jules César (assassiné le 15 mars -44) que fut construite la porte palatine encore visible et sous le temps d'Auguste (1er empereur de -27 à +14) que la ville prit le nom d'Augusta Taurinorum.

*Après la chute de l'empire romain d'Occident (en 476), les Lombards s'emparèrent de Turin en 569 et créèrent un duché de Turin. En 773, les Francs succédèrent aux Lombards puis la ville fut dirigée par la famille d'Arduin d'Ivrée (Ivrea). Les biens de cette famille (y compris Turin) passèrent à la dynastie « Savoie » après le mariage vers 1045 d'Adélaïde de Suse avec Oddon (on trouve aussi écrit Othon), troisième souverain de la dynastie Savoie.

*Berthe fille d'Oddon et d'Adélaïde se maria avec Henri IV, empereur du Saint Empire en 1066. Les liens furent importants entre la Savoie et le Saint Empire germanique puisque, c'est d'un empereur que les Savoie reçurent leur titre de comte (vers 1032) puis de ducs (en 1416). Jusqu'à ce que les ducs obtiennent un titre de roi en 1713, ils furent vassaux du Saint Empire, ce qui explique aussi les nombreuses invasions françaises, outre le fait que la Savoie se trouvait sur la route qui menait en Italie qui fut durant des siècles un enjeu entre Espagne, Autriche et France; sans oublier les bons Suisses qui, si ils firent peu de guerres en leur propre nom, s'enrôlèrent durant des siècles, comme mercenaires dans les armées des autres.

*C'est en 1563 que le duc de Savoie Emmanuel-Philibert (surnommé « tête de fer »!) transféra sa capitale de Chambéry à Turin ; officiellement le 7 février 1563. Les Turinois lui ont élevé une belle statue équestre piazza San Carlo, ils pouvaient difficilement faire moins.

*En 1713, Turin devint la capitale du royaume de Sicile puis du royaume de Sardaigne à compter de 1720. les souverains de Savoie successifs investiront beaucoup à Turin et dans sa banlieue laissant un patrimoine architectural impressionnant.

*Par décret du général Jean-Baptiste Jourdan (alors administrateur général du Piémont) du 11 septembre 1802, Turin devenait le chef-lieu du département français de l'Eridan qui changeait de nom 9 jours plus tard pour devenir le département du Pô. Ce département fut divisé en 3 arrondissements : Pignerol, Suse et Turin. En 1810 il avait une superficie de 4145 kms2 et une population d'environ 400.000 habitants.

*En 1807, Napoléon nommait son beau-frère Camille Borghèse (qui avait épousé Pauline Bonaparte le 6 novembre 1803) comme « gouverneur général des départements au-delà des Alpes ». Le gouverneur installa son administration au pavillon de chasse de Stupinigi.

*Ce département français prit fin après la première abdication de Napoléon, officiellement il cessa le 11 avril 1814 et Turin redevint la capitale du royaume de Sardaigne, avant de devenir la première capitale du royaume d'Italie proclamé le 17 mars 1861 et jusqu'au transfert de cette capitale à Florence en 1865 puis à Rome en 1871. C'est en septembre 1864 que fut annoncée l'intention de transférer la capitale à Florence. Cela entraîna un soulèvement de la population turinoise les 21 et 22 septembre 1864. Il y eut une trentaine de morts et 200 blessés. Cela n'empêcha pas le départ de 30.000 fonctionnaires pour Florence en 1865 puis 6 ans plus tard pour Rome.

 

II-le Mont des Capucins :

De la ville de Turin qui est à 239 mètres d'altitude, on a les Alpes en fond de panorama avec 2 collines proches à l'Est de la ville de l'autre côté du Pô : la colline de Superga et celle des Capucins. A cet endroit on traverse le Pô au moyen du pont Victor-Emmanuel 1er qui fut construit de 1805 à 1810 lorsque Turin était chef-lieu d'un département français.

*La colline de Superga est à 670 mètres d'altitude. Suite à un vœu effectué le 2 septembre 1706 par le duc de Savoie Victor-Amédée II, alors que sa ville était assiégée par les armées françaises de Louis XIV, la colline fut arasée et une église dédiée à la Vierge Marie y fut construite de 1717 à 1731, avec une crypte qui sert de nécropole à la famille de Savoie en complément de celle située à l'abbaye d'Hautecombe sur la rive Ouest du lac du Bourget en Savoie.

*Le Mont des Capucins n'est qu'à 284 mètres d'altitude mais c'est suffisamment élevé pour avoir déjà une vue magnifique sur Turin. Sur ce site il y eut d'abord au onzième siècle une forteresse pour défendre la ville. Le site fut privatisé en 1473 et en 1581 le dernier propriétaire le vendit au duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er lequel décida d'y établir une communauté monastique (des Capucins). Une église est construite, elle fut terminée en 1637 sous le règne de Victor-Amédée 1er devenu duc de Savoie en 1630 et mort le 7 octobre 1637. Une croix sur l'esplanade avait été érigée dès 1583.

*Ce Victor-Amédée 1er avait épousé Christine de France (appelée aussi "Chrétienne de France") le 10 février 1619, fille de Henri IV et de Marie de Médicis (et par conséquent sœur de Louis XIII, d'Henriette reine d'Angleterre, d'Elisabeth reine d'Espagne…). Cette Christine de France résida à Turin dans ce qui est aujourd'hui le « palazzo Madama »

*A la mort de son mari, elle prit la régence au nom de son fils Charles-Emmanuel II (né à Turin le 10 juin 1634). Mais le pouvoir lui fut contesté par 2 de ses beaux-frères : Thomas de Savoie-Carignan et Maurice de Savoie. Ce fut la guerre, l'Espagne envoya des troupes pour soutenir les beaux-frères pendant que Richelieu en envoyait pour soutenir Christine.

*Le 12 mai 1640, alors que des habitants s'étaient réfugiés dans la nouvelle église sur le Mont des Capucins, des soldats français commandés par le comte d'Harcourt firent irruption dans l'église et massacrèrent 350 personnes : un petit Oradour-sur-Glane, mais les massacreurs n'étaient pas les soldats de la division Das Reich mais ceux de Louis XIII ! Pas très glorieux mais cela fait aussi partie de notre histoire !

*Christine de France finit par l'emporter et resta régente jusqu'en 1647. Née à Paris le 10 février 1606, elle décéda à Turin le 27 décembre 1663 et fut inhumée en la basilique Saint André à Verceil (Vercelli). Voir la note N°155 http://jean.delisle.over-blog.com/sonnet-a-christine-de-france-duchesse-de-savoie-n-155.html

*le 27 mars 1960 une statue en bronze de la « Vierge des travailleurs » était inaugurée sur l'esplanade en présence du cardinal de Turin, de l'évêque de Lourdes…

*Les touristes qui parcourent les routes d'Italie, spécialement d'Italie du Nord, ne se doutent pas du nombre de flux et de reflux d'armées que ces mêmes itinéraires ont vu défiler durant des siècles, avec ce que cela suppose au passage de massacres, de viols, de pillages, de combats...

 

illustrations on trouvera en illustration la statue d'Emmanuel-Philibert piazza San Carlo, l'église du Mont des Capucins et la statue de la Vierge des Travailleurs, photos J.D. 1er janvier 2018.

5 janvier 2018

Turin et le massacre du Mont des Capucins N°414
Turin et le massacre du Mont des Capucins N°414
Turin et le massacre du Mont des Capucins N°414
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4 janvier 2018 4 04 /01 /janvier /2018 11:47

Pavie N°413

 

Pavie (Pavia) est une ville italienne d'environ 72.000 habitants située au sud de la Lombardie sur l'axe Milan/Gênes. Milan est à 35 kms au nord et Gênes à 90 kms au sud.

I-Histoire :

*la ville a été fondée par les Romains comme camp militaire avec le nom de Ticinum parce que traversée par la rivière appelée aujourd'hui le Tessin (Ticino) qui sort du lac Majeur dans sa pointe sud vers Sesto Calende, et va se jeter dans le Pô à une dizaine de kms au sud de Pavie.

*La ville a d'abord suivi le sort de Rome mais sa situation jugée stratégique en a fait un des lieux de batailles habituelles en Italie du nord. On ne sait pas si la bataille du Tessin qui opposa Hannibal aux Romains fin -218 eut lieu sur le site de Pavie mais dès l'an 271 (après Jésus-Christ) l'empereur Aurélien était vainqueur de « barbares » à Pavie. En 452 c'est Attila et les Huns qui ravagent la ville et en 476 Oreste qui commandait l'armée romaine contre Odoacre roi des Hérules, est vaincu à Pavie, pris et exécuté. Cet Oreste était le père de Romulus Augustule considéré comme le dernier empereur de l'empire romain d'Occident. La ville de Pavie est détruite. Les Ostrogoths s'en emparent et la reconstruisent. Théodoric y fait construire plusieurs bâtiments importants (palais, bains, amphithéâtre…).

*Puis arrivent les Lombards, qui à partir de l'an 626 font de Pavie leur capitale. C'est là qu'en l'an 643, Rothari roi des Lombards publie un édit (connu sous le nom d'édit de Rothari) qui récapitule en latin (Leges langobardorum) l'ensemble des lois applicables aux Lombards. Sous les Lombards la ville prend le nom de Papia.

*en mars 774 Charlemagne s'empare de Pavie ; la ville passe sous le contrôle des Carolingiens puis dans la Lotharingie en 843 lors du traité de Verdun par lequel les petits-fils de Charlemagne se partagent son empire.

*En 924, les Magyars (Hongrois) ravagent la ville. En 952, elle tombe sous la coupe du Saint Empire romain germanique.

*dans les années 1100 elle devient une commune libre et rejoint le camp des Gibelins : partisans de l'Empereur (germanique) contre les Guelfes (partisans du pape)

*en 1359, les Visconti de Milan annexent la ville et fondent l'Université de Pavie en 1361

*22 mai 1431, une bataille de Pavie oppose Venise alliée à Florence contre Milan alliée à Gênes et à Amédée VIII de Savoie. Vénitiens et Florentins sont vaincus.

*27 octobre 1524 : les troupes françaises de François 1er commencent le siège de Pavie

*24 février 1525 : les troupes de Charles Quint venues libérer la ville assiégée l'emportent sur les Français : François 1er est fait prisonnier, conduit en Espagne…., tous les bénéfices de la victoire de Marignan sont perdus, (aujourd'hui Melegnano à une quinzaine de kms au sud-est de Milan ; les 13 et 14 septembre 1515, où s'était particulièrement distingué le chevalier Bayard).

*l'Espagne occupe Pavie de 1525 à 1713, date où les Autrichiens prennent la relève comme maîtres de la ville, jusqu'à l'arrivée des troupes de Bonaparte en 1796.

*Pavie fait partie du royaume d'Italie de Napoléon, avant de revenir à l'Autriche en 1815, dans le cadre du royaume Lombard-Vénitien, puis au royaume d'Italie en 1866.

 

II-principaux monuments :

*San Pietro in Ciel d'Oro : (Saint Pierre en ciel d'Or) il s'agit d'une église construite au début du douzième siècle, sur l'emplacement d'une ancienne église, qui présente surtout la particularité d'abriter le tombeau de saint Augustin, d'un roi lombard (Liutprand) et de Séverin Boèce.

-Saint Augustin naquit dans l'actuelle Algérie le 13 novembre 354 et devint évêque en 388 à Hippone (actuelle Annaba en Algérie nommée Bône lors de la colonisation française). Il fut déclaré « docteur de l'Eglise » en 1298 par le pape Boniface VIII. D'abord inhumé à Cagliari (Sardaigne), c'est vers l'an 720 que le roi lombard Liutprand le fit ramener à Pavie. En 1327, le pape Jean XXII désigna les moines « Augustins » comme gardiens du tombeau. Lorsque les moines furent expulsés en 1700, ils emmenèrent le tombeau de saint Augustin avec eux à Milan. Lorsque l'église San Pietro in ciel d'Oro fut reconstruite à partir de 1870, le tombeau de Saint Augustin y retrouva sa place.

-Liutprand roi lombard qui vécut de l'an 685 à l'an 744 et fut roi de juin 712 à sa mort. En 739 il vint aider les Francs à combattre les musulmans en Provence.

-Séverin Boèce, philosophe né à Rome vers l'an 480 et exécuté à Pavie sur l'ordre de Théodoric roi des Ostrogoths en 524. Il est surtout connu pour ses traductions en latin des textes d'Aristote et de Platon et pour un ouvrage intitulé « Consolation de Philosophie ». C'est en l'an 996 que l'empereur germanique Othon III le fit inhumer à Pavie.

Dans « le Convivio » Dante cite Boèce comme lui ayant fait aimer la philosophie ; il le cite encore au chant X du Paradis de la Divine Comédie sous la forme :

« Le corps dont elle fut chassée repose là-bas au ciel d'or et elle est venue de martyre et d'exil à cette paix ».

dans le même chant de la Divine Comédie, Dante écrit aussi :

« Plus loin, dans la petite lumière, rit cet avocat des temps chrétiens dont le discours servit à Augustin » (Il s'agit de Saint Ambroise qui fut avocat avant de devenir évêque de Milan et de participer à la conversion d'Augustin).

 

*château Visconti  (castello Visconteo): château construit entre 1360 et 1365 lors du règne à Milan de Galeazzo Visconti. Le château abrite le musée municipal

 

*églises : comme beaucoup de villes d'Italie, Pavie possède plusieurs églises qui méritent le détour comme l'église San Michele du douzième siècle, la cathédrale (Duomo) de la fin du quinzième siècle, l'église San Teodoro du douzième siècle…

 

III-Chartreuse de Pavie : Située à 8 kms au nord de Pavie, elle fut construite à partir d'août 1396 sous le règne de Jean Galéas Visconti (Gian Galeazzo Visconti) suite à un vœu de sa femme (Caterina), sur la bordure nord du parc du château. Le chantier fut poursuivi sous Filippo Maria Visconti et sous Franscesco Sforza. Eglise et chartreuse attenante furent occupées successivement par des Chartreux, des Cisterciens, des Carmélites, des Chartreux, des Bénédictins et enfin des Cisterciens à nouveau depuis les années 1960.

La décoration de la façade aussi bien que l'intérieur est d'une grande richesse. Jean Galéas Visconti a son tombeau à l'intérieur de l'église.

Au niveau attrait touristique, la Chartreuse est plus réputée que la ville de Pavie elle-même.

J.D. 4 janvier 2018

 

 

Chartreuse de Pavie, photo Michèle Delisle mai 2000

Chartreuse de Pavie, photo Michèle Delisle mai 2000

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27 décembre 2017 3 27 /12 /décembre /2017 19:17

Vicence et Palladio N° 412

 

*L'axe Turin-Trieste correspond pour une grande part à l'Italie du Nord avec le Pô au sud et la ligne des grands lacs au nord. C'est aussi une partie de la Gaule cisalpine de l'Antiquité ou de la Padanie de dénomination récente.

Sur cet axe, j'ai déjà traité un certain nombre de villes, voir en annexe à la note N° 406, la liste des villes italiennes concernées par des notes de ce blog.

*Vicence (Vicenza), ville italienne de Vénétie compte près de 120.000 habitants, elle est située à mi-chemin entre Vérone et Venise et constitue l'avant dernière station avant Venise si l'on peut s'exprimer ainsi (la dernière étant Padoue). Vicence a été surnommée « la Venise de terre ferme » ou « la ville de Palladio ». Les réalisations de Palladio ont permis à Vicence d'être classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1994 avec 23 bâtiments classés.

 

*Andrea Palladio : il naquit à Padoue (Padova) le 30 novembre 1508 (jour de la Saint André) sous le nom de Andrea di Pietro et mourut à Vicence le 19 août 1580.

Il fut mis en apprentissage chez un sculpteur de Padoue en avril 1523, mais gagna Vicence dès 1524 et s'orienta vers l'architecture. Il eut l'occasion d'effectuer plusieurs voyages à Rome (en 1541, 1545, 1547, 1549 et 1554) où il étudia spécialement Vitruve, célèbre architecte latin du 1er siècle avant notre ère et Giorgio Vasari (1511/1574), peintre et architecte surtout connu pour sa biographie des grands peintres, sculpteurs et architectes qui fait encore référence.

Palladio effectua une synthèse entre l'architecture antique et celle du XVIe siècle. Il publia en 1554 « L'Antiquita di Roma », et en 1570 « les Quatre Livres de l'Architecture » (I Quattro Libri dell'Architettura). C'est la même année qu'il devint architecte en chef de Venise. La liste de ses œuvres à Vicence (de nombreuses villas, le teatro Olimpico…) et à Venise (l'église San Giorgio Maggiore, l'église du « Redentore »…), est impressionnante. Pour de riches Vénitiens il fut également l'architecte de villas en Vénétie et spécialement sur la riviera du Brenta (rivière qui tangente Padoue au nord et Venise au sud), villas d'ailleurs appelées « villas palladiennes ». En 1996, 24 de ces villas palladiennes furent classées au patrimoine de l'Unesco en extension du classement de 1994.

En 1596, un architecte de Vicenza nommé Vincenzo Scamozzi (1548/1616) récapitula l'ensemble de l'oeuvre de Palladio sous le titre : « Fabbriche e Disegni di Andrea Palladio », publié à Vicence. Ce Scamozzi termina la direction de chantiers en cours au moment de la mort de Palladio.

Palladio a sa statue à Vicence, Piazzetta ….Andrea Palladio, voir illustration (photo Didier Descouens)

 

Vicence :

La ville fut fondée dans la haute antiquité par un peuple « Euganéen » (antique peuple qui occupait un espace entre l'Adriatique et les Alpes) au confluent de la rivière Astichello, du Retrone et du Bacchiglione qui passe à Vicence avant d'arroser Padoue, ce qui entraîna la guerre des canaux, voir note N° 410.

les Vénètes s'emparèrent de la ville vers le XIe siècle avant notre ère, puis les Etrusques, enfin les Romains en -157 qui appelèrent la ville « Vincentia ».

Après la chute de l'empire romain d'Occident (en 476) Vicence connut toutes les invasions qui déferlèrent sur l'Italie du Nord : Wisigoths, Huns, Ostrogoths, Lombards, Carolingiens…. Tomba sous la coupe de Venise en 1404, sous celle de la France en 1796, fut rattachée au royaume d'Italie de Napoléon en 1805 et devint le chef-lieu du département de Bacchiglione avant de passer à l'Autriche puis enfin à l'Italie en 1866. La ville subit d'importants dégâts à l'occasion des deux guerres mondiales du vingtième siècle.

L'essentiel des monuments de Vicence est concentré autour du Corso...Palladio et de la Piazza dei Seignori.

*La piazza dei Signori (nom inspiré de la Signoria de Venise : petit Conseil) comporte 2 colonnes supportant le lion de Saint Marc pour l'une et le Christ Rédempteur pour l'autre, comme sur la « piazzetta » de Venise ; une tour beffroi du XIIe siècle (appelée tour Bissera du nom de la famille Bissarri qui la fit construire en 1174. Elle fut surélevée au XIVe siècle avec incorporation d'une horloge très complète, la tour surélevée mesure 82 mètres de haut), la Loggia del Capitano (résidence du gouverneur de Venise, commencée en 1571 sur les plans de Palladio. Sur la face latérale 2 statues allégoriques célèbrent la victoire de Lépante du 7 octobre 1571, voir note N°372 http://jean.delisle.over-blog.com/2017/05/la-bataille-de-lepante-n-372.html) et la Basilica (oeuvre de Palladio, seconde moitié du XVIe siècle) qui était un lieu de rassemblement et non une église.

*le Corso Andrea Palladio comporte une dizaine de palais réputés, aussi œuvre de Palladio.

*le théâtre olympique (Teatro olimpico) conçu par Palladio en 1580, est inspiré de l'antique ville de Thèbes (la grecque)

* les églises : la cathédrale (duomo) construite entre le 14e et le 16e siècle ; l'église Santa Corona élevée pour abriter une épine supposée de la couronne du Christ et offerte à l'évêque de Vicence par Louis IX (Saint Louis roi de France) ; l'église San Lorenzo des 13e 14e siècles…

-Difficile de visiter Vicence sans entendre parler de Palladio ! On trouvera en illustration, outre sa statue à Vicence, l'église San Giorgio Maggiore à Venise (sur l'île du même nom) ; photo Serge Jodra 2012

J.D. 27 décembre 2017

 

sttaue de Palladio à Vicence et oeuvre de Palladio à Venise
sttaue de Palladio à Vicence et oeuvre de Palladio à Venise

sttaue de Palladio à Vicence et oeuvre de Palladio à Venise

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22 décembre 2017 5 22 /12 /décembre /2017 12:04

Sirmione et le lac de Garde N°411

 

*Le lac de Garde est le plus grand lac d'Italie avec 370km2 de superficie, en forme de triangle isocèle, la pointe au nord, qui a dans ses plus grandes dimensions 51,6 kms de long (dans le sens Nord-Sud) et 17,2 de large (à la base, dans le sens Est-Ouest) et une profondeur maxi de 346 mètres. Le tour complet du lac par la route représente environ 150 kms.

Il est à cheval sur trois régions administratives italiennes : Vénétie à l'Est, Lombardie à l'Ouest et Trentin-Haut-Adige pour la pointe nord.

*Le plan d'eau du lac est à 65 mètres d'altitude ; les côtés Est et Ouest sont encadrées de montagnes qui appartiennent au massif alpin avec spécialement le Mont Baldo qui domine le lac à l'Est et culmine à 2218 mètres. Un téléphérique qui part de Malcesine (au nord-est du lac) gagne le Mont Baldo à 1780 mètres, d'où la vue est exceptionnelle sur le lac et son environnement. L'autoroute qui joint Vérone à l'Autriche par le Brenner passe de l'autre côté du Mont Baldo, ainsi que le fleuve Adige ; autoroute et fleuve étant parallèles à la rive Est du lac sur 50 kms environ.

*Le lac est alimenté par plusieurs cours d'eau dont le principal est le Sarca qui arrive du nord et qui reçoit lui-même quelques rivières de moindre importance, lesquelles communiquent avec de petits lacs (lacs Gelato, Scuro, Nuovo et Vedretta). A sa sortie, le lac s'écoule par le Mincio qui rejoint le Pô, sur sa rive gauche, 73 kms plus loin.

*Le réseau routier et autoroutier de l'axe Turin-Trieste via Novare, Milan, Bergame, Brescia, Verone, Venise, passe au sud du lac et Vérone n'est qu'à 20 kms ; l'aéroport de Vérone n'est même qu'à 15 kms. Le lac est exactement à mi-chemin entre Milan et Venise, entre Brescia et Vérone ou même entre Turin et Trieste. Sur son flanc sud se trouvent également les sites des batailles du 24 juin 1859 : Solférino et San Martino (voir note N°1 http://jean.delisle.over-blog.com/article-reunion-de-la-savoie-et-de-l-arrondissement-de-nice-a-la-france-1860).

*Les 2 sites comportent ossuaire, chapelle, et musée en souvenir des 370.000 soldats engagés dans ces combats (170.000 Autrichiens contre 200.000 Français et Piémontais), des 10.000 morts et des blessés encore plus nombreux.

*Au niveau histoire, la région du lac de Garde a suivi le sort des régions voisines ; voir fiches précédentes consacrées à Vérone, Brescia et Padoue, avec néanmoins une spécificité : aux XIII et XIVe siècles, le lac appartint aux seigneurs de Vérone, la famille Della Scala qui fit construire plusieurs forteresses : à Sirmione au sud du lac , au nord Riva del Garda, et à l'est : Malcesine et Torri del Benaco (dans l'antiquité le lac avait été appelé « lacus benacus » : lac bénéfique à cause de la douceur de son climat, devenu « lago di benaco », surnom encore parfois utilisé pour désigner le lac de Garde). Ces forteresses donnent l'impression d'avoir été des postes fortifiés avancés pour protéger Vérone.

*Signalons également qu'en 1270 des Cathares ayant fui Montségur se sont réfugiés à Sirmione. En 1278, 200 d'entre eux furent condamnés au bûcher et brûlés à Sirmione.

*Tout autour du lac, on trouve des sites qui méritent le voyage ou à tout le moins un détour pour utiliser la terminologie d'un célèbre guide de voyages, en voici un aperçu, en partant de Desenzano del Garda (au sud-ouest du lac) et en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre:

 

*Desenzano del Garda : cette ville de 27.000 habitants environ a pour principal attrait touristique des mosaïques d'une antique villa romaine et un château construit au Moyen-Age sur l'emplacement d'un castrum romain, reconstruit au XVe siècle et dont le donjon permet une très belle vue sur le lac.

 

*Salo : S'écrit avec un accent sur le « o » mais mon clavier ne connaît pas. Cette ville d'environ 11.000 habitants est nichée au creux d'une anse du lac sur sa rive Ouest. Elle fut fondée par les Romains sous le nom de Pagus Salodium, fut sous la coupe des Visconti de Milan au Moyen-Age. Venise s'en empara en 1440. Lors de la première campagne d'Italie de Bonaparte en 1796, elle fut le siège de 2 batailles : le 31 juillet 1796, les troupes françaises commandées par le général Sauret durent se replier sur Désenzano, mais 2 jours plus tard, renforcées, elles l'emportaient sur les Autrichiens et purent s'emparer de Brescia. La ville fut également le siège de la république Sociale Italienne de Mussolini de septembre 1943 à avril 1945. Voir la note N°397 http://jean.delisle.over-blog.com/2017/10/les-derniers-jours-de-mussolini-n-397.html

La cathédrale de la ville du XVe siècle mérite le détour.

 

*Gardone Riviera : se trouve sur la côte Ouest du lac à environ 3 kms plus au nord que Salo. A cet endroit la rive a été surnommée « Riviera dei Limoni » (Riviera des citrons). La ville compte dans les 3.000 habitants. Pour le touriste 2 choses sont principalement à voir : un jardin botanique avec environ 3.000 espèces de plantes et la villa de d'Annunzio appelée « Vittoriale degli Italiani ».

-Le jardin botanique fut créé entre 1912 et 1914 par un médecin d'origine tchèque nommé Arturo Hruska. Il a été repris depuis 1989 par une fondation (André Heller)

-la villa fut construite à partir de 1921 et classée au patrimoine national italien dès 1925. Son premier propriétaire fut Gabriele d'Annunzio (1863/1938). Sur ce personnage voir la note N°161 http://jean.delisle.over-blog.com/2014/02/l-italie-et-la-guerre-de-14-n-161.html. Il avait combattu pendant la première guerre mondiale et le nom de la villa est dédié aux combattants italiens. Elle est implantée sur une propriété de 9 hectares et comprend le mausolée de Gabriele d'Annunzio, un musée, un théâtre et la proue du navire de d'Annunzio.

 

*Riva del Garda : cette cité de 16.000 habitants aujourd'hui, fut fondée par les Romains sous le nom de Benacus qui avait donné son nom au lac. Située à la pointe nord du lac, elle fut au fil des siècles un enjeu entre Milan, Vérone, Venise sans oublier les Autrichiens. Jusqu'en 1918, elle fut d'ailleurs appelée Riva du Tyrol.

Le touriste peut y visiter la forteresse construite au XIVe siècle par les Scaliger qui est occupée par un musée civique et une bibliothèque municipale ; une tour nommée « Apponale » construite au treizième siècle comme tour de guet. Elle a 34 mètres de haut. 165 marches permettent de parvenir au sommet et de bénéficier de la vue sur le lac. A son sommet un ange qui joue de la trompette sert de girouette. Il y a également quelques églises dont San Tommaso et à 3 kms une grotte ouverte à la visite en juin 1874 avec une cascade (cascata del Varone) de 98 mètres de haut.

 

*Torbole : cette ville de 3.000 habitants partage la partie nord du lac avec Riva del Garda. Des traces d'occupation humaine remontant à 8.000 ans avant notre ère y ont été trouvées. C'est sur son territoire que la rivière Sarca se jette dans le lac.

Milan s'en empara en 1387, Venise en 1439, et la ville revint à l'évêque de Trente en 1509. La ville de Trente (Trenta), au nord-est, n'est pas à trente kms du lac (dommage) mais à une quarantaine. En 1439, la ville fut le témoin d'une bataille navale sur le lac entre Milan et Venise. Les Vénitiens avaient fait venir des navires de l'Adriatique, rapprochés en partie par l'Adige puis qu'ils avaient démontés pour leur faire franchir la montagne et remontés sur le lac.

La ville possède un château (castel di Penede) qui date de 1210, les Vénitiens s'en emparèrent en 1438. il fut détruit en 1703 par les troupes françaises.

 

*Malcesine : la ville de 3500 habitants est située au nord-est du lac, elle s'appela « Mala Silex » au temps romain. Depuis 1962, un téléphérique la relie au Mont Baldo. A une vingtaine de mètres au large, 2 îlots dépendent de Malcesine : l'île de l'Olive de 98 mètres sur 40 environ et l'île du Songe de 155 mètres sur 42. Les pentes du Mont Baldo sont couvertes d'oliveraies.

 

*Torri del Benaco : ville de 3.000 habitants sur la rive Est du lac en face de Gardone Riviera. Une citadelle y fut construite dès le début du Xe siècle. Celle actuellement visible, au même emplacement, date de l'époque des Scaliger c'est-à-dire du XIVe siècle. Elle renferme un musée consacrée à la famille Della Scala (les Scaliger) et un musée d'ethnographie. Une église dédiée à Saints Pierre et Paul a été achevée en 1769 sur l'emplacement d'une église très ancienne démolie en 1719.

 

*Punta San Vigilio : il s'agit d'une promontoire rocheux qui avance sur le lac entre Torri del Benaco et Garda et qui permet une très belle vue sur le lac. Selon une légende c'est le satyre Vigilio qui aurait transformé la nymphe Stella en rocher. Il est plus vraisemblable que le site doive son nom à Saint Vigile (San Vigilio) qui fut le troisième évêque de Trente ; il vécut de 355 à 405 et évangélisa la région. Une villa du XVIe siècle contient une belle statue de Vénus.

 

*Peschiera del Garda : C'est la ville la plus au sud du lac, la plus proche de Vérone et de l'axe autoroutier. Elle compte dans les 10.000 habitants et son site stratégique a conduit les Vénitiens d'abord puis les Autrichiens pendant le royaume Lombard-Vénitien (1815/1866) à fortifier la cité.

 

*Sirmione : C'est le nom d'une presqu'île et d'une ville. La presqu'île pénètre à l'intérieur du lac sur son flanc sud et sur une longueur d'environ 5 kms. La limite entre les régions Vénétie et Lombardie passe juste à l'Est de la presqu'île qui est donc en Lombardie. Au nord de cette presqu'île se trouve la ville de Sirmione avec dans les 9.000 habitants. Elle possède des sources d'eaux chaudes (70 degrés) sulfureuses, exploitées depuis 1896 et qui permettent des traitements ORL, rhumatismaux et dermatologiques.

Cette ville possède une forteresse construite au XIIIe siècle par les Della Scala (les Scaliger de Vérone) avec un port intérieur et du sommet des tours, on a une très belle vue sur le lac en ayant l'impression d'être au milieu de ce lac. Voir illustrations (photos Michèle Delisle avril 2000)

À voir également : -l'extrémité de la ville et de la presqu'île où se trouvent les ruines d'une importante villa romaine (sur un domaine de 2 hectares) qui appartint au poète latin Catulle, né à Vérone ou à Sirmione (?) en l'an -84 et qui mourut à 30 ou 31 ans. Le domaine longtemps abandonné fut redécouvert lors de la première campagne d'Italie de Bonaparte (1796/1797).

-le parc Maria Callas situé en face de la villa qu'occupa la diva à Sirmione durant une dizaine d'années (de 1949 à 1959). De nationalité grecque, elle naquit à New-York sous le nom de Sophia Cecilia Kalos et mourut à Paris le 16 septembre 1977 où elle fut incinérée au Père Lachaise et vécut plus longtemps en Italie qu'en Grèce.

-des églises dont San Pietro du XIIIe siècle avec un clocher de 1070 et des fresques du XIIIe siècle ; Santa Maria Maggiore du XVe siècle construite à l'emplacement d'une ancienne église dédiée à Saint Martin (San Martino) avec aussi des fresques.

 

Pour conclure : tous les lacs d'Italie ont leur charme mais si le touriste ne devait en voir qu'un, de mon point de vue, ce serait le lac de Garde qui est le plus diversifié en termes de sites, de monuments aussi bien que sur le plan de l'histoire.

J.D. 22 décembre 2017

 

 

 

Sirmione, forteresse vScaliger, photos Michèle Delisle avril 2000
Sirmione, forteresse vScaliger, photos Michèle Delisle avril 2000

Sirmione, forteresse vScaliger, photos Michèle Delisle avril 2000

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14 décembre 2017 4 14 /12 /décembre /2017 10:47

Padoue N°410

 

*Padoue (Padova) est une ville italienne de Vénétie d'environ 215.000 habitants située à la croisée d'un axe Ouest-est (de Turin à Trieste qui traverse toute l'Italie du Nord via Milan, Bergame, Brescia, Verone, Vicence, Padoue, Venise et passant au sud des grands lacs italiens) et d'un axe nord-sud rejoignant Rome et au-delà via Bologne et Florence. Venise est à moins de 40 kms à l'Est, Vicence à 29 et Vérone à 80 à l'Ouest, Ferrare à 70 et Bologne à 100 au sud....

*La ville est traversée par le fleuve Bacchiglione et tangentée (à l'est) par le Brenta. Les deux cours d'eau se rejoignent juste avant de se jeter dans l'Adriatique en- dessous de Chioggia et à peu de distance de l'embouchure de l'Adige et du Pô, on a ainsi dans l'Adriatique l'embouchure de 3 fleuves sur une distance de 20 kms environ. Le Brenta forme une vallée de Padoue à Venise bordée de somptueuses villas.

*Dans le cadre de rivalités entre cités, dans les années 1140 Vicence et Vérone s'étaient alliées contre Padoue et créèrent un canal (Bisatto) pour détourner l'eau du Bacchiglione et en priver les habitants de Padoue ; lesquels ripostèrent en créant un autre canal (le Brentella). Voir carte annexe sur cette guerre des canaux ou cette histoire d'eau !

Dante parle de cette querelle dans la Divine Comédie au chant IX du Paradis :

« ...C'est à quoi ne songe pas la tourbe présente,

que Tagliamento et Adige enclosent

et bien qu'elle soit battue elle ne se repent pas ;

mais bientôt Padoue viendra aux marais

et changera l'eau qui baigne Vicence,

parce que ses habitants sont rétifs au devoir... »

L'Adige coule à l'ouest de Vicence et le Tagliamento à l'Est

*Le Bacchiglione, le Brenta, comme l'Adige et le Tagliamento ont chacun donné leur nom à l'un des départements créés dans le royaume d'Italie de Napoléon.

 

Histoire :

*Selon la légende, la cité de Padoue aurait été fondée par le Troyen Anténor beau-frère du roi Priam. Cette légende est reprise par plusieurs auteurs antiques dont Tacite (Annales livre seizième en XXI), Tite-Live, natif de Padoue vers -59 dans « Histoire romaine livre I en 1 » selon lequel la ville fut d'abord appelée « Troie » ou Virgile dans l'Enéide livre I en 247/248 : « Anténor, échappé du milieu des Achéens (les Grecs) a pu pénétrer sans péril dans le golfe d'Illyrie (nom antique de la Yougoslavie, le golfe d'Illyrie est aujourd'hui divisé entre golfe de Venise et golfe de Trieste) ….C'est là pourtant qu'il a fondé la ville de Patavium...(nom antique de Padoue) maintenant il repose au sein d'une paix tranquille… » (Anténor avait dans l'antiquité son tombeau à Padoue, comme Achille son tombeau près du site de Troie, Hélène son temple…, il s'agit de personnages légendaires qui étaient honorés comme si ils avaient réellement existé). Les savants d'Alexandrie en Égypte, avaient fixé la date de la guerre de Troie entre -1194 et -1184. On a aucune preuve mais faute de mieux cette date est généralement retenue. Sur la guerre de Troie, voir la fiche N°...3 ! http://jean.delisle.over-blog.com/article-guerre-de-troie-partie-1-55734368.html

*Vraisemblablement Padoue fut fondée par les Étrusques, les Romains s'emparèrent de l'Italie du Nord à partir de l'an 225 avant Jésus-Christ.

*Attila et les Huns envahirent l'Italie du Nord en l'an 452 et firent beaucoup de destructions dont Padoue, puis la ville passa aux mains d'Odoacre chef des Hérules, de Théodoric chef des Ostrogoths, de Byzance en l'an 540 puis à nouveau des Ostrogoths, des Lombards en 568, des Francs avec l'arrivée de Charlemagne en 774.

*Durant la période carolingienne, Padoue fut d'abord rattachée à un duché du Frioul jusqu'en 828, puis devint « comté de Padoue ».

*C'est en 1222 que fut créée l'Université de Padoue qui eut de la renommée au Moyen-Age. Elle fut parmi les rares à accueillir les étudiants de confession juive, ce qui entraîna la présence d'une importante communauté à Padoue, où à partir du XVIIe siècle ils furent confinés dans un ghetto fermé la nuit. Il fallut attendre l'arrivée des troupes françaises en 1797 pour que les portes du ghetto soient abattues et que les Juifs aient les mêmes droits que les autres citoyens.

*De 1311 à 1318, Padoue fut annexée par Vérone puis une famille locale (les Carrara) prit le pouvoir. 9 membres de cette famille se succédèrent à la tête de la cité jusqu'en 1405, date où Padoue tomba sous la coupe de Venise jusqu'à la fin de la République de Venise, décidée par Napoléon qui céda la Vénétie à l'Autriche (1797/1866) puis rattachement au royaume d'Italie. Napoléon donna en 1806 un titre de « duc de Padoue » à Jean-Thomas Arrighi de Casanova (1778/1853) général de cavalerie.

*C'est près de Padoue, villa Giusti, que fut signé le 3 novembre 1918, l'armistice qui mit fin aux combats entre Italie et Autriche.

*La ville de Padoue a donné son nom à Saint Antoine né à Lisbonne en 1195, devenu frère franciscain (ordre fondé par Saint François d'Assise), envoyé à Padoue début 1231 où il décéda le 13 juin 1231. Il fut canonisé dès le 30 mai 1232 par le pape Grégoire IX et classé parmi les docteurs de l’Église en 1946.

 

Principaux Monuments :

*la chapelle des Scrovegni : elle doit son nom à Enrico Scrovegni un usurier de Padoue qui fit construire cette chapelle à partir de l'an 1303. Sa célébrité vient de 39 fresques réalisées par Giotto (1266/1337) qui y travailla de 1305 à 1310. Le sujet étant des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testaments réalisées sur 1.000 m² de superficie. La chapelle renferme également 3 statues, œuvres de Giovanni Pisano (1245/1314).

Au chant XVII de l'Enfer de la Divine Comédie, Dante fait figurer Reginaldo Scrovegni père d'Enrico sous la forme : « un damné qui avait un sac blanc marqué d'un grosse truie couleur d'azur », ce qui représentait les armoiries des Scrovegni.

 

*La basilique Saint Antoine (Sant'Antonio) : mise en chantier dès 1232, elle fut achevée en 1300. Elle comporte 8 coupoles, le tombeau de Saint Antoine et des œuvres de grands artistes (Donatello, Tiziano Aspetti…)

*Sur la place (piazza del Santo) devant l'église, on trouve une statue équestre consacrée à Erasmo da Narni (1370/1443) surnommé Gattamelata du nom de sa mère (Melania Gatteli). Cette statue en bronze, œuvre de Donatello (1386/1466) mesure 3,40 mètres de haut et 3,90 mètres de long sur un socle de 7,80 mètres de haut. Ce Gattamelata fut un condottière (capitaine d'armées) d'abord au service de Florence, puis du pape Martin V de 1427 à 1434, enfin de Venise jusqu'à sa mort. Des reproductions de cette statue en modèles réduits sont exposées dans différents musées dont un en France depuis 1924 (musée d'Art et d'Industrie de Roubaix). Un tableau de Giorgione (1447/1510) exposé au musée des Offices de Florence représente Gattamelata, tandis que son armure est à Venise (au palais des Doges), sans oublier la poste italienne qui a consacré un timbre de 50 lires à Gattamelata en 1970 pour le six-centième anniversaire de sa naissance.

 

*La cathédrale Santa Maria Assunta : Sur son emplacement fut construit un premier édifice au début du quatrième siècle. Il fut détruit par un tremblement de terre le 3 janvier 1117. Un second monument fut construit à partir de 1291, enfin l'actuelle cathédrale fut édifiée entre 1551 et 1754 sans que sa façade puisse être achevée dans sa décoration. L'édifice contient la tombe de Daniel de Padoue, le premier évêque de la ville mort en l'an 304. Un baptistère consacré à Saint Jean-Baptiste et accolé à la cathédrale fut construit au douzième siècle (consacré en 1281). Il est réputé pour un ensemble de fresques réalisées vers 1376 par Giusto da Menabuoi (1330/1390).

 

*L'église des Ermites (chiesa degli Eremitani) : cette église du treizième siècle fut reconstruite après un bombardement en 1944. Des fresques ou fragments de fresques de Andrea Mantegna (1431/1506) et de Guariento di Arpo (1310/1370) ont pu être sauvés et repris dans la nouvelle église.

Jouxtant cette église un musée (Museo Civico agli Eremitani) installé dans un ancien couvent présente beaucoup d'antiquités, de peintures (dont Tintoret, Véronèse...), tapisseries…

 

*Prato della Valle : Il s'agit d'une grande place de 88.600 m² construite à l'emplacement occupé dans l'antiquité par un cirque romain. Par comparaison la place Bellecour à Lyon a 62.000 m² et la place de la Concorde à Paris 86.400 m². Le tour de la place est constitué d'un canal bordé de statues d'hommes illustres. Des événements y sont organisés comme l'Oktoberfest cette année (2017) du 19 au 31 octobre. Une église dédiée à Sainte Justine complète la place sur son côté sud-est. Justine fut martyrisée en l'an 304 alors qu'elle avait 16 ans. L'église fut fondée au VIe siècle et remaniée au dixième. Elle mesure 122 mètres sur 82. Elle comporte de nombreuses chapelles latérales dédiées à des Saints. Elle est censée contenir les reliques de Saint Luc et de Saint Mathieu.

 

*Jardin botanique : (orto botanico), il fut créé en 1545 avec comme vocation de cultiver des plantes médicinales. Il a été classé au patrimoine mondial de l'Unesco en 1997.

 

*Palais de la Raison : (Palazzo della Ragione) Il fut construit entre les années 1218 et 1306 à vocation de palais de justice, d'où son nom. Un grand salon à l'étage mesure 81 mètres de long sur 27 de large et 27 de haut. Il fut décoré de fresques de Giotto qui furent détruites par un incendie en 1420. De nouvelles fresques furent réalisées entre 1425 et 1440. Un cheval de bois inspiré, selon certains auteurs, de celui de Gattamelata fut réalisé en 1466 par Annibale Capodilista. Pour d'autres auteurs ce cheval représente celui de Troie. Voir illustration. Deux sphinx d'Egypte ramenés à Padoue eu XIXe siècle y prennent place également. Le rez-de-chaussée est occupé par deux galeries commerciales.

 

*autres centres d'intérêts : il y a bien d'autres choses intéressantes à voir à Padoue :

-des places comme la piazza dei Signori avec un palais des XIVe au XVIe siècles comportant une tour de l'horloge, la piazza delle Erbe...

-des églises comme San Giorgio décorée de 21 fresques datant de 1377

-l'Université, la Scuola Sant'Antonio

-le musée diocésain installé dans le palais de l'ancien évêché du XVe siècle etc

 

*Non seulement Padoue est riche de trésors mais proche d'autres villes prestigieuses. J'ai déjà fait cette remarque pour bien d'autres villes italiennes. Il faut rappeler que l'Italie est le pays qui comporte le plus de sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco. Voici le classement des 10 premiers pays par nombre de sites classés : États-Unis 23, Russie 26, Royaume-Uni 29, Inde 32, Mexique 33, Allemagne 40, France 41, Espagne 44, Chine 48, Italie 51. Il n'y a pas photo !

J.D. 14 décembre 2017

carte des canaux et cours d'eau et cheval de Capodilista, images du net
carte des canaux et cours d'eau et cheval de Capodilista, images du net

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9 décembre 2017 6 09 /12 /décembre /2017 18:18

Vérone N°409

 

Vérone (Verona) est une ville italienne de Vénétie d'environ 260.000 habitants. La ville est à la croisée d'un axe est-ouest (Milan/Venise via Bergame, Brescia, Vérone, Vicence, Padoue) et d'un axe nord-sud qui va de Modène jusqu'en Autriche via le Brenner. Le lac de Garde n'est qu'à 20 kms de Vérone.

Le cœur historique de la ville fut implanté dans une boucle de l'Adige, fleuve qui prend sa source dans les Alpes à la frontière entre l'Autriche et la Suisse et qui va se jeter dans l'Adriatique, au sud de Venise, entre Chioggia et l'embouchure du Pô qui n'est qu'à peu de distance.

 

Histoire :

*Selon la légende, la Vénétie fut peuplée par les Vénètes, des descendants des Troyens, voir la note N°273 http://jean.delisle.over-blog.com/2016/02/la-venetie-n-273.html

*Plus vraisemblablement, la ville aurait été fondée par les Étrusques puis peuplée, au quatrième siècle avant Jésus-Christ, par les Cénomans (peuple gaulois originaire de la région du Mans dans la Sarthe). Les Romains s'en emparèrent au second siècle avant notre ère. La ville suivit alors le sort de Rome jusqu'à la chute de l'Empire romain d'Occident (en l'an 476)

*Vérone fut le témoin, en l'an 489, de la bataille qui opposa Odoacre chef des Hérules et Théodoric le Grand, chef des Ostrogoths. Ce dernier fut vainqueur et Odoacre fut tué 4 ans plus tard.

*En 553 Justinien empereur romain d'Orient reprit la ville jusqu'en 568 où elle tomba au pouvoir des Lombards puis des Francs avec l'arrivée de Charlemagne en 774. Pépin d'Italie fils de Charlemagne installa sa résidence à Vérone.

*Vérone s'érigea en commune libre en 1164 puis tomba en 1227 aux mains d'un condottière nommé Ezzelino III da Romano, surnommé « le Féroce », Dante le fait d'ailleurs figurer en enfer (au chant XII de l'Enfer de la Divine Comédie). Chef du parti des Gibelins (partisans de l'empereur germanique contre le pape), il eut contre lui la famille d'Este. Grièvement blessé lors d'un combat près de Milan en 1259, il en mourut le 27 septembre.

*La ville passa ensuite aux Scaliger (famille Della Scala) dont 12 membres régnèrent de 1260 à 1387. Les plus connus de cette dynastie furent :

- le cinquième : Cangrande della Scala (règne de 1312 à 1329) qui accueillit à Vérone Dante lorsqu'il fut exilé de Florence. Dante le fait figurer au Paradis (chant XVII du Paradis de la Divine Comédie, sous l'appellation de « Grand Lombard qui porte sur l'échelle l'oiseau sacré ». Il s'agit de l'aigle du Saint Empire, sur l'échelle : la Scala). Il a sa statue équestre au dessus de la porte d'entrée de l'église Santa Maria Antica.

-le huitième : Cangrande II qui régna de 1351 à 1359 et lança la construction du château (Castel Vecchio) et du pont qui franchit l'Adige. Il fut assassiné par son frère le 14 septembre 1359.

-le neuvième : Cansignorio qui régna jusqu'en 1375 après avoir assassiné son frère. Il assassina également un autre de ses frères : comme quoi, il n'y a pas que les Borgia ou les Médicis ! Ce Cansignorio fit construire le premier mausolée funéraire de la famille appelé : « Arche Scaligere ».

*Après les Scaliger, Vérone tomba sous la coupe des Visconti de Milan jusqu'en 1405 puis, elle appartint à Venise jusqu'à l'arrivée des troupes de Bonaparte en 1796.

*Le 17 avril 1797 (lundi de Pâques), la population de Vérone massacra 400 soldats français blessés et soignés dans un hôpital local ; cet événement est connu sous le nom de « Pâques véronaises » par analogie avec les Vêpres siciliennes de 1282.

*Par le traité de Campoformio du 18 octobre 1797, la Vénétie fut cédée à l'Autriche puis reprise par la France en 1805.

*De 1805 à 1814, Vérone se retrouva dans le « royaume d'Italie » créé par Napoléon, et Vérone devint en 1812 le chef-lieu du département français de l'Adige (voir fiche N°277 http://jean.delisle.over-blog.com/2016/02/venise-francaise-venise-autrichienne-n-277.html) puis appartint à un royaume « lombard-vénitien » sous dépendance de l'Autriche après la chute de Napoléon jusqu'au rattachement à l'Italie en 1866.

L'histoire de Vérone, comme celle de beaucoup de villes italiennes, est particulièrement compliquée. Cela s'explique par la division du pays en de nombreuses souverainetés entre la chute de l'Empire romain d'Occident jusqu'à l'unité de l'Italie dans les années 1860, avec en prime l'appétit des pays voisins qui voulaient s'emparer de l'Italie.

 

Monuments :

*de l'époque romaine :

-il reste l'amphithéâtre construit durant la première moitié du premier siècle de notre ère et prévu pour accueillir 25.000 spectateurs. Malgré son âge, il a de beaux restes. C'est là que se tiennent les représentations lyriques annuelles. La première eut lieu en 1913 (avec Aïda) pour le centenaire de la naissance de Giuseppe Verdi (né le 10 octobre 1813). C'est également dans ce lieu que Maria Callas commença sa carrière en 1947.

-le théâtre qui date de l'époque d'Auguste (mort en l'an 14) et qui est encore utilisé pour des représentations théâtrales.

-la zone appelée « Scavi Scaligeri » où l'on peut voir encore des restes d'enceinte romaine, de mosaïques. ..

-la place aux Herbes (piazza delle Erbe) qui correspond à l'emplacement de l'ancien forum romain, mais il faut le savoir.

*du Moyen-Age : une majorité d'historiens datent le Moyen-Age de la chute de l'empire romain d'Occident à la chute de l'empire romain d'Orient (476/1453). De cette époque datent :

-les réalisations de l'époque des Scaliger : mausolées, pont, château qui aujourd'hui renferme un musée de peintures

-la Piazza dei Signori avec le Palazzo del Comune du douzième siècle.

-les églises : la cathédrale qui a été consacrée le 13 septembre 1187 et qui fut construite à l'emplacement d'un édifice religieux plus ancien détruit par un tremblement de terre en 1117. Le campanile fut ajouté au XVIe siècle. L'édifice est très riche en peinture dont une « Assomption » œuvre du Titien. Les églises San Lorenzo (début douzième siècle), Sant'Anastasia (commencée au treizième siècle et terminée au quinzième), San Zeno Maggiore du douzième siècle dont les portes surtout sont réputées, San Fermo Maggiore du onzième siècle….

Sans oublier : la maison de Juliette avec son célèbre balcon et une statue extérieure dont la croyance populaire est persuadée que lui toucher les seins porte bonheur. Cela se voit !

L’œuvre de Shakespeare date de 1597 et situe la tragédie en 1302 à l'époque de la guerre Guelfes/Gibelins !

 

Illustrations : on trouvera en illustrations : une vue de la place aux Herbes, le mausolée Scaliger et la statue de Juliette ; photos Michèle Delisle avril 2000.

J.D. 9 décembre 2017

 

 

 

Vérone N°409
Vérone N°409
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5 décembre 2017 2 05 /12 /décembre /2017 19:09

Alessandria N°408

 

*Alexandrie (Alessandria) est un ville italienne d'environ 95.000 habitants, située dans l'Est de la région Piémont.

*Elle se trouve à l'intérieur d'un quadrilatère autoroutier : à l'Ouest, l'autoroute A26 qui part du lac Majeur pour aboutir sur la côte de la Méditerranée à une quinzaine de kms à l'ouest de Gênes ; au nord , l'autoroute A21 (Turin/Plaisance/Brescia), à l'Est la A7 (Milan/Gênes), au sud, la A26d qui relie la A7 et la A26. Alexandrie se trouve donc à un carrefour autoroutier important avec à l'ouest Asti à 30 kms et Turin à environ 75 kms, au nord-est Milan à environ 90 kms, la Chartreuse de Pavie à 80 kms au sud Gênes à 85 kms et au nord-ouest à 50 kms le Mont Sacré de Crea (calvaire) classé à l 'Unesco le 3 juillet 2003. Le Monferrat et ses zones de production vinicole sont proches.

*La ville est tangentée au nord par la rivière Tanaro qui se jette dans le Pô à une quinzaine de kms au nord-est d'Alexandrie et au sud par la rivière Bormida qui rejoint le Tanaro juste après avoir dépassé Alexandrie.

 

Histoire :

*Alexandrie a été fondée comme place forte en l'an 1168 de notre ère par les villes de la ligue lombarde, dans le cadre de la guerre contre Frédéric Ier empereur germanique plus connu sous le nom de Frédéric Barberousse. Celui-ci prétendait contrôler les villes italiennes et s'opposait à l'autorité du pape (d'abord Adrien IV puis Alexandre III après la mort le 1er septembre 1159 d'Adrien IV).

Il s'était emparé de Milan en 1158 et avait fait détruire la ville en 1162 suite au soulèvement de la population, puis il détruisit Tortona (à 25 kms à l'Est d'Alexandrie sur l'axe Milan/Gênes). Barberousse s'empara d'Ancône puis de Rome en juillet 1167 et assiégea Alexandrie en 1174, mais il dut lever le siège.

Le pape Alexandre III, menacé par l'empereur s'était réfugié en France où il eut l'occasion de participer à la pose de la première pierre de Notre-Dame de Paris en 1163 avec Louis VII roi de France. Ne pas confondre le pape Alexandre III avec le tsar Alexandre III qui a donné son nom à un pont de Paris.

*Contre le Barberousse, quatre villes s'unirent d'abord le 7 avril 1167 (Crémone, Mantoue, Bergame, Brescia). Cette première ligue lombarde fut rejointe par le pape le 20 septembre 1168. C'est en son honneur que la ville créée fut appelée Alessandria. D'autres villes (24 en tout) adhérèrent à la ligue et le Frédéric fut vaincu à la bataille de Legnano (à 25 kms au nord-ouest de Milan) le 29 mai 1176. Verdi composa « la bataille de Legnano », dont la première représentation eut lieu à Rome le 27 janvier 1849 dans le contexte des événements de 1848 et alors que se développaient les sentiments pour l'unité italienne.

*Tous les belligérants finirent par se réconcilier à l'occasion de la troisième croisade (en 1189) qui vit la participation de la France (Philippe Auguste), de l’Angleterre (Richard Cœur de Lion) et du Saint Empire (Barberousse). Barberousse se noya en Anatolie (dans l'actuelle Turquie) le 10 juin 1190, ce qui mit fin à ses prétentions sur l'Italie.

*En 1348 Alexandrie tomba sous la coupe de Milan à l'époque des Visconti et ensuite des Sforza. La ville fut cédée à la Savoie en 1707 sous le règne de Victor-Amédée II alors duc de Savoie.

*De 1796 à 1814, la ville fut française et chef-lieu du département français de « Marengo », ville située à 7 kms au sud-est d'Alexandrie et où se déroula le 14 juin 1800 la bataille de Marengo (voir fiche N°90 http://jean.delisle.over-blog.com/article-napoleon-bonaparte-le-14-juin-1800-115392372.html).

*La liste des départements français créés en Italie se trouve sur les fiches N°21 http://jean.delisle.over-blog.com/article-garibaldi-et-verdi-61434798.html et 277 http://jean.delisle.over-blog.com/2016/02/venise-francaise-venise-autrichienne-n-277.html

*Après la chute de Napoléon, la ville revint à la dynastie Savoie, les ducs étant devenus rois de Sardaigne entre-temps, puis participa à l'unité italienne.

*Durant la guerre, la ville fut bombardée les 30 avril 1944 et 5 avril 1945 et subit en outre une inondation le 6 novembre 1944

 

Monuments :

*la Citadelle : sur la construction du douzième siècle, le roi de Sardaigne Victor-Amédée II fit construire une grande citadelle sur 74 hectares avec 3 kms de remparts extérieurs, un arsenal, un hôpital, une poudrière...la première pierre fut posée le 4 septembre 1732.

Bonaparte fit agrandir et consolider cette citadelle. On trouvera en illustration le plan de cette citadelle après Napoléon et une entrée.

*La cathédrale : l'édifice construit au douzième siècle fut démoli en 1803. Une nouvelle cathédrale (chiesa dei Santi Pietro e Marco) fut construite entre 1807 et 1810 et rénovée après un incendie en septembre 1925. Elle comporte dix chapelles latérales. La coupole fut construire pour le septième centenaire de la victoire de Legnano. Le campanile a 106 mètres de haut, ce qui en fait le second en Italie (après Crémone à 112 mètres). Par comparaison le campanile de Saint Marc à Venise n'a que 98,6 mètres.

*Autres monuments : la ville possède 2 églises du quinzième siècle toutes les deux : Santa Maria di Castello et Santa Maria del Carmine. La ville comprend également un musée ethnographique et un musée du chapeau.

J.D. 5 décembre 2017

plan de la citadelle en 1846 et entrée
plan de la citadelle en 1846 et entrée

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